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Chapitre 8 … Il nous mangerait.

Je jette un regard dehors en fermant la fenêtre et le paysage est bien blanc, la route brille. L'accident doit se produire aujourd'hui et je suis très, très angoissée. Bon sang ! Mais quelle idée de se mettre volontairement en danger ! Ceci-dit, je refuse qu'une autre personne se mette en danger à ma place et si Tyler n'a pas d'accident maintenant il risque fort d'en avoir un plus tard dans des circonstances inconnues… donc la conclusion qui s'impose est que je n'ai pas le choix et que ça ne sert à rien de s'angoisser pour une situation inévitable. D'autant que je suis presque sûre qu'Alice me sauvera si Edward ne le fait pas.

 

Je décide cependant de faire en sorte de limiter les dégâts et me couvre de vêtements à la fois chauds et suffisamment épais pour me protéger du froid et d'éventuels morceaux de verre. Il me manquerait plus qu'Edward ou Jasper perde le contrôle. Je ne peux pas avaler quoi que ce soit et décide d'aller doucement au lycée. Sachant que Bella se vautre lamentablement devant sa maison dans le livre, je décide d'y aller doucement en m'accrochant à la rambarde de l'escalier devant la porte… Je ne sais pas si ce sont mes précautions ou ma montée soudaine de dextérité grâce à mes travaux manuels, mais j'arrive à ma voiture sans tomber.

 

Je conduis avec précaution, mais aisance. Contrairement à Bella qui a vécu quasiment toute sa vie dans une région où il ne neige pas, j'ai vécu à la montagne et j'ai appris à conduire sur la neige dès 16 ans lors de mes premières heures de conduites. J'arrive sur le parking sans encombre, descend du véhicules en laissant la porte ouverte pour constater que Charlie a bien mis des chaînes sur mes roues, quand tout à coup une fenêtre bleue s'affiche. Je ne prends pas la peine de la lire et remonte dans mon camion au moment où des pneus crissent. J'ai juste le temps de me projeter vers le siège passager quand le van de Tyler percute l'aile de ma voiture.

 

Je lève mes bras devant mon visage pour le protéger d'éventuels éclats de verre au moment où je ressens l'impact. Je ne ressens pas de douleur et regarde autour de moi. Le camion est démoli sur le côté gauche, mais le van de Tyler est bon pour la casse. Je descends sur le trottoir côté passager et croise le regard inquiet d'Alice qui tient le bras d'Edward. Je pensais qu'elle avait vu que tout allait bien et que c'était pour cela qu'elle n'était pas intervenue, mais pourquoi paraissait-elle aussi inquiète ? Je détourne le regard vers Edward qui est furieux. Quand il croise mon regard, je suis de retour au premier jour de classe.

 

Les cris de mes camarades me font revenir à ce qui se passe en premier plan de ma vision, j'entends les gens appeler une ambulance. Je réponds que tout va bien et Jessica me pousse vers un secouriste pour qu'il m'examine… Evidemment, je suis embarquée dans l'ambulance pour faire un check-up… Je suis assise, boudeuse sur un lit aux urgences pendant que Tyler braille qu'il est désolé. Je décide de l'ignorer, contrariée que l'on ne m'ait pas moi-même écoutée quand je disais que tout allait bien. Je ne me réjouissais même pas de la fenêtre bleue qui venait de m'annoncer que j'avais réussi ma quête principale et que ma récompense m'avait été accordée.

 

Tout à coup, deux infirmières et un homme magnifique en blouse blanche et avec une chevelure blonde platine entre dans la salle en regardant un dossier médical.

 

« Carlisle, je murmure tout bas. »

 

Il lève les yeux dans ma direction, puis s'adresse à Tyler.

 

« Le docteur O'Nell va vous prendre en charge dans la salle 2. Sally ? Mary ? Vous voulez bien l'y emmener ?, demanda-t-il aux infirmières qui l'accompagnaient. »

 

Elles hochent la tête avec un sourire béat. Ben voyons ! Le paternel aussi hypnotise les gens qui l'entourent ! Je lève un sourcil, qu'il remarque, puis il s'adresse à moi.

 

« Bonjour mademoiselle Swan.

