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Le Nuage de Rey, Tome 1: L'Ordre d'Artemis

Après plus d'un siècle de guerre sans interruption, l'empire du milieu a enfin réussi à faire s'installer une paix durable. Mais elle cache une société violente, cancérisée par une pègre avide de pouvoir et d'argent. Comme un malheur ne vient jamais seul, un phénomène météorologique nouveau apparaît lui aussi. Un nuage rose qui laisse tomber à certains endroits du monde une pluie modifiant à tout jamais ceux qui la touchent. Un quart de ce ceux touchés meurent, tandis que les autres survivent et voient leur corps et leur environnement évoluer pour le meilleur et pour le pire. C'est dans ce contexte que Myo et ses amis vont découvrir un univers nouveau où ils devront user de leur force et de leur imagination pour protéger le monde de sa destruction.

darkwand · Fantasie
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Une nouvelle vie

Ma tête est lourde. Impossible d'ouvrir les yeux, même si j'y mets toutes mes forces. J'essaie alors de lever une partie de mon corps, mais rien n'y fait. Ma tentative d'élocution est elle aussi un échec, seul quelques murmures inaudibles sont produits alors que j'essayais de crier. Mais il ne faut pas paniquer. Je prête donc l'oreille pour savoir ce qu'il se passe. On s'agite autour de moi, il y a des gens. Ils semblent déplacer des objets, de mon côté, je suis allongé sur un matelas et je sens un drap sur moi, jusque sur mon torse.

-Faites bien attention. Je veux que vous vérifiez en permanence s'ils respirent. Si ce n'est pas le cas ou que vous avez un doute, achevez-les.

Quoi ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Comment ça achevez-les ? Eh, oh ! Je suis toujours en vie moi! Bon ne panique pas, Myo. Ecoute et calme toi.

-Y en a déjà trois qui sont morts. A ce rythme-là, il n'en restera peut-être pas la moitié en vie d'ici demain.

-La moitié; c'est une moyenne, tu sais. Il paraît que certaines fois, aucun ne survis et que même certains Shimasu se sont fait la malle en causant d'ailleurs pas mal de problèmes.

-Ouaip. Pas question que ça nous arrive. J'ai pas du tout envie de voir Alfredo en colère. La dernière fois, il a boxé un des gardes tellement fort que depuis, il boit tous ses repas à la paille.

-Il avait fait quoi pour qu'il s'énerve autant? Parce qu'il a l'air plutôt calme comme capitaine.

-Méfie-toi des hauts-gradés. Alfredo peut sourire parfois mais il ne tolère pas du tout l'insubordination. Celui-là avait remis en cause un de ses ordres et voilà le résultat.

-Hum... Ben, il l'avait un peu mérité.

-Quoi ? T'es sérieux ?! T'a vraiment aucun cœur, c'est hallucinant.

-Peut-être mais moi je fais bien mon boulot. Regarde plutôt celui-là, son pouls et sa respiration reprenne normalement.

-Ce n'est pas censé prendre deux jours logiquement?

-Mec, oublie la logique. Ils étaient tous presque morts quand on les a récupérés.

Soudain, je sens la main d'un des deux entrain de serrer la mienne à plusieurs reprises comme s'il attendait une réponse ou une réaction. J'essaie tant bien que mal de réagir. Bon sang, ma main ne réagit presque pas! Je dois mettre toute mes forces pour réussir enfin à serrer la sienne.

-Eh ! Y en a un qui réagit enfin et son cœur bat toujours en plus.

-Enfin ! Va voir les autres pendant ce temps, je vais lui mettre un peu de remontant dans ses transfusions.

Ouf... J'ai bien cru que s'en était finis de moi. Et les autres ? Qu'est-ce qu'ils deviennent ? Est-ce qu'ils s'en sont débarrassés ? Est-ce qu'ils sont soignés à côté de moi ? Mince... J'ai aucun moyen de communiquer, mais ça ne sert à rien de psychoter. Le mieux pour l'instant, c'est de me reposer pour recouvrir mes forces. Il faut simplement que je pense à autre chose ou à quelqu'un d'autre...

