« Cet homme appelé le Général-Commandant des Brigades d'Extermination, commençât Grevya Strÿnkar, est un être cruel qui hait de chaque fibre de son corps notre existence et celle des autres membres de la race démoniaque. Il est connu pour avoir massacré des villes entières. Hommes, femmes, jeunes et vieux, tous sont exterminés. Il est partisan de l'extermination de notre race, et en plus général de tout ce qui n'est pas humain. Et il a le pouvoir politique de mettre en place ce genre de plan. »
Grevya se tût quelques instants, le visage sombre, comme si elle se remémorait des souvenirs extrêmement déplaisants et particulièrement horribles. Asgorath attendît que sa mère mette en ordre ses pensées et reprenne.
« Il a obtenu son poste actuel, recommençât Grevya après deux trois minutes, grâce à son propre pouvoir. Malgré qu'il soit un personnage détestable et détesté, on ne peut qu'avouer que c'est un puissant guerrier. Et c'est entre autre ce qui rend la situation encore plus mauvaise. Si c'était juste l'un de ces foutus nobles humains, même avec un grand pouvoir politique il ne pourrait pas tellement changer les choses vu la situation actuelle de la guerre. Mais il fallait que ce soit un guerrier de haut niveau, et décoré de surcroît. Son opinion a du poids auprès de son peuple et des militaires. Ces Brigades d'Extermination ont d'ailleurs été créées à cause de lui. Si ce fou vient ici, on aura droit à des exécutions de masse, si on est chanceux.
-Tu es sûre de ça ? Après tout ce camp ne devrait pas être sous sa juridiction. Il ne devrait donc pas avoir de pouvoir ici, non ?
-Haha, tu es vraiment naïf. C'est l'un des personnages les plus éminents des états humains. Aucun dirigeant ne voudra se l'aliéner parce qu'il a fait tuer quelques démons dans une de leurs prisons, même si ces quelques correspondent à un demi-millier. »
A nouveau, elle se tût, réfléchissant à quelque chose. Après un petit moment, elle reprît :
« Ecoute, lorsqu'il arrivera, je veux que tu restes cacher ici. Tu ne dois absolument pas te montrer. On ne doit pas prendre le risque qu'il te choisisse pour ses exécutions publiques.
-Attends, tu as l'air sure qu'il y aura des exécutions, pourquoi ?
-C'est sa méthode. Il est connu pour avoir fait ce genre d'actions à travers le continent, répondit la mère. Mais ce n'est pas tout. Il devrait avoir des gardes du corps, dont des mages. Ces derniers seront probablement capables de voir à ton aura que tu ne possèdes pas de collier, et là ... ...
- S'ils me découvrent, nous aurons tous des problèmes dans le camp, hein ?
-Un peu léger comme description mais oui, c'est l'idée, dit-elle avec un petit rire.
-Très bien maman, je vais t'écouter. Je resterais cacher ici le temps de son passage, ne t'inquiètes pas. »
La mère étreignît alors son fils tout en lui disant à quel point elle l'aimait. Elle avait peur pour lui, et était contente qu'il ne fasse pas preuve d'obstination comme il en avait l'habitude. Grevya était littéralement effrayée à l'idée que cet homme découvre l'existence de son fils, qu'il découvre qu'un enfant avait été mis au monde à l'intérieur de la prison. A l'idée de ce qu'il pourrait lui faire, ses entrailles se glaçaient. C'est pourquoi elle était heureuse lorsque son fils lui avait dit qu'il resterait cacher, qu'il ne se montrerait pas. Asgorath comprenait ce que ressentait sa mère, et à chaque fois qu'elle lui disait qu'elle l'aimait, il lui répondait des mots doux et gentils. Et pendant ce temps-là, il réfléchissait à quoi faire. Sa mère de ce monde avait raison : sortir après l'arrivée du Général-Commandant était trop dangereux. Lui et les autres devraient donc s'évader avant qu'il n'arrive, mais comment ?
