Les maudits mots d'amour

Il se passe assez peu de chose depuis mon retour au château. J'ai enfin fini d'assimiler toute la matière pour les cours et la plupart des options intéressantes sur mon temps libre. Maintenant, je consacre celui-ci à garder une forme physique impeccable, à améliorer le magiphone et préparer la chaîne de production de ce dernier, et lire un maximum de livre de la bibliothèque. J'ai notamment commencé à lire ceux de la réserve en me servant de la salle sur demande.

Cette dernière permet en effet quelques entorses au règlement. Je ne comprends pas vraiment pourquoi ces livres sont interdits. Il est vrai que certains d'entre eux sont des livres de magie noire mais la plupart traitent d'alchimie, de rituels ou de potion vraiment avancée. Certains d'entre eux peuvent même être trouvés chez Fleury et Bott.

Un matin j'ai aussi eu la surprise de voir Harry se diriger vers la table de la bibliothèque où j'étais en train de lire en compagnie d'Hermione, Daphné, Susan, Hannah et Edward.

"Heu, ... salut." Harry semble particulièrement gêné. "Est-ce que tu pourrais me donner un coup de main pour rattraper mon retard ?"

On se regarde avec les autres. Tout le monde semble hésitant à part Daphné qui y est clairement opposée. Ron qui colle Harry comme son ombre, est lui bien moins enthousiaste. "Harry laisse tomber. Tu vois bien qu'ils n'ont pas envie de t'aider. Viens, on va plutôt aller s'amuser près du lac."

Je sens bien que les autres sont réticents mais je ne vais pas manquer une occasion en or comme celle-ci de remettre Harry dans le droit chemin et d'en faire éventuellement mon pion. "Bien sûr Harry, assied toi et dis-moi où est-ce que tu rencontres des problèmes." Il s'assied à coté de moi et sort un livre de potion pour me montrer la recette du remède contre les furoncles.

Il se tourne vers Ron. "Je vais rester un peu ici. Vas-y d'abord si tu veux, je te rejoins."

Ron part en traînant les pieds et en pestant contre le monde entier. J'apprécie cette petite victoire même si elle me coûte de donner des cours particuliers à Harry presque tous les jours où je suis à la bibliothèque.

Depuis, un petit groupe d'étude s'est formé à ma table à la bibliothèque. Il y a tout d'abord Daphné et Hermione qui sont quasiment toujours présents. Ensuite, il y a Susan qui est souvent accompagné d'Hannah, et de Megan de temps en temps. Et Edward et Blaise viennent quand ils ont des devoirs à faire. Les deux seuls qui ne sont jamais là en même temps sont Harry et Draco qui vienne à tour de rôle. Je soupçonne un peu Draco de nous rejoindre juste pour embêter Harry.

Aujourd'hui c'est le jour de la saint-valentin. Bizarrement, les autres m'évitent et me laissent assis tout seul avec plusieurs places libres entre moi et le plus proche Serpentard.

Je continue tranquillement mon déjeuner quand arrive le courrier du matin. Beaucoup de lettres et de chocolats arrivent près des garçons et filles populaire de l'école. Je vois soudain une ombre voler au-dessus de ma tête avant d'entendre un paquet tomber à côté de moi avec un bruit sourd. Je regarde vers l'entrée dans le plafond réserver aux hiboux, et je vois bien une cinquantaine de ces maudits oiseaux foncer en piquer dans ma direction. Je suis certain d'avoir vu l'équivalent hibou d'un sourire vicieux sur la tête de certains d'entre eux !

Je me cache sous la table tandis qu'une pluie de lettres, de cadeau et de chocolat s'écrase au sol tout autour de moi. Quand le calme semble revenu, je sors la tête de ma cachette pour voir la totalité de la grande salle m'observer en rigolant.

"Comme quoi l'amour c'est mortel." Je commence à ramasser les paquets tout en conservant le peu de dignité qu'il me reste.

Je rassemble les paquets et les lettres, les entassant à côté de moi sur la table. Histoire de ne pas finir comme Ron avec Romilda, je décide de lancer un sortilège pour déceler la présence d'une potion sur chaque boîte. Heureusement pour moi, aucune d'entre elles ne semble en contenir. J'ouvre une boîte de chocolat et commence à lire les lettres tout en grignotant.

La plupart d'entre elles sont signée par dès <une admiratrice d'insérer le nom d'une maison">, mais d'autres plus audacieuse, porte le nom de leur expéditrice. C'est assez étrange pour moi d'être la cible de l'affection d'autant de fille sans avoir à faire d'effort particulier. Avant j'étais un gars normal qui passait son temps à essayer de séduire une fille lors de mes sorties avec mes amis afin de soit la ramener chez moi, soit de construire une relation plus durable avec elle. Et comme tous les gars normaux, je me prenais plus souvent un râteau qu'un numéro de téléphone. Je ne sais pas si c'est juste à cause du sang de vélane mais c'est assez agréable comme sensation.

