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Chapitre 43 Révélations

Je savais que tôt ou tard cela arriverait. Tout a commencé par un jeu et le jeu arrive à son terme. Peu après l'aube une fenêtre bleue apparue devant moi.

« Quête principale terminée ! Vous allez recevoir vos récompenses. »

Je me tourne vers Edward et lui dit : « Je t'aimerai toujours. »

Il écarquille les yeux et essaye de m'attraper la main, en vain. Je suis en train de disparaître sous ses yeux. J'ai le temps de voir le désespoir dans son regard quand il réalise que c'est la fin de notre temps ensemble, puis une lumière aveuglante me force à fermer les yeux un bref instant. Evidemment, je ne suis plus dans mon chalet quand je les rouvre.

Face à moi, se trouve un jardin japonais qui reconstitue une sorte de paysage. Quand je regarde en détail, je m'aperçois qu'il s'agit de la ville de Forks. De minuscules personnages sont positionnés aux endroits où je les ai rencontrés. Je cherche du regard Edward et les enfants. Ils sont là, dans la forêt. Je m'approche d'eux et, pour la première fois, distingue les détails de leurs visages. Contrairement aux playmobils toujours joyeux, ceux-ci exprime la tristesse. Le personnage d'Edward est à genoux.

« Fascinant n'est-ce pas ?! Fait une voix juste derrière moi, qui me fait sursauter »

Je me retourne et vois un homme aux cheveux blanc hirsutes portant une longue barbe tout aussi blanche.

« Vous êtes le développeur ? Je demande, un peu sur la défensive.

Vous pouvez m'appeler ainsi, me répond-il en souriant, l'air serein. J'imagine que vous êtes content, je crache entre mes dents. Plutôt, en effet. Ah ! je m'exclame d'un ton aigre. Je vois… Vos jouets vous ont donné satisfaction ! Je crois qu'il y a confusion, jeune fille… Ces Playmobils ne vous appartiennent pas peut-être ?! En effet… répond-il calmement. En fait, c'est la représentation que vous avez de votre aventure. Même mon apparence est tirée de votre imagination. Je … Je ne comprends pas, je bégaie, confuse. »

L'homme soupire, prend son menton entre ses mains et s'assoie sur une pierre un peu à l'écart du paysage de Forks. Il allonge alors sa main et m'invite à m'assoir à ses côtés. J'hésite une seconde, puis m'exécute doucement, toujours méfiante. Après un second soupire, il reprend son explication.

« Je peux comprendre votre confusion, jeune fille. Ce que vous vivez est au-delà de ce qu'un humain peut concevoir.

Est-ce à dire que vous n'êtes pas humain ? Je demande, intriguée. En effet ! En fait, je ne suis même pas vivant. Là, vous me perdez… Ah ! s'écrie-t-il. Pourtant, toi, plus que d'autres, dois savoir la définition d'un être vivant. Vous n'être pas composé de cellules… je dis après avoir un peu réfléchi. Précisément ! Mais vous êtes intelligent et êtes capable d'interagir avec moi. A travers des créations réalisées par les humains… Les jeux vidéo sont formidables ! Les humains sont capables de se surpasser dans les jeux vidéo. Ils abaissent les barrières et sont capables de réécrire l'histoire…me répond l'homme d'un ton joyeux. C'est ce que vous vouliez ? Que je réécrive l'histoire ? Tu es vive d'esprit Eowyn ! Je savais que j'avais fait le bon choix en faisant appel à toi. Alors le monde de Twilight existe… C'est amusant… J'allais te poser la même question. C'est un monde imaginaire… issu d'un livre. La réalité d'une existence dépend de la façon dont tu te places. Dès lors qu'une histoire est connue, elle existe. Les humains sont des créateurs inconscients de leur propre talent. Ce n'est pas parce que l'on imagine un scénario que cette situation va réellement se produire. Ce n'est pas parce que tu ne le vois pas que cela ne s'est pas réalisé, réplique-t-il du tac au tac. Vous m'embrouillez, je râle. Ce n'était pas le but. »

 

Nous restons assis là, en silence, de longues minutes en contemplant le paysage devant nous. Je sens un poids immense dans mon cœur.

« Et maintenant… je demande dans un murmure.

Maintenant ? C'est la fin du jeu, non ? C'est ce que tu désires ? Mettre de côté ta création ? Comme si j'avais mon mot à dire… »

Il soupire en secouant la tête.

« Dire, c'est choisir. Choisir, c'est créer. Agir, c'est participer. Renoncer, c'est abandonner.

