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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
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125 Chs

Chapitre 78 - Déception et Mensonges

La nourriture était… potable.

Ce n'était certes pas au niveau de notre chef cuisinier – les saveurs étaient grossières – mais au moins, je ne mourrai pas de faim.

Posant mon écuelle en bois sur la table, je remontai mon masque sur mon visage.

- Comment tu fais ça, Todoroki ?, me demanda Kirishima. T'es arrivé après nous, t'as déjà fini de manger trois bols et personne t'as vu baisser ton masque.

Je haussai les épaules, mains croisés sur un estomac bien repli.

- C'est l'expérience

Et un bon genjutsu lancé à l'instant où j'ai posé une fesse sur ce banc.

Je relâchai mon jutsu, m'étirant au passage.

Mon regard croisa celui du mutant qui portait lui aussi un masque noir. Ses oreilles frémirent : il baissa les yeux vers son plateau.

Je le pointai du menton.

- Pourquoi vous le harcelez pas, lui ?

- C'est une condition médicale, kero, s'insurgea la grenouille. Ce serait malpoli, kero !

- Moi aussi c'est médical, m'indignai-je

Katsuki, sur ma gauche, releva son nez de son bol pour me regarder de travers.

Des miettes de pommes de terre étaient écrasées au coin de sa bouche.

- Médical ? Tu veux dire psychologique, ouais

- Ferme ta bouche, j'ai une vision d'horreur

Aizawa frappa dans ses mains. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.

Il observa Katsuki et moi quelques instants, yeux plissés, avant de reporter son attention sur la tablée d'élèves.

- J'espère que vous avez tous bien profité du repas parce que ce sera la dernière fois qu'il vous sera préparé : à partir de ce soir il vous faudra cuisiner vous même si vous voulez vous nourrir.

Je vais pouvoir chasser ?

- L'entraînement débute dans trente minutes. J'ai accroché sur la porte du réfectoire les endroits où chacun de vous devra attendre en tenue de sport. Oui vos bagages sont bien dans vos chambres Iida, tu peux baisser ta main. Non il n'y aura pas de cinquième service Katsuki – et je te conseille d'arrêter de t'empiffrer si tu ne veux pas tout vomir dans l'heure qui suit.

Katsuki croisa les bras sur son torse, ruminant en silence, un morceau de pain à demi mâchouillé dans la bouche.

- D'autres questions ?

Iida leva la main.

Aizawa lui fit signe de parler, étouffant un soupir au passage.

- Sensei, je crains que vos explications ne manquent de clarté : à quelle heure l'entraînement est-il supposé s'arrêter, cet après-midi ? De plus vous ne nous avez pas dit de quoi il retournait… Quant au repas de ce soir, voulez-vous dire que nous devrons pêcher nous-même notre subsistance ? Fournir de quoi se nourrir pour vingt-trois personnes me semble assez difficile dans la mesure ou – mis à part moi – je pense qu'aucun des autres élèves n'a suivi de camp de survie durant sa jeunesse. De plus je crains de ne pas savoir à quelle heure nous devrons nous lever demain, et donc à quelle heure il faut se coucher. A ce propos avons-nous un couvr-

- Iida

Le garçon se tut.

- Tout ça fait partie de l'entraînement.

Iida réajusta ses lunettes, entrouvrit la bouche.

Des étoiles apparurent dans ses yeux.

- Oh pardon, je vous prierai de pardonner mon zèle – c'est indigne d'un élève de Yuei, je n'aurai pas dû douter de vous. C'est vrai que malgré vos airs négligé, vous êtes tout de même un professeur renommé de cette prestigieuse école !

Il fit un salut militaire et Yaoyorozu tira sur son t-shirt pour attirer son attention, jetant des coup d'oeil inquiets à Aizawa.

- Iida, tu devrais t'asseoir…

- Quand me suis-je donc levé ?

Un peu étonné, il se laissa tirer par la brune sur sa chaise.

- Aizawa vient carrément de bullshit, murmura Katsuki, agréablement surpris.

- Et il a l'air sur le point de faire un meurtre

Ses doigts se pliaient et se dépliaient frénétiquement, pris de spasme. Je haussai les sourcils.

- C'est le manque, ça, siffla le blond. Quoi ? Ma vieille était pareille quand elle a décidé qu'elle arrêtait de fumer.

- Elle a réussi ?

Ses lèvres se retroussèrent sur un sourire plein de dents.

- Carrément qu'elle a réussi. Y'a rien qu'les Bakugo peuvent pas réussir.

La voix irritée d'Aizawa nous fit tourner la tête.

- D'autres questions ?