Aïe.... Pas facile de se réveiller. J'ouvre lentement les yeux alors qu'une sorte de brouillard m'empêche de discerner clairement mon environnement. J'essaie de comprendre où je suis et pour cela, je vais essayer de mettre assis. Tout mon corps est endoloris et il me faut plusieurs dizaines de secondes pour réussir l'exploit de me mettre mon torse à la vertical. Ma tête est lourde et se balance naturellement comme un satellite alors que je crois comprendre où je suis. Cela semble-t-être, un hôpital. Je ne suis pas le seul d'ailleurs, autour de moi il doit y avoir au moins trente lits qui se font face à face en colonnes. Le soleil qui vient de passer devant l'un des vitraux m'a réveillé et les médecins ne semblent pas être très préoccupés par mon cas. Tant mieux, ça ne devait pas être si grave. Mais ce bâtiment est drôlement étonnant. Je n'ai jamais rien vu de semblable. Les pierres sont beiges et bien taillées, quant au sol, il est plutôt chaud. Mes pieds nus redécouvrent la sensation de chaleur et je fais ainsi bouger chacun de mes orteils comme un enfant sortant d'un profond sommeil. D'ailleurs en parlant de chaud, je n'ai plus que mes survêtements. Autant dire que je ne vais pas quitter cette couverture avant longtemps. Je sens aussi ma montre que je porte toujours autour du cou et qui m'indique l'heure: neuf heures quarante-deux.

Je tourne la tête à droite et à gauche, peut-être que j'y verrai les autres. En effet, ils sont un peu plus loin sur ma droite. Je reconnais Wistom, Pold, Lyra, Zoé et Malagari, de dos autour d'un lit. C'est celui d'Hirion qui est allongé, inconscient. Mais où sont passé les autres ? Ils s'en sont peut-être déjà remis. Il faut que j'appelle un médecin pour comprendre ce qu'il se passe.

-Hé, Ho ! Oui, madame l'infirmière.

- J'arrive, j'arrive.

Elle est sacrément imposante, Wistom pourrait passer pour un gringalet face à cette force de la nature. Et elle fait facilement une tête de plus que moi, ses bras sont même plus gros que mes cuisses. A dire vrai, il est fort probable qu'elle se soit trompée de métier parce que là... Ça dépasse l'entendement.

-Alors mon petit bonhomme. On commence à reprendre des couleurs ? Ouvrez votre bouche que j'inspecte ça.

Pas le temps de lui répondre qu'elle a déjà ses deux mains dans ma bouche pour essayer de s'y plonger. Je me débats tant bien que mal mais rien n'y fait. Finalement, elle me lâche et jette son espèce de bâtonnet dans une poubelle à côté d'elle.

- Et bien, on peut dire que vous nous avez fait une belle frayeur, mon petit gars. Tes amis et toi avez failli y rester. Mais qu'est-ce qui vous a pris de rester sous le nuage de Rey ?

-Sous quoi ? je bégaye.

-Ben un nuage rose, ça ne vous dit rien ? On appelle cela le Nuage de Rey. Mais je suis presque rassuré que vous ne sachiez pas ce que c'est ; parce que si des jeunes écervelés comme vous courent dessous exprès pour se faire arroser. Bien souvent, c'est pour revenir les deux pieds devant.

-Attendez, une seconde. De quoi vous me parlez ? Vous connaissez ce phénomène ?

-Oui... Bon, écoutez je ne suis pas censé en parle. Je vais appeler un de mes supérieurs et il va s'occuper de vous. Ne bougez pas.

Ben, ça ne risque pas. En effet, je ne m'aventurerai pas très loin en sous-vêtement. Je continue alors à regarder autour de moi et je vois qu'il y a deux médecins qui s'occupent d'Hirion. L'un d'eux vient d'ailleurs de poser une bouillotte sur son fond. Pour vu que ce qui nous arrive ne soit pas aussi grave que cela en a l'air.

-Vous êtes bien, Myo Keisam ? Le fils adoptif de Bullock Keisam?

Lorsque je me retourne pour voir mon interlocuteur. Je découvre un homme âgé. Une barbe grise bien taillée et des lunettes de soleils rondes sans branches posés sur son nez. Impossible d'y voir ses yeux au travers. Malgré son look un peu étonnant et son crâne chauve brillant. Il est très musclé et semble analyser le moindre de mes mouvements.

