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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
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125 Chs

Chapitre 88 - Quand le Soleil Tomba du Ciel

Kirishima vit un flash de lumière noire emporter le wendigo.

Un liquide tiède et poisseux éclaboussa son visage. Il leva une main tremblante pour s'essuyer le nez. Il resta plusieurs secondes à contempler ses doigts, incapable de comprendre pourquoi ils étaient rouges.

Des mains l'attrapèrent au niveau de ses aisselles et le hissèrent sur ses pieds comme s'il ne pesait rien.

Il promena ses yeux vitreux sur les alentours, essayant de se rappeler où il était et pourquoi.

Il y avait des voitures en feu et des tas de morceaux de métal carbonisés jonchaient le sol. Une fumée acre s'élevait de la carcasse d'un camion démolit. 

Il entendit quelqu'un crier, puis supplier.

Ses pensées étaient si brumeuses qu'il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser que ce n'était pas normal. Comme dans un rêve, il tourna lentement la tête vers le son.

Il plissait les yeux pour essayer de bien y voir. 

Il y avait quelqu'un à terre, allongé sur le dos. Sa bouche s'ouvrait et se fermait mais Kirishima n'arrivait pas à l'entendre. Il y avait une autre personne, debout juste au-dessus de la première.

Elle posa son pied sur le cou de la personne allongée, l'empêchant de se relever.

Kirishima vit l'homme debout faire tournoyer une épée dans sa main. La lame reflétait les sinistres flammes qui consumaient tout autour d'eux.

Et puis il l'abattit dans la poitrine de la personne à terre.

Kirishima ouvrit la bouche pour crier.

La lame tournait dans le torse de l'autre, comme si son meurtrier cherchait à le déchirer de l'intérieur. Il entendit les os craquer, vit la chaire remuer comme une soupe de boyaux et de viscères le ferait sous une cuillère.

Kirishima ne put que regarder avec horreur alors que l'homme à terre hurlait.

Il n'était pas mort.

- Oh mon dieu, il n'est pas encore mort

Il y avait quelque chose de sadique dans la façon dont le meurtrier continuait à faire tourner sa lame dans le torse de l'autre, ses yeux brillants ne se détachant pas une seule seconde du visage recouvert de larmes de sa victime. Même quand l'autre arrêta de gesticuler, le meurtrier fit tournoyer encore un peu sa lame dans ses entrailles. Ensuite il lui trancha la tête.

Kirishima entendit un bruit sourd à sa gauche.

Il tourna la tête pour voir un adolescent aux cheveux noirs vomir tout ce qu'il avait dans le ventre.

Une odeur nauséabonde d'excréments et de pisse lui monta au nez.

Lorsqu'il releva les yeux, c'était pour rencontrer ceux de l'assassin. 

Il cligna des yeux.

Avait-il rêvé ses prunelles rouges ?

- Aizawa-sensei m'a dit de le faire

Kirishima sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge.

La seconde d'avant il était de l'autre côté du champ de bataille, alors comment… ?

Le garçon qui avait vomis s'essuya la bouche de son pull mais n'osa pas se retourner.

C'est l'autre garçon costaud – celui qui avait soulevé Kirishima – qui répondit :

- Ai-aizawa… c'est lui qui… ?

- Ils ont tué Denki

Le costaud inspira brutalement. Il secoua la tête, la bouche tremblante.

- N-non, ça ne peut pas-

- Il était derrière les dortoirs quand ils ont explosé.

Le garçon qui avait vomis porta deux doigts à sa bouche, comme s'il se retenait de vomir à nouveau.

- Comment est-ce que tu sais ça ?

L'assassin baissa les yeux.

Il y avait une sorte de poupée désarticulée à ses pieds à qui il manquait la tête. Il essuya le plat de son épée sur la camisole sale.

- J'étais avec lui

Son regard se promena sur les alentours comme s'il découvrait les lieux.