"Haha, c'est aussi marrant qu'on l'avait prédit." Edward et Blaise viennent s'asseoir à coté de moi et se servent dans le monticule de chocolat.

"Vous saviez que ça allait arriver ?"

"Je suis étonné que toi tu ne sois pas au courant. Il y avait plusieurs rumeurs comme quoi des filles allaient t'envoyer des chocolats. Par contre, c'est vrai que je ne m'attendais pas à ce qu'il y en ait autant." Je compte les colis d'un coup d'œil, il doit y en avoir un peu après une cinquantaine je dirais.

"C'est vrai que je ne fais pas spécialement attention aux rumeurs. Je suis bien trop occupé pour ça. Mais ça reste quand même assez extrême. J'espère que je n'y aurais pas droit tous les ans ou bien je vais vraiment finir par en mourir."

Je m'apprête à reprendre un chocolat quand une main attrape la mienne pour m'empêcher de me resservir. J'étais sur le point de protester mais lorsque je me retourne, je croise le regard le plus froid que j'ai jamais vu vies émanées Daphné. Edward et Blaise ne disent pas un mot, et comme eux, je me concentre sur mon assiette.

Daphné trie les paquets un par un tout en les jetant au feu en ajoutant un commentaire au passage. "Pute, connasse, salope, garce, traînée, ..." A la fin de son tri, elle me rend un seul paquet emballé dans du papier vert. "Celui-là, tu peux le garder."

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il lui prend mais elle nous fait suffisamment peur pour que je me contente de prendre le paquet sans dire un mot. Il n'y a aucun mot ni indication de son envoyeur sur le paquet. Celui-ci contient un assortiment de praline. J'en goûte une et elles sont plutôt bonnes.

Elle semble se calmer un peu en me voyant manger le chocolat et se rassied à table.

"Tu aurais pu nous les donner au lieu de les brûler, on n'a rien eu nous." Daphné jette un regard assassin à Edward pour son commentaire. "... ou pas de chocolat c'est très bien aussi."

Edward, Blaise et moi nous regardons sans rien dire et nous concentrons sur le fond de nos assiettes. Je ne sais pas vraiment pourquoi elle s'emballe autant pour de malheureux chocolats.

On termine rapidement notre déjeuner avec les garçons avant de s'éclipser pendant que Daphné continue de fusiller du regard les filles aux différentes tables. On finit par se trouver un coin tranquille dans le parc du château où l'on mange les pralines tout en discutant.

"Qu'est-ce qui lui a pris à Daphné aujourd'hui ? Je crois que je ne l'ai encore jamais vue aussi énervée." J'étais vraiment choqué et un peu effrayé de son comportement à table. Je me demande bien ce qui a pu lui passer par la tête.

"Va savoir, les filles se sont toutes des dingues. Je ne comprendrais jamais ce qui sa passe dans leur tête. Un jour, elles te parlent comme si de rien n'était puis le lendemain, elles t'évitent comme la peste." Blaise et encore jeune, mais j'avoue que moi aussi j'ai parfois du mal à comprendre ce qui leur passe par la tête.

"Moi ça me semble pourtant évident." Blaise et moi on tourne la tête vers Edward.

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Hé bien, chez certaines antilopes par exemple, c'est les femelles qui courent après les mâles qui leur plaisent. Et si deux femelles convoite le même mâle ça peut générer des conflits."

"Tu veux dire que Daphné ... m'aime bien ?" C'est trop tôt, beaucoup trop tôt. Dans quelques années, pourquoi pas. Mais là elle a à peine onze ans. Nop, je valide cette règle, pas de relations amoureuses avant que les filles aient quinze ans.

"Moi je trouve ça assez flagrant pourtant. La façon dont elle te suit partout, le fait que vous soyez tout le temps en groupe, et aujourd'hui comment elle vient de jeter les cadeaux de ses adversaires pour qu'il te reste seulement le sien."

"Attends, c'est ses chocolats à elle qu'on est en train de manger ?" Je ne pensais pas qu'elle allait m'en envoyer. Elle n'a pas vraiment l'air du style à faire dans le sentimentalisme comme ça.

"Oui, je l'ai vue l'emballer dans la salle commune l'autre jour."

Misère, je ne m'attendais pas à ce que les problèmes amoureux commencent avant le début des événements de Vampire Diaries.