Un bruit sourd se fit entendre, comme une montagne heurtant une autre, puis une onde de choc terrible fit trembler la fière muraille qui, dans une détermination louable, ne s'effondra pas en morceaux. Elle restait droite et fière, protégeant la vaste forêt qui entourait la ville en ruine des répercussions directes du combat titanesque faisant trembler le ciel.
Noctis et Artémis atterrirent lourdement sur de hauts arbres, qui amortirent leur chute jusqu'au sol. Leurs physiques d'humains majeurs étaient résistants, endurcis par leurs aspects magiques, la Lettre d'Hérésia et, dans leurs cas, déjà l'expérience de quelques petites batailles.
Malheureusement, s'ils étaient protégés du combat par les hauts murs de la muraille d'obsidienne, ils ne pouvaient pas pour autant souffler ; après tout, ils n'avaient pas encore déterminé le niveau de sûreté de la forêt. La muraille était extrêmement haute, pourtant, même depuis son sommet, on ne pouvait voir la fin de la vaste étendue d'arbres, qui paraissait être comme un océan infini de verdure luxuriante.
Pourtant, l'absence de monstres dans les environs signifiait également l'absence de nourriture, ce qui représentait un problème vital.
Après être paresseusement resté allongé sur le sol dur et froid quelques instants, écoutant la terre trembler sous les coups des deux géants derrière les murs, Noctis se releva et chercha Artémis du regard. Elle était appuyée à un arbre et regardait les remparts d'un air inquiet lorsqu'elle parla.
- « Nous avons de la chance de nous en être sortis. Je suppose que nous savons, maintenant, pourquoi cette cité est en ruine. »
Sa voix tremblait un peu, malgré ses tentatives habiles pour cacher sa peur. Noctis tourna également son regard vers les remparts.
« Une terreur crépusculaire... Mais et le monstre à quatre bras ? Tu penses qu'ils se disputent le territoire ? »
Elle secoua la tête.
- « Je pense plutôt que le type aux quatre bras essaie de la défendre. Il n'avait pas l'air d'un monstre, plutôt... D'un pouvoir mystique, ou peut-être d'une création humaine. Peut-être un attribut extrêmement puissant... »
Noctis frissonna. Un attribut qui donne naissance à un être capable de rivaliser avec une terreur crépusculaire ne pouvait être obtenu que par un céleste ou un souverain extrêmement impressionnant.
- « Je propose que nous nous éloignions le plus possible de cette ville. »
Après tout, ils n'avaient plus rien à faire ici. Artémis tourna la tête, passant son regard du rempart d'obsidienne à la forêt peu rassurante, puis laissa échapper un soupir de lassitude. Pourtant, elle acquiesça et ils se mirent en route.
***
Ils marchèrent de longues heures durant, sans trouver, ni être trouvé, par une quelconque créature. Cela n'impliquait pas que la forêt fût sans danger.
La forêt était vaste, peuplée de chênes, de pins et de sapins au bois sombre, tout vibrants de vie, mais certains, étrangement, semblaient animés. De temps à autre, des arbres se déplaçaient, se figeant à l'approche des humains, comme des sentinelles dissimulées. Ce n'était pas la seule horreur dissimulée dans ce royaume sylvestre...
Des racines surgissaient du sol, tentant d'étrangler les voyageurs imprudents, tandis que l'air, à certains endroits, était saturé de poison. Ils traversèrent une clairière où des fleurs bleues, éclatantes mais trompeuses, répandaient un parfum enivrant. L'odeur rendait somnolent… Au bout de quelques minutes, ils tombèrent sur plusieurs monstres endormis, des chevaux à deux têtes, figés dans un sommeil éternel.
L'odeur de ces fleurs ensommeillait les victimes, les plongeant dans un profond coma… Ils s'éloignèrent rapidement, fuirent ce cauchemar.
Ainsi, ils avancèrent, contournant les dangers insidieux de cette jungle, jusqu'à atteindre le bord d'une falaise. En scrutant le fond, ils découvrirent pourquoi aucun monstre organique ne hantait la forêt.
