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Prologue

8 ANS PLUS TÔT.

Installée dans mon lit, j'attends patiemment que papa vienne me lire une histoire.

Aujourd'hui, avec mon frère jumeau Cyril, j'ai eu dix ans. Bien que nous ne fêtions pas l'événement je connais le jour de notre naissance. Lorsque mon père arrive enfin, je suis dans mon lit, allongée avec mon livre de contes.

- Bonsoir Kristy, que veux-tu que je te lise ce soir ?

- Je ne sais pas trop... Dis-je timidement.

- Qu'est-ce qui te tracasse mon enfant ?

- Aujourd'hui, j'ai vu un monsieur en taper un autre. Pourquoi a t il fait ça papa ?

- Tu veux parler de la scène à laquelle nous avons assisté ce matin près de l'hôpital ?

J'acquiesce d'un hochement de tête.

- Kristy, je pense que tu es assez grande pour connaître l'histoire de notre Terre.

Encore une fois, j'acquiesce, en attendant l'histoire.

- Il y a encore 2 siècles, nous pensions que nous étions les seuls dans cet univers, mais nous nous trompions... Alors que la Terre se détériorait à cause de la sécheresse, de la pollution, que ses ressources s'amenuisaient dangereusement, certains humains ont été « sélectionnés »pour survivre. Ils ont été choisis pour leur argent, leur célébrité ou pour leur influence, des hommes politiques, des hommes de pouvoirs. Leur famille a été elle aussi mise à l'abri. Ils ont été transférés sur une planète similaire à notre Terre. Elle se nomme  ANDALORIS. Les gens riches qui se sont réfugiés sur cette planète, ont été nommés par les terriens « les gens d'en haut ». Ils ont colonisé  Andaloris. Ils ont imposés aux autochtone, les Andaloriens, leurs lois, leurs façon de vivre, absolument tout, y compris leurs erreurs.

- Pourquoi ont-ils fait ça ?

- Le pouvoir sans doute ; je ne sais pas. D'autant que les Andaloriens ont toujours été de nature pacifiste. Je pense que les humains en ont profité. Les Andaloriens se sont laissés faire, sans rien dire, sans rien faire. Ils n'imaginaient pas ce qui allait se passer. Dans leur ignorance, les Andaloriens ne s'étaient pas douté que les gens d'en haut ne voulait plus d'eux... Enfin pas tous ! Car l'histoire s'est répété. Seuls les plus riches, les plus influents ceux qui détenaient les ressources de la planète ont été protégés. Mais tous les autres sont aujourd'hui avec nous, sur la Terre. Avec les gens d'en bas !

- Ils ne sont pas gentils les gens d'en haut ?

- Ils sont différents. Ils n'aiment pas les mêmes choses que nous. Ils ne respectent pas les mêmes choses que nous et n'ont pas les mêmes priorités.

- Moi j'aime bien comment nous sommes, ici.

- Nous ne sommes pas parfaits non plus, Kristy.

- Papa ? Comment nos ancêtres ont réagis en voyant des inconnus arrivés ici ?

- Richard, qui n'était alors que directeur d'université, avait été nommé président de notre État. Il avait accueilli Kaleb, le chef des Andaloriens à Fulgur à l'aéroport. Tout s'est fait très vite. Les Andaloriens sont arrivés sans qu'on s'y attende mais Richard a été rassuré de savoir que Kaleb, ainsi que ses semblables, n'étaient que des réfugiés, des gens en détresses... Comme nous mais...

Je vois mon père pincer ses lèvres, comme s'il n'était pas certain de devoir continuer, il me semble... Perdu dans ses pensées.

- Papa ?

Mon père me sourit tendrement et caresse mes cheveux sombres.

- Pardon, mon cœur, je réfléchissais donc... J'en étais où ?

Je fronce les sourcils.

- Papa, si tu n'arrives pas à suivre toi-même tes conversations, on ne va pas y arriver - ricanais-je.

- C'est exact, - dit-il en riant. Bon... Voyons voir, où en étais-je ? Ah oui... Donc, bien que Kaleb ait l'air pacifiste, Richard restait de nature méfiante. Il avait alors demandé à Angus, un grand scientifique terrien de créer une particule sous forme d'injection pour nous permettre de reconnaître le mal lorsqu'il se présente. Angus était un des seuls « intellectuel » à être resté sur Terre.

- S'il était si fort que ça ? Pourquoi n'est-il pas parti ?

- Il avait été jugé « savant fou » par les gens d'en haut.

Bien que l'histoire soit passionnante, je baille.

- Dors Kristy, tu es fatiguée.

- Non, je veux savoir... La particule papa, c'est grâce à elle que nous avons tous un don ?