Les flammes se reflétaient dans ses prunelles et leur forme mouvante projetait des ombres inquiétantes sur son visage.

Kirishima mit quelques secondes à remarquer qu'aucun des deux adolescents ne pouvait regarder le meurtrier dans les yeux.

Les doigts froids de l'assassin frôlèrent sa tempe. Kirishima recula d'un pas, surpris. L'autre garçon agit comme si rien ne venait de se passer.

- J'en ai assez fait. Rentrons.

Il rangea son épée propre dans son fourreau.

*

Ils ont peur de moi.

Je le réalisai à la seconde où Sato refusa de croiser mon regard, à la façon dont Séro m'avait tourné le dos et s'était éloigné de moi, aux sursauts de deku dès lors que j'ouvrai la bouche.

Kirishima n'avait pas peur – pas encore – parce que rien n'allait plus dans sa tête.

Mais ce n'était pas grave : j'avais rempli ma part du contrat avec aizawa et j'avais mené ma petite vendetta au passage. 

Quoi qu'il se passe d'autre ce soir, je m'en lavai les mains.

- Arrêtez-vous

Les quatre garçons s'arrêtèrent à l'entrée de l'école sous l'ordre de Monoma.

Celui-ci sortit de l'obscurité, ses yeux ayant viré au rouge et ses cheveux blonds flottant au-dessus de sa tête. Son regard passa sur chacun d'entre nous.

- C'est bien eux

Il y eut des soupirs de soulagement. Une poignée d'adolescents sortirent de leurs cachettes plus ou moins douteuses, souriant d'un air fatigué.

- Putain les gars, où est-ce que vous étiez ?

Yaoyorozu avait des cernes qui lui mangeaient la moitié du visage. Ses yeux se posèrent plus longtemps sur moi que sur les autres mais elle ne pipa mot.

Tokoyami, lui, nous scrutait tous de son habituel air impérieux.

- Kirishima, il y a du sang dans tes cheveux

Le garçon se palpa le crâne sans douceur.

- Ah ? Il n'y a pourtant aucune blessure…

- On vous a cru morts, haha

Personne ne rit.

- Todoroki attends, tu as aussi du sang sur toi…

Séro serra les poings et monta les escaliers en silence.

- Ce n'est pas le mien

Monoma me regarda plus longtemps que nécessaire mais ne dit rien.

- Hein ? Todoroki est là ?

Jiro descendit les escaliers à la hâte, manquant de bousculer Séro au passage.

- Pourquoi est-ce que je ne serai pas là ?

Jiro jeta un coup d'oeil à Yaoyorozu avant de se tourner vers moi.

- Ochaco a vu du feu dans le désert. Elle et Bakugo y sont allés il y a un moment en pensant que c'était t-

Ils virent mon clone tourner les talons et partir à pleine vitesse.

- Attends ! Todoroki !

Mais j'étais déjà bien loin.

*

Katsuki cracha pour enlever le sale goût qu'il avait dans la bouche.

Du sang roula sur son front, se logeant dans son sourcil. Il l'essuya de deux doigts, ses prunelles rouges vrillées sur le vilain.

- C'est tout ce dont tu es capable, mon garçon ?

Katsuki haletait, la respiration saccadée.

- Je suis déçu

Je peux pas perdre je peux pas perdre jepeuxpasperdre-

L'adolescent rugit et se lança à nouveau à l'assaut. Il envoya coup sur coup, faisant varier ses attaques d'un simple coup de poing jusqu'au coup de pied retourné le plus subtile. Mais ça ne suffisait pas : le vilain était trop rapide. Il esquivait et paraît chacune de ses attaques avec une facilité terrifiante.

- Je te l'ai déjà dis, si tu portes trop de ton poids sur ta jambe avant...

Les doigts du vilain effleurèrent le coude de Katsuki ; il perdit aussitôt son équilibre.