Pendant une semaine, Asgorath cherchât durant la nuit un moyen pour s'enfuir avec sa mère et d'autres. Le jour, par contre, il travaillait, glanant des informations en écoutant les gardes et les autres détenus. Pour préparer la venue du Général-Commandant, les démons avaient dû nettoyer tout l'équipement et les baraquements des gardes. Une partie de ces derniers avaient aménagé de somptueuses pièces pour l'homme et son escorte. Ils voulaient que ce soient les démons qui s'en occupent au départ, mais comme le visiteur était un raciste extrême, il fut décidé d'éviter de laisser des traces de la présence de l'objet de sa haine. Les gardes avaient aussi fait accrocher certains des esclaves démoniaques et les avaient fouettés, les laissant à la vue de tous pour l'arrivée du haut dignitaire. Ils torturaient à outrance. A mesure que la date approchait, l'atmosphère devenait plus lourde, non seulement pour les démons, mais aussi pour les gardes car s'il était mécontent, le Général-Commandant n'hésiterait pas à détruire l'origine de son mécontentement. Personne ne serait à l'abri de sa colère.
Le jour de l'arrivée du Général-Commandant finit par commencer. Il arriva peu après le milieu de la journée. Il était accompagné de huit gardes, six guerriers et deux mages, ainsi que d'un jeune homme, tous chevauchant des cheveux musclés et puissants, à la robe noire. Le jeune homme était à ses côtés tandis que les six guerriers s'étaient répartis à l'avant et à l'arrière de manière équitable et les mages de chaque côté de l'éminent personnage. Il faisait presque deux mètres de haut et était très musclé. Il portait une armure de plaques, aussi sombre que la nuit, et avait à la taille une longue et large épée lourde, du type espadon. Ses yeux bleus reflétaient son mépris pour les autres. Son visage, couvert de balafres, traces de longues années sur les champs de bataille, exprimait la dureté du personnage. Il avait une bouche ferme et fine, bloquée dans un rictus de dégout. Ses cheveux noirs rasés courts laissaient entrevoir des mèches blanches. Il avait un petit nez auquel il manquait un morceau de chair sur le bout.
Les gardes et le chef du camp le regardaient, à la fois admiratif de voir l'un des héros de la guerre contre les démons et effrayés par sa réputation. Tous les humains connaissaient le nom de cet homme qui était devenu un duc grâce à ses prouesses au combat : Jorges Aryl. Le jeune homme blond portait une tenue moins militaire et plus aristocratique que le reste du groupe. Cette tenue se composait d'une chemise bleue avec quelques fanfreluches et d'un pantalon d'un bleu plus profond. Les deux étant faits avec de la soie de qualité. L'aristocratique jeune homme était très beau physiquement. Pour la gente féminine, son visage aurait été considérée magnifique, ses yeux bleus charmeurs et son nez et sa bouche bien faites. Il possédait également un corps assez musclé, avec une taille d'un mètre quatre-vingt-huit, juste suffisamment pour se donner des formes sans ressembler à une montagne de muscles. Mais malgré la beauté qu'il affichait, le jeune homme affichait les mêmes expressions arrogantes et méprisantes que le général.
Les six guerriers les accompagnants étaient tous dans des armures de plaques classiques, en acier, et portaient leurs heaumes baissés, rendant impossible de voir leurs visages. Les tailles variaient, le plus petit faisant un mètre soixante-treize tandis que le plus grand faisait un mètre quatre-vingt-seize. Ils semblaient posséder une musculature dont le développement était à mi-chemin entre Jorges Aryl et l'aristocrate. Mais ceux qui attiraient le plus le regard après le Général-Commandant étaient les deux mages. Ils portaient tous les deux une longue toge, rouge pour celui à la droite de Jorges, bleue pour l'autre. Les toges étaient d'une grande simplicité, et pourtant on y voyait une médaille ou une barrette en or. Ces barrettes dorées avaient la forme d'un griffon prenant son envol, et étaient le symbole de leurs rangs dans la société de la magie : c'étaient des Haut-Mages, des êtres d'une grande puissance. Et cela se voyait sur leurs visages où arrogance et mépris envers les autres se montraient sous la forme de rides et de rictus d'expression.
