"Et merde"
Je lâche, laissant momentanément tomber mes manières sous le coup de la pression que dégage la pièce, l'aura présente dans cette dernière suintante et pouvant être littéralement sentie avec le nez, à moins que ce ne soit les cadavres ?
Un peu des deux j'imagine...
Je laisse cette idée de côté en m'avançant lentement dans le couloir, observant les différents corps laissés exposés qui défilent sous mes yeux peu à peu je m'enfonce dans l'antre du diable.
"Mmmh ?"
Je laisse échapper alors que je m'arrête devant un corps en particulier, intéressé par l'odeur qui se dégage de celui-ci, la carcasse décharnée qui était autrefois un jeune homme probablement dans les meilleures années de sa vie (pour ce qui est de l'âge), maintenant mince au point où je peux apercevoir presque chaque os de son corps nu et balafré comme je ne saurais presque pas le décrire, le corps pendu par ses deux mains enchainées bien au sur le mur, trop haut, la pointe de ses gros orteils touchant à peine le sol, son visage présenté en direction du sol, figé dans la position d'une honte éternelle de sa condition.
La peau présente des blessures profondes, très profondes, dont certaines sont recousues depuis peu, ou du moins l'étaient lorsque que ce pauvre tas était encore en vie. Du fil visible à l'œil nu pouvant être vu sur celles-ci, la personne ayant pris soin de recoudre les lacérations avec une assez bonne performance si j'en crois la profondeur des blessures et la difficulté de colmater ces dernières, difficile à faire pour un novice en la matière. La personne ayant rapidement et efficacement refermé la peau pour éviter une hémorragie mortelle qui aurait été plus que rapide.
Efficacité mais rapidité, la personne ayant une grande maitrise de son art en la matière mais n'ayant pas pris beaucoup de temps à s'exécuter, les coupes présentant des points de suture efficaces et aux bons endroits si ma connaissance en la matière en me trompe pas, mais placés dans un tel empressement et une telle ardeur que cela les rend rêches et faciles à casser, si la victime bouge trop ou subis un trop gros choc, ces rares points étant posés avec précipitation et impatience.
Pas la précipitation de quelqu'un qui doit s'activer pour sauver la personne, non, non, non, la précipitation de quelqu'un qui n'a pas de temps à perdre, qui est efficace et expérimenté dans ce domaine, qui a les moyens et une certaine envie de garder ce corps en vie, mais pas assez pour perdre plus de temps que ça à l'opérer.
Visiblement ce type était intéressant, mais pas assez pour que le maitre des lieux lui accorde toute son attention, en tout cas pour plus de quelques secondes.
Intrigué mais légèrement dégouté par l'état plus que déplorable de ce truc, je trouve une mèche de cheveux dans un état encore pas trop détestable et prend celle-ci avec mon pouce et mon index avant de la tirer vers le haut, relevant sans problème la tête qui ne doit plus peser grand-chose, me retrouvant face à un visage vaguement familier.
Il ne me faut que quelques seconde avant de retrouver ce visage dans ma mémoire, me souvenant d'avoir croisé à plusieurs reprises ce type dans le camp de konoha situé à Kusa, un type ordinaire et ne semblant pas différent ni plus important que le ninja lambda dans ces centaines de tentes rassemblées en un point, me rappelant de ce visage uniquement parce que je me souviens de l'avoir vu se faire réprimander alors que je rentrait de l'une de mes nombreuses mission avec l'équipe, ce type alors visiblement sous l'emprise de l'alcool se faisant remettre au par un autre présentant un gilet de chunin et déclarant devant tous que le chef du camp était mécontent de lui et le faisait venir dans son bureau.
J'imagine qu'il n'a plus trop à s'en faire maintenant.
"Donc même les shinobi, aussi pathétiques peuvent-ils être, ne sont pas à l'abri du propriétaire des lieux ?"
Clairement, pour qu'un ninja, apparenté à une armée, celle d'un village comme Konoha par-dessus le marché, puisse se faire kidnapper, ramené ici et découper de la sorte en toute intimité et ce sans jamais que la région même ne soit soupçonnée, on doit être sur un sacré cas en ce qui concerne le ravisseur.
De plus pour le laisser ici, comme un cobaye parmi les autres, à peine plus intéressant que des civils, ainsi qu'au vu des soins très limités et du manque de grand intérêt qui lui est donné, je dois parier que cet endroit abrite des corps de personnes bien plus puissantes, ou du moins précieuses. Faisant passer le propriétaire des lieux d'intéressant à "ne pas croiser car je veux rester en vie".
J'abandonne le corps décharné pour continuer plus loin dans les profondeurs, m'enfonçant dans la noirceur, métaphoriquement parlant bien sûr.
Encore merci à moi-même de ne pas avoir rechigné à bouffer cette chauve-souris, malgré la peur que m'inspire encore le covid.
Tandis que je traverse le long couloir à pas de loup, mesurant chaque pas. J'accorde moins d'attention à mes yeux pour me focaliser sur mon ouïe, j'ai déjà suffisamment vu la décoration pour en avoir une idée générale, je préfère m'assurer de repérer les pièges sur le chemin avant que ceux-ci ne m'aient tué.
