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Chapitre 4

"Hahahahahahahahahaha."

"Attends, attends, tu n'as même pas entendu la suite. Donc, je me présente à la porte, les mains dans le dos, attaché avec des menottes, et tiré par le sous-chef, et cet idiot en me voyant se met à faire le salut militaire, alors que tout le cortège était derrière."

"Hahahahahahahahahaha"

Le rire hystérique d'Herald traverse tout le couloir du cachot, jusqu'à l'oreille du garde assis au bout de ce même couloir, enfin, couloir, ce n'est pas assez grand pour être nommé comme tel. Le 6ᵉ étage du cachot est surprenamment court, une sorte de mini couloir où résident trois cellules, toutes assez grandes pour contenir un lit, un trou pour les besoins, et si le prisonnier est chanceux, une sorte de puits miniature d'où sort de l'eau constamment. Il y a aussi une fenêtre avec des barreaux et évidemment quatre murs d'un gris monotone, ornés de traces d'anciens prisonniers. Avec sur le mur une porte en fer, ouvrable avec une clé et au sommet de cette porte, un petit tout de forme rectangulaire pour la nourriture. Certes ce n'est pas le grand luxe, mais au moins, ici, il n'y a pas de rat. Sa cellule est la seconde, au milieu des deux autres.

"Chef, vous allez nous casser les oreilles avec cette histoire encore longtemps ?"

"Aussi longtemps que je resterai derrière ses barreaux à voir ta gueule de bleu"

Une voix profonde et rauque, typique des soldats, répond au jeune garde, elle n'avait rien d'agressif, bien que les mots laissent penser le contraire. Cet homme se trouve à la cellule gauche par rapport à celle d'Herald. Cela fait trois semaines qu'il est là, et la venue d'Herald l'a réjoui. 

"Eh, l'ami, quel est ton nom ?"

Cette fois, c'est Herald qui a pris la parole, cela fait plusieurs heures qu'ils discutent, et tout ce qu'il sait, c'est que c'est le Chef de la brigade d'un certain Isril de Shior.

Isril… Cela fait un moment que je cherche dans mes souvenirs, mais rien. Pourtant, ce nom m'est familier.

Le chef des brigades eut un instant de réflexion, avant de répondre.

"Bah, ça te rapportera que du mal si j'te l'dit. Mieux vaut ne rien savoir."

Herald eu un petit rire. Cet homme l'intéresse.

"Pourquoi ? T'es un assassin ou un truc du genre ?"

"Bah… Va savoir."

S'ensuit un long silence de plusieurs minutes, avant de se faire couper par le bruit d'une porte en métal se fermant à clé, s'ensuit des bruits de pas dans le couloir. Puis, par la petite fenêtre de sa porte, Herald aperçoit une prisonnière, escortée par une dizaine de chevaliers, armée et sur leur garde, à l'affût du moindre mouvement de la part de cette jeune fille. Il ne put voir grand-chose, mais juste assez pour une description rapide, Les cheveux était en pagaille, ils étaient aussi de couleur blanche, ses yeux étaient vides, sans âme, presque noir, mais avec une petite lueur verdâtre, la peau a dû être blanche pendant un moment, mais désormer, elle est crasseuse, assombrie par ce qui ressemble à de la bous, non, le parfum qu'elle dégage, c'est du sang, sa peau, ses cheveux, et peut-être même ses habits, sont recouverts de sang. 

Qu'est-ce qui s'est passé avec elle, l'odeur est si forte que je commence à avoir du mal à respirer. Je n'ai pas l'impression de la connaître, elle n'est pas avec nous.

On entend le fracas d'une porte qui se ferme, puis les pas pressés des chevaliers résonnent dans le couloir. L'un d'eux s'arrête auprès du garde des cellules, et lui murmure à l'oreille. Après avoir entendu son collègue, le garde prit une expression surprise .

"SON ALTESSE !!"

Le cri résonna dans tout l' étage, et vus le ton de sa voix pas besoin d'être un génie pour comprendre. Son altesse royale, la 1ʳᵉ et unique princesse du roi, est morte.

Le bruit de pas des chevaliers résonne déjà au loin, et le silence règne dans ce couloir.

"Alors, le bleu, c'est quoi la nouvelle"

Le chef de la brigade a pris la parole, sa voix était incertaine, presque hésitante. Herald peut le sentir, cet homme sait quelque chose.

"Je… Je ne suis pas censé le dire à quelqu'un. Mais ça va finir pas se savoir." il eut une profonde expiration, avant d'ajouter.

"Son altesse royale, la princesse Rola, est morte assassinée, ce soir, par les mains de la prisonnière cellule 3."

S'ensuit un long et lourd silence, un silence de peur et de crainte, une crainte de l'avenir, une crainte du futur.