Bella, je l'interrompe. Bella… répète-t-il en souriant. Je suis le docteur Cullen… comme tu le sais déjà visiblement, ajoute-t-il tout bas. Vous avez une bonne audition, je remarque. Excellente, répond-il avec un sourire narquois tout en m'examinant. Comment vous sentez-vous ? Pas de mal de tête ? Bien, je n'ai aucune blessure et je n'ai pas mal à la tête. Je me suis protégée le visage avant l'impact et j'étais bien couverte. Quel fortuné hasard ! s'exclama-t-il. Si vous étiez monté dans la voiture une seconde plus tard, le van vous aurait percuté. Disons que j'ai eu l'intuition qu'il fallait que je retourne dans la voiture, dis-je en regardant le sol. En vous protégeant le visage et en sautant sur le siège passager… il remarque, un peu sceptique. J'ai un excellent sixième sens, je réplique. Ce sixième sens ne s'exprime donc pas uniquement la nuit… C'est un peu plus compliqué que cela, je dis d'un ton sec, voulant couper court à cette discussion. Nous voudrions vous parler à la maison Bella. Pensez-vous pouvoir venir aujourd'hui. Je peux suggérer à votre père de vous laisser avec ma fille Alice ? »

 

J'imagine, qu'il va être difficile d'éluder complètement cette histoire. Je décide de prendre les devants.

 

« Ce soir, nous recevons des invités. Mais je vais dire à Char-papa que je passerai la journée avec Alice.

Fort bien. »

 

Il replace son stéthoscope et m'accompagne jusqu'à l'accueil ou Charlie vient d'arriver.

 

« Bella !

Je vais bien papa. Juste un peu choquée. »

 

Il soupire de soulagement et se tourne vers Carlisle pour avoir confirmation.

 

« Tout va bien chef Swan. Elle a de bons réflexes. »

 

Charlie hausse les sourcils, ce que l'œil vif du docteur capte aussitôt. Quel que soit ma bizarrerie, maintenant, Carlisle sait que mon père n'est pas au courant. Pourvu que cela ne prenne pas la forme d'un chantage par la suite. Alice déboula de l'autre côté du couloir et se jeta dans mes bras.

 

« Oh Bella j'ai eu tellement peur !

Moi aussi Alice, je balbutie, surprise par l'étreinte inattendue. Il va falloir être plus convaincante, murmure-t-elle à mon oreille, pour que ton père m'autorise à rester avec toi toute la journée. J'ai cru que j'allais mourir, dis-je avec la lèvre tremblante. Oh ma pauvre chérie ! Papa, Bella ne semble pas être en état d'aller en cours. Est-ce que je peux rester à ses côté pour qu'elle puisse se reposer ? demande Alice avec un ton implorant. J'allais justement suggérer au chef Swan de garder Bella à la maison en observation aujourd'hui. J'imagine que vous avez beaucoup de travail et Esmée, ma femme, sera ravie de s'occuper de Bella. Eh bien c'est très aimable à vous, mais cela ne va vraiment pas poser de problème ? demande Charlie, un peu gêné. Pas du tout, je vous l'assure, lui répond Carlisle. Bien ! Bella, tu peux allez chez le docteur Cullen avec Alice pendant que je rempli les papiers. Alice, je te la confie. Je m'occuperai bien d'elle Charlie, fait Alice avec un air angélique. »

 

Elle passe son bras autour de ma taille et m'entraine à la Volvo garée devant l'hôpital.

 

« Si mon corps est retrouvé dans la forêt, mon père vous soupçonnera directement, je souffle.

On ne va pas te faire de mal Bella, assure Alice. Je ne vais pas vous déballer tous mes secrets non plus. Même sous la torture ? me taquine-t-elle. Non, Alice, je ne mettrais pas ces talons de dix centimètres de haut que tu as achetés pour moi. Mais ça, ça n'est pas de la torture ! Parle pour toi ! Moi je peux trébucher sur mes propres jambes ! »

 

Elle souffle, puis pris un air sérieux en ouvrant la porte arrière de la Volvo.

