Chapitre 15

Liu Wei hocha la tête vers les deux gardes postés à l'extérieur du bureau de Wang Chao chez Phoenix. Il frappa à la porte et attendit qu'on l'invite à entrer avant d'ouvrir et de s'introduire.

« Alors, comment ça s'est passé ? » Demanda Wang Chao en levant le regard de derrière son bureau. Normalement, il aurait été impossible de le détourner des rapports d'entreprise, des contrats ou des bilans boursiers, mais cette fois, il semblait attendre Liu Wei.

« Franchement ? » Demanda Liu Wei, essayant d'ordonner ses pensées. Il avait passé plusieurs heures au ranch et il n'arrivait toujours pas à structurer ses idées pour faire un rapport. Toute cette histoire l'avait chamboulé.

« Crois-tu vraiment que je te demanderais de mentir ? » Répliqua Wang Chao, observant son secrétaire d'ordinaire si posé et se demandant ce qui lui traversait l'esprit.

« Désolé, Monsieur, » dit Liu Wei en prenant place en face de son patron et s'installant confortablement. « Honnêtement, Chao, ça n'a rien été comme ce qu'on attendait, mais il se passe définitivement quelque chose. »

Surpris que son ami abandonne les titres honorifiques au travail, Wang Chao se pencha en arrière dans son fauteuil et se prépara à ce qui allait suivre. « Que veux-tu dire ? »

« Exactement ce que j'ai dit. Ça n'a rien été comme ce qu'on attendait. Il n'y avait aucun signe de présence d'autres personnes sur la propriété. Elle n'était pas évasive ni suspecte. Cela dit, on voit bien qu'elle n'aime pas vraiment les gens de prime abord. Elle agissait comme une femme seule sur un ranch qui voulait une clôture sécurisée pour se protéger des animaux alentour. »

« D'accord, » dit Wang Chao en écoutant son bras droit dans le monde des affaires comme dans l'armée de la famille Wang. « Si c'était le cas, alors pourquoi dirais-tu qu'il se passe définitivement quelque chose ? »

« Ce sont les petits indices qu'elle laissait tomber sans s'en rendre compte, » continua Liu Wei en se levant pour se servir un verre de whisky. Il espérait que le boire l'aiderait à cerner ce qui l'avait alerté.

« Elle a demandé s'il existait une serrure de haut niveau pour ses portails qui ne soit pas électrique. L'un des hommes a dit que même en cas de panne de courant, la serrure fonctionnerait toujours et que c'était sa meilleure option, et le regard qu'elle lui a lancé était... comme s'il était stupide. Elle a ensuite demandé spécifiquement ce qui se passerait en cas de surtension électrique. »

« Et sa réponse ? »

« Il a dit que la probabilité que cela arrive était inférieure à 0,05 %. Cette fois, elle avait un regard presque compatissant. J'ai dit que j'étais prêt à voir si notre département technique pouvait inventer quelque chose et si elle avait un délai précis en tête. »

« Je suppose qu'elle en avait un. »

« Neuf mois, » répondit Liu Wei, avalant le reste de son verre avant de s'en servir un autre.

Wang Chao regarda son ami, inquiet. Il ne l'avait jamais vu boire ainsi. « Ça va ? » Lui demanda-t-il.

« Tu sais quoi ? Je ne sais pas si ça va. Je n'arrive pas à comprendre ce qui, dans notre rencontre, m'a mis dans cet état... comme si quelque chose allait se passer. »

« Tu es sûr que ça n'a rien à voir avec Blood Moon ? »

« Non, je suis presque certain qu'elle n'a rien à voir avec Blood Moon. Enfer, si je devais deviner, je dirais qu'elle n'a rien à voir avec Li Dai Lu. Rien en elle ne criait richesse de deuxième génération. »

« Pourquoi penses-tu ça ? » Demanda Wang Chao, maintenant penché en avant pour écouter ce que Liu Wei avait à dire.

« Des couleurs contrastantes, » fut la réponse.

Wang Chao fut surpris. « Que viennent faire des couleurs contrastantes dans cette histoire ? »

« C'est exactement ce que je dis ! » S'exclama Liu Wei en claquant sa main sur l'accoudoir de son fauteuil. « Pourquoi se soucierait-elle tellement des couleurs contrastantes au point de me demander si nos techniciens pourraient en inventer une version et l'installer en neuf mois... et c'est quoi cette histoire des neuf mois !? »

« A-t-elle dit autre chose que des couleurs contrastantes ? »

« Elle a dit que du béton blanc serait trop visible la nuit et que le noir le serait aussi le jour. J'ai répondu que si elle voulait que la clôture se fonde dans le décor, elle devrait peut-être choisir un vert forêt. »

« Ce serait une bonne option si elle voulait se fondre dans la forêt, » dit Wang Chao, pensant lui aussi à une solution potentielle. Son esprit aimait ce genre de problèmes et cela occuperait ses pensées jusqu'à ce qu'ils soient résolus.

« Sauf qu'en hiver, quand la plupart des arbres perdraient leurs feuilles, le vert forêt contrasterait avec le blanc de la neige. »

« Donc, à quoi tu penses ? »

« Je pense que nous devons nous renseigner sur des serrures électriques capables de résister à une IEM et comment se fondre dans l'environnement. Car elle est convaincue que quelque chose arrive dans neuf mois et je pense qu'elle se prépare à cet événement, » dit Liu Wei, absolument sûr de ce seul fait.

« Compris, » répondit Wang Chao, se replongeant dans les papiers sur son bureau. « Alors fais-le. »

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Les jours passaient et les semaines devenaient des mois. J'ai pris ce que je considérais être des choses standards ; des stérilisateurs à bain-marie, des autocuiseurs, des déshydrateurs et des lyophilisateurs. Je me disais que je pourrais utiliser tous les appareils électriques après que l'IEM se serait déclenchée.

Après tout, ce n'était pas comme s'il n'y aurait plus du tout d'électricité, cela n'était juste pas ma priorité puisque les appareils qui l'utilisaient seraient tous grillés. Avec ça en tête, j'ai ajouté à mon panier d'achat en ligne plus d'un groupe électrogène à récupérer en magasin. Ils utiliseraient de l'essence pour produire de l'électricité, mais je pourrais à nouveau les stocker dans mon espace pour les protéger. Étant donné tout ce qui nécessiterait de l'électricité sur le ranch, j'ai opté pour en acheter dix, me demandant si je n'aurais pas dû en prendre quelques-uns de plus. J'en ai ajouté quinze à la liste, juste pour être sûr.

J'ai fermé les yeux et essayé d'imaginer ce dont j'aurais besoin d'autre. Mes possibilités étaient limitées en termes de nourriture pour le moment, car je ne pouvais rien cultiver et j'avais déjà vidé six supermarchés de leur café. J'avais aussi pris des feuilles de thé, mais avouons-le, le café c'est la vie.