Celui à la droite de Jorges, dans sa toge rouge, faisait un mètre quatre-vingt-deux, avait un visage allongé, presque chevalin. Il portait une longue chevelure brune qu'il avait nouée. Son acolyte, dans la toge bleue, avait une taille faible comparée aux autres membres du groupe, un mètre soixante-sept, et avait un léger embonpoint. Ses joues étaient épaisses et semblaient constamment remplis. Ses yeux noirs ressemblaient ceux d'une fouine, regardant absolument partout pendant qu'il épongeait son crâne dégarni. Son nez et sa bouche bien épais frémissaient à chaque inspiration à cause de l'odeur provenant du camp, une odeur écœurante provenant des corps en décomposition et du sang sur le sol.
Lorsque la troupe arriva, les gardes ouvrirent immédiatement la porte, ne leur laissant pas le temps d'appeler pour qu'on leur ouvre. La porte fut rapidement ouverte et le Général-Commandant, le jeune homme et ses gardes du corps entrèrent tranquillement. A la vue des corps de démons pendus laissés aux charognards ainsi qu'à ceux qui étaient fouettés, Jorges et Marc Aryl sourirent. Les gardes laissèrent échapper un soupir inaudible lorsqu'ils virent que ce qu'ils avaient préparé faisait plaisir. Le chef du camp et le chef des gardes allèrent à la rencontre des arrivants, puis s'inclinèrent bien bas.
« Votre Seigneurie, moi-même et mon établissement, ainsi que tout le personnel, sommes honorés de votre présence, déclara obséquieusement le chef du camp, incliné au plus bas. »
Jorges Aryl ne répondit pas immédiatement, et se contenta de tourner son regard vers lui afin de l'observer. Quelques minutes passèrent comme ça, dans un silence étouffant, les gardes retenant leurs respirations et le chef du camp se mettant à transpirer abondamment et à pâlir de peur. Un sourire apparut néanmoins sur son visage et accepta par un hochement de tête les salutations du chef.
« Je veux dix chambres, déclara sèchement Jorges. Vous donnerez vos deux meilleurs pour mon fils et moi-même. Les huit autres chambres doivent être à côté.
-Mais bien sûr Votre Seigneurie. » Le directeur s'arrêta de parler un instant avant de reprendre. « Votre Seigneurie, cela fait des années que j'entends parler de vos exploits dans la guerre contre les démons. Pouvoir rencontrer un héros tel que vous est plus qu'un honneur. J'ai également entendu dire que votre fils avait hérité de votre incroyable talent, en plus d'être d'une beauté à rendre jalouses les femmes.
-Bien entendu. Marc est la fierté de la famille Aryl. Il a atteint le Domaine de l'Evolution l'année dernière, alors qu'il n'avait que 18 ans. L'Empereur lui-même l'a invité à rejoindre le Palais Impérial pour continuer s'entraîner.
-C'est incroyable. Pouvoir admirer un héros de guerre et son successeur, lui aussi un futur héros ... je suis vraiment chanceux. Je vais pouvoir m'en vanter jusqu'à ma mort.
-Eh bien fais, mais montre-nous d'abord nos chambres.
-Comme vous le souhaitez, Votre Seigneurie. Suivez-moi, je vous prie. »
Tout en louangeant le général et son fils, le directeur du camp montra le chemin aux visiteurs vers les pièces où ils séjourneront. Ils ne reparurent pas de la journée, au soulagement non seulement des prisonniers, mais aussi des gardes que la tension n'avait pas quitté.
