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Après, une longue, mais paisible traversé des routes verdoyantes des plaines d'Eseka. Odyssée durant laquelle Aïma, c'était obstiné à apprendre à Ego les basiques des règles de politesse humaine afin de s'assurer qu'il ne provoque aucun cataclysme par le simple usage de la parole, exploit qu'il avait déjà réalisé. Ils en étaient arrivés devant l'immense muraille de Nomera. Face à un tel l'édifice, impossible de pénétrer dans la ville sans passer par la garde. Ce pourquoi, Aïma s'assura donc une dernière fois que son compagnon serait en mesure de les saluer convenablement. Ce à quoi la machine répondit cette fois à la perfection. Rassurée alors, la rôdeuse prit l'initiative de se présenter au poste de garde face à le non moins grande porte de la forteresse. La porte avait une teinte sombre, presque sinistre, mais cependant rassurante. Peut-être cette sensation était due à la faible lumière frétillante et chaleureuse provenant des quelques torches entourant les murs.
Les gardes eux était de marbre. Si on ne voyait pas, sous leur large casque concave masquant presque intégralement leur visage, leur bouche respirée à un rythme allaitant, alors on aurait pu croire qu'il dormait. Pourtant, lorsque Aïma se présenta, il réagir à une vitesse digne de la réputation des combattants de Nomera, l'un d'eux prit une posture militaire envisageant clairement toute possibilité. Une posture lui permettant de brandir sa lance avec efficacité et pourtant une posture plutôt neutre aux yeux de tous ceux n'ayant jamais combattu. L'autre lui d'un œil aguerri observa très rapidement les deux individus lui faisant face. Il dit, d'un ton autoritaire : "Toute arme est interdite au sein de Nomera."
S'approchant tout en continuant de dévisager les deux étrangers, il rajouta : "En passant cette porte, vous acceptez d'être régis par les lois de la cité."
Comme Aïma le lui avait apprit, Ego ne bougea pas d'un centimetre. Il attendait son signal. Cela perturbait le garde qui ne s'attendait pas à un regard figé le fixant sans jamais frémir. On pouvait presque voir une forme d'admiration de la part du soldat, admiration qui devint vite un rictus de dégoût lorsqu'il remarqua quelques symboles typiques des gens de Teneke dans les habits de la rôdeuse. Celui-ci fit tout de même son travail, le strict nécessaire qui en incombé à son rôle. Il accepta de laisser à Aïma son couteau, son arc ayant été perdu dans la forêt et à Ego, hé bien son armure. Les portes de la ville s'ouvrèrent lentement, laissant passer un faisceau de lumière aux multiples couleurs. Les couleurs de la ville, celle des marchands aux nuances azure et bordeaux étalé tout le long de l'allée principale tentant chacun d'attirer l'œil de leur pauvre victime. Celle aussi, de l'abondance, de la foule festoyant sur la place de Nolm entourant le Colisée, attraction principale de la ville. Puis celle du soir, d'un soleil se couchant aux teintes orangé entremêlé de nuance violacé, un fière dégradé sublimant le spectacle. Les Bâtisse quant à elle était tout aussi sombre que la muraille, mais les teintes rouge vermillon des lampes et bannière de la ville leur donnait au contraire fière allure.
Les voilà entrées, enfin se dit-elle, enfin, elle pourrait dormir dans un lit, profiter de la chaleur de ville et festoyer à son tour autour de quelques verres de la seule chose qu'elle respectait de Nomera. Sa boisson d'écorce, un extrait sucré au goût d'agrumes particulièrement prononcé qui se fabrique à partir de sève extraite des tubercules d'arbre d'acier. Cette boisson nécessite un long raffinage et n'est fabriquée que dans la région, seul province humaine semblant sans cesse vouloir déraciner ces foutus arbres d'acier bien trop robustes une fois mature.
Malheureusement, Aïma devait faire face à l'un de ses plus grands problèmes, car dans les villes humaines, tout cela coûte de l'argent et elle n'as rapporté de sa chasse cette fois que quelques fruits Rhem, des fruits présent en abondance dans la ville, ne valant que peu le détour.
Cependant, elle n'en était pas à son coup d'essai. Connaissant les citoyens et leur obsession pour la force, elle avait pris l'habitude de les leurrer dans des paris qu'ils ne pouvaient gagner. Les Nomerien se devant par orgueil de répondre à tout affront venant des gens de Teneke tombaient toujours dans le panneau. Pour cela, elle avait été très clairement menacée de nombreuses fois, mais cela ne l'effrayait pas. Bien au contraire, elle ne faisait rien d'illégal et se jouer de leur norme l'amuser grandement. Qui plus est cette fois, elle possédait un allié de taille, un titan féroce qui intimiderait sûrement toute personne osant oser le ton. Elle chercha donc la taverne la plus proche, repéra les quelques idiots jouant à divers jeux de lutte qu'Aïma trouvait ridicule. Jeux dans lesquels les uses et coutumes veulent que l'on s'agite imitant les crabes et dont le but est de plaquer son adversaire au sol afin de l'immobiliser.
