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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
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125 Chs

Chapitre 13

J'ai un problème.

Il m'a fallu du temps pour me l'avouer. Le déni… il y avait quelque chose d'agréable à ignorer ses problèmes en agissant comme s'ils n'existaient pas.

Mais je ne pouvais pas les repousser indéfiniment.

Si je continuais sur ma lancée alors ça voulait dire que j'étais un lâche.

Et j'étais beaucoup, beaucoup de choses, mais je n'étais certainement pas un lâche.

Je serrai le lavabo de mes mains, mes yeux relisant une dernière fois les explications de l'encyclopédie du chakra.

1 – Ralentir les battements de son coeur

2 – Faire circuler le chakra dans ses poumons

3 - Inspirer

Je serrai les dents, me balançant d'avant en arrière sur le tabouret. Tous mes poils étaient hérissés.

Tu peux le faire Shoto.

J'avais bouché le lavabo et laissé assez d'eau à l'intérieur de façon à ce que mon nez et ma bouche soient immergés.

Il y en a juste assez pour remplir un verre. C'est impossible de te noyer là-dedans.

Mes ongles grattèrent l'acrylique blanc.

Vas-y.

J'inspirai puis plongeai la tête dans l'eau.

Mon nez frôla à peine la surface miroitante que je sautais déjà à bas du tabouret, essuyant furieusement les gouttes sur ma peau.

Tu peux pas continuer comme ça.

Je le savais, bien sûr que je le savais.

Tu comptes ne plus jamais te doucher pour le restant de ta vie ?

Je serrai les poings, fermai les yeux. J'entendais l'eau qui remuait et frappait contre les parois du lavabo.

Et qu'est-ce qu'il se passera quand tu seras dehors et qu'il pleuvra ? Tu vas te mettre en boule et faire une crise d'angoisse ?

- Je ne suis pas un lâche

Entre mourir des mains d'un vilain ou noyé par ton frère, quelle est la différence ?

J'ouvris les yeux en grand.

Tu mourras demain si tu n'essaies pas de vivre aujourd'hui.

Je me tournai à nouveau vers le lavabo.

Je mis un premier pied tremblant sur le tabouret. Le plastique grinça. J'espérai presque qu'il casse.

Je mis le second. Le tabouret reste stable.

Je me force à arracher mes yeux de mes pieds pour regarder l'eau. Elle était calme, inoffensive. Je m'agrippai au lavabo et me forçai à baisser mon visage, les yeux écarquillés.

Ca va aller, c'est juste un tout petit peu d'eau, ça va aller-

Ma respiration devint haletante. Mon ventre se gonflait et se dégonflait rapidement, le haut de mon torse frottant contre le rebord du lavabo.

Mes muscles étaient pris de spasmes. Mon cou se contracta, faisant avancer et reculer ma tête comme une grue incapable de savoir si elle devait descendre ou monter.

Du sang coula de mon nez.

Je fermai les yeux. Inspirai profondément.

D'accord, pas de problème, ce sera pour une autre fois-

Mes muscles se détendirent. J'arrêtai de trembler.

-déjà fait des progrès, c'est très bien, maintenant on recule-

Je me trahis et plongeai la tête sous l'eau.

Mes doigts cassèrent le lavabo et s'enfoncèrent dans le grès. Mes épaules se contractèrent, mon dos se cambrant en arrière. Mon corps entier essayait de me tirer hors de l'eau.

Je serrai les dents et me forçai à rester immobile.

La panique me submergea.

Je vais me noyer je vais me noyerjevaismenoyer-

J'ouvris la bouche. L'air s'échappa de mes poumons en bulles.

Les battements du coeur. Calme toi, Shoto. Calme toi.

J'enfonçai plus profondément mes doigts dans le lavabo. Je pouvais sentir les craquelures se propager sous mes paumes et sur toute la surface blanche.

Mais je ne pouvais pas lâcher. Ils m'ancraient dans une réalité où l'eau n'était pas omniprésente, un endroit où elle ne pouvait pas me noyer.

Je fermai les yeux et m'immobilisai.

Mon coeur battait jusque dans ma gorge. Mon visage brûlait à cause de tout le sang qui y était remonté.

Je serrai plus fort le lavabo.

Mon pouls ralentit.

C'est bien, c'est parfait, continue

J'appellai mon chakra.

L'énergie chaude et familière se déploya. Je visualisai les tentacules de lumière rejoindre chaque extrémité de mon corps.

Ils atteignirent mes poumons.

