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19

POV Jace

La semaine s'était écoulée à une vitesse fulgurante. Entre les réunions interminables du conseil pour discuter de mes nouvelles responsabilités en tant que chef et les rencontres avec les Alphas des meutes alliées, déjà arrivés en vue de la cérémonie, je n'avais pas une seconde à moi. Pourtant, même au cœur du tourbillon des tâches et des obligations, une pensée tenace me poursuivait, hantant mes nuits et parasitant mes journées : elle.

Cela faisait cinq ans que je m'efforçais de l'oublier, de l'effacer de ma mémoire comme on efface un rêve au réveil. J'avais cru y être parvenu… ou du moins c'est ce que je me racontais. Avery, ma compagne, m'avait répété à plusieurs reprises que j'étais distrait, absent, que je faisais "la tête". Mais en vérité, rien de tout cela n'avait d'importance.

Une soirée, éreinté par les réunions, je rentrai enfin au domaine. Mon seul souhait était de m'écrouler dans mon lit et trouver un semblant de repos. En ouvrant la porte de ma chambre, mon souffle se coupa. Avery était là, étendue sur mon lit, vêtue d'une lingerie noire satinée qui laissait peu de place à l'imagination. Elle me lança un regard langoureux.

— "Écoute, Avery, ce n'est pas le moment. Je suis fatigué," grognai-je en me passant une main sur le visage, agacé.

— "Mais on ne se voit plus depuis des semaines !" pleurnicha-t-elle, ses yeux brillants d'une irritation mal dissimulée. "Quand on se voit, tu es… ailleurs."

Je pris une inspiration, tentant de contenir l'agacement qui montait en moi.

— "Avery, demain soir c'est la cérémonie. Tu vois bien que je passe mes journées en réunions et en préparatifs pendant que toi, tu te prélasses et tu t'occupes de tes ongles !" Mon ton était plus acerbe que je ne l'aurais voulu.

Elle se redressa brusquement, ses joues rougies par la colère.

— "Ça ne t'a jamais dérangé ces cinq dernières années, mon 'rythme de vie', comme tu dis ! Qu'est-ce qui a changé, Jace ?!" hurla-t-elle.

Je laissai échapper un soupir exaspéré.

— "Peut-être que je suis fatigué. Peut-être que, contrairement à toi, tout le monde n'a pas le luxe de ne rien faire," rétorquai-je. "Alors si tu pouvais me laisser tranquille…"

Ses yeux s'assombrirent d'une lueur menaçante.

— "J'ai entendu par des bruits de couloir qu'Ava est de retour," dit-elle d'une voix aigre. "Et comme par hasard, tu es distant et froid depuis ce moment-là. C'est cette… cette garce qui te fait vaciller ?!"

Mon cœur manqua un battement à l'évocation d'Ava, mais je me forçai à maintenir mon masque d'indifférence.

— "Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ! Je m'en fous d'Ava, tu le sais très bien !" ripostai-je.

Elle me fixa avec une intensité glaçante, comme si elle pouvait sonder mes pensées.

— "Ah oui ? Alors pourquoi est-ce que tu regardes toujours vers la porte lors des repas, hein ? Pendant cinq ans, tu n'as jamais fait ça !" murmura-t-elle, son regard brillant d'une tristesse mêlée de rage.

L'agacement cédait à la colère. Je perdis patience.

— "Avery, tu me soûles. Rentre chez toi," lançai-je sèchement.

Elle me jeta un dernier regard empli de mépris.

— "Très bien, Jace, je rentre," siffla-t-elle en s'éloignant. "Mais ne t'inquiète pas, des choses arrivent parfois…"

Je n'accordai aucune importance à sa menace à demi-voilée et, épuisé, je me couchai en espérant que le sommeil m'emporterait rapidement.

En pleine nuit, des bruits et des cris me réveillèrent en sursaut. Je bondis du lit et descendis précipitamment, suivant le bruit jusqu'au hall principal. Là, je trouvai Avery, deux de nos guerriers et mon cousin Lucian en pleine dispute. Le regard de ce dernier était glacial, et la tension dans la pièce était palpable.

— "Qu'est-ce qui se passe ici ?" demandai-je, l'air sombre.

Lucian ne me regarda même pas, son regard était fixé sur Avery.

— "Demande à ta 'future Luna'," cracha-t-il avec un dégoût manifeste.

Avery, les yeux écarquillés, balbutia.

— "Il… il n'y a rien, Jace ! Ton cousin est juste un cinglé ! Il nous a attaqués !"

Lucian fulminait, et ses poings étaient serrés.

— "Avery, je t'ai dit de rentrer chez toi. Va-t'en, maintenant, avant que je ne te l'ordonne officiellement," ordonnai-je froidement.

Elle recula, visiblement déstabilisée, puis tourna les talons et s'enfuit, ses talons claquant sur le sol.

Je fusillai mes deux guerriers du regard.

— "Et vous deux, disparaissez," ajoutai-je d'un ton tranchant.

Ils déguerpirent sans demander leur reste. Une fois seuls, je me tournai vers Lucian.

— "Alors ? Que s'est-il passé ?"

Lucian passa une main tremblante dans ses cheveux, son regard trahissant à la fois la colère et l'indignation.

— "Je me promenais dans la forêt quand j'ai entendu des bruits de lutte. J'ai vu cette louve au sol, couverte de sang, et j'ai reconnu Avery et deux de tes guerriers. Elle leur demandait de l'achever," cracha-t-il, un dégoût palpable dans la voix.

Je savais immédiatement de qui il parlait. Ava.

— "J'ai attaqué les deux guerriers pour les éloigner et m'assurer qu'elle allait bien. Puis je les ai suivis jusqu'ici." Il se tourna vers moi, ses yeux flamboyant d'une lueur indéchiffrable. "Et c'est là que j'ai vu que c'était Avery."

Mon estomac se noua. Je savais qu'Avery pouvait être possessive, mais je n'aurais jamais cru qu'elle irait jusqu'à mettre la vie d'Ava en danger.

— "Ne t'inquiète pas, Lucian. Je vais gérer ça," murmurai-je, plus pour me rassurer moi-même que pour le calmer.

Lucian eut un ricanement amer.

— "Ouais, comme tu as géré ta 'compagne'. Au fait, elle est magnifique, ta chère Ava," ajouta-t-il avec un sourire indéchiffrable.

Un sentiment mordant de jalousie m'envahit. Lucian et moi n'avions jamais été très proches, malgré nos liens familiaux. Il était un Alpha respecté, venu de l'autre bout du pays, et sa présence ici était davantage par obligation familiale que par affinité.

Le soir de la cérémonie arriva, et la salle était déjà remplie d'invités. Je n'avais pas revu Avery depuis l'incident de la veille. Elle apparut à mon bras, mais chaque fois qu'elle tentait de m'adresser la parole, je l'ignorais délibérément, me contentant de saluer les invités avec courtoisie.

Et c'est à ce moment-là que je la vis. Ava. Elle se tenait près du bar, un verre à la main, l'air un peu mal à l'aise, comme si elle voulait fuir au moindre prétexte. Pourtant, elle était… éblouissante.

Lucian apparut soudain à mes côtés, un sourire moqueur étirant ses lèvres.

— "Félicitations, Jace," dit-il, feignant la sincérité.

— "Merci, Lucian."

Il suivit mon regard et, en apercevant Ava, esquissa un sourire en coin.

— "Qui fixes-tu ainsi ?" me demanda-t-il avant de se diriger vers elle, son sourire s'élargissant.

Je serrai les poings en les voyant échanger des sourires, une jalousie brutale me consumant de l'intérieur.