La chasse (partie 2)

Dix minutes plus tard.

Noctis était debout immobile, toujours recouvert de cendre et de boue, car ceux-ci masquaient son odeur.

Au pied d'un arbre, à une dizaine de pas derrière lui, gisais mort un gros vert gris.

Une Frayeur Nocturne, et une particulièrement faible. Noctis savait que vendre le corps de lui avait rapporté que quelques pauvres pièces, il a donc préféré s'en servir comme appât pour une cible plus grosse.

Laquelle se rapprochait, aveugle, dirigé par l'odeur du sang putride du ver.

La Frayeur, bien sûr, n'avait aucun moyen de savoir qu'un obstacle vivant se tenait sur son chemin… Du moment que celui-ci ne faisait pas de bruit…

Debout, immobile, sur le chemin de l'abomination, Noctis n'émettait aucun son.

En fait, il retenait même son souffle et forçait son rythme cardiaque à ralentir.

Alors qu'il regardait l'abominable créature s'approcher, tous ses instincts lui criaient de se détourner et de courir. Cependant, il ne bougea pas du tout.

Bientôt, la Frayeur était si proche qu'il put discerner chaque détail horrible de son corps hideux. Alors, Noctis laissa ses lèvres se tordre en un rictus mauvais.

- « Je t'ai eu, bâtard. » , Murmura-t-il.

Au son de sa voix, la Frayeur sursauta et se tourna vers lui. Mais il était trop tard.

L'odachi explosa en avant, fendant la terre et s'élevant en un arc de cercle vers le haut. Noctis tirait d'une main et poussait de l'autre, utilisant son long manche comme un levier.

En un instant…

L'abomination fut divisée en deux moitiés.

Une fraction de seconde plus tard, Noctis sautait déjà en arrière.

Juste comme ça, une Frayeur Sanguinaire était morte.

Cependant, l'odachi était coupé net à la moitié de la lame. Poussant un juron, le garçon se précipita en avant et planta la lame brisée dans la chaire putride du monstre : il allait tenter de récolter le plus de matériaux rares et chers avant que l'odeur de la bataille n'attire d'autres abominations errantes, bien plus terrible que celle-ci.

À ce moment, loin au-dessus, une nuée de corbeaux s'envola dans le ciel.

Alors que Noctis extrayait un morceau de viande et un organe endommagé et qu'il les fourrait sans cérémonie dans un sac à patates usée, il entendit une voix lui susurrer à l'oreille.

[Vous avez tué une Frayeur Sanguinaire, Fanfaron blanchâtre.]

[Vous obtenez une âme Sanguinaire de niveau un]

« Enfin.»

L'âme était de niveau un, car l'ennemi était une simple Frayeur. Cependant, c'était tout de même une âme Sanguinaire… Il pourrait s'en servir pour créer une arme, une armure, ou même la vendre !

La voix que Noctis avait entendue était la Lettre d'Hérésia. C'était son nom, car c'était le dernier cadeau d'Héresia des déchus avant sa disparition.

Noctis n'en savait pas plus. Non pas qu'il n'avait pas cherché ; un surnom comme « des déchus » savait à lui seul rendre curieux. Malheureusement, il n'avait pas trouvé grand-chose…

Seulement la citation d'un certain Orion des déchus qui disait que l'information était le nerf de la guerre.

En fin de compte, il avait été frustré par le manque d'information et avec abandonné les recherches.

Noctis fourra le dernier morceau utile du cadavre de la créature dans son sac, puis réfléchit à la suite. Finalement, il n'avait pas le choix : il devrait rentrer à la ville maintenant, peu importe le fait qu'il soit recouvert de saletés. Il devrait mettre son butin en sécurité.

Il jeta un dernier regard au cadavre souillé du Fanfaron blanchâtre…

« Quel nom bizarre tu as. Je me demande si ça ne serait pas Hérésia des déchus qui a donné leurs noms aux rangs des créatures, huh…»

Sur cette pensée, il se détourna et commença à marcher. Heureusement, la ville n'était pas si loin.