Neuf Ans-II

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Après le dîner, Élise alla laver la vaisselle dans la cuisine. Gilbert et Russel allèrent discuter dans le salon, leurs épouses étant absentes car elles étaient allées parler de quelques histoires dans le salon familial pour tricoter des pulls. Un crépitement venait de la cheminée lorsque Gilbert rajouta des bûches pour augmenter la température.

« Élise est vraiment devenue une adulte. Quand elle est venue dans cette maison pour la première fois, elle était tellement inconsolable avec tristesse et très silencieuse qu'elle ne pouvait prononcer une seule lettre. » Russel parla depuis le canapé, ses yeux se rappelant le souvenir nostalgique d'Élise effrayée par tout ce qu'elle voyait ou entendait. Après avoir été envoyée du Manoir des White, les étrangers étaient quelque chose qu'elle voyait comme des monstres et qu'elle évitait toujours.

Gilbert retourna à sa place avec un regard bienveillant. « Tu as raison. Le temps passe vraiment vite et avant que je le réalise, elle va avoir dix-sept ans la semaine prochaine. Son anniversaire sera célébré à la maison, n'oublie pas et viens à sa fête. »

« Bien sûr ! Pour moi, Élise n'est pas une nièce mais plutôt comme une petite sœur, comment pourrais-je être absent à son anniversaire ? Mais... Dix-sept ans, hein... » Russel répéta. « Alors il est temps pour elle de trouver un mari. En tant que belle jeune femme, je suppose que beaucoup d'hommes se sont alignés pour demander sa main, n'est-ce pas ? »

Gilbert secoua la tête, ce qui fit pencher celle de son frère sur le côté. « Le problème est... Élise a rejeté toutes les propositions de mariage sous prétexte qu'elle veut travailler. »

Russel vit son frère soupirer et lui tapota l'épaule, tentant de consoler son frère. « De quoi t'inquiètes-tu ? Ce n'est que du travail, beaucoup de femmes travaillent maintenant en ville comme commerçantes ou peut-être ouvrières de cuisine. »

« Elle ne veut pas travailler là-bas. J'ai demandé où elle voulait travailler, mais ce n'est pas un lieu pour une humaine normale, en particulier pour une dame. »

Russel posa sa tasse. « Que veux-tu dire ? »

« Elle veut travailler dans l'Église. Pas en tant que nonne, mais en tant que Femme d'Église. Elle veut travailler comme une personne qui protégerait l'ordre de l'Église pour que les Êtres Mythiques puissent vivre avec les humains. » Gilbert afficha une expression encore plus dévastée. Travailler dans une Église en tant que membre de l'Église est un grand honneur, surtout pour les humains, cependant, pour en devenir une, Élise devra surmonter trois épreuves données par l'Église. Et comme les travaux de l'Église sont très dangereux, mourir dans l'exercice de leurs fonctions n'était pas une chose rare.

Un soupir de surprise s'échappa des lèvres de Russel. Il prit quelques longs moments pour digérer ce que son frère avait dit à propos de sa nièce et ne pouvait toujours pas croire à ses plaisanteries. « Tu fais une blague très sèche, mon frère. »

« Je souhaiterais aussi que ses paroles soient une blague, mais malheureusement pour nous, ce n'est pas le cas. » Gilbert se pencha en arrière dans son siège et murmura. « Je veux valoriser et soutenir son choix, mais celui-ci, je ne peux pas. »

« Est-ce parce qu'elle a été sauvée et adoptée par l'Église et qu'elle lui en est reconnaissante ? » questionna Russel.