-Oui, en effet, je lui répond, simplement.

-Enchanté, j'espère que vous commencez à vous remettre de votre petit « accident ». Je me nomme Soryo, je suis capitaine dans l'Armée de sa majesté l'empereur Meiji III. J'ai pour affectation de gérer les incidents qui ont lieu à cause du Nuage de Rey dans les territoires du Sud. Vous avez été victime d'un phénomène qui se produit depuis près de 10 ans mais qui est d'une très grande rareté. Vous y avez d'ailleurs survécu ce qui fait de vous un homme doublement chanceux et vos amis aussi.

-Comment vont-ils ? C'est tout ce qui m'importe.

Le militaire prend soudain un ton grave et un visage triste.

-Cinq d'entre vous vont très bien, mais le reste de votre groupe n'a malheureusement pas survécu.

-Quoi ?!

-Je suis désolé. Venez plutôt au côté de vos amis qui ont survécu. Ils doivent avoir hâte de vous voir.

Le militaire me fait donc signe de le suivre et va vers les lits de mes amis. J'attrape et j'enfile pendant ce temps-là mon pantalon que je viens de remarquer sur ma commode. Seul Hirion est encore allongé et semble-t-il, fiévreux. Quand j'arrive au niveau du lit de Wistom, Lyra me saute au cou et me serre dans ses bras tout en pleurant. Wistom quant à lui reste assis au chevet d'Hirion et fait un mouvement de tête vers moi et me souris.

-C'est affreux, les autres... Tous les autres sont morts. Il n'y a que nous cinq qui avons survécu, pleure Lyra sur mon épaule.

En effet, il n'y a que leurs visages qui me semblent familiers parmi les malades allongés dans leur lit.

-Ne t'inquiète pas. Tout est finis, Hirion va s'en sortir et nous aussi, je lui dis pour essayer de la rassurer.

-J'ai eu si peur Myo. Avec Wistom, on a cru qu'on était les seuls à avoir survécu. Il ne s'est réveillé qu'après plusieurs heures. Mais toi et Hirion, vous étiez totalement inconscient.

Wistom prend finalement lui aussi la parole en me souriant.

-Content que tu ailles mieux, grand frère. Ça m'aurait fait mal de perdre un concurrent aussi solide.

Il n'en perd pas une pour se faire remarquer celui-là. Mais j'aimerai maintenant comprendre vraiment ce qui s'est passé. Où nous sommes et que font ces militaires ici ?

-Capitaine Soryo. Pourriez-vous nous expliquer ce qui nous est arrivé plus en détail à moi et mes amis?

-Bien sûr. Suivez-moi dans mon bureau, nous y serons plus à l'aise pour discuter. Pour ce qui est de votre ami allongé, ne vous inquiétez pas. Il a auprès de lui l'un des meilleurs médecins du Royaume, le capitaine Enjinto.

-Je vous remercie Capitaine, on vous suit.

Le capitaine est finalement moins froid qu'il n'y parait. Ça manière de marcher est quand elle loin d'être militaire. C'est deux bras sont joints dans le dos pendant qu'il semble pensif en penchant la tête vers le sol. Lyra de son côté est entre Wistom et moi et nous contemplons cet hôpital où toutes les infirmières et médecins prennent grand soin de leurs patients. Nous sommes bercés tout le long de notre marche par les mercis qu'adressent les blessés à leur soigneur. Je n'avais jamais vu quelque chose de semblable, Wistom et Lyra non plus d'ailleurs.

Mais la surprise est encore plus grande quand nous sortons de cette salle pour arriver dans un hall immense.

C'est tout bonnement titanesque. On ne perçoit même pas le plafond. Tous les murs sont faits d'une sorte de marbre blanc. Le sol est lui aussi carrelé en noir et blanc de la même matière. Partout flotte de grands étendards de la famille impériale, un phénix d'or couronné d'un diadème sur une soie rouge étincelante. Il y aussi un immense escalier tournant à gauche et à droite, suivant les bords de cette pièce magistrale. Des statuts ornent chaque rebord de cette magnifique prouesse technique. De splendides héros, regardant fièrement l'horizon comme s'ils savaient leur devoir accompli et admirant leur œuvre. Chacun d'entre eux est différent, un médecin, un architecte, une combattante, un moine, une exploratrice... Comme une ode à la vie où chacun tient une place centrale et permet à l'ensemble de tenir.