- … alors tu te laisses ouvert pour ce genre de riposte

Katsuki sentit l'air expulsé violemment de ses poumons alors qu'All for One lui détruisait le ventre à l'aide de son genou.

- Bakugo !

Le garçon fendit l'air comme une météorite, incapable de s'arrêter. Sa tête lui tournait : il n'arrivait plus à différencier ni le ciel du sol ni la droite de la gauche.

Une main tendue frôla son épaule.

Il s'immobilisa à un cheveu du sol, le coeur battant à tout rompre. De la sueur froide roulait dans son cou. Qu'est-ce qui lui serait arrivé si il s'était écrasé tête la première à cette vitesse ?

Ochaco le remit sur pieds, les jambes tremblantes. Elle avait l'air terrifiée.

- Est-ce que…

Elle déglutit, incapable de formuler une phrase correcte.

Katsuki, mains sur les genoux, prit quelques secondes pour reprendre ses esprits : son ventre lui faisait un mal de chien et sa tête lui tournait tellement qu'il cru qu'il allait vomir.

Seule sa volonté de rester digne l'empêcha de s'effondrer à terre face à son ennemi. S'il le faisait, le vilain le tuerait. Et après ça il tuerait Ochaco. Katsuki ne pouvait pas permettre que qui que ce soit meurt alors qu'il était dans les parages : c'était indigne d'All Might.

- Déjà sur pied ?

Katsuki fit craquer ses épaules.

Il avait le choix entre mourir et mourir : autant tenter le tout pour le tout et au diable les conséquences, n'est-ce pas ?

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire mauvais, ses canines pointues scintillant sous la lumière argentée de la lune.

- Je pourrai faire ça toute la journée

Le vilain ricana.

 

- Un peu prétentieux vu ton état, tu ne trouves pas ?

Katsuki utilisa ses explosions pour se propulser jusqu'au vilain.

Il lui envoya un coup de pied dans la tête que le vilain para de son avant-bras.

Katsuki releva son pied gauche pour frapper le menton d'All For One : celui-ci recula, évitant d'un cheveu le coup.

- Tu n'es pas si-

Katsuki fit sortir une explosion de son pied droit pour se faire vriller dans les airs juste au-dessus du vilain : parallèle au sol et pieds toujours à côté du visage d'All for One, Katsuki se plia pour former une petite boule. Il mit ses deux mains sur le visage du vilain et lui sourit de toutes ses dents.

- Va te faire foutre

Et pour la première fois de sa vie, Katsuki utilisa son Alter à 100%. 

Chaque goutte de sueur, chaque molécule de transpiration, chaque plus petit atome d'excrétion qui avait quitté les pores de sa peau explosa.

Les os de ses bras tremblèrent comme des fétus de paille face au vent. Ses muscles palpitaient contre sa peau comme s'ils étaient sur le point de claquer et se déchirer. Katsuki poussa un cri de rage, les yeux fous : il enfonça ses ongles dans la peau du vilain et serra, serra, serra, alors que toute sa sueur lui coulait dessus. Et puis il détona le tout.

Ca eut l'effet de grenades en chaîne : une séries d'explosions se surimposa aux premières, transformant All for One en brochette rôtie. Le ciel obscur s'illumina comme un feu d'artifices : les nuages s'illuminèrent de rouge, de jaune, puis encore de rouge.

C'était magnifique. 

Katsuki regarda le visage du vilain exploser sous ses yeux avec une fascination morbide. 

Ses oreilles bourdonnaient. Il n'entendait plus rien de la gauche mais il le réalisa à peine.

Dans ses yeux se reflétait le visage du vilain noyé sous le tsunami d'explosions qui n'en finissait pas. Sa tête disparut derrière l'écran de fumée.

Si Katsuki n'était pas en train de serrer son crâne dans un étau de fer, il aurait cru qu'il avait été oblitéré.

Tout à coup des mains glaciales s'enroulèrent autour des poignets de Katsuki. 