Les trois jours qui suivirent, Jorges Aryl, son fils et ses gardes du corps observèrent le quotidien des prisonniers et de leurs geôliers. La partie qui les intéressa le plus fut la mine rouverte. Il prit un morceau de minerai et l'examina très attentivement. Sous les yeux ébahis des gardes, Jorges employa son énergie interne pour évaluer les différentes capacités du minerai. Les pensées et les émotions qu'il aurait pues ressentir ne marquèrent en rien son visage, laissant les membres du camp dans l'expectative. Tout à son étude, le général comprit que ce minerai était de qualité moyenne inférieure, tout comme le fer, mais qu'au contraire de ce dernier il n'était pas raffiné. Il découvrit rapidement que ce que les gardes appelaient minerai n'était autre qu'une masse composée de divers métaux mélangés avec des impuretés. L'un des éléments composants ce caillou attira particulièrement l'attention de Jorges. Celui-ci, de qualité supérieure, se trouvait en infimes quantités. La quantité était trop petite pour lui permettre de savoir ce que c'était, mais il était sûr de sa valeur. Il sourit dans son cœur aux opportunités s'ouvrant devant lui : armes, armures, argents ... Malgré sa concentration entièrement tournée vers la pierre, il ne put s'empêcher de remarquer le sourire froid et sinistre de son fils. D'un regard, il remarqua les lueurs sans équivoques brillant dans ses yeux. Personne ne remarqua leur échange. Lui seul savait ce que pensait son fils.
Après cela, la semaine de visite passa lentement. La nuit, ou le jour, les cris des démons torturés sur ordre des invités résonnaient sans interruption dans la prison. Leurs douleurs aidaient le militaire à se détendre et à réfléchir pendant qu'il expérimentait. Pendant ce temps, Asgorath restait enfermé dans ce qui lui servait de maison, caché afin que personne ne sache qu'il ne possédait pas de collier de contrôle. Il ne supportait pas ces cris qu'il entendait et donc, pour s'en détacher, il médita toute la semaine, améliorant sa magie autant qu'il le pouvait, coupant son esprit du reste du monde. Il ne rencontra aucun problème, même si une inspection surprise le révéla presque. Heureusement, le jeune démon s'enferma à temps dans la cache que sa mère avait construite de nombreuses années auparavant, lorsqu'il n'était encore qu'un nouveau-né. Sa mère. Il ne savait pas quand il s'était mis à utiliser ce mot, et bien qu'il n'arrive pas à la considérer comme telle, il ne pouvait s'empêcher de l'appeler ainsi, comme si le mot «mère» était le seul qui lui convenait. Et cette femme qu'il ne pouvait qu'appeler «mère» n'était pas rentrée depuis 4 jours, le rendant fou d'inquiétude. . Il était convenu qu'elle ne vienne pas le voir mais il avait un mauvais pressentiment. Un pressentiment fort, dur et tenace qui se renforçait à chaque seconde. Il essayait de l'endiguer, mais rien ni fit. Cette sensation ne disparaissait pas.
Finalement, le jour du départ de Jorges Aryl, de son fils Marc et de ses gardes du corps arriva. Ce même jour, un jeune démon du nom de Kilss entra violemment dans le cabanon en courant pour voir Asgorath, le faisant sursauter de surprise. Asgorath regarda le démon avec de grands yeux. A peine plus vieux que ce lui, Kilss avait été envoyé dans ce camp une douzaine d'année plus tôt. Il faisait dans les un mètre soixante, avait la peau d'un vert tendant vers le vert vomis foncé sur laquelle aucun poil n'avait jamais poussé. Son espèce, les Cahnulsk, vivait dans les marécages et se cachait sous l'eau pour chasser, expliquant sa couleur de peau et sa fragilité. Mais c'était il y a au moins cent mille ans, et Kilss avait expliqué que son espèce avait depuis longtemps muté pour s'adapter, leur peau n'étant désormais plus aussi fragile ni possédant la même couleur qu'autrefois. Extérieurement, les seules autres différences de Kilss en particulier, et des Cahnulsk en général, étaient leurs nez et oreilles complètement aplatis et possédant une membrane pour les protéger de l'eau.
Le sourire joyeux et lumineux de Kilss qui adoucissait les journées des prisonniers rendaient furieux ses tortionnaires qui se déchainaient avec leurs fouets. Pourtant, aujourd'hui, il n'arborait pas son habituel sourire. Son visage, habituellement rayonnant, était empreint d'angoisse et de tristesse.