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Memento - Remember you

Aina est la fidèle servante d'une illustre famille ducale, les Signavit. Une famille aussi mystérieuse que fascinante, dont les membres demeurent cloitrés dans un manoir au sommet d'une impénétrable montagne et le visage perpétuellement couvert par des masques. Malgré tout, elle ne questionna jamais son existence, où l'attitude de ses maîtres et maîtresses, parce que cet endroit était la seule chose qu'elle avait toujours connue. Enfin... Jusqu'à ce que l'un d'entre eux disparaisse mystérieusement. Dès lors, elle entreprit de faire la lumière sur ce mystère, sans savoir que celui-ci actionnait la roue du destin et qu'elle allait retrouver bien plus, dans sa quête de la vérité, que ce qu'elle cherchait au départ... Sans penser que tout ceci allait la ramener des années en arrière, au sein d'une vie dont elle n'avait plus aucun souvenir. "Les apparences sont belles dans leur vérité momentanée." - Octavio Paz Attention ! Ce récit va traiter de sujets qui peuvent être difficiles pour certaines personnes, je vous invite donc à passer votre chemin si les sujets suivants vous mettent mal à l'aise (attention certains termes pourraient spoiler des évènements de l'histoire) : Suicide, violence, maltraitance, dépression, troubles mentaux et viol. ***** « Tu l'aimes ? » l'interrogea l'enfant, dont elle avait totalement occulté la présence pendant quelques minutes. « Qui donc, mademoiselle ? » répondit-elle, incertaine de savoir de quoi pouvait bien parler cette dernière. Elle inclina la tête, comme si elle ne comprenait pas. « Ma poupée. » 'Oh... La poupée.' [...] « Elle est très jolie, mais pourquoi est-elle enfermée ? » ne put-elle retenir sa curiosité. L'intéressée baissa les yeux, pour les glisser sur sa peluche, dont elle caressait le cou de manière affectueuse, donnant à la scène une atmosphère sinistre. « Pour qu'elle ne s'échappe pas. »

Osiriana2350 · Fantaisie
Pas assez d’évaluations
32 Chs

Chapitre 25 - L'amour d'une mère

« Aina ? » l'interpella une voix, quelque part derrière.

Elle sursauta, réalisant que cela faisait maintenant quelques longues minutes qu'elle ne bougeait pas. Elle était stoïque, telle une statue, la brosse à cheveux en hêtre toujours en suspens dans la main. Elle avait totalement perdu de vue la réalité, en repensant à son rêve de la veille. 

'Enfin... Son souvenir.'

Elle avait à nouveau aperçu des images de la vie qu'elle avait eu avant, bien que celles-ci soient légèrement différentes de ce à quoi elle avait pu assister jusqu'ici. Les bribes de souvenirs qu'elle avait recouvré pendant son sommeil étaient les exacts opposés de ceux qu'elle avait acquis après sa précédente crise. 

 'Ceux-là sont heureux.'

Pour la première fois, elle avait eu un aperçu de ce qu'était le bonheur. Elle se rappelait avoir été entourée par sa mère, qui l'enlaçait tendrement et par celui qu'elle pensait-être son frère. 

Bien qu'elle ne parvienne toujours pas à se rappeler leur visage, les sentiments qu'elle avait ressentis en leur compagnie lui étaient revenus. Elle n'était qu'une enfant à cette époque-là, mais les émotions qu'elle avait éprouvé avaient été si fortes, que ce moment n'avait jamais disparu de son esprit. 

Sa mère... Elle avait l'air heureuse à ce moment. 

« Excusez-moi madame. » souffla-t-elle à l'intention de Sorrow, qui était sagement installée devant la coiffeuse de sa chambre. 

'Je ne dois pas être distraite.'

Les nouvelles bribes de son identité la troublaient et elle aurait aimé pouvoir prendre un peu de temps pour y repenser, mais elle devait se concentrer sur son travail et la tâche qu'on lui avait confié. 

Elle reporta son attention sur la matriarche, qui se tenait bien droite, ses longs cheveux d'or retombant en cascade sur ses épaules frêles. Elle avait les mains posées sur les genoux et fixait discrètement son reflet dans le miroir, en prenant soin d'éviter son propre regard. 