Une demi-douzaine de mains se levèrent.

- Parfait, on se revoit dans trente minutes.

Il tourna les talons et personne ne le revit jusqu'à la fin du repas.

*

J'avais du mal à comprendre l'eau.

La foudre m'était venu avec facilité, comme si ça n'était qu'une extension de moi-même.

L'eau – mise à part celle que je faisais fondre de ma glace, et encore – était d'une difficulté étonnante. 

Je me demandai si ça n'était pas dû à cause du sel de la mer – peut-être qu'il me faudrait commencer avec l'eau la plus pure possible, et dériver à partir de là ?

Parce que si ce n'était pas à cause de ça, je ne voyais aucune raison pour que je n'y arrive pas : mes Alter étaient littéralement le feu et la glace, et ce que je cherchai à maîtriser était une moyenne des deux. Essayer de contrôler l'eau ne devrait pas être plus dur...

- Je ne te vois pas t'entraîner

Je plissai les yeux, mettant quelques secondes à distinguer correctement la forme floue qui se dessinait devant moi.

Les contours devinrent net : Aizawa se tenait dans toute sa splendeur, vêtu d'un bermuda bleu rayé et d'un t-shirt blanc. Il avait ramassé ses cheveux en demi-chignon et avait coincé un parasol sous son coude, tenant de l'autre main un verre de thé glacé.

Je grognai, passant ma langue sur mes lèvres sèches.

- Allez-vous-en

- Ce n'est pas une façon de parler à son professeur (Il avala une longue et bruyante gorgée à travers sa paille) Dis-moi, c'est un coup de soleil que je vois sur tes épaules ?

Je roulai des yeux, l'ignorant.

J'étais immunisé aux flammes mais visiblement pas aux coups de soleil – il m'avait fallu seize ans d'existence et six heures à barboter dans l'eau pour l'apprendre.

Une vague s'écrasa dans mon dos, me forçant à enfoncer mes orteils un peu plus profondément dans le sable pour rester stable. Mes doigts étaient aussi fripés que si j'avais des palmes à la place des mains – je préférai ne pas penser à ce qu'il en était de mes orteils.

- Si vous êtes juste venu parce que vous vous ennuyez, c'est pas la peine de rester

- Quoi, tu es énervé parce que j'ai passé plus de temps avec les autres élèves qu'avec toi ?

Il planta son parasol dans le sable et s'assit en tailleur à l'ombre sans jamais me lâcher du regard.

- Je suis tout à toi, Shoto. Raconte moi tes secrets les plus sombres et inavouables.

Je tendis ma paume ruisselant d'eau vers lui, demandant à la mer de répondre à mon appel.

Un fin sourire s'étendit sur ses lèvres lorsqu'il vit que les vagues continuaient leur cheminement naturel en m'ignorant.

Je serrai le poing : lorsqu'il voulu boire de son si délicieux jus, ses dents frappèrent contre de la glace.

- Je ne suis peut-être pas encore Poséïdon mais ça ne veut pas dire que je suis impuissant, Sensei.

Il me lança un regard peu impressionné et utilisa son verre comme une compresse qu'il posa sur son front.

- Exactement ce qu'il me fallait – merci Shoto, j'ai toujours su qu'on pouvait compter sur toi.

Je lui tournait le dos pour ne plus voir son sourire goguenard, reportant mon attention sur l'horizon.

Il fallait que j'accélère la cadence – à en voir sa position, le soleil se coucherait dans une heure et-

- Qu'as-tu tenté de faire, au juste ? Si tu me le disais, je pourrai t'aider à avoir une autre perspective sur la situation

Je serrai la mâchoire.

- J'ai pas besoin de vous, laissez-moi et partez

- Pourquoi est-ce que tu refuses mon aide ? Et j'aimerai te signaler que cette plage n'est pas ta propriété privée - je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas y rester

Je me tournai à demi, lui lançant par-dessus mon épaule :

- Allez juste ailleurs et arrêtez de me faire chier

Il claqua sa langue de façon réprobatrice mais il n'avait pas l'air le moins du monde énervé :

- Langage, Shoto, ou c'est nettoyage des sanitaires pour le mois entier

Je me tournai d'un geste sec, mes poings s'agrippant au tissu de mon bermuda noir.

- Si vous ne partez pas je vais, je vais…

Ses cheveux se redressèrent au-dessus de sa tête, ses yeux rouges me perçant de part en part.

- Dis moi donc, Shoto : qu'est-ce que tu vas faire ?

L'irritation me fit cracher la première chose qui me passa à l'esprit :

- Je vais me foutre à poil

Il y eut une seconde de silence.

