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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
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125 Chs

Chapitre 42 - God Mode

La voiture s'ouvrit et mon père en sortit.

Il avait une barbe de plusieurs jours et ses cheveux étaient plus longs qu'à l'accoutumée. Sac de sport noir en main et vêtu d'un jogging, il avait l'air d'un sportif qui revenait d'une compétition.

- Bienvenue Todoroki-sama !

Nos subordonnés, disposés en deux rangs de part et d'autre des escaliers menant à la maison, s'inclinèrent à quatre-vingt dix degrés.

Ses yeux bleus parcoururent calmement la procession.

Je croisai son regard.

Il m'observa quelques secondes puis vint à notre rencontre.

- Je vois qu'il est toujours en vie

- Enji. Bonjour à toi aussi.

La vieille Teka et mon père se regardèrent droit dans les yeux, le visage dénué de la moindre émotion.

Même ses yeux, pourtant la seule fenêtre sur celui qu'il était, ne reflétaient rien.

Il baissa la tête vers moi, indéchiffrable.

- Shoto

- Papa

- Tu n'es pas content de me voir ?

- Tu as deux semaines de retard

Un éclat amusé alluma son regard.

- Moi qui m'attendais à des retrouvailles chaleureuses...

Il me souleva avec aisance, me portant comme si j'avais cinq ans à nouveau. Le sang me monta au visage alors que je jetai des coups d'oeil autour de nous, honteux.

- Qu'est-ce que tu fais ? Pose-moi tout de suite !

Pour toute réponse il me serra plus fort contre lui.

- Je suis affamé. Raconte-moi donc tout ce que la vieille folle t'as fais faire pendant que je mange.

Un talon aiguille de dix centimètres fendit l'air et s'encastra dans le mur juste à côté de nous. Teka, en bas des escaliers, fulminait comme un taureau sur le point de charger.

- Je ne suis pas vieille

L'air prit feu au-dessus de ses cheveux.

Mon père balaya sa remarque d'un geste de la main.

- C'est ça

Il ferma la porte à temps, le deuxième talon aiguille la trouant.

*

- Et tu les aime bien ?

Je haussai les épaules.

- Crespi est amusant

- Hmm

Mon père finit un morceau de pain plein de sauce puis déposa l'assiette sale sur la pile à sa droite.

Le cuisinier avança le dessert – un assortiment de fruits, de fromage et de charcuterie – et, à mon plus grand étonnement, mon père se mit à engloutir le tout avec appétit.

J'aurai cru que la demi-douzaine de plats qu'il venait de dévorer l'auraient rassasié, mais le trou noir qui lui servait d'estomac me prouvait le contraire.

- Y aurait-il du gâteau au chocolat ?

Le cuisinier cligna des yeux, confus, puis tourna la tête vers mon père. Ce dernier se chargea de traduire en italien.

Apparemment nos hommes de main étaient les seuls à être rodés au japonais.

Mon père échangea quelques mots de plus avec lui et le cuisinier sortit un calepin, notant tout ce que je pensai être une série d'instructions.

- Qu'est-ce que tu lui a dis ?

- De nous préparer un panier garni pour demain

Je me redressai, mon attention piquée.

- Demain ? On va faire un truc en particulier ?

- Tu verras

Il engloutit une grappe de raisins en une bouchée, but l'eau au bec de la carafe puis se leva d'un bond, faisant racler sa chaise contre le sol.

Je sautai à bas de mon siège, un peu surprit par son soudain empressement.

- Je dois parler à ta grand-mère. Va dans ta chambre en attendant. Je te verrai tout à l'heure.

Et, avant que je puisse ouvrir la bouche, il avait déjà franchi la porte des cuisines.

*

- Comment est-ce que ça avance ?

Mon clone, penché au-dessus de moi, pinceau en main, recula de quelques centimètres.

- Toujours aussi bien qu'il y a dix secondes, boss

- Pas de problème avec la matrice ? Pas de mauvaise réaction ?

- Non, boss

- Regarde mieux

Le clone m'observa en silence.

- Quoi ?

- Si t'es pas content fais toi un autre clone

Et il disparut dans un nuage de fumée.

Je grognai en me relevant, passant ma main sur le drap froissé.

Aucun problème avec le sceau.

Le bol d'encre noir au pied du lit fumait encore, des volutes d'un bleu transparent tournoyant au-dessus.

