webnovel

[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
レビュー数が足りません
125 Chs

Chapitre 10 - Cendres

C'était un jour ensoleillé.

Il y avait une grande baie vitrée derrière le divan orange par laquelle le soleil se déversait à flots.

Tout prenait une teinte plus claire sous la lueur jaunâtre : le bureau en bois massif, la plante aux feuilles jaunies, la couleur de ses ongles sanglants qu'elle frappait sur son calepin.

Les reliefs des vitres projetaient des lignes d'ombre en diagonale sur le sol et les murs.

Comme des barreaux de prison.

Je m'étais installé sur le fauteuil en cuir disposé entre les deux divans se faisant face. Je crois qu'elle avait été un peu surprise parce que c'était sa place, que ça se voyait que c'était sa place, mais que j'avais quand même décidé de me mettre là.

Elle m'avait sourit avec bonne humeur et était allée s'asseoir sur le canapé orange.

Je m'étais senti en colère en la voyant aussitôt gribouiller quelques lignes de son stylo, mais j'avais prit sur moi.

Il le fallait, de toute façon. Je refusai de lui montrer que elle – ou qui que ce soit d'autre – pouvait avoir un quelconque impact sur moi.

- Qu'est-ce que tu dessines ?

J'avais décidé qu'il fallait que je devienne ambidextre.

- J'ai entendu parler de ce qu'il s'est passé lundi. Est-ce que tu voudrais qu'on en discute ?

J'avais commencé facile, en me brossant les dents de la main gauche et en inversant la façon dont je tenais mes couverts.

- Tu n'es pas obligé de me répondre tout de suite, prends ton temps

Et elle la ferma vraiment en plus.

Je crois que comme j'étais un gosse, elle s'attendait à ce que je trouve le silence pesant et que j'essaie de meubler à tout prix.

Je me sentis satisfais lorsque, en tournant ma feuille pour dessiner au verso, elle comprit que je ne comptais pas ouvrir la bouche et perdit patience :

- Comment est-ce que tu te sens ?

Quelque chose de très intéressant s'était produit avec mon chakra, récemment.

- Es-tu triste ? (Une pause) Tu as des raisons de l'être

J'avais cru qu'il me faudrait tâtonner pour les Jutsus mais pas du tout : une sorte de livre, semblable à une encyclopédie, était apparue de nulle part.

- On pourrait aussi bien parler d'autre chose

L'encyclopédie était divisée en cinq catégories relatives chacune à une branche des Jutsus :

Nin, Fuin, Buki, Gen, Tai. Il y en avait une sixième intitulée 'Savoirs de Ninja'.

- Moi, tu sais, j'aime beaucoup le soleil

Super, manque plus que ta lettre d'admission pour faire partie des Winx, connasse.

- L'eau, en revanche un peu moins. Ce n'est pas franchement agréable de sentir ses vêtements coller à sa peau

Il n'y avait qu'un sommaire basique pour chacune des cinq disciplines.

- Est-ce que tu aimes l'eau ?

Je n'avais accès qu'à des informations et des méthodes d'entraînement élémentaires.

- Beaucoup n'aiment pas la pluie

Le principe était qu'une fois que j'aurai les conditions requises, le livre débloquerait le prochain niveau dans la discipline que j'étudiais.

- Certaines personnes dans ton cas peuvent développer des phobies. As-tu pe-

Mon crayon troua la feuille.

- Je n'ai pas peur de l'eau

La psy se pencha en avant, ses petits yeux noirs brillant. Elle jubilait.

- Peur n'est certainement pas le terme exact, je te l'accordes. Peut-être pourrions nous parler d'appréhender-

- Je n'appréhende rien du tout.

Il y avait Enji juste derrière la porte. Je n'avais rien à appréhender.

Ses yeux se relevèrent vers l'horloge murale.

- Il semblerait que notre session touche bientôt à sa fin. (Elle me regarda encore) Est-ce que tu voudrais me montrer ce que tu as dessiné ?

Elle avait formulé ça comme une question mais nous savions tous les deux que ça n'en était pas une. Je lui tendis la feuille sans broncher. De toute façon je n'avais dessiné que des rosaces et-

Mon souffle se bloqua dans ma gorge.

Au milieu des cercles irréguliers il y avait un bonhomme avait de longues, longues mains. Sa main gauche était un triangle tremblant, sa main droite un poing.

Il n'avait pas de visage.

La psy me prit le dessin des mains.

Je baissais les yeux, me rasseyant docilement à ma place.

Je cachai mes mains tremblantes entre mes cuisses, observant la psy par-dessous mes cils.

Elle croisa mon regard au-dessus de la feuille. Sourit.