 

« Tu sais que tu vas quand même devoir lui expliquer pourquoi tu as laissé l'accident se produire ? »

 

Je passe la tête dans la voiture et remarque Edward à l'arrière, ses yeux onyx brillent de colère et d'une autre émotion que je n'arrive pas à déterminer. Je me glisse à côté de lui, en déglutissant, mal à l'aise. Jasper, au volant, démarre la voiture quand Alice s'assoit à côté de lui. Le trajet jusqu'à leur maison se déroule en silence. Une fenêtre bleue apparaît :

 

« Quête principale : convaincre les Cullen que vous n'êtes pas une menace sans dévoiler l'existence du jeu… Récompense : tranquillité d'esprit... Pénalité : cachée… Durée : une matinée. »

 

En lisant la menace sous-jacente, je frissonne de peur, Edward attrape alors ma main. L'électricité parcourt tout mon corps. Je regarde Edward, mais il a détourné les yeux vers la vitre. Je caresse du pouce la paume de sa main et nos yeux se croisent. C'est de la peur que j'y voie se refléter. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit de la mienne ou de la sienne. Nous arrivons à la villa des Cullen. Edward ouvre sa portière et sort sans me lâcher la main, m'attirant vers l'extérieur.

 

Je le suis docilement jusqu'au salon où tout le monde sauf Carlisle m'attend. Esmée m'indique qu'elle va me préparer un chocolat chaud en attendant que Carlisle puisse se libérer. Alice est assise dans les bras de Jasper en face de moi, Edward n'a pas quitté mon côté. Quand j'ai fini de boire mon chocolat chaud dans un silence religieux, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. En parfaite synchronisation Emmett et Rosalie descendent du premier étage, cette dernière me foudroyant du regard. Carlisle enlève son manteau et vient se placer en face de moi à côté de sa femme. Il prend alors la parole :

 

« Bien ! Bella, tu n'es pas tenu de tout nous dire, mais nous apprécierions des réponses, sans mensonge.

Je serai honnête, je lui assure. Hmph, renifle Rosalie. Bella… reprend Carlisle d'un air sérieux. Savais-tu que Tyler allait avoir un accident et que tu allais être impliquée? »

 

Je prends une respiration et dis en un souffle : « Oui… »

 

J'entends plusieurs halètements.

 

« Est-ce pour cela que tu t'es aussi bien emmitouflée aujourd'hui et que tu as sauté dans ton camion ? 

Oui… N'aurait-on pas pu plutôt essayer d'empêcher l'accident ? D'après ce que j'ai appris, les évènements majeurs de mes visions ne peuvent être évités. Si Tyler doit avoir un accident, je préfère savoir au moins les circonstances. Dans ce cas, pourquoi n'as-tu pas fait en sorte de ne pas te trouver dans la direction du van ? Parce que je ne voulais pas qu'une autre personne soit blessée à ma place. Mais j'ai tout de même changé un peu la vision en m'assurant de me protéger du mieux possible et de ne pas impliquer d'autres personnes. C'est pour cela que j'ai senti ton excitation avant même que le van n'ait commencé à glisser, murmura Jasper. Oui… je souffle en regardant vers le sol. Qu'est-ce qui aurait dû se passer Bella ? demanda doucement Esmée. Tu as dit que d'autres personnes auraient été impliquées. »

 

Le moment de vérité… Ça passe ou ça casse… Je respire un bon coup et répond d'une voix tremblante :

 

« Edward m'aurait sauvé en repoussant le van. »

 

De nouveau halètements, plus nombreux cette fois. Je reprends.

 

« Je ne voulais pas que vous soyez exposés…

Tu sais… déclare Jasper d'un ton sans appel. »

 

Je lève les yeux et Rosalie me fusille du regard. J'entends Edward grogner à côté de moi. Elle se lève et en un instant Edward se place devant moi, suivi par Alice. Emmett retient le bras de Rosalie.

 

« Elle est une menace. On doit l'éliminer sur le champ, rugit Rosalie.

Bébé, tente de la calmer Emmett. Elle n'a rien fait d'autre que de nous protéger, Rose, s'écrit Alice. Qui nous dit qu'elle ne nous manipule pas depuis le début. Qui nous dit qu'elle ne va pas nous faire du chantage ou nous mettre en danger. Qu'est-ce qu'on sait d'elle ? Plutôt que de se mettre ne danger, on ferait mieux d'éliminer la menace. »

 

J'entends Edward grogner devant moi et les voix autour de moi n'atteignent plus mon cerveau. Je sens ma rage monter, une rage mêlée à la frustration, au désespoir et au sentiment d'injustice que je contiens depuis que j'ai compris que j'étais piégée dans ce corps. Je repousse un Edward surpris et me plante devant la beauté au visage déformé de fureur, puis rugit :