Les pièges et les invités indésirables, même si cela serait plutôt moi le cas échéant.
Car même si en regardant les corps je me suis fait à l'idée que l'endroit doit être plus ou moins abandonné, ou du moins laissé tel quel pour ces dernières semaines voire mois. Je vais éviter les nouvelles surprises, j'ai déjà eu ma bonne dose.
Bien que cela ne soit que peu utile vu qu'il me semble que j'aie déjà passé la majorité de la salle, il ne me faut que peu de temps de marche pour que la pièce se termine par une nouvelle porte.
Une fois encore un autre piège à base de masse s'écrasant sur la porte d'évité, très peu original soit dit en passant, j'ouvre la porte en question pour arriver dans une salle bien plus réduite en taille que ne l'étais la précédente, à peine d'une dizaine de mètres carré. Entièrement vide à l'exception de la table d'opération trônant en son centre, celle-ci encore en partie recouverte d'une couleur brunâtre séchée à certains endroits malgré les efforts visibles qui ont été donné pour les effacer et rendre l'objet d'opération quelque peu présentable.
Au moins la personne est d'une nature présentable et hygiénique, cela fait au moins un point pour lui.
Dépassant la table sans plus y prêter d'attention, je parcoure ce qui semble être la dernière pièce du complexe avec autant de rapidité une fois que j'ai réalisé que ce n'était qu'une sorte de débarras d'engins médicaux, dépassant le bric-à-brac de scalpels, blouse de chirurgie usés et tachés et autres objets dont je ne pourrais pas deviner l'utilité, et dont je n'ai aucune envie de faire. Pour finalement arriver à une petite bibliothèque bordant le mur du fond.
"Alors, sommes-nous oui ou non sur un cliché ?" Je demande tout en commençant à reculer un à un chaque livre de l'étagère, ne m'arrêtant qu'un court instant pour me baisser avant de scruter l'étage du dessus et voir un trio de fléchettes encastrées sur les livres du dessus. Trop haut pour que je puisse etre touché meme si je n'essayait as d'esquiver.
Comme quoi ma taille, parfaitement dans la norme qu'importe ce que quiconque puisse dise, peut avoir ses utilités.
Je vais peut-être arrêter de tous les essayer. Et plutôt utiliser mon cerveau, pour une fois.
J'observe ensuite les autres livres de la bibliothèque avant d'essayer quoi que ce soit de neuf, m'arrêtant sur un jaune au titre attirant mon attention.
"L'art du Mokuton par Butsuma Senju."
Curieux, si ma mémoire ne me fait pas défaut Butsuma Senju fut un des nombreux chefs qu'a connu le clan senju durant la période des royaumes combattants, joli nom pour désigner une bonne vieille période de combats sanglants où les clans autrefois indépendants s'affrontaient de manière plus que récurrente à coup de micro-guerres par-ci par-là qui n'en finissent pas. Sauf qu'elles ont fini par se terminer avec la création des premiers villages cachés, notamment grâce au successeur de Butsuma, Hashirama, le fameux dieu shinobi.
Dieu shinobi qu'il était, connu pour maitriser le mokuton, l'art de commander le foret, la nature et la vie par sa simple volonté, si on en croit les légendes.
Pas étonnant que grand-père se soit fait gentiment démonter la gueule. Mission suicide et complètement impossible à réaliser mis à part, quel combat épique cela devait être.
J'espère au moins qu'il a tenu plus de dix secondes.
Cela sonnait moins bizarre dans ma tête
Mais revenons à ce qui est important, si je me souviens bien le kekkei genkai qu'est le Mokuton est un bien une limite de lignée issue au clan Senju, mais que seul le 1er Hokage a pu maitriser, ayant été le seul de toute l'histoire de son clan à démontrer cette capacité.
Donc pourquoi son père aurait mis à l'écrit de sa main une capacité qu'il ne maitrise pas ? Encore plus quand son fils est le seul à l'avoir acquis et au vu du caractère plus que précieux de cet objet ?
Une seule réponse, c'est bingo.
Je regarde d'un œil satisfait le meuble s'ouvrir en son centre, se séparant en deux coté pour laisser s'ouvrir une entrée vers ce qui doit être le joyeux de cet endroit, celui-ci étant contrairement aux autres pièces du site, anormalement éclairé, une lumière bleutée balayant l'obscurité jusqu'à ma position.
"Intéressant"
Intrigué je ne tarde pas à entrer, découvrant une pièce à peine plus petite que la salle d'opération, contenant une suite d'imposants tubes en verres que l'on croirait sortis d'un film de science-fiction, chacun de la taille d'un homme adulte , tous remplis d'un étrange liquide qui semble être la source de la lumière, certains étant presque difficile à regarder tellement la lumière émanant d'eux est éblouissante, heureusement éviter par le givre et la condensation recouvrant les tubes, obscurcissant légèrement celle-ci.
"Très intéressant." Je pense en posant mon premier pied dans la salle.
Ma seconde action est de plier ma jambe gauche tout en me positionnant mon corps du même côté, faisant se baisser celui et permettant au kunai de passer bien au-dessus de ma tête.