Aizawa cligna des yeux.

- Tu n'oserais pas

Son expression de pure horreur me fit comprendre que j'avais l'avantage.

Je bombai le torse :

- Carrément que je le ferai.

- Arrêtes de bluffer, t'es un gosse pudique

Je pointai du pouce mon torse nu.

- Parce que c'est être pudique, ça ?

- Tu portes un masque

- Si vous ne partez pas je me fous à poil et je dirai à tous les autres élèves que vous êtes resté pour regarder

Il se redressa, serrant son verre si fort que ses phalanges devinrent blanches.

- Tu ne le ferai pas

Mes doigts attrapèrent le cordon de mon maillot, jouant avec.

- Je me demande ce que Nezu va dire quand il apprendra que vous aimez mater des ados nus et dégoulinants de sueur un verre à la main

Je souris ; son visage pâlit à vue d'oeil.

Je n'avais même pas eu le temps de dénouer le nœud qu'il avait déjà filé, laissant son parasol planté dans le sable.

J'éclatai de rire.

*

Des gouttes d'eau tombaient sur mon front, roulant le long de mes tempes. Je passai une main dans mes cheveux humides pour les repousser en arrière.

J'étais resté plus longtemps que prévu à la mer, tentant d'appeler l'océan à moi encore et encore en vain. Ce n'est qu'une fois que ma peau commença à me brûler à cause du sel incrusté et qu'un crabe m'avait pincé la plante du pied que j'avais décidé d'arrêter pour la journée. Je m'étais d'abord assuré que la bestiole serve de pâté pour poisson avant de me diriger vers les dortoirs. 

Les douches étaient vides tout comme l'immense pièce qui servait de chambre commune : je les entendais distinctement dans les cuisines, piaillant et travaillant comme des gens de leur statut devaient le faire. 

J'espère qu'ils ont bientôt fini de tout préparer, j'ai une des ces faims.

Ma peau était sèche et irritée, aussi je pris le temps nécessaire pour m'hydrater correctement de la tête aux pieds – je n'avais vraiment pas envie de ressembler à un vieillard desséché par mégarde pour ma santé.

Je rangeai le pot dans le sac bleu à paillettes que j'estimai être celui d'Aoyama.

Il est carrément chelou mais c'est le seul dont la crème pue pas les pieds.

Kirishima en avait une qui sentait l'huile de moteur : je lui avais rendu service – à lui et à tous les autres adolescents de ce dortoir – en la brûlant.

Je marchai d'un pas tranquille vers le réfectoire, mes tongs claquant contre le sable. 

Je les avais renforcé avec un peu de chakra pour pouvoir marcher sur le sable et surtout éviter que d'horripilants grains ne s'incrustent entre mes orteils. La crème n'avait pas encore séché et j'avais autre chose à faire que reprendre une autre douche juste après le repas.

Les bruits de voix et les conversations devinrent plus distincts à mesure que je me rapprochai du lieu de toutes les convoitises.

Les élèves faisaient des va et vient entre la baraque en bois et l'immense table installée dehors, rapportant des saladiers et des plats fumants. Le couple de héros gérait la cadence et s'assurait que tout ce qui sorte soit cuit et consommable.

Une odeur de poulet épicé flottait dans l'air. 

Je croisai le regard d'Aizawa.

Assit en bout de table, il se leva à la seconde où il me vit.

- J'aimerai que tout le monde s'arrête un instant pour applaudir Shoto

Les élèves, confus, s'arrêtèrent de poser les plats sur la table pour se tourner vers moi. 

Je m'arrêtai non loin de la table, mains en poches, observant Aizawa en silence.

Il se mit à frapper dans ses mains, un grand sourire qui ne me disait rien qui vaille ornant ses lèvres.

- Remerciez-le, il s'est porté volontaire pour le nettoyage des sanitaires durant une semaine entière

Aizawa continua à applaudir, incitant les élèves à faire de même :

- C'est un geste d'une grande bonté qui mérite toute notre reconnaissance, alors n'hésitez pas à lui témoigner votre gratitude

Kirishima et Kaminari échangèrent un regard perplexe avant d'applaudir maladroitement, n'étant pas sûr de la démarche à suivre.

Les autres élèves se joignirent à eux, les plus idiots qui croyaient que je m'étais vraiment porté volontaire applaudissant plus fort et me remerciant.

Katsuki, un saladier empli de purée à la main, avait les sourcils froncés, ses yeux faisant des va et vient entre Aizawa et moi.

Mon sang ne fit qu'un tour.

