Réunion Stratégique

- "Bien. Maintenant que les présentations sont faites, passons aux choses sérieuses. Nous avons peu d'informations sur le donjon de rang S. Nous savons seulement qu'il est situé dans une zone industrielle désaffectée, qu'il a une forme de pyramide inversée, et qu'il émet une forte énergie magique. Nous ignorons combien de niveaux il comporte, quels types de pièges et de créatures il renferme, et quel est son boss. Nous devons donc être prudents, et élaborer une stratégie adaptée." déclara Mr. Thompson.

Le président avait fait apparaître un hologramme du donjon, projeté au centre de la table. Les chasseurs s'étaient penchés pour l'observer, et avaient commencé à discuter entre eux. J'étais resté silencieux, et j'avais écouté attentivement. J'écoutai les propositions des autres chasseurs, en essayant de ne pas montrer mon ennui. Ils parlaient d'infiltration discrète, d'assaut frontal, de diversion, de coopération. Ils se disputaient, se critiquaient, se moquaient. Ils n'étaient pas unis, ni solidaires. Ils étaient individualistes, égoïstes, compétitifs. Ils cherchaient à s'imposer, à se distinguer, à se glorifier. Ils n'étaient pas là pour sauver le monde, mais pour se servir du donjon comme d'une opportunité. Une opportunité de gagner de l'argent, de la renommée, du pouvoir.

Je soupirai intérieurement. Je n'avais pas le temps pour ces enfantillages. Voici donc les si arrogants chasseurs de rang S. Ils se croyaient supérieurs, invincibles, infaillibles. Ils ne savaient pas ce qu'était la vraie puissance, la vraie richesse, la vraie influence. Ils ne savaient pas ce que je savais, ce que je pouvais, ce que je voulais. Je n'avais pas la patience pour leurs querelles. Je n'avais pas l'envie de partager le donjon avec ces vautours. J'avais une mission, une seule. Conquérir le donjon de rang S, et en extraire les ressources. Des ressources qui me permettraient de devenir plus fort, plus riche, plus influent. Des ressources qui me permettraient de réaliser mon rêve, mon but ultime. Devenir le maître du monde.

Je m'étais levé, et j'avais pris la parole, d'une voix forte et claire.

- Excusez-moi, dis-je. Je crois que vous perdez votre temps. Il n'y a pas besoin de stratégie, ni d'équipe, pour conquérir ce donjon. Il n'y a besoin que d'une chose. De moi.

Un silence stupéfait s'était abattu sur la salle. Les chasseurs de rang S s'étaient tournés vers moi, avec des expressions de surprise, d'incrédulité, d'indignation. Le président avait froncé les sourcils, et m'avait demandé d'un ton sévère.

- Que voulez-vous dire, Aldrick ?

- Je veux dire que je peux conquérir le donjon de rang S seul. Sans votre aide, ni votre intervention. Je suis le chasseur de rang SSS, le plus puissant de tous. Je n'ai pas besoin de vous. Vous n'êtes que des poids morts, des parasites, des gêneurs. Laissez-moi faire, et tout ira bien.

J'avais dit ces mots avec un calme olympien, sans la moindre trace d'émotion. J'avais regardé les autres chasseurs dans les yeux, sans ciller, sans fléchir. Je les avais défiés, provoqués, méprisés. Je savais que je venais de me faire des ennemis, mais je m'en fichais. Je n'avais pas peur d'eux, ni de leurs réactions. Je n'avais que faire de leur opinion, ni de leur respect. Je n'avais qu'un objectif, qu'une ambition, qu'une passion. Le donjon de rang S.

Les chasseurs de rang S n'avaient pas tardé à réagir. Ils s'étaient levés, et s'étaient mis à hurler, à injurier, à menacer. Ils m'avaient reproché mon arrogance, mon insolence, mon ignorance. Ils m'avaient rappelé leur expérience, leur prestige, leur autorité. Ils m'avaient fait comprendre qu'ils ne se laisseraient pas faire, qu'ils ne se laisseraient pas voler, qu'ils ne se laisseraient pas humilier. Ils m'avaient fait savoir qu'ils étaient prêts à se battre, à se mesurer, à se détruire.

La salle de réunion s'était transformée en un véritable chaos, où les voix s'entrechoquaient, les gestes s'agitaient, les énergies s'affrontaient.

Le président avait tenté de calmer les esprits, de rétablir l'ordre, de reprendre le contrôle. Mais il n'y était pas parvenu. Il était dépassé, impuissant, impotent. Il n'avait plus aucune autorité, ni aucun crédit. Il n'était plus qu'un spectateur, qu'un figurant, qu'un fantôme.

J'étais resté impassible, face à la tempête. Je n'avais pas bougé, je n'avais pas parlé, je n'avais pas riposté. Je m'étais contenté d'observer, d'analyser, de calculer. J'avais évalué les forces et les faiblesses de mes adversaires, j'avais anticipé leurs mouvements et leurs intentions, j'avais élaboré mes plans et mes stratégies. Je m'étais préparé à la guerre, à la victoire, à la gloire. Je m'étais préparé à conquérir le donjon de rang S.

Mais je n'avais pas eu le temps de passer à l'action. Car soudain, une voix avait retenti dans la salle, une voix qui avait fait taire toutes les autres.

- Bonjour, chers chasseurs de l'association. Comment allez-vous ?