Si mon dessin lui avait mit la puce à l'oreille, elle n'en montra rien.

- Et bien si tu veux mon avis, nos prochaines séances de dessin ne seront pas de refus

Elle était horriblement laide avec ses yeux qui se plissaient comme une bouche ridée.

Je hochai la tête. Elle se leva et contourna le divan pour aller à la porte. Je l'observai du coin de l'oeil puis me levai derrière elle.

Elle ouvrit la porte.

Enji, assis dans un des fauteuils capitonnés de la salle d'attente, se redressa précipitamment.

Il déposa le polycopié et le stylo qu'il tenait sur la table recouverte de magazines avant de venir à notre rencontre à grands pas.

Il me dévisagea d'un air inquisiteur avant de se tourner vers la psy.

- Monsieur Todoroki, puis-je vous voir quelques instants dans mon bureau ?

Il hocha la tête.

- Shoto-kun, voudrais-tu attendre sur le canapé ? Nous n'en aurons pas pour très longtemps

Je regardai Enji. Il me fit un signe du menton d'y aller.

En me tournant je croisai le regard scrutateur de la psy derrière sa monture dorée. Elle releva ses lunettes d'un doigt.

Elle sourit à nouveau et son visage se contracta comme celui d'un bébé qui pleure.

- Nous laisserons la porte entre-ouverte, ne t'en fais pas

Je voulais lui dire d'aller se faire foutre mais ça lui aurait donné matière à réfléchir à mon cas.

Ils fermèrent la porte derrière moi, laissant un interstice aussi fin qu'un cheveu.

J'allais me poster à côté de la plante comme l'enfant docile que je prétendais être.

Les feuilles longues me grattèrent le visage. Je les repoussai d'une main, sentant mon irritation grandir. Elles revinrent à la charge.

Je regardai autour de moi. Personne.

Je levai ma main gauche et les réduisit en cendres.

*

Haruka Maki était la meilleure dans son domaine.

C'est pour cette raison qu'Enji Todoroki l'avait choisie elle plutôt qu'un autre pour s'occuper de son fils. Il avait payé sans compter pour avoir une session aussi vite après l'incident : si elle pouvait aider Shoto, Enji était prêt à aller jusqu'à financer son plan retraite aux Maldives.

- Monsieur Todoroki, merci de vous être déplacé en personne pour cette séance à caractère exceptionnel

Elle sourit.

- Je sais comme votre temps est précieux aussi j'irai droit au but : votre fils ne va pas bien et il refuse de dire pourquoi

Enji se sentit le besoin de défendre son enfant le plus jeune :

- Il a toujours été du genre silencieux

Le sourire de Maki devint indulgent.

- J'imagine bien, Monsieur Todoroki, mais ce que je veux dire c'est que mis à part me saluer lorsque nous étions en votre présence, il ne m'a pas regardé une seule fois dans les yeux. En quarante-cinq minutes la seule fois où j'ai pu capter son attention a été lorsque je lui ai demandé s'il avait peur de l'eau

Enji était prit de court.

- Vous pensez qu'il a développé une phobie ?

- Je n'en suis pas encore sûre mais je n'écarte pas l'hypothèse pour le moment. J'aimerai savoir, lorsque vous êtes à la maison, a-t-il des problèmes pour se doucher seul ? Ou se laver les mains ?

Enji prit quelques secondes pour se rappeler des trois derniers jours. Entre l'hôpital, le second pétage de plomb de son fils aîné et le mutisme de son junior, sa semaine avait été riche en évènements.

- Il refuse que qui que ce soit d'autre entre dans la salle de bain quand il y est, donc je ne saurai pas vous dire. (Il fronça les sourcils) Il veut toujours que je reste à portée de voix dans ces moments là et j'ai le souvenir de bien entendre l'eau couler.

La psy pinça des lèvres et barra une ligne sur son calepin.

- Auriez-vous remarqué quoi que ce soit de notable dans le comportement de Shoto ?

- Il a été plus silencieux que d'habitude mais il n'a jamais été très bavard. (Pause) Il joue plus souvent dans notre jardin, derrière la maison, et il refuse de dormir seul.

- Vous voulez dire qu'il dort avec vous et votre femme, c'est ça ? (Hochement de tête) Avait-il l'habitude de dormir souvent avec vous ?

- Dans notre chambre, non, mais il a prit l'habitude de faire sa sieste avec moi quand je rentre du travail

- Hmm

Elle griffonna de nouvelles lignes.

- Si je ne m'abuse, vous êtes celui qui avez trouvé Touya et Shoto dans la salle de bain. Pourriez-vous me décrire la scène ?