Ce putain de vieillard rancunier-

Je m'exhortai au calme, essayant de ne pas lui donner la satisfaction de me voir énervé.

- Merci, Todoroki !

- C'est vraiment cool de ta part, mec !

Une veine surgit contre mon cou alors que je me forçai à sourire :

- Ce n'est rien, vraiment, alors arrêtez de me remercier

Mes dents grincèrent, mes joues me faisaient mal.

Aizawa porta une main à son visage pour cacher son vicieux petit sourire.

- Je vous ai dis d'arrêter, haha

Les remerciements moururent sur les lèvres, des élèves échangeant des regards inquiets.

L'ambiance devint tendue, des regards faisant des va et vient entre Aizawa et moi.

- On graille ou quoi ?, s'énerva Katsuki

Il frappa son saladier si fort contre la table en bois que les verres tremblèrent. 

Les plus proches sursautèrent.

- Il a raison, j'ai maxi la dalle, lança Séro en s'installant, faisant retomber toute la tension

Les discussions reprirent bon train alors que j'allai m'asseoir à côté de Bakugo – ce qui, accessoirement, était la place la plus éloignée d'Aizawa.

Le blond se servit une généreuse portion de purée avant de pousser le plat vers moi, attrapant la salade de l'autre main.

- Souris pas comme ça, t'es flippant

Mes yeux étaient toujours plissés en croissant de lune.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Katchan

Il grogna mais n'ajouta rien de plus, continuant à me passer les plats.

- Tu foutais quoi d'ailleurs ? Ca fait une heure que je cuisine et tu te pointes qu'à l'heure du repas. Crois pas que ça se passera comme ça pendant les trois prochaines semaines

- Ca va, arrête de me saouler. J'irai chasser demain un bon morceau de viande et ce sera oublié

J'avais entendu le gloussement de dindons sauvages depuis la forêt.

Le plat qu'il s'apprêtait à me tendre resta coincé dans sa main alors qu'il me regardait fixement.

- Okay, je les déplumerai aussi si c'est ce que tu veux entendre

Il ne me tendit toujours pas le plat.

J'ouvris la bouche, sourcils froncés, lorsque je sentis qu'on tirait mon t-shirt.

- Inaza je t'ai déjà dis de pas-

Mes yeux tombèrent sur un gosse haut comme trois pommes, un sourire stupide sur le visage et une dent en moins.

- Elle est où ta dent ?

- La fée des dents l'a prise

Je roulai des yeux, retournant à mon assiette pour commencer à engloutir un repas bien mérité.

L'enfant tira à nouveau sur mon t-shirt.

- Arrête ça tout de suite si tu veux pas que je te donne une bonne raison pour que ta fée revienne

Séro, face à moi, s'étouffa en buvant son verre d'eau.

J'entendis Katsuki ricaner.

- Hanta tu m'as craché dessus !

- C'est toi Shoto Todoroki ?

Les yeux de l'enfant brillaient comme deux étoiles.

- Je fais pas d'autographe, alors ouste !

Ses sourcils se froncèrent. 

- Je veux pas d'autographe

Je plantai ma fourchette dans mon poulet, résolu à manger.

L'enfant tira sur mon t-shirt mais je l'ignorai, m'attaquant maintenant aux haricots.

- Pourquoi tu manges comme ça ?

- Pourquoi je mange comment ?, lançai-je machinalement.

- Tu compartimentes ta bouffe et tu la manges par catégories

Je me tournai vers Katsuki, surpris. 

Je croyais que c'était la demi portion qui me parlait.

- Tu me donnes trop d'attention, Katchan. J'en mérite pas tant.

L'enfant tira sur mon t-shirt.

- Hé !

- T'es juste louche et comme personne t'as jamais dis que t'étais louche je suis obligé de te le dire

Le gosse essayait de me pousser, maintenant, mais c'est lui qui tomba à la renverse alors que je ne bougeai pas d'un centimètre.

- T'es tellement chiant que je commence à préférer le gosse à toi

Le-dit enfant s'était écorché les genoux et s'apprêtait à pleurer comme l'être faible qu'il était mais se releva en m'entendant, essuyant les larmes au coin de ses yeux du plat de la main :

- J'étais sûr que tu faisais exprès !

Il se rapprochait de moi à nouveau, ses petites mains battant l'air pour m'agripper.

Je glissai sur le banc, m'éloignant de la menace aux mains remplies de morve et fonçant droit sur Bakugo.

- Qu'est-ce que tu fous ?! Reste à ta place bord-

- Oh Kenta, maman te cherchais partout !

Une petite brune aux yeux bleus vint à notre rencontre, une assiette et des couverts entre les mains.