Elle s'installa à une table, attendant patiemment son tour. Analysant ses adversaires. Ego cette fois attiré bien plus l'attention qu'elle à la table des combattants. Tous devaient croire que ce serait lui qu'ils affronteraient, que le but du colosse devait être d'impressionner la demoiselle. Tant et si bien qu'après quelques victoires du favori, lorsque ce fut le tour de la rôdeuse, l'homme prit l'initiative en disant :
"Si tu veux te battre, tu devras retirer ton amure mon gaillard !"
Ils furent tous étonnés lorsque ce fut une voie féminine, aigue et discrète qui lui répondit :
"Mais je n'en ai pas."
Pourtant, l'homme se tourna vers elle ses muscles aussi détendus que les rides de son front se tendaient. Il devait sûrement se dire que la victoire serait facile. Cela fit sourire Aïma, il ne la calculait même pas. Le fier gaillard se retourna alors en direction des quatre tables écartées faisant office de ring. Puis lentement, avec une démarche patibulaire, il s'assit sur l'une des chaises. Les autres candidats eux se moquaient. La rôdeuse leur répondrait bien, mais elle était trop concentré sur sa proie pour s'intéresser à eux. L'ambiance changea du tout au tout lorsqu'elle entra à son tour dans le ring. L'homme, toujours favori se redressa montrant une masse musculaire impressionnante. Puis, il prit position courbant légèrement le dos, écartant ses deux bras fermement contracté, présentant ses mains comme de large pinces qui ne laisserait rien leur échapper. Pendant ce temps, Aïma, elle plissant légèrement ses jambes, elle se préparait à bondir, habitude prise lors de la chasse. Pour elle, il n'était rien d'autre que du menu gibier osant la défier d'un regard agressif espérant ainsi se soustraire à son sort.
L'homme resta impassible, la nouveauté ne l'effrayé pas. Il s'adaptait, signe de son expérience. L'audience, elle commençait déjà à huer, le ring était devenue un véritable zoo. Tous, pourtant, se calmèrent lorsque l'homme s'avança d'un pas sur la scène, commençant à étouffer Aïma de ses deux pinces l'encerclant de plus en plus, espérant la saisir. Moment que la rôdeuse, elle attendait avec ferveur. Aïma déploya ses jambes profitant de son extension, ferma son poing puis contracta ses muscles tant et si bien que la vitesse du coup démultipliée par son mouvement gracieux poussait son corps à ses limites. Un geste parfait par un apprentissage rigoureux et pourtant si simple, à cette distance le coup en était devenue imparable. L'homme ne pouvait déjà rien faire, son poing en un éclair était déjà sous sa gorge et l'impact fut tel qu'il résonna dans toute sa boite crânienne. Pourtant, c'était insuffisant. Il trébucha, mais ne chut pas. Tout tourné autour de lui, le public n'était plus qu'un seul mur dansant, indissociable et flou. Il se redressa comme il put, mais pas assez vite. Le coup de grâce arrivait, il mit bien son bras devant, mais Aïma, bien trop agile, avait déjà réagit et sous les coups l'homme tomba.Le public était en colère, vexé, crié au scandale, mais l'homme se redressa quelques secondes plus tard en riant aux éclats.
"Hé bien, dis donc, si je m'étais attendu à ça !".
La rôdeuse souris poliment, c'était bien la première fois qu'on la félicité après un tel massacre. Ego en retard semblait s'inquiéter pour l'homme, il força le public à s'écarter légèrement en avançant, mais il n'agit pourtant pas.
"Au fait, je m'appelle Narth, je vais combattre au Colisée demain. On pourrait faire équipe avec toi et ton ami, je ne vois pas comment on pourrait perdre."Aïma empocha la somme des paris et se tourna vers l'homme en lui répondant. "J'ai besoin d'argent, mais je ne ferais rien de risqué et il ne se battra pas." Désignant alors son acolyte qui paralysait, ne savait comment agir. Narth acquiesça avec un sourire rassurant :
"Y a bien des jeux tout comme celui-ci et tuer est interdit, mais ce qui vaut le plus le coup, ce sont les paris en quelques jours nous seront riche ma petite Nelse."
Dit-il tentant d'argumenter, essayant d'attirer l'attention de la championne incontestée. Les Nelses étaient des poisons très vifs et insaisissables, c'était aux yeux de la rôdeuse plutôt un compliment et un surnom affectif même si voir les choses sous cet angle l'énervait un peu. Il renchérit, conscient qu'il ne pouvait atteindre son cœur :
"Imagine la tête qu'ils feront quand on les étalera tous dans le sable et la sueur, nous un Hagalazien et une Tenekienne inconnue du public."
Cela fit réfléchir la téméraire rôdeuse, qui mentait bien sûr, quant à sa peur du risque. Un Hagalazien, ils croiront tous que sans son armure et ses runes, il sera incapable de se battre et moi, rien que par provocation, ils seraient capables de tout miser contre moi, mais que faire d'Ego, les jeux des Colisée ne sont pas pour lui.