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Espoir de Vengeance

"Des immortels ? Et puis quoi, encore ?"

Irina regarda dubitative l'elfe en face d'elle. Irritée, elle posa ses mains sur ses hanches, attendant une réponse.

"Nous avons croisé une caravane sur la route du fleuve. Ils furent attaqués par des loups d'argent.

J'espérais que tu en saches davantage."

Irina tiqua à ces mots. Même si elle ne faisait pas partie intégrante des chasseurs d'âmes, elle en sait au moins un minimum sur la guerre qu'ils mènent et sur leurs ennemis.

"Des loups d'argent ? Cela expliquerait l'agitation des derniers jours, si des monstres rôdent dans le jardin de sa sainteté. Malheureusement, je n'en sais pas plus que toi. Mon contact au sein de l'église est absent depuis maintenant trois semaines. Je n'ai aucune nouvelle de lui."

Tandis qu'ils échangeaient leurs maigres renseignements, une patrouille de gardes traversa la rue adjacente, précipitée.

"Dépêchez-vous, ils approchent ! Nous ne pouvons laisser le mur est tomber !"

Attirés par le cliquetis des armures, Eiji, Irina ainsi que Tahrren se retournèrent. Une quinzaine d'hommes couraient, alignés deux par deux, en direction de la sortie de la ville. Ils portaient tous la même armure, d'un acier blanchâtre. Leurs armes, cependant, étaient différentes selon leur position. Les premiers portaient un bouclier, large et épais. Les suivants portaient des armes soit plus légères, comme des sabres, soit des armes plus lourdes comme des espadons.

Irina fut la première à réagir à ce spectacle pour le moins inhabituel, au moins dans cette partie de la ville. Proche du jardin des saints, il s'agissait d'un pan des murs très sécurisé, aucun monstre n'y résidait, ni aucun bandit d'ailleurs.

Il était évident que quelque chose se tramait là-bas, et pour qu'autant de gardes se déplacent, cela devait être dangereux. Intriguée, Irina se lança à la poursuite de la troupe de gardes.

"Allez ! Dépêchez-vous, suivez-moi ! Vous avez perdu vos jambes ? Ils auront peut-être besoin d'aide !"

Tahrren et Eiji affichèrent tous les deux un sourire amer avant de suivre Irina dans sa course.

Rapidement, ils arrivèrent au rempart est. Là, une centaine de soldats grimpaient au sommet du mur par des échelles ou des escaliers. D'autres se postaient à l'extérieur, passant par une porte menant à un pont-levis.

"Dépêchez-vous ! Ils seront bientôt là ! Nous devons refermer le pont avant que ces fichues bestioles ne soient là !"

Tahrren se dirigea vers l'homme qui semblait donner les ordres. Tout comme le reste de l'armée, il était équipé de son imposante armure blanchâtre. Mais contrairement aux autres, la sienne était également ornée de plaques dorées, et son casque, différent de par la forme plus conique au niveau du sommet du crâne, était quant à lui couvert de d'émeraudes.

Il remarqua les trois nouveaux arrivants, notamment Tahrren qui lui faisait maintenant face.

" Halte ! Qui êtes-vous ? Cet endroit est actuellement dangereux, vous ne devriez pas trainer dans le coin."

Tahrren enfonça sa main dans la sacoche en cuir qu'il transportait en permanence, et en sorti le même sceau qu'il avait utilisé précédemment. Il le présenta chevalier. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent si fort que s'en fut visible malgré son casque.

"Veuillez m'excuser. Je suis le capitaine Jaera Linion."

Le capitaine salua les trois personnes. Il ne reconnut Irina, qu'il accueillit personnellement.

"Capitaine, que se passe-t-il ici ? Peut-être pouvons-nous aider." Demanda Tahrren.

Le garde se tourna vers Irina, comme s'il attendait quelque chose.

"Ne vous inquiétez pas. Ils sont de confiance. Et forts. Très forts." Dit-elle en gesticulant des mains comme un adolescente.

Soulagé il expliqua plus en détail la situation.

"Un large groupe de monstres arrive par l'est. Même avec nos forces actuelles, le repousser ne sera pas chose aisée. Alors toutes les paires de bras sont les bienvenues !"

Il observa rapidement les deux hommes, et tiqua lorsqu'il remarqua les traits typés d'Eiji. Remarquant la gêne qui venait de s'installer, Tahrren s'imposa.

"Je me présente : Tahrren Lilmare, des chasseurs d'âmes. Nous sommes spécialisés dans la traque d'individus spécifiques. Je vous présente Eiji Kawasaki, ancien lieutenant des Higashito. Il est désormais mon apprenti. J'espère que vous le traiterez bien, en tant que tel."

Le capitaine ravala sa salive. Il inspira profondément, comme s'il s'apprêtait à traverser une épreuve difficile. Il s'avança vers l'elfe et tendit son bras pour lui serrer la main, ce qu'accepta Tahrren. Il fit de même pour Eiji.

"J'espère que nous pourrons compter sur vous, malgré nos différends."

Eiji, répondit par l'affirmative, serrant la main du chevalier en souriant.

"Ne vous inquiétez pas. Si vous tombez ici, c'est le peuple qui en souffrira. Ma rancœur n'implique que votre armée. Je ne peux pas me permettre d'en faire pâtir les habitants de cette ville. Refuser ce combat serait déshonorant."

La tension dans les muscles du capitaine se relâcha à ces mots. Rassuré, il laissa s'échapper un léger rire.

"L'honneur… J'ai de nombreux hommes qui devraient apprendre de vous, les Higashito !"

