7 — Nous ne partageons aucune relation

Assise sur une chaise dans sa chambre, Cynthia regardait fixement la tasse de thé posée devant elle sur la table.

La couleur du liquide s'assombrit au fil des secondes, et un faible rire s'échappa de ses lèvres rosées.

Ce n'était pas la première fois que de telles tentatives étaient faites. Pourtant, Cynthia ne parvenait pas à comprendre la persistance derrière celles-ci.

Les rumeurs n'étaient-elles pas suffisantes pour dissuader ceux qui orchestreraient ses tentatives d'assassinat ? Pensaient-ils encore qu'elle était une cible facile ?

Bien qu'elle admette n'être pas aussi forte que ses frères, elle pouvait facilement combattre dix hommes à la fois !

Dans un élan de frustration soudain, elle saisit la tasse et la lança au sol. Des éclats se dispersèrent et le thé éclaboussa le plancher tandis que Rin poussa un cri étouffé, surprise par l'action brutale de la princesse.

"Comportement scandaleux," pensa-t-elle, imitant le ton méprisant des nobles.

Ils ne savaient rien de sa vie avant son entrée dans la haute société l'année dernière, lors de sa première apparition, et ils ne se souciaient pas de savoir si elle était en vie pendant les années où ses frères étaient en guerre. Pourtant, ils prétendaient la connaître.

Cynthia ne s'en souciait pas ; elle comprenait que leurs vies étaient probablement monotones et qu'elle, une princesse, était un excellent sujet de ragots.

Pour se protéger de ces vipères malveillantes, elle avait été tranchante et froide envers les dames qui se moquaient d'elle pour ne jamais assister à leurs goûters.

Depuis, elle avait été étiquetée comme la méchante, un rôle qu'elle n'avait aucun problème à jouer.

Après tout, pourquoi devrait-elle être aimable avec des gens qui ne l'appréciaient pas et qui la dévoreraient à la première occasion ?

Le bruit de pas capta l'attention de Cynthia. Elle se retourna rapidement, son visage s'illuminant à la vue de l'homme aux cheveux blonds s'approchant d'elle.

"Frère !" s'exclama-t-elle, souriant en se levant de son siège et s'inclinant gracieusement pour le saluer.

Le regard d'Alistair tomba sur la tasse brisée au sol, et il pencha la tête sur le côté, curieux.

"Que s'est-il passé ?" demanda-t-il, haussant un sourcil.

Comprenant sa question, Cynthia jeta un coup d'œil en direction de sa servante, Rin, qui se tenait à côté d'elle, les lèvres tremblantes.

"Oh ! Elle m'a juste échappé des mains. Ne vous en faites pas. Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Rin, apporte un peu de thé pour Sa Majesté," indiqua Cynthia, jetant un regard à sa servante.

Rin acquiesça et sortit précipitamment de la pièce.

Alistair sourit et s'assit en face de sa sœur.

"Qu'est-ce qui t'amène dans mes appartements ? Tu aurais pu simplement envoyer un serviteur et je serais allée te rendre visite," demanda Cynthia en s'asseyant.

"Je voulais te faire savoir... Les préparatifs du mariage ont commencé."

Le roi baissa les yeux, déçu de lui-même. Il ne pouvait protéger Cynthia du mariage politique qu'il méprisait et ne pouvait lui offrir le choix d'épouser l'homme qu'elle aimait.

"Qu'y a-t-il, frère ?"

"Je..." Alistair soupira.

"Qu'est-ce qui te tracasse ?" demanda Cynthia, posant doucement sa main sur celle de son frère, qui reposait sur la table à thé.

"Je n'ai pu te protéger de rien."

De rien ? Bien sûr...

Bien qu'elle soit d'accord, Cynthia secoua la tête avec un sourire. Elle ne pouvait être dure envers son frère.

"C'est bon. Tu n'as pas à t'en vouloir."