C'était à croire que la vision de sa propre personne l'embarrassait... Ou l'effrayait. 

« Est-ce que tout va bien ? » s'enquit la femme, se redressant en silence. « Tu as l'air distraite. » 

Madame était toujours aussi prévenante avec elle, même après l'attitude qu'elle avait récemment eut à son égard. Elle était bien trop généreuse et c'était sûrement pour cette raison que le patriarche ne s'interdisait rien avec elle. Elle était de ceux qui pouvaient tout accepter avec un sourire, même les pires horreurs. 

Wrath n'était d'ailleurs pas venu lui rendre visite depuis un petit moment, mais elle n'avait pas l'air plus secouée que cela. 

« Tout va bien. » tenta-t-elle de rassurer sa maîtresse. « Je vous remercie de vous en inquiéter. »

Sorrow eut l'air dubitative en entendant sa réponse, mais elle ne fit aucun commentaire.

'Elle n'en fait jamais.'

Même lorsque qu'Aina était revenue après son accès de colère, elle n'avait rien dit. Elle s'était contentée de sourire avec douceur, comme si rien n'importait pour elle. Vue sa personnalité douce et miséricordieuse, elle n'aurait peut-être même pas réagi en apprenant qu'Aina avait désobéi aux ordres. 

Peut-être était-elle-même au courant, sans que la jeune domestique le réalise. 

Elle ne savait pas si d'autres que Lust et Elvan avaient eu vent de sa transgression, mais elle espérait simplement que le membre le plus redoutable de la maisonnée demeure dans l'ignorance de sa faute. 

En traversant le manoir ce matin, elle avait eu peur de découvrir Lust ou Wrath, qui l'attendrait au détour d'un couloir, pour lui faire payer son affront. Finalement, elle n'avait vu personne. 

Même pas Lust qui l'appelait habituellement chaque matin pour le servir. Pour la première fois depuis des années, il n'avait pas demandé sa présence. 

'Tout ça est étrange.'

Même si elle était quelque peu heureuse de ne pas avoir à lui faire face, elle ne pu s'empêcher de se sentir nerveuse à l'idée que cela ne lui ressemblait pas. 

Peut-être manigançait-il sa punition, pour la lui infliger au moment où elle s'y attendrait le moins. 

« Que souhaitez-vous aujourd'hui, madame ? » interrogea-t-elle la matriarche, en glissant la brosse qu'elle tenait dans ses longs cheveux blonds. 

La femme fixa silencieusement son reflet, comme pour essayer de visualiser ce qu'elle pourrait vouloir voir apparaître. 

De toutes les activités que la jeune domestique eut à faire, celle-ci était sans nulle doute la plus appréciable et agréable pour elle. Ainsi prendre soin de sa maîtresse la rendait heureuse, parce qu'elle savait qu'elle était une des seules à pouvoir accorder ce temps d'attention et de douceur à sa gentille et pourtant bien seule madame, qui ne voyait presque jamais l'extérieur, autrement que par la fenêtre ouverte de sa chambre. 

Un gazouillement la fit tourner les yeux et elle aperçu le petit oisillon jaune dans sa cage d'or. Le seul ami et compagnon de discussion de dame Sorrow.

'Elle est comme cet oiseau.'

« Je ne sais pas trop... » murmura-t-elle en glissant l'une de ses mèches de cheveux derrière son oreille droite, comme pour camoufler son embarras.

La matriarche était une personne délicate, qui n'avait pas l'habitude que l'on fasse attention à elle. Aussi cédait-elle rapidement à la panique et à l'embarras lorsque la moindre personne lui demandait son avis, ou l'écoutait. 

Aina s'attrista de voir une femme si élégante et grâcieuse, cloîtrée et dépérissant dans sa propre demeure, comme une fleur oubliée. Madame était belle et douce comme un rayon de soleil et la jeune domestique était convaincue qu'elle aurait dû être exposée au monde comme un joyau, plutôt que cachée derrière les épais murs d'une prison. 