Le garde reprit la parole après un long moment.

"Et comme si ça ne suffisait pas, le baron Zeke a été retrouvé assassiné hier soir dans sa chambre avec sa femme. Si ça se trouve à l'heure qu'il est… "

"Ç'a déjà commencé."

Cette fois, c'est Herald qui prit la parole, sa voix était froide, monotone, il avait la voix d'un homme qui attend la mort, la voix d'un condamné.

"Si c'est vrai alors, le roi risque de tomber… "

Et puis, plus rien, plus personne ne prend la parole. Le silence redevient rois, car ils savent, ils savent ce qui adviendra si le roi tombe, ils connaissent le sort qui leur sera réservé, pas à eux, mais à toute l'humanité. Lorsque le roi tombe, la capitale tombe avec, et si la capitale tombe…

"Non… ça ne peut être vrai, les gens ne sont pas aussi stupides."

"Le bleu."

"Non… Non, ils ne vont pas faire les aveugles."

"Le bleu… Calme-toi."

"JE ME CALME ? COMMENT VOUS VOULEZ QUE JE ME CALME ? CHEF, ON VA TOUS MOURIR !"

Aucune réponse.

"Vous le saviez, vous aussi, pas vrai ? Vous aussi on vous a raconté cette berceuse quand vous étiez enfant."

"Le bleu… Ce n'est qu'une légende"

"Les légendes ne mentent jamais."

Ce n'est pas faux, les légendes ne mentent jamais. Car de légende, elles n'ont que le nom, ce sont plutôt des histoires du passé, le passé de ces terres.

Pendant toute cette discussion, Herald était resté silencieux. Il était à l'affût du moindre bruit. Les événements correspondent aux missions de ses congénères et de lui-même, ce qui veut dire que tout se déroule selon les plans, et que bientôt, il recevra la suite des instructions. 

Pourtant… Je ne sais pas pourquoi… Cette histoire ne tient pas debout. Elle veut renverser le trône, mais pourquoi ? S'il n'y a plus personne pour gouverner la capitale, alors… Non, il vaut mieux ne pas y penser.

Herald leva sa main, et sans la moindre hésitation, se cogna le visage d'un coup de poing.

Ressaisie toi, pauvre fou, tu ne dois pas réfléchir, tu ne mérites pas de réfléchir… 

"Oi… Euh… Cellule 2, tout va bien"

Le garde a sûrement dû entendre le bruit du coup de poing.

"Il fallait que je me ressaisisse… On ne peut pas se permettre de tomber dans la folie dans des moments pareil. T'es pas d'accord avec moi chef ?"

Un puissant rire émet de la cellule à sa gauche, il aurait juré voir les murs trembler.

"Tu m'as eu sur ce coup-là gamin"

Herald eut un soupir agacé.

"D'ailleurs, c'est quand que m'arrêterait de m'appeler comme ça, même si ma voix laisse penser le contraire, je fais la trentaine."

"Oui oui, ils disent tout ça."

"Qui ça ils ?"

Le garde avait visiblement déjà oublié la crise qu'il avait faite quelques minutes plus tôt.

Bah, il doit être vachement solide dans sa petite tête

"Hein ? Ah… Je parlais de mes gars de Shior, chez nous, l'âge fait tout, plus on est vieux, plus la paye augmente dans l'armée. Du coup, la majorité des soldats mentent sur leur âge. Mais bon, ça ne sert à rien puisque la prime arrive après vingt ans de service"

" Eh ben… On dirait que je vais changer de nation moi."

Un autre rire. 

Herald resta assis, dans le silence, attendant patiemment.

Bientôt… Très bientôt. Je le sais, il ne va pas tarder à arri-

Un bruit résonna derrière lui, c'était celui d'une chouette. Il se retourna, et sans surprise, les barreaux de la fenêtre derrière lui ont disparu. Il eut un sourire, puis dans un murmure, il dit.

"Tu y as mis du temps. J'espère pour toi que tu faisais quelque chose d'intéressant, parce que sinon ça me fera mal au cœur."

De la pénombre de sa cellule, il est sorti, toujours dans cette même cape grise, un costume noir, des bottes à la chemise. Et bien sûr, ce masque de hiboux, lui cachant l'entièreté du visage.

Je me demande comment il fait pour respirer dedans.

Il resta silencieux, à observer Herald, comme s'il méditait. Après un long silence, il se décida enfin à avancer, et jeta à son compagnon une dague, toujours dans son fourreau. 

"Prend le, c'est un cadeau d'adieu."

"Q… Quoi ?!"

"Herald, je te le dis en tant qu'amis. Si tu veux vivre, quitte la Capitale tout de suite."