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17

POV Ava

La semaine avait filé à une vitesse folle, remplie de journées épuisantes à l'hôpital. Le rythme ne m'avait pas laissé une seconde pour me reposer ou même passer du temps avec mes parents, eux aussi absorbés par les préparatifs de la cérémonie de demain. Jace allait officiellement devenir Alpha, et une fête en son honneur allait rassembler tous les membres de la meute ainsi que des meutes alliées. L'idée de me retrouver à cette célébration en l'honneur de Jace m'emplissait de réticence, mais il était hors de question de me défiler. Mes parents ne me le pardonneraient jamais, et un tel affront aurait des répercussions bien trop lourdes.

Et puis, il y avait Sloan. Mon loup intérieur commençait à me harceler pour que je lui laisse un peu de liberté.

— « S'il te plaît, Ava… On n'a même pas couru cette semaine. J'étouffe ! » gémit-elle dans ma tête.

Je laissai échapper un rire amusé.

— « D'accord, allons-y. Tu l'as bien mérité. »

Sloan laissa échapper un hurlement de satisfaction, trépignant d'impatience. Je sortis discrètement de la maison, me glissant dans l'obscurité de la forêt. Une fois sous la protection des arbres, je retirai mes vêtements et les cachai soigneusement dans le tronc d'un arbre creux, mon point de repère habituel pour les retrouver facilement. Je laissai alors Sloan prendre le contrôle, me transformant en loup.

Nous partîmes à toute vitesse, savourant la sensation de la terre sous nos pattes. Sloan courait sans but précis, juste pour le plaisir de sentir le vent dans notre fourrure, la fraîcheur de la nuit apaisant nos sens tendus. Chaque bond, chaque foulée chassait la fatigue accumulée, libérant une part de moi que je n'avais pas touchée depuis longtemps.

Soudain, alors que nous ralentissions sur le chemin du retour, une odeur inhabituelle nous parvint. Nous nous arrêtâmes, tous nos sens en alerte.

— « Tu sens ça, Sloan ? » murmurai-je en moi-même, tandis que mon loup reniflait l'air, ses oreilles dressées.

— « Oui, mais l'odeur est vague, comme si elle venait de partout à la fois… » répondit-elle, sa voix tendue d'inquiétude.

À peine avais-je eu le temps de réagir qu'une ombre surgit de nulle part, me projetant violemment contre un arbre. La douleur se répandit dans mon flanc, intense et brûlante. Une morsure. Je serrai les dents, essayant de me redresser malgré la sensation de vertige qui me gagnait.

Un rire s'éleva, résonnant dans mon esprit par le lien mental. Ce son moqueur, je le reconnaîtrais entre mille : Avery.

— « Alors, Ava, de retour parmi nous ? Franchement, tu ne m'as pas manqué, et à Jace non plus d'ailleurs, » ricana-t-elle. « Il m'a suffit de peu pour te faire oublier… »

Elle gloussa, et j'entendis son amusement cruel, comme une lame tournant dans une plaie ouverte. Deux loups se tenaient derrière elle, des guerriers de la meute, des imposants aux regards affamés, prêts à attaquer.

— « Ne la laissez pas s'en tirer si facilement, » ordonna Avery, une lueur malveillante dans les yeux.

J'essayai de me redresser, mais le choc m'avait ébranlée, et la morsure pulsait douloureusement sur mon flanc. Les deux loups se rapprochèrent, menaçants, lorsque, d'un coup, une silhouette massive et rapide les renversa.

Un loup gigantesque, au pelage sombre comme la nuit, s'interposa violemment. Ses crocs étincelèrent dans la pénombre alors qu'il mordait et griffait mes assaillants. Les deux loups couinèrent de douleur, reculant sous la force de l'attaque. Même Avery, habituellement si arrogante, recula de quelques pas, la peur se peignant sur son visage.

Elle fit volte-face et s'enfuit, suivie par ses acolytes. L'inconnu se tourna alors vers moi, ses yeux perçants et étrangement familiers. Il me regardait intensément, avec une férocité contenue, mais aussi, je le sentis, une bienveillance.

J'ouvris la gueule pour essayer de l'interpeller, mais avant que je ne puisse émettre le moindre son, il disparut dans l'obscurité, aussi rapidement qu'il était apparu.

Je restai figée un instant, la tête encore embrouillée par la scène. Qui était-il ? Pourquoi m'avoir aidée ? Et surtout, pourquoi se tenir dans l'ombre comme un fantôme ?

— « Sloan, tu as senti qui il était ? » demandai-je, encore secouée.

— « Non… mais il n'est pas de notre meute, ça, j'en suis sûre, » répondit-elle, son ton empreint d'une gravité que je ne lui connaissais pas.

Je restai silencieuse, tentant d'assimiler cette nouvelle information. Un étranger dans les bois… Pourquoi me protégerait-il ? Je n'avais aucune réponse, juste un flot de questions sans fin.

Boitant légèrement, je retrouvai mes vêtements et les enfilai avant de rentrer discrètement chez moi. Heureusement, mes parents n'étaient pas encore rentrés, toujours accaparés par les préparatifs de la cérémonie. Mes vêtements étaient tachés de sang, et je filai sous la douche pour laver mes plaies et tenter d'effacer les souvenirs de cette attaque.

Mais sous le jet d'eau, mon esprit continuait de tourner en boucle. Ce loup inconnu… Qui pouvait-il bien être ? Et pourquoi avait-il agi avec tant de violence pour me sauver, avant de disparaître sans un mot, sans un regard ?

Je posai une main sur mon flanc meurtri, me rappelant la douceur de son regard après l'intensité de l'affrontement. C'était comme si, dans ce regard, il y avait eu une promesse silencieuse. Mais une promesse de quoi ?

Cette pensée m'obséda longtemps, même lorsque je me glissai dans mon lit. Mon cœur battait encore trop vite, et le sommeil se dérobait à moi. Entre l'attaque d'Avery et l'apparition mystérieuse de ce loup, une tempête de questions me tenaillait.

Je murmurai à Sloan, dans l'obscurité de la chambre :

— « Tu crois qu'on le reverra, Sloan ? »

Elle hésita, comme si elle ne voulait pas se montrer trop optimiste.

— « Peut-être, » répondit-elle enfin. « Mais sois prudente, Ava… Ce loup, qui qu'il soit, pourrait bien bouleverser tout ce qu'on pensait savoir. »

Les mots de Sloan résonnèrent dans mon esprit, me laissant avec une certitude : ce loup n'était pas entré dans ma vie par hasard, et ce mystérieux sauvetage était loin d'être la fin de l'histoire.