De plus, nous ne sommes pas seul dans cette merveille. De nombreuses personnes habillées pour certains comme des soldats et d'autres des scientifiques arpentent ce lieu sans nous prêter attention une seule seconde. Je m'étonne de voir d'ailleurs quelques officiers femmes. Je pensais naïvement que cette tâche leur était interdite. Mais à voir le caractère de certaines de mon école, cela ne me choque pas vraiment car pour certaines, elles sont capables de frapper même plus fort que des hommes.

De son côté, Wistom depuis plusieurs minutes n'arrivent pas à fermer sa bouche et se déplace comme un poisson en dehors de l'eau, mais Lyra, elle, ne perd pas de son charme. Ses pupilles scintillent face à un tel ouvrage. Soryo nous fait monter maintenant un étage. C'est étonnant à découvrir car finalement la tâche n'est pas du tout épuisante, comparé à sa hauteur, cela peut-être parce que nous n'arrivons pas à nous concentrer sur autre chose que tous les trésors que possèdent ce hall.

Quand nous arrivons au premier étage, un homme nous attend derrière son bureau en pierre. Il est plutôt grand et ses cheveux longs bruns et bouclés descendent jusqu'à ses épaules. Il est habillé avec un costume bordeaux et sur ses épaules, il a un manteau avec ses épaulettes qui semblent indiquer qu'il est lui aussi un haut gradé. Sur sa table, il y a une plume posée dans un encrier et une pile de documents sur laquelle est posée une tasse de thé qui boue en produisant une odeur sucrée de coquelicot.

- Soryo que fais-tu par ici aussi bien accompagné ? Encore quelques spécimens à tester ?

-En effet, Vorka mais pas tout de suite. Inutile de déranger Phileas pour le moment.

-Comme tu voudras. Au passage, sache que Wolgen te cherche et il semble qu'il est d'une humeur plutôt massacrante.

-Je m'en occuperai plus tard. Là, je vais m'entretenir avec ces messieurs et madame pour leur expliquer un peu la situation avant le test.

Wistom se penche vers moi et nous chuchote à moi et à Lyra.

-Qu'est-ce que c'est que cette histoire de test ?

-T'occupe pour l'instant, Wistom. Contente toi d'obéir pour une fois et tout se passera bien je te le promets.

-Bien, suivez-moi dans mon bureau. Il est juste là sur la droite.

Nous continuons donc à le suivre dans un dédale où il y a de très nombreuses portes en bois. Des noms sont gravés sur des plaques de cuivres qui sont apposés sur chacune d'entre elles, surement d'autres bureaux d'officiers. Finalement, la porte devant laquelle le capitaine s'arrête est celle du capitaine Hammond. Elle est plutôt modeste comparé à d'autres. Elle n'est pas bien haute et son bois beige semble avoir été quelques peu abîmé par le temps. Lorsqu'il l'ouvre, nous arrivons dans un tout autre espace.

Un salon à l'ancienne avec un table basse, des meubles en bois d'acajou finement ouvragé. Au dessus de nous, un lustre en cristal éclaire bien la salle et fait briller une vitrine d'une des armoires où reposent des anneaux posés de biais sur des supports noirs. Quand je finis d'admirer tout ce rêve, je découvre qu'il y a pile le nombre de fauteuils pour que nous puissions nous asseoir confortablement sur de petits coussins jaunes.

-Vous avez un bureau splendide tout comme ce bâtiment d'ailleurs, avouer Lyra, en continuant d'admirer l'endroit.

-Je suis ravi qu'il vous plaise, mais ce n'est pas le mien. C'est celui d'un de mes camarades qui est parti en mission. Comme cela nous ne serons pas dérangés par qui que ce soit.

-Mais où sommes-nous au juste ?

