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Memento - Remember you

Aina est la fidèle servante d'une illustre famille ducale, les Signavit. Une famille aussi mystérieuse que fascinante, dont les membres demeurent cloitrés dans un manoir au sommet d'une impénétrable montagne et le visage perpétuellement couvert par des masques. Malgré tout, elle ne questionna jamais son existence, où l'attitude de ses maîtres et maîtresses, parce que cet endroit était la seule chose qu'elle avait toujours connue. Enfin... Jusqu'à ce que l'un d'entre eux disparaisse mystérieusement. Dès lors, elle entreprit de faire la lumière sur ce mystère, sans savoir que celui-ci actionnait la roue du destin et qu'elle allait retrouver bien plus, dans sa quête de la vérité, que ce qu'elle cherchait au départ... Sans penser que tout ceci allait la ramener des années en arrière, au sein d'une vie dont elle n'avait plus aucun souvenir. "Les apparences sont belles dans leur vérité momentanée." - Octavio Paz Attention ! Ce récit va traiter de sujets qui peuvent être difficiles pour certaines personnes, je vous invite donc à passer votre chemin si les sujets suivants vous mettent mal à l'aise (attention certains termes pourraient spoiler des évènements de l'histoire) : Suicide, violence, maltraitance, dépression, troubles mentaux et viol. ***** « Tu l'aimes ? » l'interrogea l'enfant, dont elle avait totalement occulté la présence pendant quelques minutes. « Qui donc, mademoiselle ? » répondit-elle, incertaine de savoir de quoi pouvait bien parler cette dernière. Elle inclina la tête, comme si elle ne comprenait pas. « Ma poupée. » 'Oh... La poupée.' [...] « Elle est très jolie, mais pourquoi est-elle enfermée ? » ne put-elle retenir sa curiosité. L'intéressée baissa les yeux, pour les glisser sur sa peluche, dont elle caressait le cou de manière affectueuse, donnant à la scène une atmosphère sinistre. « Pour qu'elle ne s'échappe pas. »

Osiriana2350 · Fantasía
Sin suficientes valoraciones
32 Chs

Chapitre 22 - Sermon

« Il arrive. »

Il ?

Aussitôt, les Salvatoris s'observèrent et hochèrent la tête, comme s'ils étaient en conversation silencieuse. Sur leur visage qui avait perdu toute joie, elle vie l'urgence et l'inquiétude et ces détails suffirent à la faire revenir sur terre.

Elle renifla, essuyant ses larmes à peine sèches et se releva pour les observer, les pressant du regard de lui expliquer ce qu'il était en train de se produire. Serenity s'approcha d'elle et lui prit les mains, plongeant ses yeux à présent sérieux et graves dans les siens.

« Il faut que tu partes. » lui annonça la femme, la voix empreinte d'une certaine inquiétude, avant que Joy commence à débarrasser le thé et les gâteaux qui avaient été installés dans le salon avec empressement. 

Aina nota que son intention ne semblait pas simplement être de tout ranger, mais bien de faire disparaître toute trace du fait qu'elle s'était trouvée ici. 

« Ecoutes-moi. » la rappela Serenity à la réalité, la secouant légèrement pour la sortir de sa torpeur. « Quelqu'un vient et il ne faut pas qu'il te vois ici, tu comprends ? »

'Quelqu'un.'

« Qui ça ? » 

Serenity hocha la tête pour lui faire signe qu'elle ne pouvait rien dire et s'écarta, avant que Joy lui prenne à son tour le poignet et l'emmène le long du vestibule. 

« Prends soins de toi. » lui souffla tristement la duchesse, serrant ses enfants contre elle.

La sonnerie de la demeure résonna entre les murs et les jeunes gens se figèrent brièvement, avant que Joy presse un peu plus le pas en direction de la porte menant à sa demeure, qui se trouvait en fait juste derrière un pan de mur coulissant, comme dans le bureau de Wrath. Aina se laissa faire, incrédule, tandis que son esprit tournait à toute allure. 

La situation avait radicalement changé en si peu de temps qu'elle ne savait pas du tout comment réagir, ni quoi penser. 

« Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il se passe ? » bégaya-t-elle, tandis que l'homme la poussait délicatement à l'intérieur de la caverne, sans faire cas de son trouble. 