Je savais ce que je devais faire. Il fallait juste…

Je reste là un moment, attendant qu'il me laisse remonter à la surface. Mais il ne me laisse pas remonter.

Ma gorge se contracta.

Mes pieds frappent l'eau. Son coude s'enfonce dans mes tibias.

Mes poumons me brûlèrent.

Sa main est un paquet de briques sur ma nuque.

Mes pieds frappèrent le tabouret.

Ses ongles s'enfoncent dans mon cou.

Quelqu'un frappa à la porte.

Inspirer est la solution facile. Ouvrir la bouche, laisser l'eau entrer…

J'ouvris la bouche.

Un sort pire que la mort.

J'inspirai.

Et cette fois je ne me noyai pas.

Le soulagement me submergea.

J'eus à peine le temps de sortir le nez de l'eau que le lavabo s'effondra.

Je clignai des yeux, regardant bêtement les morceaux de grès restés coincés dans mes mains.

Un nuage de poussière blanche flottait dans la salle de bain. La colonne, fixée au mur, était à moitié cassée. Un jet d'eau en sortit et m'éclaboussa le visage.

Les gonds de la porte sautèrent. J'eus à peine le temps de tourner la tête qu'elle s'écroula sur le sol de la salle de bain.

Enji, enveloppé dans des flammes, marcha dessus. Il avait l'air furieux.

Ses yeux fouillèrent la salle de bain en vitesse. Son regard perdit de son intensité lorsqu'il réalisa que j'étais seul.

Je baisse les yeux vers mains blanchies. Les morceaux de ciment s'écoulèrent comme une rivière poudreuse entre mes doigts.

- Je me suis juste assis sur le lavabo…

*

Le salon du docteur Seiya n'était pas très accueillant.

Il y avait une immense bibliothèque à côté de la porte qui rappelait plus une chambre étudiante que le salon d'un psychiatre. Elle était remplie de tout un tas de livres ouverts, annotés ou gribouillés, posés sur la tranche ou en une pile à l'équilibre précaire.

Des peintures à l'huile au goût douteux côtoyaient une collection de pistolets d'époque rangés derrière une vitrine. Le tapis et les canapés sentaient la pipe et la seule fenêtre était une ouverture étroite pratiquée si haut dans le mur qu'on aurait cru que le docteur avait peur qu'un de ses patients ne s'échappe.

Une table en verre (nettoyée pour l'occasion) séparait deux fauteuils en cuir d'un divan marron.

Touya se balança en avant, ses pieds frôlant le sol un instant avant qu'il ne se renfonce dans son siège et serre les accoudoirs entre ses doigts. Il frappa ses mains l'une contre l'autre, les serra intensément avant de les relâcher.

Il offrit un sourire nerveux à Rei, assise sur le canapé.

Les coins de sa bouche se relevèrent à peine. Elle était pâle.

La porte dans sa diagonale s'ouvrit. Touya avait déjà oublié sa mère.

Enji franchit le seuil.

Il portait son costume de Héros et avait l'air fatigué.

- Ah, Papa

Le sourire de Touya devint éclatant.

- Monsieur Todoroki

Le psychiatre, assis sur le fauteuil à gauche de Touya, se leva pour serrer la main de son père.

Touya se leva par mimétisme et regarda passer son père devant lui, les yeux brillants. Rei vit son expression et baissa des honteusement les yeux sur ses genoux.

Enji contourna la table basse et alla s'asseoir à l'extrémité du canapé. Rei ne lui jeta même pas un coup d'oeil.

Touya était sur un petit nuage. Il posa des yeux excités sur sa mère puis sur son psy, attendant que l'un des deux prenne la parole.

L'horloge murale frappa midi. Un oisillon en sortit et piailla pour annoncer l'heure. Touya se trémoussa sur son siège. L'oisillon continuait à piailler.

Le docteur ouvrit la bouche mais Touya, trop impatient, lui coupa la parole :

- Le docteur dit que je vais bien

Les yeux inexpressifs de son père se posèrent sur lui.

- Il a dit que j'ai fais beaucoup de progrès

Touya se tourna vers son psy pour qu'il continue. Le vieillard lançait des regards gênés à ses parents.

Touya fronça brièvement les sourcils mais continua :

- Il dit que bientôt j'aurai plus besoin du tout des médicaments. C'est super, hein ?

Il s'attendait à ce que sa mère saute au plafond. Qu'il arrête d'être malade, c'est tout ce qu'elle avait toujours voulu pour lui.