- Il y avait presque plus d'eau sur le sol que dans la baignoire. Le tapis de douche était retourné et de la mousse débordait du bain.

Maki était pliée en deux au-dessus de son calepin.

- Comment vous êtes vous senti ?

Fou de rage.

- Je croyais que nous étions là pour parler de Shoto

Enji avait été si en colère que, durant une fraction de seconde, il avait envisagé de faire du mal à Touya.

C'étaient les pleurs de Shoto qui l'avaient ramené à la réalité aussi vite. Quand il avait réalisé ce qu'il était sur le point de faire à son propre enfant, Enji avait eut brusquement peur de lui-même.

Maki releva les yeux de son calepin.

- Bien évidemment, Monsieur Todoroki, mais il faut que je collecte un maximum d'informations pour pouvoir évaluer au mieux la situation à laquelle nous faisons face

Elle avait l'air moins sévère en souriant. C'était sûrement pour ça qu'elle le faisait autant.

- J'étais surpris, je crois. Et nerveux.

Nerveux parce qu'il s'était vu encastrant son fils dans le mur de la salle de bain

Si ça avait été le cas, ça aurait été lui qui serait en train de consulter un psy à l'heure actuelle.

- Parlons de Touya, justement.

Enji s'y attendait, bien sûr, mais ça ne voulait pas dire qu'il appréciait parler de lui – surtout pas en ce moment.

Un goût amer envahit sa bouche.

- Ils ne se sont pas vus depuis l'incident

- Je pense qu'il est en effet sage de les tenir à distance l'un de l'autre. Nul ne sait comment Shoto réagirait, ou même Touya.

C'était à Rei qu'il fallait dire ça.

Pour elle toute cette histoire n'était qu'une crise passagère, un jeu entre enfants qui aurait mal tourné.

Enji se détestait de dire ça de la mère de ses enfants mais il ne lui faisait pas assez confiance pour lui confier Shoto, auquel cas elle forcerait une rencontre avec Touya.

- Quels sont les rapports que vous entretenez avec votre fils aîné ?

- Cordiaux

Le stylo se figea au-dessus du calepin.

- Mais encore ?

Enji n'avait jamais aimé les psy.

Ils avaient des yeux fourbes et consignaient tous vos secrets dans des dossiers qu'ils rangeaient parmi tout un tas d'autres dossiers emplis de secrets comme s'ils valaient moins que le papier sur lequel ils étaient rédigés.

- Je ne l'ai pas vu depuis quelques jours

Depuis la nuit du mardi au mercredi, pour être exact, quand il l'avait surprit en train d'essayer de retirer les verrous de la porte de Shoto.

- Je vous suggérerai de garder le contact avec lui, Monsieur Todoroki. J'imagine que pour l'instant il n'a pas expliqué les raisons de son acte, mais savoir que vous êtes présent à ses côtés malgré tout pourrait l'encourager à divulguer ses motivations

Enji resta silencieux quelques secondes, ses yeux se plissant.

Seul le bruit des feuilles tournées à la va vite tranchait dans le silence glacial du bureau.

- Comment réagiriez vous si, en rentrant du travail, vous surpreniez votre fils aîné en train de noyer son frère dans son bain ?

Sa voix avait perdu son ton désaffecté et était tout à coup devenue d'un calme terrifiant.

Maki ne prit même pas le temps de finir d'écrire sa phrase que toute son attention s'était concentrée sur le patriarche Todoroki.

- Ma femme était dans la chambre de ma fille, dans la pièce juste à côté, et elle n'a rien entendu. Rien, pas le plus petit, pas le plus infime, des bruits.

Les yeux d'Enji brillaient de colère.

- Si j'avais été trop fatigué ce jour là, ou si j'avais décidé d'aller dormir seul plutôt qu'avec mon fils, alors Shoto serait mort à l'heure actuelle

La psychologue remua sur sa chaise.

- Quand j'ai vu Touya…

Enji se tut, incapable de continuer. Ses yeux se perdirent dans le vague comme s'il revivait la scène.

La seconde d'avant il était sur le pas de la porte et la seconde d'après il avait poussé violemment Touya et s'était emparé de Shoto.

Quand il l'avait regardé, l'esprit embrumé de colère, il n'avait pas vu son fils mais la menace à éliminer.

Sa main était allée à sa taille, effleurant le fantôme du SP 2022 qu'il avait porté pendant si longtemps.

Enji se leva brusquement, manquant de renverser sa chaise.

Maki se redressa précipitamment et fit tomber une pile de dossiers à terre. Elle n'avait pas prévu que l'entretien tourne au vinaigre.

