Après l'epreuve de la purée de carottes, Grave se remit de ses émotions en lisant tout l'après-midi qui suivit.
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Lui qui haissait la lecture de tout son coeur au collège (elle precedait meme les carrottes et les idiots),
il s'etait retrouvé à savoir apprecier un bon livre depuis son hospitalisation.
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Bon, il faut dire qu'il y a quand meme été un peu forcé.
A vrai dire, les infirmiers en avait tellement marre de l'entendre raler a longueur de journée qu'il ont tenté de l'occuper et lui ammenant des livres.
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Et puisqu'il n'y a strictement rien a faire dans un hopital et que l'ennuie le tuait a petit feu, Grave avait décidé de redonner une chance aux livres.
Ca lui rappelais meme les histoires qu'on lui lisait le soir avant de dormir, quand il était petit et encore loin de ce maudit hopital.
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En tout cas, depuis quelque temps, Grave avait commencé a lire «Les Justes» d'Albert Camus.
Une œuvre assez atypique pour un jeune de 17 ans, mais pas très étonnante lorsque l'on connaît un peu Grave.
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Un groupe de terroristes russes qui font un attentat contre le gouverneur de Moscou pour affronter la tyrannie; un livre qui parle de meurtre, d'honneur, de causalité, et de suicide.
Un livre au contenu très jovial, finalement.
Tout ce que Grave aime.
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C'est alors que quelqu'un toqua à la porte de la chambre.
L'infirmier de ce matin était revenu faire son check-up, comme promis.
Grave se redressa et déposa son livre, le cachant presque pour ne pas se faire taquiner (meme si c'est eux qui le lui avait offert, le personnel de l'hopital adorait embeter Grave en lui demandant si c'etait sa copine qui lui avait donné... la logique ? Inexistante).
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''Alors, c'etait bien avec le Sauve-Coeur ? Vous vous etes bien entendus ? Il avait l'air très sympathique en tout cas '' fit l'infirmier pendant qu'il s'occupait de Grave.
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Grave pouffa.
«Sympathique» n'etait pas vraiment le terme qu'il aurait choisit pour qualifier l'énergumène.
«Idiot» ou encore «Imbécile» aurait été plus appropié.
Mais bon, il n'etait pas question de dire ça a l'infirmier...
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'' Il était...correcte.'' répondit simplement Grave
Cette réponse eu pour effet de faire rire l'homme en face de lui, un rire un peu rauque aux airs paternels qui rappela des souvenirs à celui qui l'avait provoqué.
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'' Juste correcte ? Ma foi, tu es bien dur avec tes mots, jeune homme '' s'exclaffa l'infirmier.
'' N'empeche, je pense que c'était une bonne idée de faire appel à lui. Tu es entre de bonnes mains. '' fit-il.
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Cette fois, Grave ne répondit pas et se contenta plutôt d'un simple '' mhm ''.
Cette semi-réponse ne sembla contrarier le moins du monde l'infirmier, habitué à Grave et à son mutisme avec les autres.
Au contraire, l'homme souria, avant de terminer son check-up dans un silence relaxant.
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Cependant, avant de partir, l'infirmier revint dans la pièce (c'etait donc une manie dans cet hopital)
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'' Si je peux me le permettre, Grave, je pense vraiment que ce bonhomme va t'apporter des bonnes choses''
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Face à l'expression perplexe de Grave, l'infirmier souria de nouveau.
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'' La preuve, tu parles déjà plus avec lui en une heure qu'en deux heures avec nous "