Eiji ne répondit pas. Malgré son attitude amicale, il ne pouvait pas oublier les horreurs causées par les Ophéliens, qui ont hanté ses nuits d'adolescent.

"Bien. Que pouvons-nous faire, capitaine ?"

Le capitaine dirigea son attention vers Tahrren, qui avait pour souhait d'accélérer les choses. Le capitaine repris son sérieux. Son regard vacilla entre le haut des remparts et le pont-levis.

"Nos mages et nos archers sont situés en haut du rempart, tandis que nos guerriers les plus robustes sont dehors, prêts à recevoir les monstres. Ils arriveront d'ici dix minutes, et nous fermerons le pont d'ici peu. Organisez-vous et rejoignez les rangs. Quant à moi, je dois vous laisser, je vais mener les hommes qui sont dehors."

Le capitaine les salua de nouveau, avant de se précipiter et traverser le pont.

"Tahrren, je vais me poster avec les hommes en face des murs. Je n'ai pas d'arc et je ne sais pas non plus me servir de la magie, je ne servirai à rien, là-haut."

Tahrren s'approcha d'Eiji et posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

"Très bien. Je vais quant à moi vous soutenir d'en haut. Bonne chance. Je veillerai sur toi, mais évite de prendre trop de risque."

Eiji acquiesça à ces mots, et se précipita vers la sortie.

"Eiji, attends !"

Interpelé une nouvelle fois par Tahrren, il s'arrêta net.

"Ces monstres n'agiront probablement pas naturellement, ou en tout cas de manière logique. Je suis prêt à parier qu'ils sont corrompus par l'anima d'un immortel. Donc fait bien attention."

Tahrren se retourna, et grimpa en haut des murs via les escaliers. Eiji, quant à lui, était ravi après avoir entendu les mots de Tahrren. Il allait enfin pouvoir combattre ces maudits immortels. Il serra le manche de son sabre aussi fort qu'il pût, et tremblait presque d'excitation. Il regarda le ciel et marmonna quelques mots.

"Regarde-moi, Ruka. Aujourd'hui, c'est ta vengeance qui commence."

C'est le sourire aux lèvres qu'il traversa la porte voutée et le pont-levis. Juste après sa traversée quelques hommes postés à l'arrière remontèrent le pont. Le voilà maintenant séparé par une large douve de la zone sûre.

Prêt à combattre, il se mêla aux Ophéliens. Distingué par son armure de cuir si différente de leurs plaques d'acier, il attisait les regards. Certains, remarquant ses traits typés, présentèrent un fort ressentiment pour lui.

"Qu'est-ce qu'un foutu barbare traîne par ici !"

Les murmures furent stoppés nets par l'intervention du capitaine Jaera. Il haussa brutalement la voix, s'assurant que chacun de la petite centaine d'hommes purent l'entendre.

"Ophéliens, écoutez-moi ! Aujourd'hui, nous affrontons une horde de près de cent monstres ! Si vous savez compter, cela en fait un pour chacun d'entre vous ! Nous pouvons également compter sur notre soutien arrière ! Enfin, nous sommes aujourd'hui accompagnés par un homme de l'est ! Un Higashito ! Il a déjà su me prouver sa volonté de défendre notre peuple ! Alors, Ophéliens ! Montrons-lui notre détermination ! En formation !"

Chacun de la centaine d'hommes présent sur l'herbe qui longeait le mur est poussa un cri de guerre, si puissant que même le sol sembla en trembler. Ils sortirent leurs lames, attendant leurs adversaires d'un pied ferme. Eiji suivi le mouvement et, en un grincement très aigüe, sorti son sabre de son fourreau. Il adopta une posture haute, près à lacérer le premier monstre s'approchant de lui.

Les Ophéliens adoptèrent une formation classique, en arc de cercle. L'objectif était d'encercler les monstres en première ligne, et d'éviter de se faire prendre à revers. Les hommes formaient une simple ligne, prêt à recevoir la horde.

L'armement différait cette fois aussi d'un homme à l'autre : ceux qui faisaient directement face à la horde étaient équipés d'imposants boucliers, tandis qu'aux extrémités de la ligne, les armes étaient plus lourdes, plus puissantes. Eiji était donc quant à lui proche de l'extrémité droite.

Plus la horde s'approchait, plus les monstres étaient visibles. Bien que les murs est étaient rarement exposés aux attaques de monstres, ce n'était pas le cas des murs ouest. Les Ophéliens étaient donc habitués aux attaques de monstres et aucun ne paniqua.

On pouvait finalement distinguer quelques monstres : des loups géants à la fourrure grisâtre, des orcs armés de massues et plusieurs nixians, d'imposantes créatures du nord de ces plaines, dont la fourrure aux reflets de feu et les yeux flamboyants comme des étoiles étaient prisés.

Cependant, il s'agissait aussi de la créature la plus dangereuse originaire de ces plaines, dont les griffes sont capables de trancher l'acier et d'endommager même les armes d'obsidiennes. Rapides comme le vent et tout aussi discrets, ils sont une proie de taille pour tout chasseur de la région.

Au centre de la horde, Eiji parvint également à distinguer quelques tréants, créatures qu'il sut reconnaître grâce aux écrits qu'il eut lu dans sa jeunesse, bien qu'il n'en ait jamais vu de ses propres yeux.

Cependant, il ne reconnut par la dernière créature, située au centre de la horde. Ce n'est qu'après quelques instants qu'une puissante voix résonna dans les plaines.

"Dryade ! Il y a une dryade parmi les monstres !"