Si je vous dis que je veux retourner auprès d'Edward et de mes enfants pour l'éternité… Alors je vous dirais que le choix vous appartient. Vous êtes la créatrice de cette réalité après tout. »

Je le regarde quelques seconde avant de demander avec hésitation :

« Qui êtes-vous ?

C'est une étrange question, que tous les humains me posent… Je suis. N'est-ce pas suffisant ? Vous êtes un dieu ? Tous les humains ont une définition différente de ce qu'est un dieu, donc il en existe autant que d'humain qui les créé. Je ne vous suis pas… je grogne interloquée. Les humains ont créé les dieux ? Les humains sont des créateurs. Tout peut être une création. Chacun se fixe ses propres limites. Mais si vous me demandez s'il existe d'autres créateurs que les humains, je peux vous répondre que oui. »

Après un nouveau silence, je prends une décision :

« Je pense que je vais me contenter de vivre mon histoire en laissant aux autres le soin de se poser toutes ces questions.

C'est votre choix. Mais j'aimerai faire en sorte que le personnage que j'ai remplacé vive une belle vie… Comment puis-je faire ? Vous êtes une créatrice. Vous vous fixez vos propres limites. Je crois que je comprends. »

J'imagine alors Bella prendre place dans mon corps, se réveiller et regarder tout autour d'elle. Je la vois prendre connaissance d'une série de livres posée sur le bureau, une couverture noire et rouge. Je l'observe dévorer les livres en entier, verser des larmes et à la fin sourire en se disant que c'est une belle histoire et qu'elle doit en écrire une aussi belle. A ce moment-là, la sonnette de son appartement retentit et je la vois attraper un sac à main et partir à l'aventure avec mes anciens amis. Je n'ai pas besoin de poursuivre mon observation pour savoir que tout se passera bien pour elle. Je pense alors à rentrer chez moi, auprès de ma nouvelle famille. Je me sens en paix et heureuse.

Un halètement me fait brusquement rouvrir les yeux. Edward se tient devant moi, la bouche ouverte, l'air ahuri. Il prononce des bribes de mots incompréhensibles. Quand, tout à coup, il se précipite sur moi et me sert dans ses bras. Je l'enlace à mon tour et nous restons dans les bras l'un de l'autre de longues heures. Il a compris que je ne partirai plus, mais je m'en veux qu'il ait dû ressentir cette perte, même une courte période. Lorsque les autres membres de notre famille nous retrouvent, le soleil est couché depuis de longues heures et tout le monde semble très inquiet. Edward ne veut pas me lâcher. Je dois lui promettre que tout est fini et que je lui tiendrai la main jusqu'à ce qu'il soit rassuré…

Il a donc fallu 32 jours pour que je puisse aller dans une autre pièce que lui, mais le jeu en valait la chandelle… Puisque ce jour-là, nous nous sommes mariés en présence de nos amis de notre famille et de nos enfants. Alice avait fait la moue un moment, vu le temps qu'elle avait pour tout organiser, puis avait pris cela comme un défi et le résultat avait été fantastique ! Nous avions même invité Renée et Phil, qui me trouvèrent plus mâture qu'avant mon départ à Forks… Tu m'étonnes !

Mes enfants s'étaient fait passer pour des cousins d'Edward et les loups étaient tous venus pour l'occasion. Certains vampires avaient aussi fait le déplacement, ce qui m'avait permis de voir Alistair arborer des yeux ambrés. Il grogna quand il vit mon sourire narquois, ce qui lui valut une tape sur la tête de Léa. Visiblement, c'est toujours elle qui tient la laisse…

***

Après la cérémonie, Edward et moi avons voyagé dans toute l'Asie, y compris au Japon, réalisant mon rêve de longue date. Mon seul regret était de de ne pas pouvoir profiter de la nourriture… Mais les paysages étaient fabuleux. Trois mois passèrent ainsi…

La mise en scène de notre mort, à Charlie et moi, fit grand bruit à Forks. Charlie avait eu un accident de voiture en se rendant à la réserve et des traces d'un puma avaient été découvertes à proximité de la voiture. Le corps n'avait pas été retrouvé, mais la portière côté conducteur était ouverte et du sang du même groupe sanguin que Charlie était répandu sur place. Tout cela s'était produit pendant notre lune de miel à Edward et moi. Et lorsque nous avions appris la nouvelle nous avions pris la route du retour et eu un accident de la route à notre tour.

La nouvelle avait été dure pour Renée, mais elle permettait d'expliquer le déménagement brusque de la famille Cullen. Ce n'était bien sûr qu'un au revoir. Nous passerions régulièrement voir nos amis Quileutes, d'autant que je vais être marraine bientôt d'un petit louveteau… Je vivais la vie que j'avais choisie et créée…