Lorsqu'elle se rendait au village et voyait toutes les femmes nobles de ce pays qui flânaient et discutaient sans la moindre considération pour le monde qui les entouraient, elle repensait toujours à Sorrow. Elle l'imaginait seule, dans sa chambre, à regarder désespérément par la fenêtre, en attendant que le seul homme qui ait tous les droits sur elle daigne lui faire l'honneur de sa présence. 

Cet homme froid et pourtant obsessionnel qui l'avait arraché à sa vie et à tout ce qu'elle avait toujours connu.

Elle repensa soudainement à Serenity Salvatoris et se fit la réflexion que c'est à ça qu'aurait pu ressembler Sorrow, si son destin n'avait pas été si tragique... Si elle n'avait pas croisé le chemin du patriarche. 

Elle réalisa que les deux familles étaient en tout point opposées, comme les deux faces d'une pièce : identiques, mais dont l'une était plongée dans l'obscurité, tandis que l'autre baignait dans la lumière. 

'J'espère qu'ils vont bien.'

Elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour eux après la panique dans laquelle la visite de l'inconnu les avaient plongés. Pendant des heures durant, elle s'était demandé qui était la personne qui avait mis la maisonnée sans dessus dessous et ce qui leur était arrivés après son départ. 

Mais elle n'avait eu aucune réponse. 

Elle n'avait rien obtenu de tout cela, si ce n'était davantage de questions sans réponses. Elle avait l'impression de n'avoir fait aucune avancée depuis le début de sa quête de la vérité. Elle nageait toujours dans un épais brouillard dont elle ne semblait pas pouvoir apercevoir la fin. 

Elle ferma les paupières en soupirant, avant de reporter son attention sur sa maîtresse, qui n'avait toujours pas dit un mot de plus. Sa présence la ramena à la réalité et lui rappela que quelqu'un se trouvait devant elle et qu'elle avait autre chose à faire, avant de se replonger dans le mystère qui entourait cette maison et celle qui lui était accolée. 

« Ne vous retenez pas madame, vous pouvez me demander tout ce que vous voulez. »

Aina n'avait que peu de pouvoir dans cet endroit mais – au moins pendant ce court instant – elle voulait donner le choix à sa maîtresse. Elle vit que madame n'était pas du tout habituée à cela, puisqu'elle eut l'air d'hésiter longuement, avant d'enfin serrer les mains sur ses genoux, comme si elle était parvenu à une conclusion. 

« Je... » hasarda-t-elle et Aina lui adressa un petit sourire, comme pour l'inviter à poursuivre. « J'aimerais te coiffer. »

'Me coiffer ?'

La jeune domestique se figea, surprise par les mots de Sorrow auxquels elle ne s'attendait pas du tout. De toutes les choses que sa maîtresse aurait pu lui demander, elle n'aurait jamais pensé à celle-ci. 

« Madame... » souffla-t-elle, soudainement perplexe. « Je suis votre servante, je... »

Elle ne pouvait pas se faire servir par dame Sorrow, elle n'en avait pas le droit. Comment une jeune femme venue de nulle part pouvait-elle imaginer se faire coiffer et apprêter par une noble d'un si haut rang ? Si quelqu'un la voyait...

« Tu as dis que je pouvais tout te demander. »

Aina ne parvint pas à réfuter ces dires, car cela était la vérité. Elle s'était engagée à faire ce que Sorrow lui demanderait. Elle l'avait promis. 

Cela n'en était pas plus facile pour autant, étant donné leur rang respectif. 

« Je n'ai jamais eu l'occasion de coiffer personne... » expliqua-t-elle, les yeux tournés vers l'extérieur. 

Le cœur de la jeune femme se serra, en comprenant ce dont elle parlait. 

'Personne.'

Même pas ses enfants. Aina compris rapidement que sa jeunesse rappelait sa progéniture à sa dame, ainsi que le fait qu'elle n'avait jamais pu partager ce genre de moments avec elle. Les Signavit étaient une famille strict, qui mettait un point d'honneur à ce que ses descendants soient les plus indépendants et matures possibles. La tendresse et l'affection n'avaient pas lieu d'être sous l'autorité de fer de Wrath, dont les sentiments avaient toujours semblés réprimés, voire inexistants. 