Dans le même moment, je tire mon wakizashi de ma taille à l'aide de mon bras droit et le relève en un éclair, le passionnant de manière perpendiculaire au sol, la seule réaction étant un cri de douleur lorsque la lame tranche sans problème le poignet tenant l'arme.
Un peu trop bien d'ailleurs, c'est ce que je me dis un peu après que je sente un objet être jeté sur le haut de mon crane, me faisant brièvement paniquer, mais plus tellement lorsque que je regarde l'objet en question, une main inerte se vidant lentement sur le sol, le coup ayant légèrement mieux marché que je ne l'imaginais.
"Putain." Je pense en posant ma main sur mon crane, ignorant le déchet en blouse blanche qui hurle à la mort tandis que je m'exaspère sur l'état de mes cheveux.
"Je savais que les entretenir ce matin était une mauvaise idée."
"Ahhhh putain, tu vas payer pour mon br..."
"UN peu de calme merci." Je demande gentiment avant de prendre mon épée par la lame et de m'en servir pour donner une petite tape au visage du type à l'aide de son extrémité en bois. Un peu trop fort peut-être étant donné que cela semble être plus qu'efficace pour le calmer, littéralement je veux dire, l'homme à blouse blanche gisant à terre comme si le marteau divin s'était abattu sur le haut de son crâne.
"Wow." Je fais en examinant ma main suivie de mon arme, assez étonné de ma soudaine démonstration de force.
À moins que cela ait plus à voir avec l'état de mon agresseur, maintenant que j'ai le temps de lui accorder plus qu'un regard, son corps étant si maigre que je suis sûr qu'à ce train-là dans un bon mois il pourrait presque être ajouté à la collection de corps de l'autre côté, sans faire trop tache dans le décor.
Presque...
"Maintenant que j'y pense." je comprends en me retournant pour poser un regard à son coté de l'entrée, pas de levier, pas de bouton, pas de chaine ni rien qui puisse exercer une quelconque pression, rien.
Qui que ce soit, il ne pouvait pas sortir d'ici, ou plus possiblement que cela lui était interdit.
Un corps en ruine, une force digne d'un fœtus, une attaque bâclée et sans technique, la quasi-absence de chakra à un point qui en est presque scientifiquement intriguant, bref loin d'être un ninja ou une quelconque forme de guerrier.
Donc lui pas égal à propriétaire.
Je laisse de côté la belle aux bois dormant pour me focaliser sur le reste de la salle, observant rapidement et avec un certain dégout la seule pièce adjacente à celle-ci, une minuscule salle me rappelant ces cellules servant à l'isolement que j'avais à plusieurs reprises vues dans des documentaires sur les prisons américaines. Un simple matelas taché et dépourvus de tissus d'un côté, une trappe en bois de l'autre, dont l'utilité est assez évidente.
Je referme rapidement la porte de celle-ci histoire d'éviter d'avoir à me boucher le nez plus que nécessaire et commence à faire un état des lieux de la salle principale. Fouillant parmi une pile de notes posées pêlemêle sur une table sans ordres ni liens. La plupart semblant comporter des rapports d'expérience ainsi que l'état de certains individus, notant scrupuleusement chaque détail, mais semblant se focaliser principalement la réaction à certains stimuli et sur la croissance du sujet.
Après avoir feuilleté pendant une dizaine de minutes, je laisse cela sur la table et me focalise sur un rouleau de couleur rouge disposé par terre, fermé et laissé sous la table comme si indigne d'intérêt.
Intéressé, j'ouvre celui-ci pour trouver à mon grand étonnement non pas une autre liste de rapports scientifiques ou autres notes cryptiques et semi ésotériques, mais sur une suite impressionnante de kanji, ceux-ci disposés dans un ordre étrange, se suivant dans plusieurs lignes se formant les uns les autres pour créer un schéma ridiculement compliqué.
"Du fuinjitsu ?" J'exprime en posant ma main sur le milieu du sceau afin d'y envoyer une petite dose de chakra, faisant exploser une petite brume de celui-ci alors qu'une pomme apparait par magie de cette dernière, retombant sur le sol pour aller rouler devant l'un des gigantesques bocaux.
Plus besoin de se demander comment le bougre a su se sustenter, il faut croire qu'il a au moins une certaine importance aux yeux du propriétaire, même si elle n'est que sécuritaire.
"Quoi qu'il en soit, merci de l'attention." Je murmure en rangeant le rouleau à l'intérieur de ma veste avant de me baisser pour ramasser le fruit encore au sol, J'aurais le temps de vérifier sa profondeur et ses limites plus tard.
Une fois la pomme dans ma main, je lève la tête pour examiner la sorte de réservoir à bacta devant moi, intrigué, essuyant rapidement le givre et la condensation sur les bords afin d'observer le corps disposé à l'intérieur. Apercevant le visage d'une femme ayant la vingtaine aux longs cheveux violets, le visage inexpressif comme si endormie, flottant dans le liquide bleu, insensible au monde extérieur.
Pourquoi cela ne peut jamais être simple ?