L'adolescent écarquilla les yeux. Il essaya de se dégager mais le vilain tira si fort qu'il s'écroula presque sur lui. Katsuki sentit son coeur battre jusque dans sa gorge. S'il résistait, il lui arracherait les bras.

Le vilain exhala une bouffée de fumée noire. Sa bouche s'étira en un lent et terrible sourire, dévoilant ses dents luisantes. Il souriait comme un chasseur sur le point de dévorer sa proie.

- Mon tour

Il ouvrit la bouche en grand, inspirant toute la fumée et les dernières explosions de Katsuki.

Il pencha sa tête en arrière, gonflant ses poumons pour tout recracher. Katsuki paniqua et tira sur ses bras, essayant de se dégager même s'il devait y perdre un bras. 

Le vilain tira plus violemment sur ses poignets, le forçant à se retrouver nez à nez avec lui. Et puis il recracha tout.

Katsuki eut à peine le temps de cacher son visage derrière son épaule qu'il fut projeté dans les airs par une tornade de feu. On aurait dit qu'All for One s'était transformé en dragon : un véritable jet de feu jaillit de sa bouche pour tout emporter sur son passage.

Katsuki vola sur près de dix mètres, incapable de résister à la pression et la puissance du geyser brûlant.

Ses vêtements prirent feu. En une fraction de seconde son épaule toute entière vira au noir. Il sentit sa peau se racornir comme du parchemin brûlé, sentit l'odeur répugnante de porc cramé lui monter au nez, vit des cloques blanches apparaître sur toute la peau rougie de son bras. 

Katsuki s'écrasa au sol, étouffant un cri. Il avait l'impression de cuire de l'intérieur.

Des larmes de douleur roulèrent sur ses joues alors qu'il se contorsionnait en hurlant. Il avait l'impression qu'on lui avait versé de l'acide sur le bras et que quelqu'un était en train de plonger ses doigts dans sa chaire pour jouer avec. 

Il entendit quelqu'un hurler. Il lui fallait quelques secondes de plus pour réaliser que c'était sa propre voix.

Il pensait qu'il était en train de mourir. Il s'évanouit.

Mais à l'instant précis où il s'évanouit, son instinct de survie prit le relai. Les alarmes s'allumèrent dans chaque partie de son corps, le forçant à se réveiller pour fuir. S'il restait ici, il serait à la merci du monstre.

Les yeux de Katsuki roulèrent dans leurs orbites follement, comme s'il se battait contre lui-même pour rester lucide. Il regarda son épaule sans le vouloir et il voulut mourir. 

Sa peau était en train de tomber de son bras. L'expérience était surréelle, comme si c'étaient le bras et la peau de quelqu'un d'autre, quelqu'un de très distant, quelqu'un qu'il serait en train de regarder à travers un écran de télévision.

Mais la souffrance – oh la souffrance - c'était bien la sienne.

Dans un effort surhumain Katsuki réussit à se mettre à genoux. Il tremblait de la tête aux pieds et, pendant un court moment, il cru qu'il ne pourrait pas faire mieux.

Mais sa peur de mourir était telle qu'il se força à se relever, encore.

Sa jambe trembla sous son poids, sa cuisse ployant presque sous l'effort. Il serra les dents, les yeux vitreux, et s'obligea à relever son autre jambe.

Il tituba, faillit tomber face la première. Son sang se glaça parce qu'il savait que s'il tombait à nouveau, il ne serait pas capable de se relever.

Par miracle il réussit à regagner son équilibre.

Ses chaussures tracèrent des sillons dans le sable alors qu'il boitait vers le campement.

Sa gorge brûlait parce qu'il avait avalé trop de fumée. Sa vision était floue à cause des larmes qui coulaient sans arrêt sur ses joues. Ses paupières étaient à moitié closes, comme s'il était sur le point de s'endormir d'une seconde à l'autre. 

Une partie distraite de son esprit réalisa qu'il ne pouvait plus sentir son bras. Un soulagement indescriptible l'envahit.