- On va pouvoir être une famille comme avant, tous les cinq.

Le docteur tressaillit.

Le visage de son père s'assombrit.

Touya continua à sourire.

Personne ne dit rien d'autre.

Le sourire du garçon se flétrit. Il passa son regard confus du psy à son père.

- Quoi, vous êtes pas contents ?

Seul le glou glou de la machine à eau lui répondit.

Son sourire disparut.

- Maman, qu'est-ce qu'il y a ?

Elle ne l'avait pas regardé une seule fois dans les yeux depuis qu'elle était arrivée.

Rei enfonça la tête dans ses épaules, incapable de croiser son regard. Comme une putain d'autruche.

- Monsieur Seiya ?

Le vieillard avait le regard rivé sur son père.

Touya avala difficilement sa salive. Il avait un nœud dans la gorge. Il essuya ses paumes moites sur son jean. Prit une grande inspiration. Se tourna vers son père.

- Papa ?

Son père le regardait encore de ces yeux froids et inexpressifs, les même yeux avec lesquels il regarderait un inconnu.

- Nous avons décidé-

- Tu, le coupa Rei. Tu as décidé.

Elle était toute rouge, comme si elle était sur le point d'éclater en sanglots, mais sa voix était pleine de colère.

- J'ai décidé que pour ta santé et le bien de notre famille, il faudrait que tu t'éloignes quelques temps. Pour qu'on te soigne.

Les yeux clairs de Touya firent des va et vient entre son psy et son père.

- Comment ça pour me soigner ? Je vais très bien, t'as pas entendu ce que j'ai dis ? Le psy veut que j'arrête de prendre les médocs

Enji n'était pas venu très souvent aux débriefs avec le psy. C'était peut-être pour ça qu'il avait de mauvaises idées, qu'il ne comprenait pas que Touya allait très bien.

Seiya lécha ses lèvres sèches.

- Touya, ce que ton père essaie de te dire c'est qu'il serait judicieux que tu ailles dans un endroit spécialisé où d'autres jeunes de ton âge vont. Tu recevrais beaucoup d'aide, là-bas. Tu pourrais sûrement guérir.

Touya secoua la tête, refusant de comprendre ce que ça voulait dire.

- Attendez, attendez. Vous me faites quoi là, hein ? C'est quoi cet endroit ?

A part Enji, personne n'osait le regarder dans les yeux. Et il n'aimait pas ce qu'il voyait dans ce regard sombre.

- C'est un asile c'est ça ? Vous m'envoyez chez les fous ? Vous croyez que j'suis fou ?

Le silence de son père était assez éloquent.

L'estomac de Touya pesait une tonne.

- Tu as besoin d'aide, Touya. Ce ne serait l'affaire que de quelques semaines-

Touya fut prit d'un accès hystérique :

- Mais pourquoi vous me faites ça ? Tout va bien avec Shoto, je me suis excusé !

Seiya frémit et s'éloigna physiquement de Touya.

Enji se redressa, son attention piquée. Evidemment quand on parlait du fils prodigue...

- Tu as vu Shoto ?

- Il m'a même dit qu'il me pardonnait, que c'était pas grave ! Alors tout va bien non ? Pas besoin de m'envoyer chez les fous !

Les visages respectivement désolés et indifférents du psy et de son père furent comme une gifle.

Touya, le coeur battant, se penchant au-dessus de la table table basse et attrapa les mains de sa mère. Il les pressa entre les siennes.

- Maman tu peux pas le laisser me faire ça ! Tu peux pas les laisser m'emmener !

Rei leva des yeux larmoyants vers lui. Touya lui-même sentit ses yeux se mouiller.

- Je vais mourir là-bas avec tous ces fous. Les laisse pas faire Maman. Je t'en supplie me laisse pas partir

Rei se mit à sangloter.

- Je suis désolée

Touya la dévisagea, les yeux écarquillés. Un goût amer lui envahit la bouche. Il arracha ses mains des siennes et se tourna vers son père.

- Papa, tu peux pas me faire ça

Enji resta imperméable même quand Touya se mit à pleurer.

- Tu ne m'as pas laissé le choix Touya.

Touya sentit son coeur se briser en voyant son père le trahir de la sorte. Toute la confiance qu'il avait jamais eu pour lui vola en éclats.

Touya se jeta aux pieds de la dernière personne qui ne l'avait pas encore condamné.