Bonne question, Wistom. Je me posais la même depuis que nous sommes entrés dans ce hall et même à l'hôpital. Cet endroit doit surement être à Z-Hofu, la capitale où vit l'empereur.

-Le lieu exact où nous nous trouvons ne peut pas être divulgué. Mais sachez que vous êtes dans une des bases de l'armée qui se consacre en grande partie à l'étude et à la compréhension du Nuage de Rey et de ses conséquences. Vous n'êtes pas les premiers et vous ne serez d'ailleurs pas les derniers à être touché de la sorte par le Nuage de Rey. Ce phénomène a été pour la première fois observé au large des côtes Flogg (Être reptilien ou batracien, humanoïde vivant à l'Est de l'Empire du Milieu.). Nous n'avions pas pris conscience du danger et de nombreux navires se sont risqués à aller sous celui-ci afin de mieux identifier cette étrangeté.

Malheureusement, il a lâché sa pluie maudite sur plus d'une dizaine de navires et cela a fait défaillir la totalité des équipages à bord en à peine quelques dizaines de minutes. Nous sommes donc allez les récupérer une fois que le nuage c'était éloigné plus au Sud et nous avons fait face à plusieurs centaines d'hommes et de femmes malades au bord de la mort. Après avoir ramené certains aux hôpitaux les plus proche et gardé dans les navires ceux qui n'étaient pas transportable. Nous avons mis tous ces lieux en quarantaine pour être certain de ne pas contaminer toute la ville avec ce qui semblait être une maladie infectieuse.

Après une journée à tenter de soigner tous les malheureux, certains commencèrent �� décéder et ils furent tellement nombreux que nous les transportions par dizaines dans des chartes couvertes pour ne pas effrayer la population lorsque ceux-ci sortaient de la ville pour être enterré dans des fosses non loin du cimetière. Nous pensions que la situation était sous contrôle mais nous étions totalement à côté de la plaque.

Les morts revenaient à la vie après plusieurs heures. Ils avaient un teint pâle et s'attaquaient à tous ceux qui s'approchaient pour les dévorer. Mais ils ne se battaient jamais entre eux pour se dévorer, car ils ne cherchaient qu'à se repaître d'êtres vivants. Une fois la victime morte, ils la lâchaient et couraient vers une nouvelle proie. Nous fûmes très chanceux que ces incidents eurent lieux en dehors de la ville car le bilan final aurait pu être bien plus lourd.

Je fus alors appelé ainsi que de nombreux autres militaires afin d'endiguer la menace de ces morts-vivants hors de la ville. Le combat fut épuisant, de nombreux hommes et femmes perdirent la vie face à ces forces de la nature qui étaient capable de broyer quelqu'un avec leur seule main. J'y perdis d'ailleurs mon œil gauche à cause des griffes de l'un d'eux. Après plusieurs heures d'acharnement, nous réussîmes enfin à abattre la quasi-totalité des monstres tandis que quelques-uns fuirent dans la forêt qui bordait le cimetière.

On m'ordonna alors de les poursuivre et de ne surtout pas en laisser ne serait-ce qu'un seul en réchapper. Malheureusement, je ne réussis pas à tous les tuer et au moins une dizaine d'entre eux disparurent dans ces contrées.

Suite à cela, le gouvernement fit en sorte que personne ne divulgue quoi que ce soit à propos de cette affaire, afin que la population ne sombre dans la panique. Par la suite, je fus promu au rang de capitaine et on m'intégra dans un groupe chargé de contrôler et d'analyser cette malédiction. C'est ainsi que l'Ordre d'Artémis fut fondé.

Cela fait près de 10 ans que nous faisons ce travail de manière secret afin que la population ne s'inquiète pas. Nous avons donc enquêté sur ce phénomène et chaque fois qu'il s'est produit sur notre territoire, moi et mes hommes sommes intervenus pour gérer les morts-vivants et s'occuper des déviants.

-Des déviants ? De quoi s'agit-il ? demande Lyra.

-Il s'agit de tous ceux qui ont survécus à ce cataclysme. Vous donc et bien d'autres personnes.

-Pourquoi nous nommer ainsi, capitaine Soryo ?

