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Chapitre 1 : L'historienne du Bureau du Temps

La pluie était souvent associée aux mauvais jours. Il était donc tout naturel qu'elle se manifeste en cette triste période de deuil. Du moins c'était la pensée de Luxa, alors qu'il observait la foule vêtue de noir, se presser autour de la mise en terre d'Emily Hearby. Que ce soit parmi les amis ou la famille, personne ne connaissait les raisons de son brusque décès. En réalité, les seuls à connaître cette triste vérité, n'avaient pas d'existence à leurs yeux. Et contrairement à l'adolescent aux cheveux neige assistant de loin aux funérailles, aucun membre du Bureau du Temps n'avait fait le déplacement pour saluer une dernière fois leur collègue.

Les mains enfoncées dans les poches de son long manteau blanc, Luxa attendait patiemment que le dernier proche finisse ses adieux et s'éloigne, pour s'approcher à son tour. Il s'accroupit devant la terre fraîchement retournée et lu le nom sur la pierre tombale. Avec un soupir, il posa sa main sur le sol meuble, afin d'adresser à son tour ses derniers mots à la défunte.

—«Bonjour Emily. Il n'y a que moi aujourd'hui et j'en suis navré. J'aimerais avoir la capacité de 21 et espérer voir ta dernière empreinte. Même si je me doute que ce ne serait pas ton image la plus glorieuse. Tu as toujours eu un immense respect pour les morts. Jamais tu ne leur aurait fait l'affront de ne pas venir à leur enterrement. J'imagine que tu dois les maudire en Russe de ne pas avoir fait le déplacement…»

Luxa éclata d'un rire sans joie et retira sa main de la terre. Il regarda la trace laissée par ses doigts et renonça à continuer de parler. La pluie dégoulinait de son bandeau marqué d'une étoile rose et lui brouillait la vue. Il n'avait aucun risque de tomber malade à cause du froid ou de l'humidité mais il n'y était pas pour autant insensible. Alors avec un nouveau soupir, il se redressa. Il avait déjà une demie-heure de retard pour le cours d'histoire dans lequel il s'invitait depuis le début de l'année universitaire. Luxa remit donc ses mains dans ses poches, et après un dernier salut, tourna les talons afin de se diriger vers l'université de New York.

***

Avant chaque réunion du Bureau du Temps, Henri White préparait le thé. En sa qualité de doyen du Bureau et d'Agent du Porteur, il faisait toujours en sorte de rendre ces rencontres aussi paisibles que possible. En raison des mauvaises relations le 53ème Porteur de La Mémoire et certains membres du bureau, il servait essentiellement de médiateur afin d'éviter les disputes graves pouvant mener à des altercations physiques. Ce qui, au moins, ne serait pas le cas cette fois, car le Porteur avait prévenu ne pas assister à la réunion.

Mr White soupira en retirant la bouilloire de son socle. Il la posa sur le plateau de thé et tendit l'oreille. Il venait d'entendre les voix de deux membres du bureau, le Hacker et le Médecin, provenir du couloir. La porte de la salle de réunion s'ouvrit sur deux femmes, l'une blonde, l'autre châtain, qui continuaient leur discussion sans s'occuper de la présence de l'Agent.

—«Elle est quand même culottée de ne pas se pointer à la réunion sur le choix du futur Historien!» s'exclama la blonde en s'asseyant à sa place habituelle avant de croiser ses pieds sur la table. «Non Madame préfère aller suivre un cours d'histoire dans lequel elle ne devrait même pas être présente. On parle de ses futurs yeux là ! À ce compte là, j'espère que son prof est une bombe de 25 ans, avec un regard à tomber par terre.»

Sa collègue et épouse prit place sur la chaise située à sa droite.

—«C'est "il", Alix. "Il" ou "iel". Et Monsieur, comme tu dis, n'assiste pas à ce cours pour les beaux yeux de sa professeure, qui a, je le précise au passage, plus de la cinquantaine.»

—«Oui, oui, d'accord chérie. Je ferai attention pour le pronom. Par contre, un jour, il faudra que tu m'expliques comment tu fais pour être aussi bien informée. Aux dernières nouvelles, je suis le Hacker. Ou alors, Mr White s'est planté quand il nous a filé nos rôles.»