Là, à une centaine de mètres sous eux, gisait le cadavre d'une immense abomination. Un arbre organique de trente mètres de long, paré de nageoires étranges aux coudes et aux genoux, n'avait qu'un gros œil jaune au centre du tronc. De larges racines, autrefois ses jambes, se répandaient autour de son corps.
Autour du cadavre, des centaines de créatures répugnantes se régalaient de sa chair, qui, sous son armure d'écorce, était d'un bleu marine inquiétant. Le plus troublant était...
- « Que... c'est quoi ce truc ? Et puis où est son sang ? »
Il y avait de grandes taches sur le sol, témoins d'un sang volé, mais la plupart des créatures ne semblaient pas s'en soucier, ni même être la source du dit vole.
- « Hé, Artémis... Partons loin d'ici, d'accord ? »
Étrangement, la disparition du sang du monstre l'effrayait bien plus que la horde de créatures cauchemardesques bien vivantes en train de se délecter de sa chair. Après tout, il lui avait peut-être été volé par l'être qui l'avait tué. Avec un frisson de répulsion, il commença à partir, et Artémis le suivit en parlant.
"Il faut vite trouver un abri. Lorsque cette horde de monstres aura fini de s'occuper du cadavre géant, ils recommenceront à rôder dans la forêt, et certains d'entre eux pourraient poser problème."
Un nouveau frisson parcourut Noctis quand il se rendit compte de la véracité de son raisonnement. Alors, ils marchèrent. Les heures passèrent de nouveau, l'après-midi battait son plein lorsqu'ils atteignirent un lac d'où sortaient de temps en temps des tentacules gargantuesques, et la soirée commençait à peine lorsqu'ils pénétrèrent dans une zone étrange de la forêt, étrangement dégagée.
Là, les menaces étaient moins nombreuses, et des sentiers commençaient à se dessiner. Soudain, une forteresse apparut, coupant la route à la mer d'arbres.
Ses hautes tours en pierre noire s'élevaient vers le ciel, semblant défier les cieux gris qui s'accumulaient au-dessus. L'architecture était à la fois majestueuse et inquiétante, avec des arcs élancés et des balustrades finement ciselées, ornées de motifs entrelacés qui évoquaient des serpents et des épines de roses.
La forteresse, recouverte de lierre, semblait fusionner avec la nature qui l'entourait. Des gargouilles, aux visages tordus et aux yeux vides, veillaient silencieusement depuis les corniches, comme des sentinelles figées dans le temps. Chaque pierre semblait chargée d'une histoire ancienne, murmurant des secrets oubliés au gré du vent qui sifflait à travers les fissures.
À l'entrée, un portail massif en bois de chêne noir, renforcé de fer, semblait à la fois accueillant et menaçant. Les portes, sculptées de scènes mythologiques, racontaient des légendes de gloire et de trahison, témoignant d'un passé tumultueux. Un chemin de gravier, entouré de fleurs nocturnes aux teintes profondes, menait à un pont-levis en bois, qui s'élevait avec un craquement sourd sous le poids des visiteurs.
En approchant, l'on pouvait percevoir une aura étrange émanant des lieux, un frisson palpable dans l'air, comme si la forteresse respirait au rythme d'une vie sombre. Les fenêtres, hautes et étroites, étaient bordées de vitraux sombres, laissant entrevoir des reflets chatoyants, comme si des ombres dansaient à l'intérieur.
Au-delà du portail en chêne noir, se trouvait un jardin d'une beauté troublante, avec des statues d'anciens héros entourées de ronces. Au fond, une fontaine de marbre noir s'élevait, son eau cristalline reflétant la lumière pâle, semblant murmurer des secrets à ceux qui s'en approchaient.
Tout dans cette forteresse évoquait une présence, un pouvoir ancien.
Et là, devant la porte menant à l'intérieur...
Une silhouette humaine se tenait, leur barrant la route.
Quelqu'un les attendait.