-Tout simplement parce que ce nuage n'a pas qu'un aspect négatif. Outre le fait de tuer et de créer des monstres. Il crée aussi des gens dotés de capacité pour le moins étonnante.

Toute cette histoire commence à prendre une tournure de plus en plus étrange. Il faut qu'on en sache plus, je prends donc le risque de prendre la parole.

-Quand vous parlez de capacité spéciale, qu'est-ce que vous entendez par là ?

-J'entends des phénomènes comme celui-ci.

A peine a-t-il finis sa phrase qu'un immense gorille apparaît à ses côtés. Il est massif et fier sur ses quatre pattes, des sortes de roches sortent quant à elle de son corps et forment presque une armure dans son dos et sur ses épaules. Je n'en crois pas mes yeux. Si on m'avait dit un jour que j'aurai affaire à pareil miracle, je n'y aurai pas cru une seule seconde. Mes deux amis sont tout aussi estomaqués que moi. Je pense que je vais d'ailleurs devoir faire fermer la bouche de Wistom car il commence à baver de stupeur sur le parquet et cela fait mauvais genre.

-Ne vous inquiétez pas, il est entièrement sous mon contrôle. Eddy amène nous quelques gourmandises, nos invités doivent surement mourir de faim à cause de mon absence de bonnes manières.

Le gorille suit donc les ordres sans sourciller et nous sert quelques biscuits d'apéritifs disposés sur un plateau en argent. Il y a même des Daifukus à toute sortes de goûts, rose, mangue, haricot rouge.

-Pour faire simple, il existe une infinité de pouvoir et toujours différents même si certains ont des points communs. Pour être précis, il existe sept catégories de pouvoirs.

La première, nous en avons déjà parlé, est celle que l'on nomme les Shimasus. Ils équivalent à près du quart des personnes touchées par le nuage, en moyenne, bien sûr, il arrive que plus ou moins de gens ne succombent et ne deviennent donc ces monstres.

Ensuite, il y a les Buredos, ce sont en règle générale les moins spectaculaire mais avec le temps, ils peuvent facilement surclasser toutes les autres catégories. Leurs sens deviennent plus aiguisés et ils sont bien plus agiles que la moyenne. Leurs réflexes sont tels que certains arrivent à prédire les mouvements de leurs adversaires. Quant à eux, ils représentent environ vingt pour cent des gens touchés.

Par la suite, nous avons les Crogers dont je fais partie. Nous pouvons invoquer un allié pour se battre à nos côtés ou simplement nous aider dans certaines tâches. Mais leur pouvoir est limité, le rayon d'invocation dépend des utilisateurs mais il dépasse rarement les dix mètres. De plus, l'invocateur est lié à son invocation et si l'invocateur subit des assauts répétés ou se blessent il peut parfois en être de même pour son invocation. Il n'y a pas de règle universelle à ce niveau-là.

En quatrième, il y a les Obujek. J'aime les appeler les valises. Tout simplement parce qu'ils n'ont aucun pouvoir, à proprement parlé.

-C'est un peu le pouvoir du malchanceux, ricane Wistom.

-Non, non. Pas toujours. Ce n'est pas eux qui ont obtenu un pouvoir mais un objet ou un vêtement qu'ils avaient sur eux lors de l'incident. Celui-ci mute et devient capable de chose hors normes comme absorber la lumière ou trancher n'importe quel matériau comme du beurre. Mais ils sont souvent la cible de bandits ou de d'assassins de hauts rangs car l'objet peut être utilisé par n'importe qui, du moment qu'il sait s'en servir.

Les Henkans sont la cinquième catégorie. Ils peuvent se transformer totalement ou seulement une partie de leur corps. J'ai déjà affronté un gars qui pouvait devenir comme un alligator et avoir ainsi une peau assez résistante pour ne pas être percé par des balles. C'est une catégorie très impressionnante au combat.

L'avant dernière catégorie est celle des Yoso. Ils contrôlent de leur côté un élément unique, comme par exemple l'air, le feu ou la lave.

Et pour finir, le plus important, les Sekaïs. Ils sont les plus rare à dénicher, seulement une personne sur mille à ce pouvoir. Ils peuvent créer des portails par lesquelles des objets ou des gens peuvent passer.