« Je ne sais pas peut-être que c'est la raison mais je suis déterminé à m'opposer à son idée de travailler là-bas. Cela peut sembler juste et honorable de travailler en tant que Femme d'Église, mais avec sa propre vie en jeu, je ne peux laisser ma fille sur le fil ténue de la mort. »

Russel ne dit rien car il s'opposerait également à l'aspiration d'Élise à travailler dans l'Église. Ils partagèrent un long silence. Russel sirota son thé chaud et continua, « sans offense, mais travailler dans l'Église nécessite de passer un test très difficile. Je sais qu'elle est une enfant brillante, mais je pense toujours qu'elle ne réussira pas. » Il frotta l'épaule de son frère et donna un conseil léger. « Respectons son souhait de passer d'abord l'examen. »

« Diana a également suggéré cela, mais elle est le genre d'enfant qui ferait tout ce qu'il faut pour réussir. J'ai peur qu'elle y parvienne. » répondit Gilbert. « Elle est ma seule fille, autant je veux respecter son souhait, je ne veux pas la perdre. »

Debout à côté de la porte avec un léger écart entre celle-ci, Élise se tenait immobile tout en tenant un plateau avec deux tasses pour écouter en silence la conversation de son oncle et de son père. Cela faisait une semaine qu'elle avait informé ses parents de sa décision de vouloir travailler dans l'Église.

Bien qu'elle savait que ses parents adoptifs s'inquiéteraient de la voir travailler dans un environnement très dangereux, cela ne changeait pas sa volonté de vouloir y travailler. Elle est l'Enfant Doux, la seule humaine qui se tient à la frontière entre les Êtres Mythiques et les Humains. Elle avait vu des Êtres Mythiques de ses propres yeux et savait à quel point ils étaient différents des rumeurs que les gens de sa Ville avaient.

C'étaient aussi des êtres vivants et ils avaient un cœur, c'était quelque chose qu'Élise voulait croire car elle avait été aidée par un être mythique du Bâtiment des Esclaves. Elle était trop jeune à l'époque et ne comprenait pas la conséquence et la chance qu'elle avait d'avoir pu s'échapper du bâtiment des esclaves avant qu'ils ne lui imposent une marque contraignante qui s'appelait le pacte d'esclave.

Les esclaves ne sont pas vus comme des humains et ils valaient bien moins que du bétail. Les tuer ne signifierait rien et les gens ne cligneraient pas des yeux en les voyant être torturés dans la rue, elle avait tout vu de ses propres yeux.

Élise vola un coup d'œil de la pièce et décida de ramener la boisson dans la Cuisine et de prendre son repos pour la journée. Élise qui s'était changée en chemise de nuit éteignit la bougie et se dirigea vers la petite fenêtre à côté de son lit pour soulever le bas de la balustrade. La douce brise nocturne souffla sur ses joues roses, apportant une sensation de calme à la nuit.

Elle brossa ses cheveux sur le côté et glissa quelques mèches derrière ses oreilles pour contempler le ciel au-dessus, essayant de trouver la lune qui avait disparu derrière les nuages. Elle détacha un peu son regard du ciel et fit glisser ses doigts sur les bracelets rouges qui l'avaient accompagnée pendant plus de dix ans de sa vie. Ils avaient l'air un peu usés maintenant et son intuition lui disait qu'il ne serait pas long avant qu'elle doive vivre sans leur protection.

« Vous m'avez bien protégée, » loua-t-elle le petit bracelet.

Travailler dans l'Église serait le meilleur endroit pour elle d'utiliser son pouvoir pour la bonté et apprendre à se protéger, pensa-t-elle. Elle n'avait pas encore révélé ses pouvoirs à ses parents adoptifs et avait décidé de ne pas le faire.

Ses parents adoptifs, Gilbert Scott et sa femme Diana Scott sont des gens très gentils avec l'âme la plus bienveillante qu'elle ait jamais rencontrée. Cela faisait presque neuf ans le jour où ils l'avaient adoptée.

Quand elle est venue à la maison pour la première fois, elle était remplie d'insécurités et de peurs lorsqu'ils l'ont adoptée, mais néanmoins, le couple et Russel se sont bien occupés d'elle.

Cela a dû être difficile pour un jeune couple avec un enfant de cinq ans d'accueillir une petite fille avec à quel point ils étaient occupés, cependant, ils ont donné leur meilleur pour lui donner soin et amour. Jusqu'à la fin, Élise est devenue une jeune femme brillante, comme le souhaitaient ses parents. Son oncle Russel était beaucoup plus comme un grand frère pour elle car il vivait avec le couple Scott jusqu'à ce qu'elle rencontre Sharon qui est maintenant sa tante.

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