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À la recherche d'une opportunité

Le lendemain matin, Ale se réveilla avec plus d'énergie. La veille au soir, il avait invoqué un sort d'air, créant une barrière d'environ dix centimètres d'épaisseur autour des murs de son appartement. Cette barrière permettait emprisonnant les sons dans un circuit silencieux et étouffant les bruits qui venaient des appartements voisins. Grâce à ce sort, Ale n'avait plus été dérangé par les cris ou les conversations, et il avait enfin bien dormi.

En s'étirant dans son lit, il songea à son matelas. « Il faudrait que je trouve une solution pour rendre ce lit plus souple, » murmura-t-il. L'idée d'utiliser la magie de terre pour y faire pousser de la mousse lui traversa l'esprit. « À essayer peut-être, » pensa-t-il en souriant légèrement. Le soleil n'était pas encore levé. Il jeta un œil à l'horloge et vit qu'il était six heures du matin.« Peut être je dormirai un peu plus longtemps si le matelas est un peu plus souple » se dit-il en riant intérieurement.

Une fois préparé, il sortit pour refaire sa routine du matin. Il commença par passer à la boulangerie. La file d'attente s'était déjà formée devant la boutique. L'odeur réconfortante du pain chaud émanait de l'échoppe, comme chaque jour. Martha, toujours aussi souriante, l'accueillit chaleureusement, tandis que Henry grognait depuis l'arrière, se plaignant des prix des matières premières qui ne cessaient d'augmenter. Après avoir récupéré son pain, Ale se dirigea vers l'épicerie voisine pour acheter des rillettes.

En entrant dans la boutique, Renan l'accueillit avec son habituelle énergie.

« Alors, gamin, tu fais quoi dans la vie maintenant qu'on se connaît un peu ? Aventurier, c'est ça ? » demanda Renan en jetant un coup d'œil rapide aux marchandises. Ale acquiesça.

« Oui, je vais devenir aventurier. Ma formation commence dans six jours. » Renan plissa les yeux, pensif.

« Et t'as déjà de quoi t'équiper ? Une épée, une armure, tout ça ? »

Ale secoua la tête. « Non, pas encore. J'ai pas assez de sous pour l'instant. »

Renan hocha la tête, visiblement préoccupé. « Hmm, ça va être compliqué, ça, surtout si tu veux te lancer sérieusement. Mais écoute bien, gamin, y'a un moyen de gagner un peu d'argent rapidement ici. T'as déjà entendu parler des travaux journaliers ? »

Ale fronça les sourcils. « Travaux journaliers ? Non, c'est quoi ça ? »

Renan sourit et se pencha légèrement en avant. « Tous les matins, vers six heures, les gens se rassemblent sur la place pour trouver du boulot. Ça continue jusqu'à sept heures. T'as encore une chance d'y aller aujourd'hui, il est six heures trente, t'es dans les temps ! Des employeurs viennent avec des pancartes pour recruter des travailleurs pour la journée. Certains boulots peuvent te rapporter deux ou trois pièces d'argent par jour, ça dépend de ce que tu fais. »

Ale fit rapidement un calcul mental. « Si je travaille pendant les six prochains jours, je pourrais peut-être m'acheter au moins une épée avant ma formation… » murmura-t-il.

Renan, satisfait de voir qu'Ale avait saisi l'idée, ajouta :

« Faut arriver tôt, être vif, et montrer que t'es prêt à bosser. Les employeurs prennent toujours les plus costauds et les jeunes en bonne santé. Et fais gaffe à qui tu fais confiance, gamin. Y'a des types pas nets qui traînent dans le coin, fait attention à toi»

Ale hocha la tête. « Merci pour le conseil, Renan. Je vais tenter ma chance aujourd'hui. »

Renan sourit et lui tapota l'épaule. « Bonne chance, gamin. T'es malin, je suis sûr que tu t'en sortiras. »

Ale quitta l'épicerie, le sac un peu plus lourd de rillettes, mais l'esprit bien plus léger avec les nouvelles informations en poche. S'il parvenait à décrocher un travail pour la journée, il pourrait enfin accumuler un peu d'argent pour s'équiper convenablement.