Je croisai mon propre regard dans le miroir en pied. J'étais assis torse nu, des lignes de fuinjutsu peintes sur mon torse, mes bras, la moitié de mon visage Je sentais le chakra imbue dedans vibrer doucement contre ma peau.

J'avais cru que c'était la matrice qui me tuerait, mais j'ai failli crever d'une pauvre allergie.

Apparemment j'étais allergique à l'encre.

La dernière fois que je mon clone m'avait tartiné sur le corps avec le sceau du Sharingan, ma peau avait tourné au violet et j'avais failli mourir étouffé.

Je n'avais jamais été aussi heureux d'avoir apprit de l'Iryonin que ce jour là.

Il m'avait fallu plusieurs jours pour envoyer mes clones chercher de quoi faire un nouveau d'encre et revenir avec.

Un signe de main plus tard et un nouveau clone apparut.

Il prit le pinceau, le trempa dans l'encre puis dit :

- A la première remarque je me désinvoque

Je m'allongeai sur le lit sans un mot.

Mes clones me ressemblent trop.

Le pinceau froid roula sur mon menton, ma joue, tournoya autour de mon œil avant de glisser sur mon front comme une vague.

Ma cicatrice chauffa.

J'imaginai l'encre s'insinuer dans ma peau comme dans une crevasse, tâchant ma chaire et contaminant mon sang.

- Reste tranquille

Le pinceau retourna au lignes premières. Il dessina des ramifications, s'enroula autour de mes coudes, remonta le long de mes biceps.

Mon clone, sans jamais lever le pinceau, dessina trois cercles concentriques sur mon torse, l'extrémité touchant à peine mes clavicules.

Le pinceau glissa dans le creux de ma gorge, s'y lovant comme un serpent dans son nid, avant de se dérouler et glisser sur ma bouche, mon nez, et de se diviser en deux branches bien distinctes pour mes yeux.

- J'ai bientôt fini

Il traça trois tomoe, trois virgules sur les cercles de mon torse. Il relia chacun à mes yeux, respectivement.

- Serre les dents

Mon clone fit quelques signes de main au-dessus de mon torse. Je sentis le chakra, lourd et épais, se concentrer au-dessus de ma poitrine.

Les lignes de fuin vibrèrent.

Dans le miroir, j'aperçus les cercles tourbillonner contrairement les uns aux autres. Les lignes étendus sur mes bras claquèrent comme des fouets puis se replièrent, comme du scotch qu'on roule, glissant jusqu'à ma poitrine.

Un grondement s'éleva de ma gorge, comme si quelqu'un d'autre que moi, quelqu'un de caché dans mon ventre, se réveillait pour ruminer sa colère.

Le lit trembla.

Les cercles se mirent à tourner furieusement, une chaleur pareille à une brûlure se répandant le long des lignes qui menaient à mes yeux.

Mon corps se cambra contre ma volonté, seule la pointe de mes pieds touchant le sol.

Mon clone me colla contre le lit mais continua à déverser tout son chakra dans le sceau.

Dans le reflet de ses yeux écarquillés je vis la matrice sur mon visage fondre comme de l'eau et s'incruster dans ma peau, se transformant en pétales d'encre.

Mes yeux brûlèrent comme si on y avait versé de la lave. Mes paupières papillonnèrent follement alors que je me battais pour garder les yeux ouverts.

J'enfonçai mes ongles dans le matelas, le sommier grinçant.

Ma chambre tout entière se mit à tournoyer, comme si j'étais au centre d'une centrifuge.

Les murs et le sol se confondirent, fondant jusqu'à n'être plus que cette tâche marron qui tournait et tournait et tournait.

Tout à coup, la douleur disparut.

Mon clone explosa dans une gerbe de fumée blanche.

Je me redressai, tremblant, incertain, croisant le regard du Shoto ruisselant de sueur dans le miroir.

Mes yeux écarlates étaient ceux du Sharingan.

Puis je me penchai en avant et vomis sur le tapis.

*

Je regardai la mer s'écraser sur le sable blanc, observait la jetée de rochers d'un air incertain.

- Attends, t'étais vraiment sérieux ?

Mon père, sa canne à pêche sur l'épaule, me jeta un coup d'oeil circonspect.

- Pourquoi est-ce que j'aurai menti ?

Et il se remit en route sans un mot de plus, la glacière frappant contre sa cuisse.

Je traînai des pieds, ma propre canne à pêche à l'épaule, espérant qu'il m'abandonne là.