- Oui. Malheureusement ou heureusement, nos ancêtres ont mal réagis à cette particule. Chacun a reçu un don : Comme notre chef de l'époque, Richard, certains ont reçu le don de la sagesse, de la clairvoyance. Les sages prêchent la bonne parole, mais surtout, ils arrivent à lire en chacun de nous toutes sorte d'émotions, la peur, l'amour, la haine...

- Comme toi, papa !

Mon père me regarde avec bienveillance et amour, un sourire tendre aux lèvres.

- Oui, mon enfant, comme moi. Les sages sont jugés plus apte à gouverner parce qu'ils ne sont pas porté sur la reconnaissance mais sur leur clairvoyance.

- Pourquoi c'est Stuart et pas toi le chef de l'île papa ?

- Être le chef de l'île en plus d'être le sage des braves aurait été trop de responsabilités et cela m'aurait pris du temps. Temps que je préfère consacrer à ma femme et mes enfants.

- Je comprends, mais Stuart...

- Il a trente ans, c'est jeune, je te l'accorde mais il a été élu par le peuple de Fulgur.

Je le trouve bizarre moi Stuart. Il n'a pas la même façon de penser que toi. Il encourage les punitions que les hommes infligent aux Andaloriens.

- Je sais mon enfant, je le sais… Mais un jour, un autre sage prendra sa place et ce dernier sera peut-être plus tolérant.

- Je l'espère.

- Où en étais-je ?

- Tu t'es encore perdu dans ton histoire - dis-je en riant. Papa... Tu m'expliquais qu'Angus vous avait injecté une particule...

Mon père m'ébouriffa les cheveux en riant avec moi.

- Ah oui ! J'y suis. Donc le premier groupe est composé de sages. Le second groupe, tout comme Angus, et maman aujourd'hui, a reçu le don de la connaissance. Ils sont devenus soigneurs, médecins ou enseignants à Fulgur. Dès qu'ils lisent un livre, ils enregistrent les informations et s'en servent pour le bien de la communauté. Le troisième groupe, celui de ton grand-père, a reçu le don de la bravoure. Ils sont nos soldats. Ils sont là pour faire régner l'ordre en cas de conflits. Ils peuvent endurer torture, cicatriser plus vite... Le quatrième groupe a reçu le don de la réalisation, de la création. Dès qu'une idée leur est inspirée, ils peuvent la réaliser. Le cinquième groupe a reçu le don de la culture, grâce à lui, nous ne manquons, ni d'eau, ni de nourriture.

- C'est grâce aux réalisateurs qu'on a une jolie maison papa ?

- Oui.

- Et c'est grâce aux culturistes qu'on a mangé cette merveilleuse quiche de légumes ce soir ?

- Oui - ricane-t-il.

- Comment ils ont appris à faire tout ça papa ?

- Une fois que tu auras terminé tes études à l'école, ton don te sera révélé. Tu le sauras car la couleur de tes yeux changera. Ton don définira dans quel lycée tu feras ta prochaine rentrée et tes professeurs t'apprendrons là-bas ce qu'il te faut savoir, comprendre, connaître et croire pour optimiser ton don et devenir une citoyenne utile à la population de Fulgur.

- D'accord, je comprends...

Je réfléchis un moment, pourquoi nous en sommes venus à parler de ça ? Ah oui...

- Mais papa, ça ne m'explique pas pourquoi le monsieur frappait l'autre homme.

- Ce n'était pas un homme mais un Andalorien que le monsieur tapait, dit-il tristement.

- Mais c'est pareil !!!... Je ne comprends pas, papa.

- Nos amis pacifistes, je ne les connais pas beaucoup, mais après s'être rendu compte des dons qu'Angus leur avaient insufflés, ils ont considéré les Andaloriens comme une race inférieure à la nôtre. Depuis certains d'entre eux les contraignent à travailler pour nous. Les erreurs passées ont refait surface. Avant les êtres que la société qualifiait d'inférieur devenaient esclaves des êtres que la société qualifiait de supérieur.

- Comme à l'époque où les noirs étaient esclaves des blancs, c'est ça ?

- Oui... En quelques sortes. Aujourd'hui, pour que les Andaloriens puissent se nourrir et vivre avec nous, il faut qu'ils le méritent ! Comme les noirs jadis... C'était au bon vouloir des blancs.

- Ce n'est pas très joli tout ça !

Mon père fait la grimace, comme quand il entend quelqu'un jurer. Ses lèvres sont toutes serrées.

- Pour puiser dans nos ressources, il faut travailler. Voilà pourquoi ceux sont les Andaloriens qui s'occupent des cantines, du ménage dans les lieux publics la nuit. Voilà pourquoi certaines Andaloriennes se retrouvent à garder des enfants pendant que les parents travaillent. Parfois plusieurs Andaloriens construisent des bâtiments de leurs mains pendant des mois alors qu'un réalisateur, un seul, ferait ça en une semaine à peine, reprend-il.

