Il se mit à regarder frénétiquement dans toutes les directions. Elles n'étaient plus, là, aucune trace de sang, rien… Cependant l'émotion lui fit tourner la tête. Le sentiment, la peur d'avoir perdu encore tout ce qui lui était cher, il allait se briser. Il pouvait sentir l'ombre l'emporter dans sa faiblesse. Toutefois, lorsqu'il les appela dans cette nuit, Mylon put entendre quelque chose… Quelqu'un ?!
— G-grand-frère c'est toi ?!
— Marlène ?!
Oui, il entendit sa faible voix venant d'une direction mais d'où précisément ? Il ne pouvait détecter étrangement son mana. C'est alors que Lazulis s'y précipita, sentant la petite Marlène. Mylon la suivit jusque dans un bosquet proche et derrière un rocher, se trouvaient ses deux compagnes. Marlène tout écorchée, saignait de ses blessures. Ses cheveux étaient maculés de blancs et de rouges ce qui inquiéta Mylon. Il voulut porter à son secours mais elle intima :
— Non pas moi… Grande-sœur, elle, elle …
Elle pointa Adamantin qui, allongée au sol, possédait une énorme entaille au niveau du ventre. Une telle blessure, que c'était-il passé ? Il hésita par qui commencer mais la blessure d'Ada… Elle ne pouvait pas attendre. Il serra des dents et quitta Marlène pour la chevaleresse. Pendant ce temps, Lazulis se mit à lécher les plaies de Marlène ce qui la piqua un peu mais calma les saignements. De son côté, Mylon, auprès d'Adamantine, se mit à la soigner. Elle était encore consciente mais faible. S'agrippant à son bras, elle lui dit :
— Je-je… Je s-s-suis désolée. Je n'ai pas pu… Ma magie… Je ne suis pas digne, à cause de moi, Marlène- Pourquoi suis-je née... comme ça ?
Elle se mit ainsi à pleurer silencieusement. Sa respiration se faisant de plus en plus difficile, Mylon mit le paquet sur le sort de soin. Il ne comprenait pas de quoi parlait Ada. Cela devait certainement avoir un lien avec son attitude depuis l'attaque mais cette phrase « Pourquoi suis-je née comme ça ? ». Elle retentit dans le plus profond de son être, ne comprenant que trop bien ce sentiment et cette question. Il lui dit d'un ton doux et rassurant :
— Ne dis pas ça, garde juste tes forces. Tout va bien se passer, je suis là.
En même temps que de la soigner, il se mit à lui caresser la tête. C'est alors qu'une voix haletante retentit dans l'obscurité :
— Fiou… Je vous ai enfin retrouvé ! Ce n'est pas facile du tout dans cette pénomb- MAIS QUE ?
Elio, illuminé par une petite boule de lumière prit conscience de la situation. Voyant que celui qui combattu avec lui les Draineclat s'occupait d'une des filles, il décida de s'occuper de celle que léchait le Piou. Il s'approcha de la bête, lui donna un sourire avec une caresse puis s'agenouilla auprès de la jeune fille. Il étudia sa condition.
Des écorchures partout, des maculations de blancs sur ses cheveux… Cela ne peut être que l'œuvre d'un Draineclat.
— V-vous êtes qui vous ? quémanda faiblement Marlène.
— Moi c'est Elio, je suis un artiste martial de passage.
Il se mit ensuite à arracher son propre gui blanc pour en faire des bandages. Il banda ses blessures pendant que Marlène continua :
— Un artiste martial ? Ça a l'air trop… cool. Tu pourrais m'apprendre un tour ?
— C'est à ça que tu penses petite ? Eh bien, tu as l'air d'en avoir dans le ventre à voir tes priorités…
— Je sais juste que… grand-frère va s'occuper de nous.
Elle regarda alors Mylon qui venait de finir de soigner Marlène. Il paraissait pale, très pale. Ada s'était endormit dans ses bras. Elle était soignée, enfin presque. N'étant pas doué pour la magie de soin, elle gardait tout de même une cicatrice.
Bordel, si seulement j'étais plus doué… Elle va devoir en garder une trace à jamais maintenant.
Il tourna son regard vers Marlène et remarqua la présence d'Elio. Il souffla alors comme rassuré de sa présence même s'il ne le connaissait pas. Il vit bien sa bonne intention, surtout qu'il sacrifia son gui assez luxueux pour soigner Marlène. Il reposa néanmoins la tête d'Adamantine sur le sol et se rapprocha d'eux. Il ordonna :
— Lazulis, tu peux garder un œil sur Ada ?!
« Oui, bien sûr maître ! »
Le Piou s'exécuta et Mylon arriva à leur niveau, demandant ainsi à Elio :
— Dit, tu peux utiliser la magie de soin ?