- Si tu voulais du poisson fallait me le dire, je serai allé t'en acheter

Du moins j'aurai envoyé un quelconque domestique en acheter pour moi.

- Nous ne sommes pas là pour le poisson

Je m'arrêtai, irrité.

- Alors qu'est-ce qu'on fait là ?

Il m'ignora et continua à marcher d'un pas tranquille.

Je shootai dans un caillou, mains en poche, et le suivit.

Il y avait des bouts de bois et des tessons de bouteille à moitié enfouis dans les dunes blanches. L'eau était claire, mais le panneau baignade interdite m'en disait assez sur les lieux.

Mes pensées dérivèrent jusqu'au groupe trois et à leur périple en Sicile. 

Je donnerai n'importe quoi pour être avec eux et pas être en train de jouer à Bob l'éponge. 

Un couple de vieux au visage ridé se tenait au bord de l'eau. Ils sourirent en me voyant, l'homme au ventre à bière pointant ma canne à pêche du bout du doigt :

- Bella canna da pesca, ragazzo!

Je secouai la main pour le faire taire.

- Ouais ouais

- Shoto !

Mon père avait grimpé sur les rochers et me faisait signe de la main. Je grognai et le rejoint à contrecoeur.

De l'autre côté de la jetée, quelques vacanciers étaient déjà arrivés et avaient planté leurs parasols dans le sable.

Un employé d'hôtel se chargeait de déplier les transats et d'épousseter leurs matelas violets.

Un groupe d'adolescents, à deux cent mètres, s'était réuni autour du filet de volley pour faire les équipes.

J'entendais des bribes de leur conversation – apparemment un certain Réo était le joueur à avoir avec soi.

Mon père s'installa au bout de la jetée, loin de la plage et loin des hommes. Il déplia l'immense serviette sur quelques rochers plats et s'assit, son chapeau de pêcheur pliant doucement sous la brise marine.

Derrière lui un soleil rose se levait sur l'horizon.

Je m'assis lourdement à ses côtés, plantant ma canne à pêche entre deux rochers.

- Tu n'as pas l'air très content d'être là

Furieux, j'ouvris les bras en grands :

- Je suis en train de pêcher – de pêcher !

Le silence du matin porta ma voix jusqu'au rivage.

L'horizon, bleu et calme, se confondait avec la mer comme si le monde s'unissait pour ne devenir plus qu'un.

- Je déteste aussi la pêche

Je clignai des yeux, ahuri.

- Mais c'était quelque chose que mon père aimait beaucoup faire, juste ici.

Il frappa le rocher sur lequel nous étions assis.

- Je le faisais, souvent, quand j'étais adolescent et que je me sentais seul – même si je suis très mauvais.

Je m'imaginai mon père à 15 ans, rentrant de Yuei dans une maison immense et froide entouré d'hommes et de femmes prêts à se jeter à ses pieds pour lui servir de tapis.

Je voyais Teka, ses remarques acerbes et ses yeux flamboyants, la distance respectueuse et blessante qu'elle avait avait dû instaurer entre eux.

Un peu comme mes géniteurs de l'Avant.

- Je n'étais pas revenu depuis des années

Le vent se leva, et je savais qu'il me faudrait jeter mon masque dès que je rentrerai parce qu'il aurait prit l'humidité.

Je marmonnai.

- Si tu meurs compte pas sur moi pour pêcher en ta mémoire

Il rit, d'un rire libre et plein de joie.

Le son me surprit, m'obligea à regarder avec curiosité cet étonnant éclat de bonheur. Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait souvent.

Le silence nous enveloppa.

Il se pencha en avant et piocha dans la glacière le premier des six sandwhichs concoctés par le chef pour la journée.

Nous étions de vrais ours quand il s'agissait de se nourrir.

Il me le tendit puis en prit un nouveau pour lui.

Dans l'eau, sa ligne remua.

J'hésitai une seconde, n'ayant aucune envie de gâcher sa bonne humeur, mais la patience était une qualité qui me faisait cruellement défaut.

- La psy m'a dit. Pour l'accord avec Rei.

Il se tendit.

- Pourquoi est-ce que tu ne me l'a pas dit ?

- J'ai essayé

Je repensai à la cérémonie des héros, au seul moment où il l'avait jamais mentionné.

- Ne la blâme pas. C'est moi qui en ai eu l'idée

- Mais elle ne s'est pas battue, hein ? Elle voulait juste garder les deux autres

Mon père ne répondit pas. J'eus un rire dédaigneux.