- Où est-ce que tu crois aller ?

Les yeux de Katsuki étaient fixés sur le camp.

Les dortoirs étaient comme une tâche de feu sur l'horizon obscur, un phare de lumière au milieu de la nuit la plus noire de sa vie.

Tant qu'il ne les quittait pas des yeux, tout irait bien.

- Nous n'en avons pas fini

Katsuki accéléra l'allure. 

Son bras carbonisé pendait comme un poids mort sur son épaule, le forçant à se pencher du côté droit pour rétablir son équilibre.

- Allez, reviens. Je promets d'être gentil cette fois.

Il courait presque, maintenant, se traînant aussi vite qu'il le pouvait loin du monstre. Des larmes chaudes traçaient des sillons sur ses joues sales. 

Tout à coup il se figea, les yeux grands ouverts.

Il y avait un souffle chaud sur sa nuque.

- Tu es intéressant, tu sais…

Le vilain frappa les oreilles de Katsuki de ses deux paumes, lui faisant perdre l'équilibre. Du sang coula de ses oreilles tandis que le garçon tanguait, les yeux hagards. 

- … pour un insecte

All for One plia son bras, paume ouverte et muscles bandés. 

Il observa l'adolescent durant une seconde, le visage fermé. Le pauvre garçon, à demi tourné vers lui, était trop confus pour comprendre ce qui allait lui arriver.

All for One inspira brutalement : l'air devant sa main se compressa jusqu'à former une sphère blanche de la taille d'un pois. Le vent se leva tout autour d'eux, faisant voler leurs cheveux et claquer leurs vêtements. Le garçon regardait la sphère de ses grands et stupides yeux, comme une biche prise dans des phares.

Ochaco leva son bras pour se couvrir le visage, yeux plissés : le vent lui déchirait la peau, y creusant des sillons ensanglantés. L'air mélangé au sable devint si potent qu'il fut visible à l'oeil nu : on aurait dit qu'All for One et Bakugo étaient au centre d'un cyclone sur le point de tout dévaster.

- Dommage que ton ami ne soit pas arrivé à temps, n'est-ce pas ?

Un fin sourire étira la bouche sans lèvres du vilain.

- Peut-être que le docteur avait raison. Peut-être qu'il est plus comme moi que je ne le pensai…

Katsuki avait la bouche entre-ouverte, un fin filet de bave coulant sur sa lèvre inférieure.

Le vilain fronça les sourcils, brusquement irrité.

- Pourquoi est-ce que je perds mon temps à te parler ?

All for One tendit son bras : le vent redoubla d'intensité.

Katsuki ne put que regarder, bras ballants, alors que la sphère déchiqueteuse se dirigeait vers son torse.

Elle faisait un bruit affreux, comme une tronçonneuse à vide. 

Il savait qu'elle ferait mal, mais elle savait aussi qu'elle ne ferait pas mal très longtemps et- oh, il y avait vraiment beaucoup de bave sur son menton. Il ne savait pas que quelqu'un pouvait avoir autant de salive dans une bouche. Peut-être que c'était un record ? Est-ce qu'il était record-man ? Est-ce que quelqu-

L'air fut violemment expulsé de ses poumons.

Katsuki s'effondra à terre comme une masse, le souffle coupé. Il entendit quelque chose craquer dans son dos.

La douleur explosa, terrassant ses pensées brumeuses en un instant. Ses yeux sortirent presque de leurs orbites alors que quelque chose se déchirait dans son dos. 

Tout à coup il se sentit extra lucide.

Il fut capable de voir chacun des grains de sable qui tombaient autour de lui comme de la neige.

Il entendit chacune des voix autour de lui avec une clarté inouïe : Ochaco criait, et le vilain… le vilain hurlait aussi.

Katsuki cligna des yeux, incapable de comprendre ce qu'il se passait : et puis il vit une main tomber juste à côté de son visage. Elle rebondit sur le sable, s'écrasa à nouveau et roula sur le côté. Un des doigts froids touchait le bout du nez de Katsuki. Le garçon arrêta tout bonnement de respirer.