— …Malheureusement non, c'est pour ça que je l'ai bandé ainsi.
— Je vois merci, euh, … ?
— C'est Elio ! Je m'appelle Elio.
— Merci Elio, je vais m'occuper d'elle maintenant.
Mylon se posa lourdement à genoux à côté de Marlène et lui intima :
— Tu as dû être bien courageuse ! J'imagine qu'il vous a donné du fil à retordre…
— Ah-c-ça oui, bégaya faiblement Marlène. Mais toi aussi tu as l'air...
Il n'attendit pas qu'elle termine sa phrase pour se mettre à la soigner. Posant sa main sur la tête de le jaune fille, il devait utiliser son sort sur son corps entier. Il devint alors encore plus pale dans le processus. Il entra en nage et sa respiration se fit encore plus saccadée.
— Tu es sûr que ça va aller ? demanda inquiet Elio. Tu devrais certainement aussi te repos-
— Non, pas question ! lui grogna-t-il. Je ne peux pas, je n'ai pas le droit ! Si j'arrête maintenant, qui sait si son état sera définitif ?! Je préférerais même consumer ma propre vie s'il le faut …
— Grand-frère, non …
Il y mit encore plus de mana. Les blessures de Marlène se refermèrent toutes et les maculations de blancs diminuèrent bien qu'il en resta un peu. Il continua dans le but de toutes les soigner mais des fissures rouges se rependirent sur son corps. Il brillait ainsi dans le noir laissant Elio perplexe :
C'est de la déplétion de mana ?! Non même si cette détermination m'émut, il doit arrêter !
Elio se décida alors de l'arrêter. Il l'attrapa alors et le repoussa de Marlène en lui intimantt :
— Arrête ! Tu crois qu'elle souhaite vraiment que tu meurs pour une telle sottise ?!
Il le reposa au sol et se mit entre lui et Marlène, l'empêchant de la rejoindre.
— Pousse toi ! râla faiblement Mylon. Tu ne comprends pas, je… Je veux juste qu'elle-
Il ne put continuer qu'il s'écroula à genoux, incapable de trouver la force pour rester debout. Marlène s'était endormie de fatigue. Il ne restait plus que lui et Elio de conscient, bien qu'il luttait pour l'être.
— Tu vois bien que tu es à bout. Tu ne fais que de courir, combattre et utiliser de la magie sans considération depuis tout à l'heure ! Un vrai guerrier doit savoir quand s'arrêter, surtout quand il est à bout.
— Un guerrier ? La bonne blague… Parce que… t'es sensé en être un ?
— Un artiste martial. C'est un peu différent mais passons. Tu devrais prendre plus en considération ta santé. Je suis sûre que c'est ce que souhaiterais tes amies…
Mylon haleta en regardant le sol quand il entendit ce sermon. Il en serra le point et le regarda froidement. Il se redressa ensuite du mieux qu'il pouvait, un genou à terre.
— Tu… souffla-t-il. Tu comprendras le jour quand on t'enlèvera tout ce qui t'es cher. Le jour où tu verras ta propre famille se faire massacrer sous tes yeux, le jour où tu comprendras à quel point tu es impuissant dans ce vaste monde, que ta vie est si puérile et sans sens. Et ce n'est vraiment que quand tu retrouveras ta lumière que tu comprendras à quel point tu es prêt à tout pour la protéger…
— Oh boy, oh boy… souffla Elio en posant les mains sur ses hanches. Je ne peux rien contredire, je n'ai rien vécut de si tragique mais là où on en est… Nous devrions couper court et nous occuper de tes amies. J'ai un campement pas loin si tu veux.
Étrange, sesles iris étaient jaunes avant ? Où est-ce dût à la déplétion … ?
— Tu, tu as raisons… Je-je devrais plutôt t'être reconnaissant pour ton aide je le sais.
Argh ! Ma tête …
Mylon se posa une main sur le visage mais continua avec douleur :
— Tu… Peux-tu les mettre sur Laz-ulis s'il te plaît ? J'ai-j'ai besoin juste de quelques seconde seul… d'air…
Elio souffla une fois de plus et lui tapota sur l'épaule sans poser plus de question. Il se dirigea vers les deux autre tandis que Mylon s'écarta et se dirigea derrière des rochers. La douleur se faisait plus vive, il se mit à respirer plus lourdement et à entrer en nage. Il... il l'entendait en boucle dans son esprit :« Tue-le, tue-le, tue-le. Il te prend de haut, te fais le moralisateur alors que ce n'est qu'un humain. »
— Tais toooi ! marmonna-t-il. Je t'ai dit de te taire !! Lâche …mon esprit.
