Le côté doré du feu

Le choix était en réalité relativement simple. Leur but initial était de venir en aide à la forêt Miyang, dans laquelle se situait le Domaine de Throne. Il y avait deux problèmes à cela.

Le premier était que leur destination se trouvait sur le continent d'à côté, et le second résidait dans le fait qu'ils n'étaient simplement pas assez puissants pour sauver le Domaine de Throne de l'attaque de plusieurs Souverains enragés, et dieu seul sait combien de Seigneurs et de Maîtres.

Les solutions à ses deux problèmes étaient miraculeusement à Sandsea ! Elles consistaient à mener une guerre révolutionnaire contre une Sorcière-Serpent du rang de Seigneur, puis à emprunter un navire au royaume du désert pour traverser la mer et l'océan. Sur le chemin, ils pourraient faire une halte à Poséide, puis se diriger droit vers le Domaine !

Sans compter qu'ils libéreraient une nation d'une reine qui, ils en avaient eu la preuve, autorisait l'esclavagisme. S'ils pouvaient devenir les héros libérateurs d'un pays manipulé par sa reine, c'était une option favorable.

Le plan était simple, mais compliqué, pour ne pas dire irréalisable. Bien que pour en juger, Noctis devait déjà voir les forces révolutionnaires en action, et la traversée du désert était une excellente option pour réaliser une analyse de leur puissance globale au combat.

À la grande surprise de Noctis, ils dépassaient ses espérances, du moins pour des gens ordinaires. Ils avaient une maîtrise parfaite de leurs Aspects magiques et d'une coordination presque parfaite, comme les membres d'un seul corps. Noctis aurait pu s'y attendre, car ils avaient beau ne pas être des Maîtres, ils restaient des militaires surentraînés.

« Je me demande si les armées de l'Empire et du Monde souterrain sont aussi effrayantes... » Pensa-t-il en observant cinq soldats massacrer un Effroi Sanguinaire semblable à la fusion entre un gros scorpion et une mouche géante.

Les soldats n'étaient pas doués qu'en combat. Ils savaient bien se dissimuler, se cacher dans le désert à tel point qu'on ne les remarquais pas, même en étants à quelques mètres d'eux. S'il y avait un domaine dans lequel l'armée révolutionnaire était médiocre, c'était bien la cuisine : même lorsqu'ils débordaient de viande de monstre, ils ne servaient que des plats potables. Tous avaient été bien contents lorsque Noctis s'était, scandalisé par la qualité des repas, autoproclamé responsable cuisinier de la troupe ; un événement grâce auquel les soldats révolutionnaires traitaient le trio avec beaucoup plus de respect.

- « Le général le cache, mais il raffole de tes plats ! » Lui avais même dit une femme en manteau azur.

Ahmès n'avait rien à envier ni à ses soldats ni au trio. Malgré son ton léger et son tempérament placide, le général d'armée révolutionnaire et prince déchu du royaume centenaire de Sandsea était un combattant redoutable. Ses subalternes l'appelaient souvent « l'œil d'aigle » entre eux, car il ne manquait jamais une flèche.

Noctis appris, au détour d'une conversation, que la couleur dorée des yeux d'Ahmès n'était pas naturelle et qu'elle venait de son Aspect magique, plus précisément d'un Attribut lié à son Aspect. Grâce à ses yeux, le prince pouvait passer de la vision d'un humain à celle d'un aigle, pouvant percevoir les plus petits détails à des kilomètres de distance. Cette vue perçante était plus précieuse que de l'or, car pour un criminel recherché par tout le pays, voir à une distance pareille permettait d'éviter toute embuscade ou piège.

Ahmès était aussi précieux comme combattant que comme éclaireur : avec une vue comme la sienne, louper une cible avec une flèche était tout simplement impossible, et ce seul fait faisait de lui un être exceptionnel. Alors le fait qu'il soit également doué à l'archerie faisait de lui quelqu'un de tout simplement inestimable !

C'était à tel point que le prince tirait rarement moins de deux flèches en même temps. Même là, chacune atteignais sa cible, causant des dégâts irréparables, car les flèches étaient également des armes mortelles loin des flèches ordinaires.

Elles venaient d'un carquois intégralement fabriqué en bois sombre, qui était une arme de l'âme capable de fabriquer une infinité de flèches noires. De plus, le désert était un environnement où vivait une multitude de race monstrueuses usant du poison pour tuer, ce qui arrangeait bien Ahmès qui avait toujours à sa disposition un flacon de poison provenant d'une bête furieuse.

Enfin, Noctis avait été témoin d'une seconde arme de l'Arsenal de l'âme du prince déchu : son arc. Fabriquée dans un bois clair comme la lune, sa corde semblait être un fil d'argent d'une solidité exceptionnelle et d'une flexibilité à toute épreuve. Si Ahmès était exceptionnel à l'arc, il savait également manier l'épée et la lance, bien que n'ayant qu'une maîtrise rudimentaire de ses deux armes.

Pour couronner le tout, Ahmès semblait pouvoir se repérer dans le désert comme s'il n'était pas une mer de dunes Infini, mais une ville bien indiquée. Heureusement, et au plus grand soulagement de Noctis, le prince Ahmès n'était pas parfait et avait même de nombreux défauts.

Le plus évident d'entre eux était son manque étonnant de capacités physiques. Il était toujours doté d'une force redoutable et d'une endurance supérieure à la normale, mais pour un Maître, c'était un défaut étonnant.

Il était également un très mauvais cuisinier et un piètre musicien.

Plus étonnant, il lui était difficile de gérer la frustration, ce qui pouvait vite être un grave problème lorsqu'on voyageait avec Loyd...

Loyd prenait un malin plaisir à faire des plaisanteries et des taquinerie avec tout le monde, mais sachant qu'Ahmès était une cible facile à énervée, il l'avait désigné comme victime principale. Au bout d'un moment, Ahmès s'était habitué à être appelé « petit prince ».

Avec une troupe aussi compétente, la traversé de l'enfer de sable était simple, même reposante. Les attaques de monstres ou la peur de se perdre n'étaient plus un problème, tout comme les vivres. Ils commençaient même à s'habituer à la chaleur pesante.

Certaines nuits, ils dormaient dans des petites ruines, qui étaient nombreuses dans le pays. Elles étaient les vestiges des habitations des anciens peuples avant l'alliance de Sandsea, et représentaient beaucoup pour son histoire.

D'autres nuits, pourtant, ils se retrouvaient à dormir à la belle étoile, à même le sable. Ce n'était pas si désagréable, surtout si on considère la beauté du ciel nocturne du désert ; chaque nuit, l'étoile monarque disparaissait à l'horizon et alors, le ciel d'un noir profond se parsemait d'une tapisserie éthérée d'étoiles scintillantes. C'était un royaume céleste, aussi vaste que le destin lui-même, qui bordait les frontières de l'infini et reflétait la pureté paradoxale du monde des Hommes.

Le désert était vaste, plus encore que la forêt-noire, mais au bout d'un long voyage d'une semaine, ils arrivèrent à leur destination.