Le silence qui régnait après leur ascension des escaliers était assourdissant. La forteresse, bien qu'encore debout, semblait avoir perdu de sa solidité, comme si elle se désintégrait lentement depuis l'intérieur. Chacun des membres du groupe reprenait son souffle, encore sous le choc de ce qu'ils venaient de vivre. Livia, les mains toujours serrées autour de l'artefact, ne pouvait s'empêcher de fixer la pierre, sentant l'énergie étrange qu'elle dégageait.
— « C'était… », Max cherchait ses mots, encore trop secoué pour formuler une pensée cohérente. « C'était un cauchemar. »
— « Ça l'est toujours, » répondit Tom, observant autour d'eux avec méfiance. « On n'est pas encore sortis d'affaire. »
Livia hocha la tête, son visage crispé par l'inquiétude. « Il faut comprendre ce qu'on a entre les mains maintenant. Ce n'est pas qu'un simple artefact. »
Anaïs, toujours sur ses gardes, s'approcha de Livia. « On a réveillé quelque chose, c'est évident. Ces ombres… elles faisaient partie d'un tout plus grand. Il y a une raison pour laquelle cet artefact était scellé. »
— « Mais on ne peut pas faire marche arrière, » murmura Jules, le regard sombre. « On ne peut pas laisser ça ici, ni retourner à la surface sans savoir ce qu'on transporte. »
— « Le village, » déclara soudain Livia, brisant le silence. « C'est notre seule piste. Ce n'était pas un hasard si nous sommes arrivés là-bas en premier. Quelque chose nous y a guidés, et peut-être qu'ils ont des réponses. »
Le groupe acquiesça silencieusement. Ils savaient qu'ils n'avaient pas d'autre choix. La forteresse semblait vouloir les expulser, comme si elle leur intimait de quitter ce lieu maudit avant qu'il ne s'effondre complètement.
Ils firent demi-tour, se frayant un chemin à travers les couloirs désormais plongés dans une semi-obscurité. L'angoisse des créatures rencontrées plus tôt pesait toujours sur leurs esprits, mais aucun d'eux n'osa prononcer un mot. La pierre semblait irradier une énergie palpable qui renforçait cette atmosphère oppressante. Livia pouvait presque sentir un murmure lointain, une voix indéfinissable provenant de l'objet dans ses mains.
Quelques heures plus tard, ils émergèrent enfin de la forteresse. La nuit tombait à l'extérieur, et une brume s'étendait sur la vallée. L'air, devenu plus glacial, contrastait avec la chaleur oppressante de l'intérieur du bâtiment.
— « Je pensais qu'il serait rassurant de sortir d'ici, mais maintenant, tout semble encore plus sinistre, » murmura Max.
Le groupe avança prudemment à travers la vallée, en direction du village qu'ils avaient aperçu plus tôt. Ce même village qui leur avait donné un bref espoir avant que la réalité de la situation ne se dévoile. Le chemin fut long et silencieux, chacun absorbé par ses propres pensées. Livia restait en tête, la pierre serrée contre sa poitrine, comme si elle craignait qu'on la lui arrache. À chaque pas, elle sentait une lourdeur supplémentaire dans son cœur. Comme si cet artefact demandait un prix qu'elle n'avait pas encore compris.
Ils arrivèrent enfin en vue du village, mais quelque chose clochait. Depuis la colline, ils virent que les rues étaient désertes, les maisons abandonnées, et les lanternes vacillantes projetaient des ombres fantomatiques sur les murs. Le village semblait avoir été abandonné depuis des décennies, alors qu'il paraissait intact lors de leur première rencontre. Une sensation glaciale les parcourut.
— « Il y avait des gens ici la dernière fois, » murmura Anaïs, regardant autour d'elle. « Où sont-ils tous passés ? »
Tom s'approcha de l'entrée d'une maison, sa main tremblant légèrement lorsqu'il poussa la porte. À l'intérieur, tout semblait figé dans le temps. Des assiettes brisées jonchaient le sol, des chaises renversées, et les fenêtres battaient au gré du vent.
— « Ils sont partis dans la précipitation, » dit-il en inspectant la pièce. « Comme s'ils fuyaient quelque chose. »
Livia sentit une vague de panique monter en elle. Le village était leur seul espoir de comprendre ce qu'ils devaient faire avec l'artefact, et maintenant, ils se retrouvaient seuls, avec plus de questions que de réponses. Elle sentit à nouveau le poids de la pierre dans ses mains, et la voix intérieure qu'elle avait entendue dans la forteresse semblait revenir, plus forte cette fois.
Soudain, un craquement résonna derrière eux, suivi d'un souffle rauque. Tous se retournèrent instantanément. Dans l'ombre d'une ruelle, une silhouette apparut lentement. C'était un vieil homme, vêtu de haillons, ses yeux grands ouverts et brillants d'une lumière étrange.
— « Vous avez trouvé ce que vous cherchiez, n'est-ce pas ? » Sa voix était éraillée, comme si elle n'avait pas été utilisée depuis des siècles. « Vous portez maintenant le poids de cette terre… »
Livia s'avança, le cœur battant. « Vous savez ce qu'est cet artefact ? »
L'homme hocha lentement la tête. « Vous l'avez réveillé… la pierre ne dort plus. Mais ce que vous ne comprenez pas, c'est qu'elle réclame un prix. »
— « Un prix ? » demanda Max avec un rire nerveux. « On ne veut rien de tout ça. Si c'est un problème, on peut la remettre où on l'a trouvée. »
Le vieil homme secoua la tête, un sourire triste aux lèvres. « Ce n'est pas aussi simple. Vous l'avez touchée, vous l'avez éveillée. Maintenant, vous êtes liés à son destin. La pierre contient une puissance ancienne, bien plus grande que ce que vous pouvez imaginer. Mais elle ne vous servira que si vous êtes prêts à sacrifier ce que vous avez de plus cher. »
Le groupe échangea des regards, la peur se lisant dans leurs yeux.
— « Quel genre de sacrifice ? » demanda Livia, sentant que la réponse ne lui plairait pas.
Le vieil homme la fixa intensément. « Cela dépend de vous. Mais vous devez comprendre que la pierre réclame toujours ce qui est le plus précieux… Ce n'est qu'en acceptant ce sacrifice que vous pourrez empêcher les ténèbres de s'étendre. »
Un silence lourd s'installa. Livia sentit ses mains trembler. Elle savait que le chemin qu'ils avaient emprunté ne les conduirait plus à la sécurité. Ce qu'ils avaient trouvé dans la forteresse n'était pas simplement un artefact, mais la clé d'un pouvoir ancien et dévastateur. Et maintenant, ils devaient choisir : fuir et laisser cette force les consumer, ou faire face à l'ultime sacrifice.
La voix du vieil homme résonna à nouveau, mais cette fois plus faible, presque comme un murmure. « Vous devez être prêts… car la pierre choisira. »