Joy s'arrêta, regardant derrière lui et passa la main dans ses cheveux sombres, comme en conflit intérieur. 

« Je ne peux pas t'expliquer. » finit-il par dire, les dents serrées. « Tout ce que tu dois faire est de retourner d'où tu viens et ne plus revenir ici, tu comprends ? »

'Ne plus revenir ?' 

Elle ne comprenait pas ce que Joy racontait. 

« Mais... Pourquoi ? »

Il la prit brusquement par les épaules.

« Je t'en supplie. Ne pose pas de questions et fais-moi confiance. » plaida-t-il, avant de reprendre en voyant qu'elle ne lui répondait pas. « Fais-le pour moi, d'accord ? »

Elle ne comprenait pas bien pourquoi Joy lui disait cela, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes, mais elle se surprit à acquiescer docilement, comme si le simple son de sa voix et l'affection qu'elle croyait y percevoir, suffisaient à la convaincre de le croire.

Une nouvelle sonnerie résonna et Joy la poussa à nouveau complétement à l'intérieur, avant d'actionner le levier qui refermait le mur, sans même lui laisser le temps de protester. Elle demeura figée, voyant l'obscurité l'engloutir petit à petit et la silhouette de Joy disparaitre à mesure que l'ouverture se refermait sur elle. 

Machinalement et poussée par une force invisible, elle tendit la main vers lui, une vague douleur lui tordant le ventre, avant qu'elle l'aperçoive faire de même.

« Ne nous oublie pas... » murmura-t-il, disparaissant dans le noir. « Aina. »

L'obscurité s'empara d'elle et la secoua toute entière. Elle se retrouva à nouveau seule et engloutie par le silence et la pénombre. Elle eut la soudaine impression de flotter dans le vide, comme si la réalité avait complétement disparue. La douleur qu'elle ressentit un peu plus tôt ne la quitta pas, mais elle lui sembla bien plus supportable.

'Les Salvatoris.'

Ils étaient des gens bien étranges.

Clic.

Elle entendit un petit bruit et se tourna pour découvrir un halo de lumière vers lequel elle se dirigea, comme un automate. Aussitôt, elle se retrouva dans une pièce particulièrement familière : le bureau de Wrath. Le manoir, auquel elle avait été habituée toute son existence, lui sembla tout à coup bien triste et dénué de toute beauté. 

Dire qu'elle avait eu un aperçu de ce qui se rapprochait le plus du bonheur.

Elle baissa les yeux, prise d'une certaine mélancolie en repensant à la douceur de Serenity, la prévenance de Joy et la gentillesse de Hope et Trust. 

'Si seulement j'avais une famille comme celle-ci.'

Un hoquet de stupeur s'échappa de ses lèvres à cette pensée et elle plaqua sa main contre sa bouche, l'air coupable.

Comment avait-elle pu penser pareille chose ? Sa mère, son frère et son père qu'elle ne connaissait pas... Comment pouvait-elle ainsi les renier pour envier une autre famille ? Quelle fille et sœur horrible était-elle pour penser de la sorte.

« Qu'est-ce que tu fiches ici ? » grogna la voix d'un homme qui lui fit froid dans le dos.

Elle releva brusquement la tête et croisa les yeux froids et pleins de rage de Lust, qui se tenait dans l'encadrement de la porte, les poings sur les hanches. 

'Oh mon dieu.'

Un torrent de sueur froide glissa le long de son dos et son cœur s'emballa brusquement à la vue de l'homme qui était son pire cauchemar, devant elle. Il avait revêtu sa chemise blanche entrouverte et son pantalon en cuir noir, qu'il utilisait lorsqu'il se rendait dans sa salle de loisir. 

'Je suis morte.'

Il l'avait trouvé et en plein milieu du bureau de Wrath où personne n'était censé se rendre. Elle se rappela également que la porte menant à l'autre côté était encore ouverte derrière elle et ses mains – non, son corps tout entier – se mirent à trembler sous l'assaut de la terreur. 

Lust posa sur elle des yeux meurtriers et cruels, qui avaient l'air prêts à l'écarteler vivante. 

« Je t'ai posé une question ! » hurla-t-il, frappant des pieds sur le sol jusqu'à se trouver face à elle. 