- Ne fait pas ça

- Faire quoi ?

- Comme si tu t'en fichais

Mon rire mourut au bord de mes lèvres.

Je baissai les yeux sur l'espace entre les rochers où la mer s'insinuait, laissant son écume derrière elle comme un vestige de son passage.

Un crabe courut sur un rebord plein d'algues puis plongea, disparaissant dans un plouf.

- Elle n'a rien dit, reprit mon père, parce qu'elle savait que je ne te laisserai pas partir

Je n'aimais pas particulièrement Rei.

Elle était bizarre, collante, trop émotive.

Elle avait passé son temps à m'ignorer au profit de Touya. A lui pardonner à chaque fois, et à ignorer la spirale infernale dans laquelle j'étais en train de m'enfoncer.

Mais elle était censée être ma mère.

Ça faisait mal.

- Elle aurait pu essayer

Pour toute réponse, mon père me frotta le dos.

Mes yeux restèrent aussi sec que le vent chaud. Je n'avais plus de larmes depuis bien longtemps.

- Et ta mission ? Tu as fais ce qu'il fallait faire ?

Il mit si longtemps à répondre que je cru qu'il ne dirait rien.

- J'ai fais passé un message. Nous n'aurons pas de problème de la sorte de si tôt

Sa voix était redevenue aussi dure que de la pierre.

J'essayai d'imaginer de quel genre de message il pouvait bien parler. Violent, très certainement. Peut-être aussi sanglant.

La seule image que je parvins à conjurer était celle où il m'observait, bras croisés, le regard patient, prêt à me rattraper si je foutais ma vie en l'air.

- C'est bien

- Oui

Un couple de mouettes vola au-dessus de nos têtes, leurs cri se répercutant comme un écho autour de nous.

Je leur lançai des bouts de sandwich qu'elles engloutirent en une bouchée.

- Tu es fort, maintenant. Et tu le deviendras encore plus dans les années à venir. Pourquoi ?

Un bout de steak en main je me tournai vers mon père, prit d'une vague sensation de déjà-vu.

- Tu m'as posé une question de ce genre il y a longtemps

Les mouettes crièrent pour capter mon attention, hésitant à s'approcher.

- Tu es plus âgé, plus avisé. Ta réponse doit être différente.

Je pris quelques secondes pour réfléchir.

- Pourquoi est-ce que je veux devenir fort…

Je pensai aux trois hommes que j'avais rôti dans la tour de Tokyo parce qu'ils avaient été trop arrogants pour me voir comme une menace. Je pensai à Kenzei, et au fait que j'avais survécu uniquement parce que personne ne savait pour mon chakra.

Je pensai à Crespi, Ataleo au groupe trois et à leur camaraderie, comme s'ils partageaient le même sang.

Je pensais à notre famille, à l'arrière grand-père qui avait bâti notre dynastie dans des temps troubles.

- Pour faire tout ce que je veux

Mon père hocha la tête, comme s'il essayait de reconnaître mon motif comme légitime.

- C'est mieux. Mais tu es encore jeune.

On passa la journée à la plage, décidant d'aller nous baigner non loin de notre point de pêche. Le temps passa en un éclair.

Ce soir là, lorsqu'on rentra, aucun de nous deux n'avait réussi à pêcher quoi que ce soit.

*

Bonus :

Enji observa l'immense bureau acajou de Teka.

Il n'avait pas remit les pieds dans le domicile familial depuis la mort de son père, près de vingt ans plus tôt, mais rien n'avait changé.

Teka s'assit sur le fauteuil du bureau, croisant ses mains devant son visage.

- J'en conclus que tu as réussi à récupérer leur trace ?

Enji savait qu'elle savait mais qu'elle demandait seulement pour le lui entendre dire.

- Agresti a réussi, oui.

Un goût amer envahit la bouche d'Enji à l'idée de ce qu'il allait lui dire.

- Merci. De m'avoir prêté tes hommes

Teka se renfonça dans son fauteuil, faisant mine de pas vouloir de ses remerciements.

- Tu es un Todoroki. Ces hommes sont autant mes soldats que les tiens.

Il y a vingt ans oui, peut-être, quand il aurait dû succéder à sa mère comme prévu. Mais il avait fait le choix d'abandonner ce monde sanglant il y a bien longtemps.