L'homme se contenta de poser le plateau de thé au centre de la table ronde, sans relever les propos du Hacker. Il salua le Médecin, Kiara, avant de regarder les chaussures à grosses semelles d'Alix avec désapprobation. Heureusement l'arrivée du Cartographe, Haïden Flint, mit fin à l'ambiance pesante, qui persistait dans la pièce. Il salua un à un chacun de ses collègues avant de rejoindre sa place en souriant.

—«53 a été à l'enterrement d'Emily,» annonça-t-il. «Je l'ai croisé en me rendant sur sa tombe. Il m'a d'ailleurs averti de son absence.»

—«Oui, on peut dire qu'il a bien choisi son jour, n'est-ce pas ?» ironisa Alix

Kiara soupira longuement. Elle adorait son épouse pour de multiples raisons. Mais elle ne supportait pas son côté provocateur, et même parfois méchant, qui apparaissait presque impulsivement quand quelqu'un qu'elle n'aimait pas était mentionné. Elle décida donc d'intervenir pour la calmer.

—«Ça suffit. Tu ne l'aimes pas et cela fait 5 ans que tu t'obstines à nous le faire comprendre. On le sait. Maintenant vire gentiment tes pieds de cette table pour les remplacer par ton ordinateur, afin que l'ont puisse décider du successeur d'Emily au poste d'Historien du Bureau. De la sorte nous passerons l'information à 53 et reprendrons le court de notre vie, en évitant de nous entretuer. Qu'est-ce que vous en dites ?»

Haïden éclata de rire et un éclair d'amusement passa dans les yeux de Mr White. Alix, vexée, retira ses chaussures de la table et sortit son ordinateur de sa pochette rouge. Elle l'ouvrit et sélectionna le dossier contenant les noms candidats.

—«J'ai trois personnes à vous proposer», déclara-t-elle. «Voici la première. Renate Rolle. C'est une archéologue et autrice. Elle est notamment connue pour ses recherches sur les femmes Scythes et, plus tard, les amazones.»

Haïden secoua aussitôt la tête en signe de négation.

—«Elle a plus de 80 ans aujourd'hui. À supposer qu'elle ne fasse pas un infarctus immédiat en découvrant ce qu'est La Mémoire, j'aimerais éviter de devoir refaire cette réunion dans 6 moins. Qui d'autre ?»

—«Jean Boertie. Il est actuellement conservateur au musée du Louvre à Paris. C'est un passionné et fin connaisseur d'histoire. Peut-être plus qu'Emily de son vivant.»

Kiara fronça les sourcils et ferma les yeux pour prendre une gorgée de son thé à la vanille.

—«Trop proche du pouvoir», dit-elle. «il dînait avec l'actuel président français, il y a seulement deux semaines. Qui est le dernier ?

—Ella Springer. Elle est historienne spécialisée dans l'impact des religions sur les peuples au court de l'histoire. Elle a 41 ans et est autrice de plusieurs livres sur le sujet. Elle n'a de liens avec aucun gouvernement et travaille généralement seule.»

—«A-t-elle des attaches familiale ?» questionna Mr White.

—«Oui», répondit Alix en parcourant le dossier. «Elle est mère d'une fille de 20 ans nommée Maguie. Elle vit actuellement en Australie avec son copain. Ella est divorcée du père et elle vit seule. Qu'en pensez-vous ?»

Mr White touilla bruyamment son thé pendant que Kiara posait sa tasse devant elle.

—«Je pense qu'elle pourrait faire l'affaire», fit Haïden en tapant sur la table avec son index droit.

—«En ce cas, si aucun de vous n'a d'objections, j'avertirai Luxa de notre décision», notifia Mr White en lâchant sa cuillère.

Kiara se leva et s'approcha de la fenêtre. La salle de réunion du Bureau du Temps était situé au cinquième étage, et bien que ce ne soit pas très haut, elle disposait d'une belle vue sur Manhattan.

—«Vous attendez quel type de changement la prochaine fois qu'Alistair alterera notre passé. Nous avons déjà eu la ségrégation en 2018 et le mur de Berlin en 2020. Nous sommes en 2022. Il faut nous préparer à un changement incessamment sous peu. Nous pourrions nous réveiller demain avec une ville aux couleurs de l'empire romain.»