Elle se mordit les lèvres, hésitante, mais l'idée de refuser à dame Sorrow la toute première envie qu'elle exprimait lui sembla insupportable. Aussi n'eut-elle d'autre choix que celui de hocher la tête. Elle entendit la femme pousser un soupir de ce qui ressembla à du soulagement, avant de se lever pour attraper Aina par le poignet et l'entrainer jusqu'à la chaise, où elle la fit asseoir. 

Cette dernière se sentit quelque peu mal à l'aise de voir madame se glisser derrière elle, avant d'agripper un peigne, mais elle ne broncha pas, bien trop absorbée par l'éclat d'émotion et de bonheur qu'elle vit dans ses yeux boisés. 

Elle lui rappela une enfant à qui on venait d'offrir un jouet et Aina ne parvint donc pas à la décevoir en lui rappelant que ce qu'elles étaient en train de faire n'était pas autorisé. 

« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire... » marmonna-t-elle, pensive, sans forcément attendre une réponse de sa part. 

Sans même patienter plus longtemps, elle glissa le peigne dans les cheveux d'Aina, soulevant petit à petit ses mèches de sa main libre. La sensation était étrange et la chatouillait un petit peu, mais elle ne parvint pas à s'empêcher de trouver cela agréable.

C'était une première fois pour elle aussi. 

Jamais personne ne s'était occupé d'elle comme cela, où alors elle ne s'en rappelait pas. 

« Je ne te fais pas mal ? »

La jeune domestique fit signe que non, amusée par le ton réjoui et presque excité de madame, qui s'attelait avec application à la tâche. Elle, se laissait faire sans rien dire et la regardait simplement dans le miroir, contente de voir qu'elle appréciait ce moment presque autant qu'elle. 

Il était évident que Sorrow n'avait pas l'habitude, au vue des petits moments d'hésitation qu'elle exprimait, mais Aina ne pipa mot, la laissant simplement faire ce que bon lui semblait, comme elle avait rarement l'occasion de le faire. 

Madame opta pour des nattes, qu'elle prit une quinzaine de minutes à faire, en s'y reprenant à plusieurs fois, car elle n'était pas satisfaite du résultat. Toutes deux ne parlèrent aucunement, mais le silence n'eut pas l'air de rendre l'une ou l'autre inconfortable. Tout ce que l'on entendit fut le glissement des branches du peigne dans ses cheveux et le léger souffle du vent qui entra par les fenêtres entrouvertes. 

'C'est reposant.'

L'instant lui sembla si agréable qu'elle en oublia presque la position dans laquelle elle se trouvait et toutes les choses qui l'avaient tourmenté depuis la disparition de Despair. Ce moment lui fit l'effet d'une bouffée d'oxygène, pour elle qui avait l'impression d'étouffer. 

« Qu'en penses-tu ? » l'interrogea finalement Sorrow, qui avait terminé son œuvre. 

La jeune femme admira celle que le miroir lui renvoya d'un air pensif. Elle glissa les yeux sur ses cheveux, mais se trouva bien rapidement distraite par sa maîtresse, dont les deux mains s'étaient posées sur ses épaules. Elle était proche d'elle, au point d'avoir glissé sa joue contre le haut de son crâne, comme si elle s'apprêtait à lui murmurer quelque chose à l'oreille. 

Dans ses yeux elle vit une note d'espoir, mêlée à l'appréhension qui la fit presque sourire. 

'Elle a peur que ça ne me plaise pas.'

Elle entrouvrit les lèvres pour lui répondre, lorsqu'un voile flou tomba sur Sorrow, qu'elle regardait toujours. Cet instant lui fit un drôle d'effet, qui lui rappela étrangement un autre évènement similaire. 

'Comme le tableau dans le bureau de Wrath.'

Elle attendit, légèrement surprise et constata que ses suppositions étaient vraies, lorsqu'une autre image se superposa progressivement à ce qu'elle était en train de voir. Une fois encore, elle se força à ne pas détourner les yeux et à rester concentrée, de sorte que la chose qui se dessinait devant elle ne disparaisse pas. 

Le visage de Sorrow se brouilla et se déforma devant elle, tandis que la robe qu'elle portait ondula comme la surface de l'eau, se transformant petit à petit en autre chose. 