Elle regarda avec affection son démon de fils qui s'était glissé à côté de moi sur le banc et qui rayonnait de bonheur, ses petites jambes se balançant d'avant en arrière.

- Je vois que tu t'es fais des amis

Elle me lança un regard entendu que je ne lui rendis pas, trop occupé à réfléchir à mes options.

Si je fous le gosse à terre sa mère me tombe dessus et comme c'est elle qui gère la cuisine…

- Bakugo arrête avec tes foutus coups de coude !

- Dégage de mon espace personnel avant que j'te fasse péter la tête !

La voix ennuyée d'Aizawa me parvint difficilement par dessus les cris de hyène de Katsuki :

- La rangée à ma gauche, décalez vous tous pour faire de la place

- Oui Maman, c'est mon meilleur ami Shoto !

Je lançai un regard furieux au môme qui me répondit par un… un grand sourire, visiblement trop stupide pour lire l'atmosphère.

La femme lui sourit gentiment, caressant sa tête au passage.

- Meilleur ami, hmm ? (Elle se tourna vers moi) Tu ne vois pas d'inconvénients à ce qu'il reste assit à côté de toi ?

- … tant qu'il m'adresse pas la parole

Elle rit, amusée. Je restai de marbre.

 

- Voici donc le fameux Shoto ?

Un homme de taille moyenne arriva des cuisines, une marmite fumante entre les mains. De la vapeur s'échappait de ses paumes au contact du récipient de métal.

- On se connaît ?, lançai-je en plantant ma fourchette dans des haricots.

Le couple échangea un regard.

- … nous avons vu tes prouesses au festival

Je les observai tout en mastiquant lentement, un vague souvenir refaisant surface dans mon esprit.

Ils discutèrent joyeusement avec leur fils avant de s'en aller pour manger du côté d'Aizawa.

A la seconde où ils furent partis, l'enfant tira sur mon t-shirt

- Dis, tu peux me couper ma viande ? D'habitude c'est Maman qui le fait...

Je jetai un bref coup d'oeil autour de nous, m'assurant qu'aucun de ses géniteurs ne regardait vers nous.

- … bien sûr.

Je pris mes couverts, tranchant délicatement les tendres morceaux de poulet. Le garçon salivait, ses petites jambes battant l'air avec excitation alors qu'il sautillait sur son siège.

Les dents de la fourchette s'enfoncèrent dans la volaille : je jetai un bref coup d'oeil alentour, m'assurant que personne ne regardait dans notre direction. 

Je me tournai vers l'enfant, faisant dos au reste de la table : je baissai mon masque dans une lenteur infinie alors qu'il me regardait, bouche bée, ayant déjà oublié la fourchette et son repas.

- Ouvre grand la bouche

Je fis mine de lui faire l'avion, la fourchette zigzaguant dans les airs.

Ensuite, je dévorai son poulet.

- Hé, c'est à moi !

- Ca aurait été à toi si tu savais te servir de couverts

Je pris un autre morceau de son poulet que je mangeai aussi promptement.

- Arrêteuuuh

Ses yeux se remplirent de larmes, ses petits poings tremblants sur ses cuisses.

- Si tu pleures, tu ne pourras plus jamais t'asseoir à côté de moi

Son cri de protestation mourut dans sa gorge alors qu'il me regardait, lèvres tremblantes, engloutir chaque morceau de son poulet avec une satisfaction démesurée. 

Je m'assurai qu'à chaque nouvelle bouchée j'avais l'air plus rayonnant et heureux qu'auparavant, voulant lui faire croire que cette terre n'avait jamais connue volaille meilleure.

A mon plus grand étonnement, il ne se roula pas au sol et ne pleura pas comme si quelqu'un était en train de l'assassiner – les gosses que j'avais vu avaient tous tendance à faire ça.

Il était passé du rang d'insecte à larve prématurée sur mon échelle de l'estime – pas trop mal quand on savait que la majorité des gens que je connaissais étaient toujours à l'échelon de l'insecte.

- … tu n'es pas aussi insupportable que je le pensais. 

Son visage tout rouge s'illumina alors qu'il reniflait bruyamment, passant son avant bras sur ses yeux pour en chasser les larmes.

- Moi je m'appelle Kenta !

Je hochai la tête tout en avalant la dernière cuillerée de son assiette.

Un repas correct, quoique pas au niveau de celui de ce midi.

- Dis, tu veux savoir c'est quoi mon deuxième prénom ?

Je portai mon verre à mes lèvres.

- J'men fous

- C'est Shoto !

Je recrachai toute mon eau sur Séro.