Voilà, pour l'encyclopédie.

-Wow! Je ne sais pas quoi dire de plus, lâche Wistom totalement bouche bée.

Moi non plus d'ailleurs. Ça fait trop d'informations pour une petite tête mais je pense avoir tout retenu et n'avoir oublié aucun détail.

-Je vous prie de m'excuser. Cela fait beaucoup d'informations à retenir mais ne vous inquiétez pas. Vous aurez tout le loisir d'étudier cela une fois que vous aurez intégré l'armée.

-Quoi ?!

Parfaite synchronisation de notre choc, au même moment nous avons tous les trois crachés notre nourriture ou notre thé soigneusement préparé par le gorille.

-J'aurai peut-être dû commencer par cela...

-Mais vous n'avez pas le droit! On n'a pas envie de nous battre dans l'armée, crie Lyra.

-Je peux le concevoir mais sachez que ce n'est pas moi qui décide ces ordres-là. Malheureusement, tous ceux qui ont été touché par le Nuage de Rey et qui survivent, doivent intégrer l'Ordre d'Artémis sans quoi ils sont enfermés à vie pour haute trahison.

-Rien que ça.

-Comme vous le dites mon cher Myo, rien que ça. Mais voyez cela comme une opportunité de découvrir le monde et peut-être d'accomplir de grandes choses.

-J'ai toujours rêvé de dominer le monde, ça me botte bien.

-Je crois que tu n'as pas bien compris la situation, Wistom, souligne Lyra.

-Oh, ça va. Y a pire. Ça veut dire qu'on n'aura plus de cours.

-Non. Pour ceux comme vous qui n'ont pas finis leur cycle d'étude secondaire, vous aurez un tuteur qui vous suivra sur le terrain et qui vous enseignera tout ce qu'il sait.

-Attendez, ça veut quand même dire plus d'interros surprise et tout le reste ?

-Euh... Oui.

-Yes !!!

-Tu es déprimant, Wistom. Tu ne vois pas que l'on va devoir risquer notre vie au lieu de finir nos études, râle Lyra.

-ça pimentera un peu nos journées, lui dis-je, prenant un instant le parti de mon petit frère.

-Écoutes, Myo pour une fois qu'une once de courage l'anime, sourie-t-il sans se figurer les dangers à venir.

-Parfait. Je vois que vous êtes motivés et il vous en faudra de la motivation, si vous voulez tenir ici. Si vous avez terminé de manger, je vous prierai de me suivre cette fois-ci pour une petite batterie de test.

-Quels genres de tests ? je lui demande.

-Toutes sortes, physique, psychologique et autre... Par ailleurs, votre ami Pold va bien mais il a fallu le soigner d'urgence dû à sa réaction avec le Nuage de Rey et comme vous aimez les bonnes nouvelles, votre amie Zoé a survécu, mais elle est elle aussi en soin intensif.

-Comment se fait-il que nous l'ayons perdu de vue dans l'hôpital d'ailleurs ? demande Lyra.

-Veuillez me pardonner, mais c'est de mon fait. J'ai demandé à l'un de mes supérieurs s'il pouvait faire cela sans que vous ne fassiez attention, afin que vous ne vous inquiétiez pas inutilement.

Étrange. Je n'ai pas pensé une seule seconde à Pold depuis ma rencontre avec Lyra et Wistom. Eux non plus n'ont pas soulevé le sujet. Il faut que nous restions un peu sur nos gardes. Je n'ai pas entièrement confiance en ces lieux, ni dans les personnes qui y sont.

Nous sortons finalement du bureau alors que le gorille semble nous saluer et disparaît comme un mirage. Il semblerait que nous faisons le chemin inverse et nous nous retrouvons dans ce hall où le capitaine Vorka continue de boire sa coupe de thé tout en signant des papiers. De son côté, Soryo n'y prête pas attention et file droit vers une immense porte en argent sur sa droite. Elle doit faire facilement quatre mètres de haut mais elle n'est pas très large et seul une personne à la fois peut entrer.

Il s'arrête donc devant un petit instant. Il prend une longue inspiration et puis souffle tout en poussant la porte. Nous le suivons alors un par un, tandis que je ferme la marche.