Ale marchait rapidement vers la place, finissant son petit-déjeuner à la hâte : un morceau de pain noir avec des rillettes. Il avait en tête les conseils de Renan et espérait avoir de la chance aujourd'hui pour décrocher un travail. Lorsqu'il arriva, il vit une trentaine de personnes déjà rassemblées sous l'estrade, certaines paraissaient impatientes, d'autres abattues.

Sur l'estrade, un homme robuste, tenant une pancarte avec l'inscription « Ramasseur – 2 pièces d'argent », parlait d'une voix forte et confiante. « Mesdames, messieurs, travail simple aujourd'hui : du ramassage dans les autres quartiers. Vous n'avez besoin d'aucune compétence particulière, il suffit juste de ramasser des objets recyclables. Travail facile avec une bonne paie ! »

Le discours eut pour effet d'agiter la foule en dessous de l'estrade. Les mains se levèrent, certains sautaient même sur place, espérant attirer l'attention. L'homme, en agitant sa pancarte, désignait les travailleurs potentiels :

« Toi, là-bas, le gars avec les cheveux roux. Toi, le costaud à droite. Et toi, là, tu as l'air en forme. » Après avoir sélectionné son équipe, il descendit calmement de l'estrade, laissant la place au prochain employeur.

Ale, qui n'avait pas levé la main, de contentait de comprendre la manière dont ces recrutements fonctionnaient. Un autre employeur monta sur l'estrade avec une nouvelle pancarte.

« Mesdames, messieurs, je vous propose un travail facile : il vous suffit de livrer de petits colis dans la ville. Chaque livraison vous rapporte 10 pièces de bronze. Plus vous faites de livraisons, plus vous êtes payé. » Ale se dit que c'était un travail intéressant et leva la main. Il ne se fit pas remarquer cette fois-ci. L'homme choisit quelques personnes. Après cette vague de recrutements, il ne restait plus qu'une vingtaine de personnes sur la place.

Alors qu'Ale commençait à douter de ses chances, un autre homme monta sur l'estrade avec un sourire satisfait, tenant une pancarte différente cette fois.

« Mesdames et messieurs, écoutez-moi bien. J'ai une opportunité en or pour vous ! Vous n'allez pas me croire. Le vicomte Alaric de Montclair organise un banquet pour les 18 ans de son fils, Adric, et nous avons besoin des personnes motivés pour aider au service. C'est un travail simple : vous servirez les clients aux tables, et vous serez payés 20 pièces d'argent pour la soirée ! C'est pas magnifique ? » À peine eut-il fini sa phrase que l'excitation gagna la foule. Des murmures émerveillés se firent entendre parmi les travailleurs.

« 20 pièces d'argent ! Je peux nourrir ma famille pendant deux mois avec ça ! » s'écria un homme maigrichon, ses yeux brillants de joie.

« Quelle générosité ! » murmura un vieil homme.

« On a bien fait de ne pas être pris avant ! » ajouta un autre, en se félicitant de son attente. Le nom du vicomte Alaric Montclair fut scandé à plusieurs reprises : « Vive le vicomte ! Vive le vicomte ! »

Ale, lui aussi, ne put s'empêcher d'être enthousiaste. Avec 20 pièces d'argent, il n'aurait plus à se soucier de ses finances pour un temps. Peut-être qu'il pourrait même s'équiper correctement avant de commencer sa formation d'aventurier.

Alors qu'il était dans sa pensée à comment dépenserait les 20 pièces d'argents, une voix familière résonna à côté de lui.

« Hé, petit gars, fais attention. » Ale se tourna et vit Chance, le mendiant qu'il avait rencontré la veille. L'air grave, Chance le regardait avec méfiance. « Ça semble trop beau pour être vrai, non ? » dit Chance en haussant un sourcil.