—«Et je trouverais ça plutôt bien», sourit Alix. «Imaginez les temples et les statuts des dieux…»

—«Ainsi que l'esclavage, la citoyenneté uniquement pour les hommes et le régime des non romains. Personnellement, cela ne m'emballe pas beaucoup», avoua le Cartographe.

En raison de sa peau noire, son sort serait loin d'être enviable dans un monde romanisé. Alix se rendit alors compte de son erreur.

—«D'accord. Excusez moi je n'ai rien dit»

Kiara sourit en passant la longue tresse qui assemblait sa chevelure, par dessus son épaule gauche. Elle se retourna pour faire face à ses collègues et resserra son châle noir autour de ses épaules.

—«Leur culture artistique était certes, magnifique, mais leur droit reste à revoir. Comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs…»

Personne ne prit la parole après le Médecin. Alix ferma son ordinateur et le rangea dans sa pochette pendant que Mr White rassemblait Les tasses de thé vide sur le plateau. Comprenant que la réunion était terminée, Haïden se leva et salua ses camarades avant de quitter la salle suivit de l'Agent, qui emporta le plateau avec lui. Seules restaient dans la pièce Alix et Kiara. Cette dernière fusilla sa femme du regard.

—«Qu'est-ce que tu as ?» soupira la blonde qui ne connaissait que trop bien les humeurs de celle avec qui elle partageait ses jours.

—«Je trouve que tu vas un peu loin ces derniers temps. Cesse donc de prendre les armes contre 53. C'est agaçant et pas seulement pour moi. Quand il est là, il se sent agressé et répond alors en t'attaquant à son tour. De vous deux tu es l'adulte. Ça ne te plaît pas que le nouveau Porteur de La Mémoire soit un enfant, mais personne n'y peut quoi que ce soit. Ni toi. Ni moi. Ni personne d'autre dans ce Bureau. Le seul que tu pourrais tenir pour responsable c'est 52. Dommage pour toi, il est dans une jolie boîte en bois à six pieds sous terre. Mais ce qui est encore pire à mes yeux, c'est que je te connais et sais que tu n'es pas la conasse que tu paraîs être en sa présence ou quand il est mentionné.»

—«Je suis peut-être une conasse, mais moi au moins je ne fais pas l'enfant en refusant de me pointer à une réunion importante en prétextant un cours que je n'ai même pas l'obligation de suivre. Emily vient de mourir Kiara. Alistair a attaqué le bureau et l'a assassinée. Aucun de nous n'est en sécurité ! Lui le premier !»

—«Il a 15 ans Alix», plaida Kiara. «C'est de son âge.»

—«Moi je n'ai pas 15 ans depuis 5 ans. Il faut qu'il grandisse et prenne un peu plus cela au sérieux. Ce n'est pas la première fois qu'il nous fait le coup.»

—«Et sûrement pas la dernière. Écoute, essaie d'être un peu plus douce avec lui. Souviens toi qu'il n'a pas demandé à posséder La Mémoire. Lui aussi à des choses à gérer qui nous dépassent. Peut-être que s'il se sent mieux ici, il prendra sa mission plus au sérieux. Et si tu ne le fais pas pour lui, au moins, fais le pour moi. S'il-te-plaît.»

Alix regarda son épouse les larmes aux yeux, mais hocha la tête en signe d'accord avant de se lever. Kiara s'approcha et la prit dans ses bras en lui caressant les cheveux. Après quelques minutes d'étreinte les deux femmes se séparèrent, et, sans lui lâcher la main le Médecin entraîna le Hacker dans le couloir où discutaient Haïden et Mr White. Le couple leur adressa un signe de main et monta dans l'ascenseur. Haïden attendit que les portes se ferment pour continuer de parler.

—«Vous étiez très silencieux durant la réunion. Quelque chose n'allait pas ?»

—«Je commence à me poser des questions sur l'utilité réelle de cette institution. 16 et son Agent avaient fondés le Bureau du Temps afin d'aider au maximum le porteur en terme d'informations historiques, préparation au combat, ou tout autre domaine pouvant lui être utile dans le passé. Afin qu'il puisse agir seul mais dans les meilleures conditions. Tout était basé sur la confiance mutuelle. Regardez nous aujourd'hui, Mr Flint. L'actuel Porteur ne nous fait même pas confiance.»