Comme si elle n'avait attendu que ça – qu'il réalise – la main se mit brusquement à saigner. 

C'était comme si quelqu'un avait ouvert toutes les vannes à fond : le sang chaud roula du poignet en cascades, se déversant sur le sable avec l'intensité et la violence d'un barrage qui venait d'éclater.

Ca ressemblait à du vin. Katsuki avait goûté à du vin, une fois. Il n'avait pas vraiment aimé.

Le vin chaud roula sur une dune, volant dans les airs comme un surfeur qui ferait des acrobaties sur une mer houleuse. Elle roula dans les creux du sable, voltigeant presque au-dessus de la surface dorée tant elle allait vite. 

Katsuki regarda avec une fascination morbide la course du vin dans le désert. 

Et puis il lui éclaboussa le visage.

Il recula précipitamment, poussant des tonnes de sable pour ensevelir la main ensanglantée loin de lui. Il essaya de se relever mais fut abruptement repoussé à terre. Il y avait quelque chose sur son dos.

Ses genoux s'enfoncèrent dans le sable si profondément qu'il cru un moment qu'on essayait de le noyer. Des grains rouges et jaunes s'enfoncèrent dans son nez et sa bouche, l'empêchant de respirer.

Il releva ses yeux larmoyants vers le vilain et se figea.

Debout au-dessus de lui, un pied sur son dos, se trouvait Shoto Todoroki.

Katsuki inspira brusquement.

Shoto était couvert de sang. 

Il n'y avait pas un centimètre carré de sa peau qui ne soit pas recouvert de sang.

Il y avait du sang sur ses vêtements, sous ses ongles, sur sa lame brillante. Il y avait du sang sur ses cheveux, sur son front, qui roulait dans son cou. Il y avait du sang qui gouttait de sa lame dans un ploc ploc à en faire froid dans le dos.

Sa prise sur son épée était si forte que les jointures de ses mains devinrent blanches. Ses muscles étaient bandés, ses jambes fléchies, ses mâchoires serrées. Des veines saillantes créaient des reliefs sur ses avant-bras, son cou, son front. De la vapeur s'élevait de sa peau en volutes blanches, tournoyant doucement autour de lui et lui conférant un aspect irréel.

Il avait l'air tout droit sorti des enfers. 

Il fallut quelques instants de plus à Katsuki pour remarquer que Shoto tremblait.

C'était un tremblement subtile, quelque chose qu'il aurait raté si toute son attention n'avait pas été portée sur le garçon tombé du ciel comme un dieu vengeur.

Les yeux de Katsuki remontèrent le long de son visage.

Sa bouche était pliée en une ligne froide et dure, ses lèvres si blanches qu'on aurait dit que le sang n'y circulait plus. La veine en relief de son menton à sa gorge était si proéminente qu'elle donnait l'impression qu'elle allait exploser d'une seconde à l'autre.

Ses narines se contractaient et se dilataient comme s'il avait du mal à respirer et ses joues se contractaient et se décontractaient de façon si visible qu'on aurait dit qu'il était sur le point de hurler.

Puis Katsuki s'arrêta sur ses yeux.

Ils brillaient de façon surnaturelle, presque comme s'ils étaient phosphorescents, et projetaient l'ombre de ses cils sur ses joues. Ses prunelles étaient réduites à deux fentes obscures, deux fentes qui, durant un court instant, firent reculer Katsuki. 

Il y avait quelque chose dans ces yeux là qui couvait, quelque chose de sombre, d'animal, de dangereux, qui fit relever tous les cheveux sur la nuque de Katsuki.

Tout à coup il comprit.

Shoto ne tremblait pas parce qu'il avait peur, oh non.

Si Shoto tremblait, c'était parce qu'il était purement et tout simplement fou de rage.