« Pourquoi tant de résistance ? De souffrance ? Si tu me laissais faire, prendre le dessus, alors tu pourrais finalement te reposer. Plus de vengeance, plus d'inquiétude, de douleur. Juste le sommeil ... »
— J'ai dit… La ferme !!
Mylon frappa sa tête à répétition sur le rocher jusqu'au point où il en saigna du nez. La voix se tut au même moment, le relaissant seul avec ses pensées. Il regarda sa main tremblante, les fissures s'en allait peu à peu.
Cet homme… Elio, il avait raison. Je ne devrais pas me pousser autant… Si jamais je finis à sec, si jamais je lâche prise, alors ce sera la fin. Je ne pourrais plus les revoir et il s'occupera certainement d'elles… Je dois trouver ces dagues au plus vite !
Il se ressuya le sang qui coulait de son nez et les rejoignis. De son côté, Elio en profita pour rassembler des affaires éparpillées un peu partout au niveau de l'éboulement. Les pierres avaient bien détruit complètement la charrette mais des affaires n'en restaient pas moins en bon état. Plus particulièrement les sacs de chacun. Un miracle ! Cependant, la nourriture, le reste de ce qui se trouvait dans les caisses, rien de tout ça n'avait survécut. Enfin, il trouva quand mêmes quelques affaires éparpillées au sol qu'il ramassa. Le voyant revenir, il remarqua encore un changement de couleur aux niveaux de ses iris, elles étaient redevenues rouge et bleu. Mais ce qui attira le plus son attention fut le fait que…
— C'est dingue que tu arrives encore à tenir debout ! s'exclama alors Elio. Je comptais venir te chercher… La déplétion de mana n'est pas sensée paralyser normalement ?
— Eh bien… Ça fait la troisième fois en deux mois que ça m'arrive. J'imagine que je m'adapte ? Même si j'ai vraiment mal partout… Je-je suis vrai-m-ment à ma limite.
— Dépêchons nous alors !
Ils se dirigèrent ainsi vers un cabanon sans porte ne se trouvant pas si loin. Il était situé près d'une cascade et recouvert de lianes. Un endroit abandonné depuis longtemps et parfait pour se fondre dans la nature. En voyant l'endroit, Mylon pouffa avec sarcasme :
— C'est ça ta maison ? Elle paye pas de mine…
— J'aurais aimé avoir un chez moi mais malheureusement, non. Je l'ai trouvé y'a pas longtemps profite de l'endroit m'entraîner.
— La vie d'artiste martial hein ?
Quand ils arrivèrent à l'entrée du cabanon, Mylon fut de suite surprit par le manque de lit et de place. Ce n'était qu'une simple pièce sans rien … Tenant son menton, il marmonna :
— On aurait bien besoin d'un matelas de plumes… De plumes ?
Il regarda un instant Lazulis qui tourna sa tête en retour sur le côté. Son regard se fit interrogateur alors que son maître se mit à sourire.
— On va utiliser Lazulis comme lit tiens !
« QUOI ?! J'ai pas donner mon accords moi ! Déjà que je tire la charrette toute la journée…»
— Le Piou hein ? se prononça Elio. Pourquoi pas mais je ne sais pas si ça va être confortable pour elle…
— C'est ça ou rien. Je ne t'ai pas sauvée pour que tu me désobéisse non ?
« Ooorgh… C'est bon, j'ai compris, j'ai compris je ferais le lit pour cette nuit …. »
À cet échange plus que drôle, Elio observa le Piou obéir au doigt et à l'œil. Il plissa les yeux et dit :
— Mais, c'est moi où le Piou t'as vraiment compris. J'ai juré croire voire une vraie conversation entre vous deux…
Lorsqu'il lui fit la remarque, Mylon se laissa glisser contre le mur, dans un coin, pendant que Lazulis s'allongea sur le ventre, au milieu et avec Marlène et Ada sur son dos. Il gémit de douleur avant de marmonner :
— Ca… C'est mon secret on va dire… Je-je vais, plus tard, dormir un peu…
Il s'endormit comme ça, assit sur le sol pendant que ses fissures régressaient lentement. Elio se retrouva seul devant le groupe qu'il venait de sauver. Eh bien, quelle pagaille ! Lui qui était simplement venu pour entraîner son art en forêt, avait fini par faire bien plus que ça et se les retrouvait sur le dos. Il ne les connaissait même pas mais pouvait déjà deviner leur lien avec le peu qu'il en avait vu. Cela lui remplit alors de joie, pour une fois que son art servait à faire le bien.
Bon, autant les laisser ! pensa-t-il.
Il les laissa là et repartit s'entraîner, attendant le lever du soleil.