Enji s'était déjà détourné ; Maki lança le tout pour le tout/

- Monsieur Todoroki, si vous me laissiez aussi prendre en charge votre fils aîné alors peut-être que je pourrai jouer le rôle d'intermédiaire et-

- Non

La réponse catégorique rebuta un peu la psychologue.

- Puis-je savoir pourquoi ?

Enji avait déjà fait la moitié du chemin jusqu'à la porte.

- Ma secrétaire vous contactera pour la date du prochain rendez-vous

- Monsieur Todoroki !

Enji s'arrêta, une main sur la poignée.

- Bien que pardonner soit une étape importante du processus de guérison, je vous conseille vivement de ne pas pardonner avant qu'il y ait eu rétribution. Les personnes pardonnées sans punition ont tendance à croire qu'ils sont spéciaux et qu'il n'ont rien fait de mal.

Maki inspira.

- Dans le cas de Touya-

Enji claqua la porte derrière lui.

*

Je regardai la porte qu'Enji venait tout juste de fermer. La poignée ronde tourna puis le 'clic' du verrouillage se fit entendre. J'attendis quelques secondes de plus que ses pas s'éloignent. Le lit de sa chambre craqua.

Je m'approchai de la baignoire, jetant un rapide coup d'oeil par-dessus le rebord. Le bouchon n'avait pas été mit.

J'allumai à fond les robinets avant de m'éloigner à grands pas.

Je tirai un tabouret caché sous le lavabo puis grimpai dessus.

Je me déshabillai tout en surveillant la baignoire à travers le miroir. Mes vêtements sales formèrent une pile sur le tapis. Je pris un gant propre du placard avant d'allumer très doucement le robinet. Un filet d'eau aussi fin qu'une aiguille se mit à couler.

J'attendis patiemment qu'il humidifie assez mon gant avant de le passer sur tout mon corps.

J'ai l'air d'un chien qui se lèche le trou de balle.

Un bref sourire étira mes lèvres.

Mon gant passa sous mes aisselles, sur mon ventre, entre mes fesses. Je l'humidifiai à nouveau avant de le passer sur mes épaules et le long de mon cou.

Je pris une pause avant de le passer sur ma nuque.

Je relevai mes cheveux pour inspecter l'étendue des dégâts.

Il y avait quatre lignes rouges sur ma nuque, le même genre de traces qu'on trouverait sur le visage de quelqu'un à la peau sensible après l'avoir giflé. Elles étaient légèrement recourbées, comme des croissants de lune qui tendaient toutes vers mon crâne.

Par endroits les lignes s'interrompaient pour devenir des sillons creusés par des ongles.

Des ecchymoses jaunes et verts parsemaient les lignes comme des tâches sales impossibles à enlever. Elles étaient de forme arrondie et de taille inégale, comme la pulpe des doigts.

Ça a déjà meilleure mine qu'hier.

Je tapotai délicatement ma nuque en veillant à ne pas toucher aux lignes croûtées.

Le gant passa sur un bleu ; je serrai les lèvres, un sifflement de douleur me quittant malgré moi.

Je tournai brusquement la tête vers la porte et j'attendis, le souffle coupé, qu'Enji la défonce.

La porte resta fermée.

Les épaules tendues, je finis par passer le gant sur le reste de mon corps.

C'est sur le point d'enfiler mon pyjama que je fus prit d'une brusque envie d'uriner.

Mes yeux se tournèrent automatiquement vers les toilettes mais je ne fis aucun geste pour m'en approcher. Elles étaient juste à côté de la baignoire.

Je me tournai vers la douche. Le pommeau était accroché à son socle sur le mur, pendant comme une épée de Damoclès au-dessus du sol blanc et froid. Des gouttes d'eau perlaient de sa tête et roulaient sur la poignée grise luisante.

Je finis par retirer le bouchon du lavabo et pisser dedans.

Il me fallut plus de temps pour le nettoyer et me débarrasser des mauvaises odeurs que ma toilette ne m'en avait prit.

Je me lavai les mains une dernière fois avant d'enfiler mon peignoir sur mon pyjama.

Je regardai autour de moi en essayant de me mettre dans la peau d'un inconnu qui viendrait inspecter les lieux. Y avait-il quoi que ce soit qui pourrait faire croire que je ne m'étais pas douché ?

Les parois de la baignoire étaient encore humides et j'avais séché avec application le lavabo. Mes vêtements étaient dans la panière et le tabouret rangé.

Je croisai le regard de mon reflet dans le miroir.

J'allumai doucement le robinet pour récupérer un peu d'eau au creux de ma main. Je m'humidifiais les cheveux en me concentrant plus sur les pointes.

Une fois bien certain que je donnai le change, je quittai les lieux.

*