"Tu peux encore refuser ! Je te jure que je trouverai une autre solution !" la voix d'Alistair tremblait en parlant.

Une vision sombre et lugubre envahit son esprit. D'innombrables corps sans vie éparpillés sur le sol, avec du sang cramoisi coulant comme une rivière rouge.

Cynthia retira sa main de l'étreinte de son frère, les mains tremblantes alors qu'elle le fixait d'un air horrifié.

"C'est mon devoir en tant que princesse. Il faut que je le fasse !" s'exclama-t-elle. "J'ai des affaires à régler, excusez-moi, s'il vous plaît," se leva-t-elle de son siège et se précipita hors de sa chambre.

Les yeux d'Alistair se remplirent de larmes tandis qu'il regardait la silhouette de sa sœur s'estomper lentement dans le couloir.

Quand sa petite sœur est-elle devenue si mature ? Les années ont passé et il ne s'en était pas rendu compte.

"Bonjour, Votre Altesse," dit une voix d'homme, un ton moqueur persistant dans sa salutation respectueuse alors qu'il s'inclinait devant la jeune femme.

"Duc Ramsel," murmura Cynthia, fronçant les sourcils à la vue de l'homme d'âge mûr.

Comme si elle ne l'avait pas vu, Cynthia passa à côté de lui, agaçant l'homme aux cheveux gris.

"Tu ne sembles pas aussi ravie de me voir que je le suis de te voir," l'homme força un sourire, essayant désespérément de cacher sa fureur, et suivit la princesse.

"Pourquoi me suivez-vous ?" exigea-t-elle d'un ton ferme, ce qui choqua l'homme.

"Cela fait huit ans que nous ne nous sommes pas vus," dit Duc Ramsel en marchant devant la princesse à grands pas, l'empêchant d'aller plus loin.

Cynthia serra les poings, le foudroyant du regard.

"J'avais raison… tu ressembles de plus en plus à ma sœur au fil des jours," l'homme aux cheveux gris sourit, posant sa main sur la tête de Cynthia.

Bien que son estomac se tordît à son contact, elle réprima l'envie de rejeter son bras.

"Je suis content de l'entendre, Duc Ramsel," força-t-elle un sourire.

"Duc Ramsel ?" l'homme cliqua de la langue en signe de désapprobation. "Je suis ton oncle ! Et toi, ma nièce. Nous n'avons pas besoin d'user de telles formalités entre nous, Cynthia !"

"Votre Altesse," corrigea Cynthia.

Duc Ramsel plissa les sourcils, confus par ses mots.

Interprétant son expression perplexe, Cynthia continua.

"Vous devriez me désigner comme Votre Altesse, Duc Ramsel. Peu importe si vous avez des liens avec moi ; vous ne devriez pas ignorer les formalités en public," fit-elle signe en direction de leur environnement.

Ils se tenaient dans un jardin rempli de fleurs vibrantes, un espace ouvert où n'importe qui pouvait passer. Bien que la verdure des arbres puisse servir de mur, tout dans le palais avait des oreilles.

"Votre Altesse," l'homme devant Cynthia rit. "Tu plaisantes très bien."

La princesse Cynthia soupira, secouant la tête. C'était une pensée stupide de croire que cet homme comprendrait jamais ses limites.

"Duc Ramsel, écoutez-moi attentivement. Nous n'avons aucune relation. Pas après ce qui s'est passé dans le passé. Mes frères vous l'ont bien fait comprendre," déclara Cynthia, verrouillant son regard violet sur les yeux dorés du duc.

"Aucune relation ?" le Duc Ramsel rit. "Ceux qui n'ont aucune relation avec toi sont ceux que tu appelles frères ! Ils te vendent au royaume ennemi ! Comment peux-tu leur faire confiance si aveuglément ?! Tu n'es même pas—"

Duc Ramsel s'arrêta lorsqu'il sentit une lame froide contre sa peau.