Teka – parce qu'elle n'aurait pas été elle-même sans passer son temps à critiquer son fils – ajouta :

- Je trouve ça tout de même ironique que tu aies abandonné tout ce qui faisait de toi un Todoroki parce que tu en avais marre de 'semer' la mort, tout ça pour revenir des années plus tard en me demandant mon aide pour tuer

L'expression d'Enji se durcit.

- Je n'avais pas le choix

Pas quand la vie de son fils était en jeu.

- Moi non plus. Tout ce que je fais, je le fais pour le bien de notre famille

C'était sa phrase favorite.

Enji y avait cru, plus jeune.

Et puis son père était mort, et il s'était rendu compte que pour toute leur influence et leur puissance, les Todoroki n'étaient pas aussi intouchables qu'ils voulaient bien le croire.

- Ton fils est le dernier de notre lignée

- Et Elisa ?

C'était sa cousine au second degré, encore enfant lorsqu'il avait quitté la famille.

- Elle est morte en salle d'accouchement il y a cinq ans. L'enfant aussi.

Enji hocha la tête, ne se sentant pas vraiment concerné.

Ç'avait été une gamine lorsqu'il l'avait connue et à l'époque Enji avait de meilleures façons d'occuper son temps que de s'occuper d'elle.

- J'apprécie tout de même que tu ne sois pas venu immédiatement prendre ton fils et disparaître à nouveau pour aller jouer les héros

La petite dose habituelle de mépris mélangée à cette indifférence feinte n'avait pas manqué à Enji.

- C'était le plan initial

- Quelque chose t'as-t-il fait changé d'avis ?

- J'ai besoin de tes hommes. Encore.

Teka l'étudia en silence.

- Tu ne t'es pas limité au groupe d'assaut, c'est ça ? (Teka sourit) Bien sûr que non. Tu n'as jamais été du genre à bâcler ton travail.

Enji n'aimait pas la pointe de fierté qu'il entendait dans sa voix.

- Il faudrait qu'ils nettoient les bases pour moi.

- Où ?

- Corée. Taïwan. Singapour.

Enji glissa de deux doigts une feuille sur la table.

Teka la déplia et la lut.

Ses sourcils se haussèrent.

- Le God Mode n'est pas quelque chose qu'il faut utiliser impunément, Enji. Je croyais avoir au moins réussi à t'enseigner cela.

- C'était un mal nécessaire

- Massacrer plus de (elle baissa les yeux vers la feuille) deux mille hommes était nécessaire ?

Enji n'aima pas entendre le chiffre à voix haute.

Tant qu'il restait sur le papier, Enji pouvait réussir à ignorer l'atrocité des meurtres qu'il avait commis.

- Je voulais en faire un exemple. Pour que personne n'ait l'idée de recommencer.

Teka arqua un sourcil.

Elle reposa la feuille sur son bureau.

- Quand tu dis que tu veux que les bases soient nettoyées… tu veux dire que tu veux qu'on sache que c'est toi qui l'a fait, c'est ça ?

Enji hocha la tête.

- Je veux que ce soit le bruit qui court officieusement. Officiellement, en revanche, rien ne doit m'y lier

Si il venait à être prouvé qu'Enji avait effacé de la surface de la terre une organisation – même criminelle – entière, il aurait droit à un aller simple pour Tartarus.

Si Teka ne lui faisait pas quitter le pays avant, bien évidemment.

- Dois-je comprendre que tu reviens à la maison ?

Il y avait de l'espoir dans sa voix.

Enji fut soudain conscient de l'âge de sa mère.

Même si elle paraissait extrêmement jeune, cette femme dirigeait l'empire des Todoroki d'une main de fer depuis plus de quarante ans.

Elle avait perdu un mari, un fils, et n'avait eu personne d'autre à ses côtés depuis plus de vingt ans.

Malgré tout ce qu'il s'était passé entre eux, Enji éprouvait de la peine à son égard.

- Je ne veux pas exposer mon fils à tout ça

- Ça fait déjà longtemps qu'il voit le monde pour ce qu'il est

Enji savait qu'elle avait raison.

Mais il lui était plus facile de vivre dans le déni que de s'avouer qu'il était un échec en tant que père et qu'il n'avait pas réussi à protéger son fils. Encore.

- Je peux le voir dans ses yeux. Ce garçon sait exactement ce qu'il faut faire pour survivre

Enji se leva.

- Nous partirons dimanche

Il quitta le bureau, les yeux fluorescents de Teka le suivant du regard.