'Qu'est-ce que c'est ?'

« Alors ? Ça te plait ? »

[Alors ? Ça te plait.]

Elle entendit la voix familière de sa maitresse, à laquelle une autre, plus grave et profonde se superposa, comme pour l'accompagner en chœur. Cette dernière lui sembla être celle d'un homme, qui lui rappela vaguement quelque chose, sans qu'elle parvienne à mettre le doigt dessus. 

Elle devait être en train d'halluciner, mais elle n'arriva pas à détourner le regard pour autant. Au bout de quelques secondes, son propre visage et son corps se troublèrent également et elle vit apparaitre les contours de ce qui ressembla à une autre robe.

Celle-ci était légèrement grisâtre et informe, comme les chemises de nuit des servantes du manoir. La chevelure qui retombait dessus demeura similaire à la sienne, à la différence que celle-ci était lâchée et bien moins nette et lissée. Elle était plus... désordonnée. Autour de son cou pendait un pendentif bien modeste en argent, mais dont le motif en forme de demi-cœur la troubla. 

Elle plissa les yeux pour mieux voir, mais elle eut la sensation que cela ne fit qu'accentuer le voile brumeux qui semblait déformer la scène que son esprit essayait de lui représenter. Elle avait l'impression d'être à deux doigts de découvrir quelque chose, comme lorsque l'on avait un mot sur le bout de la langue, sans parvenir à le nommer. 

« Aina ? »

[....] 

Cette fois-ci l'autre voix ne se superposa pas exactement. Elle prononça quelque chose d'autre, mais le mot fut complètement submergé par la voix de dame Sorrow, ne laissant à Aina aucune occasion de comprendre ce que son hallucination lui disait. 

Sur la silhouette flou de sa maîtresse, qui ne semblait à première vue être qu'un amas de fumée noire, elle vit enfin apparaitre quelque chose d'autre.

Une grande silhouette masculine toute de noir vêtue, portant un bracelet en argent gravé au poignet. Son accoutrement paraissait plutôt simpliste, comme celui d'un homme d'origine modeste, mais ne semblait pas pour autant être de mauvaise facture, ce qui fit dire à Aina qu'il n'était peut-être pas si éloigné de la noblesse que cela. Ces vêtements lui semblèrent légèrement étranges, mais plus que cela, c'est son visage qui commençait à apparaître qui l'intrigua. 

Le voile noir se leva petit à petit à la base de son cou et elle entraperçu ses lèvres fines qui s'ouvrirent pour prononcer quelque chose, qui ne lui parvint que comme un murmure étouffé. 

'Qui est-il ?'

Elle avait l'étrange impression de le connaître, sans pour autant que son apparence lui évoque le moindre souvenir. 

« Aina ! » s'écria cette fois-ci Sorrow, qui la secoua. 

Elle eut à peine le temps de voir les lèvres de la femme en chemise blanche bouger, avant que l'image disparaisse complètement et qu'elle se retrouve à nouveau en compagnie de Sorrow, qui la regardait étrangement. Cette dernière la tenait par les épaules et s'était placée juste en face d'elle, comme pour la forcer à l'observer. 

Il fallut quelques secondes à la jeune femme pour recouvrer ses esprits et sortir de l'état de transe dans lequel elle s'était trouvée quelques secondes plus tôt. 

« C'est très beau, maîtresse. » souffla-t-elle avec un sourire tremblant. 

Elle ne savait pas ce qu'il venait de se produire, mais elle n'avait pas envie que Sorrow la questionne à ce sujet, aussi fit-elle mine de rien. 

'C'est encore arrivé.'

La matriarche demeura silencieuse quelques instants, avant de toussoter et de se redresser, pour se replacer derrière elle.

« Tu es très belle, Aina. »

La jeune femme ne s'entendit même pas la remercier. Elle arbora un sourire, faisant semblant d'être attentive, alors que toute son attention était tournée vers celui qu'elle avait entraperçu. Vers la voix qui la tourmentait depuis si longtemps et sur laquelle elle commençait enfin à mettre un visage et... Peut-être même bientôt un nom.