Papa me donna la main et me fait un sourire poli. Juste... « poli ». Comme quand on doit dire bonjour à un inconnu… la politesse… un faux sourire.

- Parfois ils sont sous la chaleur, à cultiver des champs alors qu'un culturiste ferait pousser tout un champ en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Je ne sais pas comment font les humains pour réduire les Andaloriens à ça. Parce qu'après tout, ils nous ressemblent en tout point, sauf qu'ils ont comme une marque en forme d'oiseau dans le cou : « un lori ».

Mon père est de plus en plus triste, je voudrais qu'il me sourit, mais pour de vrai, comme il me sourit d'habitude.

- Tu l'as vu pour de vrai toi ? De prêt ?

- Oui, me répond-il simplement. Les Andaloriens n'ont pas accès à nos écoles. Le seul lieu public où nous pouvons nous croiser est l'ancien aéroport. L'Andalorien que tu as vu était dans une zone interdite pour lui donc le monsieur l'a puni.

Encore une fois, mon père fit une grimace et serra ses lèvres. Il n'est pas content, je le sais. Je veux le faire sourire, mais ça ne marche pas. Alors, je lui fait un câlin. Quand moi je suis triste et que papa me fait un câlin, ça marche toujours. Cela me rend joyeuse normalement. Mais là, même moi je suis triste.

- Je ne trouve pas ça normal, papa.

- Moi non plus ma chérie, mais nous n'y pouvons rien aujourd'hui.

- J'espère que nous pourrons changer les choses un jour papa. Tu verras, un jour, notre Terre ne connaîtra plus de guerre, il n'y aura plus de différence entre un Andalorien et un humain.

- J'en suis sûre ma fille.

- Notre Terre est très jolie comme ça, je l'aime bien. Les gens d'en haut ne savent pas ce qu'ils ratent.

- A l'époque notre monde était ravagé par la pollution. Nous n'avons pas pu sauver l'ensemble de la terre. Nous ne comptons plus que cinq États sur notre planète. Aussi, lors de la création de nos nouveaux gouvernements, nous avons rebaptisé chaque état sous le nom d'un élément, Ventus (Vent), l'état le plus proche du notre, Aqua (Eau), le plus petit État, Ignis (Feu), l'État le plus éloigné du notre, Terra (Terre) l'État semblable au notre mais deux fois moins grand et enfin ici, Fulgur (Foudre), l'État le plus grand de la Terre. Sur Fulgur, les cinq lycées sont identifiés et différenciés par leur couleur... Contrairement à l'école qui est simplement blanche. Les lycées sont de la couleur des dons et servent également de lieu de travail pour chacun de nous. Les connaisseurs, eux, ont aussi l'hôpital comme lieu de travail s'ils sont médecins ou l'école, s'ils sont enseignants. Les lycées sont...

- Ça je le sais ! Bâtiment noir pour les connaisseurs, rouge pour les réalisateurs, bleu pour les braves, jaune pour les sages, vert pour les culturistes, tous les autres bâtiments, l'hôpital, l'école, l'ancien aéroport, les maisons, le siège et le gymnase aussi... Tout est blanc.

Mon père me fait un sourire bienveillant. Mes yeux se ferme presque, mais j'ai envie qu'il continu à me raconter l'histoire.

- Tu as tout à fait raison Kristy, maintenant dors Kristy.

- Papa ? Est-ce que les quatre autres États sont pareils ?

Je fais comme s'il ne m'a rien dit, je VEUX savoir !

- Dans l'ensemble oui, mais je n'en ai visité aucun. Grâce aux dons de culture et de réalisation surtout, nous avons remis notre Terre en état et nous faisons tous en sorte qu'elle le reste. Entre États, nous ne communiquons pas beaucoup. Une fois par an, les terriens qui le souhaitent peuvent partir vivre dans un autre État mais c'est compliqué...

- Qu'est-ce qui est compliqué papa ?

- Apparemment, certains Andaloriens essaient de partir de leur État pour un autre où leur vie serait peut-être meilleure.

Ils veulent s'enfuir ?

- Oui, c'est pour cela que les voyages entre les États sont limités, en dehors des réunions entre chefs, ici, à Fulgur.

- Les Andaloriens à Fulgur, ils veulent partir hein ? Parce qu'on les tape ici.

- On raconte que sur Aqua, Andaloriens et Terriens vivent en harmonie, qu'ils sont en paix.

Mon père prend son air rêveur. Je sais de quoi il rêve. Il rêve de cette harmonie ici, sur Fulgur.

- Moi je trouve Fulgur très beau. J'adore les forêts, un peu partout et toi papa, tu aimes quoi à Fulgur ?