—«Il est difficile de lui en vouloir, vous ne pensez pas ? Nous sommes beaucoup à lui mettre une pression monstre sur les épaules en oubliant qu'il n'est qu'un adolescent», fit remarquer Haïden. «De plus nous ne pouvons pas dire que le comportement d'Alix à son égard, l'aide à se sentir mieux parmi nous. Et nous devrions faire quelque chose à ce propos. J'espérais que cette réunion nous permettrait à tous de repartir sur des bases saines. À l'évidence je me trompais…»

L'Agent croisa ses bras dans son dos pendant que le Cartographe resserrait la cravate grise de son costume rose.

—«Je veillerai à avoir une conversation avec Luxa à ce sujet», promit le vieillard. «Puis-je vous demander de faire de même avec Alix, ou voir si sa charmante épouse pourrait lui faire entendre raison ?»

—«Bien sur White. Je pense que nous devrions régler cette affaire au plus vite.»

Haïden jeta un coup d'œil à sa montre. Voyant l'heure avancée qu'il était, il déclara devoir prendre congé et se dirigea à son tour vers l'ascenseur.

***

Les couloirs de l'Université rendaient Luxa paranoïaque. Il ne cessait de se retourner pour vérifier qu'il n'était pas suivi. Souvent c'était en marchant dans le noir qu'il ressentait cela. Il savait que cela pouvait paraître enfantin d'avoir peur du noir ou des grands espaces vides, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Heureusement en approchant de l'amphithéâtre, la voix de Suzanne Robinson, professeur en Histoire, lui donna quelque chose pour se concentrer.

Avant d'être trop proche de la porte, Luxa regarda attentivement autour de lui, à la recherche de caméras ou de paires d'yeux indiscret. Ne voyant rien, il retira la mitaine noire qu'il portait à la main gauche et fit faire une demie rotation, dans le sens des aiguilles d'une montre, à la bague en argent qu'il portait sur l'index. Il se représenta ensuite l'image précise du cahier dans lequel il avait l'habitude de prendre des notes, ou de dessiner selon son degré de concentration.

Luxa tendit la main gauche devant lui, paume vers le ciel. Il rangea la mitaine qu'il avait enlevé dans l'une de ses poches et claqua des doigts de la main droite. Des particules noires se mirent à danser au dessus de sa paume et s'assemblèrent pour former un grand cahier noir de 96 pages. Il ne manquait qu'à matérialiser le stylo et il pourrait rejoindre le cours, comme n'importe quel étudiant. Avec un sourire, il coinça le cahier sous son bras droit et claqua de nouveau des doigts pour faire apparaitre un simple bic bleu. Satisfait du résultat, Luxa s'approcha de la porte pour avoir vue sur l'amphithéâtre et l'estrade professorale. Il commença par chercher des yeux une place vide en bout de rangée, pour éviter d'être trop proche d'un étudiant et de le toucher par accident. Ayant trouvé son bonheur au cinquième rang, Luxa entra dans la salle et rejoignit le siège repéré. La professeure le suivit des yeux mais n'interrompit pas son cours. Elle lissa sa jupe de tailleur bleu marine avant de s'assoir, pour continuer ses explications sur la ségrégation au États-Unis dans les années 1950. Luxa prit quelques notes avant de dessiner un nuage masquant le soleil, visible depuis l'une des fenêtres. Il décrocha ainsi du cours plusieurs minutes jusqu'à ce que le nom de Rosa Park se glisse dans son oreille et recentre son attention. Il décida de lever la main afin de poser une question.

—«Penser vous que les États-Unis seraient toujours ségrégationniste si Rosa Park avait accepté de se lever pour céder sa place comme le prévoyais la loi à l'époque?»

L'enseignante sourit et son regard émeraude s'éclaira.

—«Quel est votre nom?» demanda-t-elle en se penchant en avant pour le regarder dans les yeux.

—«Méra. Luxa Méra.»