Elle sursauta, surprise par son accès de colère et baissa les yeux, pitoyablement. Il en était fini d'elle, elle le savait à présent. La peur rampas comme un serpent au fond de son âme, prête à fondre sur elle comme un prédateur. 

« Jeune maître, je... » tenta-t-elle, soudainement incapable de formuler la moindre phrase. 

« Tu es allée là-bas, c'est ça ? » l'interrogea-t-il, plein de dédain et de cruauté. 

Lust, à cet instant, était terrifiant au point qu'elle crut pouvoir s'évanouir à sa vue. 

« Réponds ! » 

« O-Oui... » bégaya-t-elle. « Oui. »

Elle n'osa pas observer l'expression qui passa sur son visage lorsqu'elle confessa son péché devant lui, mais elle le vit agripper violemment son poignet, avant de la traîner dehors. Le cœur battant à tout rompre et la respiration courte, elle se laissa entrainer derrière lui, ignorant la douleur de sa poigne forte et brutale sur sa peau pâle. 

Elle allait finir dans le donjon, elle en était certaine. Des images de ce que le patriarche et Lust pourraient lui faire passèrent devant ses yeux et elle grimaça. 

Elle allait probablement mourir, ou pire. 

Au bout d'un moment, ils s'arrêtèrent et Aina eut à peine le temps de reconnaître le couloir de l'aile Est du manoir, que Lust la secoua en la fusillant du regard.

« Tu as désobéi à nos ordres. » tonna-t-il comme une condamnation à mort. 

Elle trembla sur place, réprimant les larmes qui menaçaient de retomber sur son visage. 

« Regardes-moi quand je te parles ! »

Elle releva aussitôt la tête, comme happée par sa voix qui hurlait près d'elle. Aina fit face à la violente colère du jeune maître, mais remarqua tout de même que ses pupilles s'animèrent d'autre chose... D'un sentiment totalement différent qui le poussa à regarder partout autour de lui, comme s'il cherchait à savoir si quelqu'un était proche d'eux. 

Il avait l'air... Inquiet ? Mais pourquoi ?

Cette pointe d'humanité qu'elle décela en lui disparu aussitôt au profit d'une profonde rage, qui menaçait de déferler sur elle. 

« Si tu retournes là-bas, je te tue, tu m'as bien compris ? » la menaça-t-il, le poing serré comme s'il voulait la frapper. 

Elle frissonna à l'idée d'être l'objet de sa haine et s'empressa de hocher la tête pour ne pas le contrarier. 

Il grogna comme un animal enragé et lui jeta un dernier coup d'œil, avant de tourner les talons et de la laisser là, plantée dans le couloir. 

Elle mit quelques minutes à réaliser qu'il était partit. Elle relâcha brusquement un souffle qu'elle ne savait pas qu'elle retenait, avant d'apercevoir Elvan qui venait du même endroit. Elle fut d'abord effrayée que Lust l'ait appelé, en lui révélant qu'Aina avait désobéi, mais l'inquiétude qu'elle vit sur son visage lorsqu'il la découvrit, lui fit dire que ce n'était pas le cas.

Lust ne l'avait pas dénoncée.

Elle se fit la réflexion que cela ne lui ressemblait pas, mais elle se trouva soulagée qu'il ait gardé pour lui tout cela. 

« Quelque chose ne va pas ? » l'interrogea son ami, qui trottina jusqu'à elle. 

Elle resta d'abord silencieuse, reprenant son souffle avec peine, comme si elle avait faillis se noyer. Elvan lui tapota le dos délicatement, sans la presser pour qu'elle se livre et lorsqu'elle se releva pour plonger son regard dans le sien, ses défenses se brisèrent.

Ses jambes lui semblèrent n'être que du coton et elle s'écroula sur le sol, avant de se mettre à gémir, comme une enfant qui se serait blessée. Elvan l'appela, lui prit les mains et la secoua, comme pour la forcer à lui dire ce qui n'allait pas, mais elle ne parvint qu'à se laisser aller contre lui, évacuant toute la terreur qui l'avait secouée un peu plus tôt.

Elle avait survécu à tout cela. 

Elle n'allait pas mourir. 

'Enfin pas encore.'