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Marchand d'esclave

Cela avait semblé être une éternité pour eux, alors qu'en réalité, il ne s'agissait que de trois mois. Artémis et Noctis étaient arrivés à l'Académie du domaine de Throne et avaient rencontré plusieurs personnes lors de leur premier repas, parmi lesquelles Tristan, Arthur et Anna. Devant eux, gisant dans le sable et à peine identifiable, se trouvait le corps sans vie d'Arthur.

Tous les trois se figèrent sous le choc. Loyd ne connaissait pas l'identité du cadavre, mais restait tout de même respectueusement silencieux. Noctis lui en était reconnaissant, car Artémis avait l'air abattue.

Arthur, avec son attitude hautaine mais discrète, ne pouvait pas vraiment être considéré comme un ami. Pourtant, pour Artémis, sa disparition avait une signification très différente. Arthur faisait partie des voyageurs du domaine de Throne, dont elle était la fille, elle devait par conséquent se sentir coupable, c'était stupide du point de vue de personnes comme Loyd et Noctis mais Artémis avait grandit avec ses responsabilités royales.

Au bout d'un certain moment régi par un silence assourdissant, Artémis se tourna vers eux.

- « malgré l'état de son corps, je pense pouvoir dire qu'il n'est pas mort de cause naturelle. Son cœur a été transpercé par une flèche. » Murmura-t-elle d'une voix légèrement tremblante.

Noctis s'approcha d'elle et posa une main sur son épaule.

- « enterrons-le dans le sable. » Dit-il d'une voix rauque.

Artémis secoua la tête.

- « Ça ne servirait à rien. Il serait déterré par la moindre tempête. »

Loyd se rapprocha, les bras croisés sur sa poitrine.

- « chez moi, » commença-t-il lentement, « on dit qu'une personne ne meurt pas tant qu'il reste des gens pour se souvenir d'elle. »

Il y eut un court silence solennel. Ni Artémis ni Noctis n'avaient beaucoup de souvenirs d'Arthur. D'une certaine manière, ils étaient aussi effrayés.

Qui savait combien de voyageurs du domaine de Throne avait survécu ? Étaient-ils les derniers en vie ? Et le domaine lui-même, était-il toujours debout ?

Eux même, rentreraient-ils en vie ? Jusqu'ici, la chance avait été tel un écu divin les protégeant des horreurs indicible du monde des hommes. La chance n'était pas éternelle, et tôt ou tard, l'étreinte froide de la mort les enlacerait. Cependant, seul moyen de gagner contre l'inéluctable était de le considérer comme telle...

Loyd les tira le leurs sombres pensées.

- « nous allons être occupés... Regardez à l'horizon. »

Noctis releva lentement la tête pour constater qu'en effet, à l'horizon, on percevait une forme floue. C'était une longue forme, qui bougeait lentement et était entouré d'autres silhouettes plus petites.

« Une caravane », pensa-t-il.

C'étaient les humains qu'ils cherchaient. Maintenant, cependant, ils savaient que des humains avaient pris la vie d'Arthur. Noctis savait qu'il ne fallait pas entrer dans le cercle vicieux et éternel de la haine pour autant, car ils ignoraient qui était coupable du meurtre.

Mais encore une fois, il ne coûtait rien de rester sur ses gardes. Les réflexions philosophiques sur la mort allaient devoir attendre.

***

La caravane était une file de cinq créatures semblables à des crabes géant et aplati, sur lesquels reposaient des marchandise. Certains tiraient des sortes de calèches adaptés au désert, avec des roues plus large ; celles-ci avaient des soldats sur leur dos, qui semblait les guider.

Ses soldats étaient une vingtaine et portaient tous des Broignes, accompagné de légères capes rouges pour les plus aux gradés. Certains portaient des fouets, d'autres de longs Khépesh de bronze, des épées dont la moitié de la lame était recourbée.

De temps à autre, un soldat fouettait l'une des créatures, parfois parce qu'elles étaient lentes, parfois juste pour se divertir. Pour une raison inconnue, le cortège était assez bien préparé pour résister à une attaque d'envergure. À l'avant, un soldat et un général à cape rouge chevauchaient la même monture monstrueuse. Alors, le soldat vit quelque chose d'inhabituel devant eux.

- « Général Horus », appela-t-il, « il y a des gens. Trois personnes, cent mètres devant nous. »

Le général Horus, qui s'ennuyait depuis un longe moment, releva la tête avec espoir. Lorsqu'il remarqua les trois silhouettes qui se dirigeaient vers eux cent mètres devant, un sourire malfaisant se forma sur ses lèvres.

- « c'est la direction des montagnes. » Jubila-t-il. « Comprends-tu ? Par Râ, ce sont des étrangers ! Tu sais à quel point ils sont rares, et à quel point ils se vendent bien. » Son rictus s'élargit. « Dès qu'on arrive à leurs niveaux, on attaque. Ne préviens pas monsieur, on lui fera la surprise... On aura sans doute une prime ! »

Il caressa avec douceur le pommeau de son Khépesh.

Au même moment, au milieu du cortège, dans une petite calèche tiré par l'une des créatures, un énorme bonhomme avachi sur une montagne de coussin, vêtu des plus riches habilles que l'on puisse trouver et entouré par trois jeunes et belles femmes enchaînées au cou se délecter d'un verre de vin coûteux. Il parlait à un homme de grande taille, assis en face de lui et tout aussi richement vêtu, qui caressait son long bouc du bout des doigts d'une manière ridicule qu'il voulait intimidante.

Les deux hommes vivaient de toute évidence dans l'opulence et la richesse. Alors qu'il buvait salement, laissant la moitié ce son vin se renverser sur ses vêtements, le gros bonhomme pris la parole d'une voix détestable.

- « Hoho, les ventes sont bonnes, ministre Tessai. La vente d'esclave n'a jamais été aussi lucrative et aussi simple ! Ils partent comme des petits pains. »

L'homme au bouc, Tessai, lui sourie sans détacher son regard sournois et pervers d'une des jeunes femmes attaché.

- « Oui, oui, bien sûr. C'est grâce à la reine serpent, elle se fiche bien du commerce d'esclave. C'était une chose beaucoup plus délicate lors du règne du pharaon Dësrete, mais il est maintenant au Monde souterrain, et il ne reviendra pas de la guerre vivant. Une belle vie s'annonce pour nous deux ! Portons un toast ! »

Ils ricanèrent, puis portèrent leurs verres à leur bouche. À ce moment précis, la caravane trembla, et les deux hommes tombèrent à terre.

- « que ! » Malgré les secousses, Tessai se releva difficilement et ouvrit violemment la porte de la calèche, pour tomber directement dans le sable.

La caravane ne pouvait pas se faire attaquer, c'était absurde... Elle était protégée par une vingtaine de soldats impériaux d'élites, tous lourdement armée ! Aucun soldat n'aurait pu les trahir non plus, chacun étant grassement corrompu par l'argent.

Tessai regarda autour de lui, furieux, et assista à une scène effroyable. Devant lui, ses soldats d'élites se faisaient massacrer les uns après les autres, écrasés comme des insectes...

Mais pas par une armée humaine, ni par une horde de monstres...

À l'intérieur de la caravane, le gros vendeur d'esclave rugit :

- « qu'est-ce que c'est, ministre Tessai ? Les forces rebelles ? Combien sont-ils, vingt ? Trente ? »

Tessai se frotta les yeux et regarda encore. Il ne voyait pas un mirage.

- « des rebelles, je ne sais pas, mais... ils sont trois. »