—«Hé bien Méra, sachez que ce cours concerne l'histoire et ses événements, et non ce que nous serions sans eux. Cependant je suis intimement convaincue que rien ne peux arrêter le progrès. Il y a, encore aujourd'hui, beaucoup de personnes qui pensent que l'action de Rosa Park était purement impulsive. Une sorte de raz le bol face aux traitements endurés par la communauté afro-américaine. Mais il n'en n'est rien. Cela faisait bien des années qu'elle militait pour les droits civiques égalitaires. Et elle a beaucoup perdu dans cette lutte. Mais grâce à elle et des milliers d'autres, les lois ont évoluées. J'ai dit tout à l'heure que rien ne pouvait arrêter le progrès. Excusez moi je me trompais. Le progrès ne sera jamais tant qu'il y aura des gens prêt à sacrifier ce qu'ils ont au nom de tous. Malheureusement cela arrivera un jour où l'autre étant donné l'égoïsme vers lequel tend l'humanité.»

Luxa soutint le regard de l'enseignante et hocha la tête pour la remercier. Robinson reprit son cours pendant que l'élève en manteau blanc réfléchissait.

En tant que Porteur de La Mémoire et voyageur du temps, il se demandait souvent si ce qu'il faisait en vallait vraiment la peine. Que ce soit lui, Luxa, 53, ou chacun des Porteurs l'ayant précédé, ils se battaient tous pour sauvegarder l'histoire, même si cela se résumait souvent à des massacres de masses. Ils avaient aider des guerres à se déclancher pour ensuite obtenir la paix. Lui avait dû aider à la création de la Corée du Nord pour montrer aux autres nations le chemin à ne surtout pas suivre. Le fait de voir qu'il restait des gens qui croyaient encore à l'espoir et au progrès lui rappelait pourquoi chaque Porteur s'était évertué a protéger l'Histoire, et pourquoi lui aussi devait continuer de veiller sur le temps.

À la fin du cours, Luxa sortit de sa rangée et descendit les marches sur le côté de l'amphithéâtre pour rejoindre l'estrade professorale. Robinson était en train de ranger ses notes manuscrites dans une pochette en carton verte. Quand l'ombre de Luxa se projeta sur le bureau, elle leva les yeux. L'élève regardait la bague qu'il portait à la main gauche et à laquelle il imposait une demie rotation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

—«Vous étiez en retard ce matin», observa l'enseignante. «Je n'ai pas le souvenir que cela vous soit déjà arrivé.»

—«Je venais justement m'en excuser. Je ferai attention à ce que ça ne se reproduise pas. J'ai dû me rendre à un enterrement», expliqua Luxa en se balançant sur place, un peu mal à l'aise.

Robinson baissa la tête la tête en silence et rangea sa pochette dans son sac, consciente que sa remarque précédente était déplacée.

—«Mes condoléances. Votre question était très pertinente. Mais j'ai le sentiment que ce n'est pas la réponse que vous attendiez.»

—«Au contraire. Elle était très éclairante et je vous en remercie. Il est bon de constater que je ne suis pas seul à voir les dérives de l'humanité.»

La professeure finit de ranger ses affaires en silence avant de sourire.

—«Vous savez, je connais tous les noms et visages des élèves de ce cours. Mais vous ne figurez sur aucune liste d'appel. Sachez que les formalités d'inscription en doctorat sont relativement simple dans cette université. Vous devriez essayer. Je trouve dommage qu'une personne curieuse perde son temps sans bénéfice.»

—«Ne vous en faites pas. La première fois que je suis venu dans ce cours, disons juste que j'ai vu de la lumière et que je suis rentré. Je vous remercie mais je n'ai pas le temps de reprendre mes études pour le moment. J'ai cependant beaucoup d'intérêt pour l'Histoire. Alors j'essaie de suivre vos cours autant que possible.»

—«Si vous changez d'avis, prévenez moi. Je vous aiderais avec plaisir», assura Robinson en lui tendant la main droite.

Luxa regarda la main de l'enseignante pendant quelques secondes. Il savait que s'il la touchait, cette action serait irréversible. Mais son instinct lui hurlait de serrer cette main tendue. Alors, il retira sa mitaine droite et tendit sa propre main à la professeure qui la serra. Quand elle lui relâcha, il l'a salua d'un hochement de tête et quitta l'amphithéâtre.

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