« 20 pièces d'argent, juste pour servir à table ? Je te le dis, l'argent ne tombe pas du ciel, surtout pas de la part du vicomte. Cet homme est avare. Il n'a jamais levé le petit doigt pour aider les gens du bidonville, et c'est lui qui a laissé les mafieux contrôler le quartier. Tout ce qui l'intéresse, c'est l'argent des taxes que les mafieux lui versent. »

Ale regarda Chance avec attention, une part de lui voulant croire à cette opportunité dorée, mais une autre se rappelant les paroles du vieil homme la veille. Les promesses d'argent facile n'avaient jamais été sans conséquence.

« Moi, à ta place, je n'y croirais pas trop à cette bonne affaire, » continua Chance en grimaçant. « Des histoires comme ça, on en entend souvent dans le bidonville, et elles finissent rarement bien. Réfléchis bien avant de te lancer. » Ale regarda autour de lui, voyant l'excitation des autres travailleurs. Mais l'avertissement de Chance résonnait dans son esprit. Que faire ? Accepter cette offre ou continuer à chercher quelque chose de plus sûr ?

Ale hésita un moment, son regard se perdant dans la foule enthousiaste. L'offre semblait trop belle pour être vraie, mais après tout, c'était un vicomte.

« S'il veut vraiment gouverner ce peuple, il doit bien tenir sa parole… non ? » pensa-t-il à haute voix, essayant de se convaincre. « Je vais tenter ma chance, Chance, » répondit-il finalement avec un petit sourire en coin.

Le vieil homme, Chance, resta silencieux un moment, son regard s'assombrissant. Ale, avec un geste de gratitude, lui tendit une part de pain noir tartinée de rillettes. « J'espère que j'ai tort sur ce coup, » murmura Chance en acceptant la nourriture avec un soupir lourd. Il croqua dans le pain avant de déglutir difficilement, comme s'il s'apprêtait à révéler un secret lourd de conséquences.

« Je vais te donner une information, gamin... et crois-moi, j'espère que ce ne sera pas la dernière fois qu'on se croise. » Sa voix se fit plus basse, un murmure presque imperceptible. Ale se pencha légèrement en avant, tendant l'oreille. « Quand tu travailles pour le vicomte, ils te feront signer un contrat. Mais... lis bien les petites lignes, gamin. Chaque mot. Si tu ne sais pas lire, demande à quelqu'un de confiance. Parce que sinon... tu vas y laisser bien plus que tu ne crois. »

Chance serra sa main sur la croûte du pain comme s'il revivait un cauchemar passé.

« Je parle d'expérience. Moi aussi, j'y ai laissé des plumes. »

Le silence s'installa entre eux, coupé seulement par le souffle froid du vent d'hiver. Ale fronça les sourcils, cherchant à comprendre ce que sous-entendait le vieil homme. Chance le regarda un instant, l'air grave.

Chance se leva lentement, ses vieux os craquant sous l'effort. « Je te le dis pour ton bien, gamin. Fais gaffe aux promesses de ceux qui sont en haut... elles finissent souvent par écraser ceux qui sont en bas. »

Ale hocha la tête, profondément pensif. « Merci, Chance. » « Rappelle-toi, je suis toujours ici si t'as besoin d'informations… » ajouta Chance avant de s'éloigner, disparaissant dans les ombres de la place.

Ale resta assis quelques instants de plus, fixant l'horizon. Les mots de Chance résonnaient dans son esprit comme un avertissement. Il se redressa, serrant la bandoulière de son sac, et jeta un dernier regard vers la place bondée. L'homme avec la pancarte continuait de guider les gens avec un sourire satisfait, apparemment satisfait de l'effervescence qu'il avait déclenchée.

Ale expira profondément. « Je vais être prudent, Chance, » murmura-t-il à lui-même avant de se lever. Sans se retourner, il se mêla à la foule qui suivait l'homme. Ale s'engouffra dans la foule, le regard déterminé. Il était prêt à affronter ce qui l'attendait.