- Tout, mais j'aime beaucoup ces bâtiments imposants. Il y a le siège qui se situe au centre de notre État, plein de maisons entourent cette immense construction blanche. Il y a également l'hôpital qui est à quelques kilomètres du siège. Au Nord-Ouest de l'État, se trouve l'ancien aéroport qui est en bord de plage. C'est le bâtiment le plus reculé de tous avec ton école, qui se trouve au Nord-Est de Fulgur. Le gymnase, qui est entre ton école et les maisons, est au moins à deux bonnes heures de marche de la maison. L'école et les lycées des différentes études, prennent tout l'Est de l'île, les uns près des autres.

- Tu aimes ce que les hommes ont fait ?

- Oui, mais j'aime aussi l'océan, les animaux qui vivent avec nous en harmonie. J'aime surtout notre forêt, ton jardin de roses et...

Mon père cesse de parler au moment où il me voit froncer les sourcils. Il me sourit en attendant que je pose ma question. Le nord, l'est, l'ouest...

- Papa, il y a quoi au Sud de Fulgur ?

- Il y a, ce qu'on appelle le Refuge. Nos ancêtres ont construit ce bâtiment pour les Andaloriens. Qu'ils aient un toit au-dessus de leur tête. Mais nous ne pouvons pas y accéder, c'est interdit... Tout comme les Andaloriens ne peuvent pas aller au-delà de leurs murs.

- Mais pourtant, ils sont parmi nous ? Puisqu'ils nous servent à la cantine, sont dans nos champs et construisent des bâtiments.

Mon père s'allonge à côté de moi, dans mon lit et caresse mes cheveux. Il le fait à chaque fois que je n'arrive pas à dormir et je m'endors à chaque fois de cette façon.

- Oui, mais seuls les Andaloriens ayant été autorisés au préalable à sortir du refuge ont accès à... nos terres, si je puis dire.

- D'accord.

- Nous essayons de préserver notre nature. Pour aller d'un endroit à un autre, nous prenons des autobus. Seuls les braves ont des voitures, car ils leurs arrivent de faire des interventions sur Fulgur. C'est pour le bien de notre planète qu'il y a beaucoup de chemins de terre, beaucoup de nature. Seuls les axes principaux sont des routes. Du siège aux lycées, aux écoles, à l'ancien aéroport, à l'hôpital... Ceux sont les routes de bétons. Pour prendre le bus, nous devons tous aller à pied aux sièges. Une chance pour nous, que notre maison soit près de celui-ci. Je suis désolé pour ceux qui habitent près de la plage. Nous avons des panneaux solaires ainsi que des chauffe-eau solaire afin de produire nous-mêmes notre propre électricité.

- Notre État a des défauts mais j'aime bien vivre ici. Les hivers ne sont pas trop froids et il ne pleut pas souvent.

Mes yeux commencent à se fermer mais je résiste.

- Oui, mais il fait souvent chaud, parfois de façon insoutenable. C'est pour ça que l'océan est indispensable... Pour se rafraîchir.

J'ouvre grand les yeux, réveillée cette fois.

- L'océan ? Mais papa...

- Je sais Kristy, mais l'océan est d'un turquoise... Il est magnifique.

- Je ne sais plus très bien... J'ai peur de l'océan, il est trop grand mais je sais que si l'eau est aussi bleue que notre ciel lors des beaux jours... il doit être d'une couleur magnifique.

- L'océan est magnifique Kristy. Un jour, quand tu seras plus grande, je t'y conduirais et tu verras… Le sable ici, n'est pas entaché par les déchets, ni la pollution... Il y a quelques forêts, comme celle près de notre maison. Elles sont superbes. Ce sont plus des réserves naturelles, où nous trouvons des arbres ainsi que des fleurs en voie de disparitions, comme l'hibiscus par exemple. Il y a aussi des flamboyants, des frangipaniers, des manguiers, les palmistes blanc... Des arbres tous plus magnifiques les uns que les autres, des fleurs extraordinaires…

Mon père adore Fulgur et tout ce que Dieu a créé. Lorsqu'il parle comme ça, je sais qu'il se parle plus à lui-même... Ou il s'adresse à Dieu, je ne sais pas mais en tout qu'à, il ne me parle pas à moi.

- Un jour papa, tu pourras me ramener à la plage, pas maintenant, parce que j'ai peur, mais un jour, tu voudras bien, hein ?

Mon père embrasse délicatement mon front tout en continuant à me caresser les cheveux.

- Oui, mon enfant. Quand tu seras plus grande, en attendant, dors ma Kristy et rêve.

- Je vais rêver de changer notre monde, que les humains et Andaloriens ne se battent plus... Peut-être même qu'un jour, nous nous aimerons tous.

- Très bien Kristy. Je t'aime.

- Je t'aime aussi, papa.

- Dors bien Kristy.»