 

« J'en ai marre que tu me juges sans avoir daigné passer plus d'un quart d'heure avec moi ou même m'adresser la parole. J'en ai marre que tu décharges ta colère sur moi parce que c'est le chemin le plus facile pour exprimer ta frustration. J'en ai marre que tu fasses subir ta mauvaise humeur à tout le monde parce que tu n'es pas capable d'apprécier le moment présent. J'en ai marre de tout faire pour que tout le monde se sente heureux, sans que personne ne se soucie de ce que je souhaite. J'en ai marre de tout faire pour sauver les gens et que ceux-ci ne se rendent pas compte de ce par quoi je suis passée pour prendre cette décision. J'en ai marre de ce corps incapable de faire quoique ce soit sans se blesser. Mais par-dessus tout, j'en ai marre que ma vie soit entre les mains des autres. »

 

Mes hurlements se sont transformés en cris, puis en gémissements et en sanglots. Mes larmes coulent dans un flot ininterrompu. A la fin, je ne distingue plus rien d'autre que des formes et mon audition est comme bloquée par de la ouate. Mes genoux fléchissent, mais avant que je n'aie atteint le sol, deux bras me soulèvent et je suis portée ailleurs. Je sens que l'on me dépose sur une surface moelleuse. Je m'accroche aux bras de celui qui m'a éloigné de Rosalie, continuant de pleurer de longues minutes, déchargeant tout ce que je retenais depuis trop longtemps. Au bout d'un moment, je n'ai plus de larmes à verser et je sens mon esprit plus clair. Je relève la tête et croise le regard inquiet d'Edward.

 

« Je suis désolé, me dit-il avant que j'ouvre la bouche.

C'est moi qui le suis, dis-je, gênée. Je n'aurais pas dû me décharger sur vous tous. Tu avais besoin de dire ce que tu ressentais à Rosalie. Mais vous n'êtes pas responsables de tous les problèmes qui m'arrivent. Un peu tout de même… Non ! Tu une comprends pas, je le coupe. Alors explique-moi ! il s'écrit, blessé. Je dois garder le secret. Pourquoi ?! Parce que je ne veux pas mourir ! je dis dans un sanglot. »

 

Je ne sais pas dans quelle mesure la vérité peut influencer la suite du jeu. Que se passe-t-il quand on ne respecte pas les règles du jeu ? Que se passe-t-il si on « triche » ? Je regarde Edward qui me fixe avec un air insondable. Il prend alors la parole :

 

« Si tu me dis ton secret, tu risques de mourir, c'est ça ?

Je n'en suis pas sûre, mais c'est une possibilité. Et si c'est moi qui le découvre ? »

 

Et si c'étaient les personnages qui changeaient l'histoire ? Ils ne sont pas soumis aux mêmes règles que les joueurs. Cela pourrait fonctionner.

 

« Je pense que tout irait bien.

Alors je découvrirais ton secret et tu ne seras plus toute seule face au futur. »

 

Il me dit cela avec une telle sincérité dans le regard que, pour la première fois depuis le début de cette histoire, je ne me sentis plus seule. Nous restâmes assis dans les bras l'un de l'autre un petit moment avant que mon ventre ne gronde et qu'il décide qu'il est temps de nourrir l'humain. Il me prend dans ses bras, comme une mariée et descend à vitesse vampirique les escaliers. Il m'assoit sur une chaise de la cuisine tandis qu'Esmée pose une assiette de sushi, de la sauce soja et une soupe miso en face de moi. J'écarquille les yeux.

 

« Alice m'a dit que c'était ton plat préféré, dit Esmée. J'ai été te les chercher chez le traiteur.

Merci Esmée ! je m'exclame d'un ton joyeux et je mange avec délectation. Mmmm c'est trop bon. J'adore la daurade ! »

 

Je me lèche les doigts trempés de sauce soja et m'arrête quand je croise le regard d'Edward qui fixe les doigts dans ma bouche… Ses yeux sont noirs et intenses… Au lieu de me terrifier, un frisson de désir me parcourt et mon corps réagit. Je vois les narines d'Edward bouger et l'entends gronder. Le grondement le plus sexy que j'ai entendu. Quelqu'un se gratte la gorge et nous nous tournons vers la personne qui nous a interrompus.