- Monsieur Seiya, vous savez que je vais bien vous ! S'il vous plaît, s'il vous plaît dites leur que je vais bien !

Le vieil homme secoua la tête, ému, mais se força à rester ferme.

- Ce ne sera l'affaire que de quelques mois tout au plus. Une fois guéri tu pourras retourner à ta famille et tout sera comme avant.

Touya passa ses yeux fous du psy à ses parents.

Pitié, tristesse, indifférence.

Il avait été honnête avec son psychiatre.

Il lui avait tout raconté en espérant qu'il puisse l'aider à guérir.

Il lui avait raconté qu'il n'avait pas voulu noyer Shoto.

Qu'il voulait juste le laver pour que Maman soit contente. Et puis Shoto avait commencé à pousser sa main pour sortir la tête de l'eau.

Touya s'était senti en colère. Pourquoi est-ce qu'il se débattait comme ça ? Ce n'est pas comme s'il lui avait jamais fait du mal.

Il avait continué à se débattre. Touya était de plus en plus énervé.

Et puis il s'était demandé : est-ce que tout ne serait pas mieux si Shoto n'était plus là ?

Maman continuerait à lui donner toute son attention. Il serait à nouveau le préféré de Papa.

Oui, tout serait parfait.

Alors il avait commencé à le repousser sous l'eau.

Ses yeux se promenèrent sur les trois adultes autour de lui. Leurs regards accusateurs le perçaient de part et d'autre.

Et soudain il eut la certitude qu'ils savaient.

Ils savaient que si Papa ne serait pas arrivé à temps, il en aurait fini avec Shoto. Ils savaient qu'il aurait préféré que ce soit le cas. Et qu'il ne s'en sentait même pas coupable.

C'est pour ça qu'ils l'éloignaient.

Parce qu'il avait été honnête. Parce qu'il leur avait dit la vérité.

Ils s'en fichaient de lui ou de tout ce qu'il pouvait lui arriver. Ils étaient tous contre lui.

Tous avec Shoto.

Et soudain Touya vit rouge.

Il attrapa la table basse et la retourna d'une main. Elle se brisa contre le sol, le verre s'envolant partout dans la pièce.

Rei eut à peine le temps d'écarquiller les yeux qu'Enji lui barra la vue, la protégeant des éclats volants. Le docteur s'enfonça dans son siège et se couvrit la tête à deux mains.

- Calme toi Touya

Mais c'était plus fort que lui maintenant. Sa main gauche tremblait et son sang bouillonnait. Il y avait quelque chose en lui qui avait soif de vengeance, quelque chose en lui qui lui hurlait de tout dévaster.

- C'est ça que vous voulez hein ?

Il attrapa la machine à eau et la jeta à terre. Le plastique heurta un morceau de verre et l'eau se déversa dans tout le salon.

- Vous voulez que je sois fou ?

Il brisa la vitrine d'un coup. Il ne réalisa même pas que son poing était en sang.

- Regardez moi ça !

D'un geste du bras il balaya toute la collection de pistolets et de pièces dorées. Ils s'écrasèrent sur le sol trempé, certains se cassant même à l'instant où ils touchèrent le sol.

Touya, les coins de sa bouche retournés comme dans une caricature de colère, se jeta sur les tableaux.

Il arracha le premier, le lança contre le mur. Il rebondit avant qu'une des moulures dorée ne se détache.

Il prit le second et mit un coup de pied dedans, déchirant la toile.

Il prit le tabouret de la coiffeuse vintage et le fracassa contre le meuble en bois. Il plia mais ne se cassa pas. Touya, fou de rage, continua à frapper le meuble. Il voulait tout détruire pour qu'ils puissent tous sentir sa peine.

Des mains larges et inconnues s'accrochèrent à ses vêtements. Elles le soulevèrent du sol et le tirèrent en arrière.

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi !

Ses pieds battirent de l'air. Il chercha un appui quelconque et s'accrocha au médecin. Le vieillard se débattit. Touya arracha un morceau de sa chemise à carreaux.

Touya, la peur au ventre, perdit toute la colère qui l'animait pour redevenir craintif.

- Maman, dis lui que c'était un accident !

Sa mère secouait la tête, deux mains sur la bouche et les joues imbibées de larmes.

Touya tourna ses yeux apeurés vers son père.

- Papa, me fais pas ça ! Papa !

On le traînait vers la porte et personne ne fit rien pour l'arrêter.

- Je suis désolé, je le referai plus ! Je suis désolé ! Je suis-

La porte se referma sur lui.