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Chapitre 19 : Eglise de Lumis (II).

Adamantine, les poings posés sur les hanches, la dévisageait avec un regard emplit de flamme. 

Oh c'est mauvais ça ! pensa Marlène. Elle a l'air vraiment furaxe … 

 

C'est alors qu'elle se rapprocha pour lui tirer l'oreille et la gronder : 

— Je ne t'ai jamais dit que tu pouvais utiliser mes techniques sur tes camarades ! Elles sont destinées à l'auto-défense contre des bandits, pas d'autres enfants ! Dis-toi que tu pourrais vraiment en tuer un si tu ne fais pas attention… 

 

— Mais euuuuh… C'est pas moi qui a commencé ! Il s'est mis à insulter mon amie. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire ! 

 

— Tu aurais dû prévenir un adulte alors ! Pas prendre les choses entre tes mains, tu n'es pas encore assez grande pour maîtriser tous tes coups. Dit lui Mylon, non ? 

 

Toutefois, le jeune hybride avait la larme à l'œil devant un tel spectacle. Il se la ressuya pour affirmer : 

— Je suis tellement fier de toi Marlène ! Tu as retenu ce que je t'ai appris… 

 

— Bah oui ! On frappe les méchants jusqu'à les traumatiser pour plus qu'ils recommencent ! 

 

Adamantine échangea un regard à Mylon avant de lâcher l'oreille de Marlène et de souffler d'exaspération : 

— Je vous jure vous deux, pas un pour rattraper l'autre… 

 

— Vous vous connaissez ?! s'étonna essoufflée Jeanne. Mais où est Soeur Corelia, elle était censée vous surveiller… 

 

C'est alors que Roxanne, la fille thérianthrope revint avec Soeur Corelia, une nonne assez… petite de taille ! Elle était à peine plus grande qu'Eliotte. La nonne s'empressa de s'informer de la situation : 

— Je suis là, je suis là ! Désolé je me suis endormie mais qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu que les enfants se battaient ?! 

 

— C'est vrai ça, enchérit Mylon à Marlène. Tu nous as dis que tu as voulu défendre ton amie qui est… 

 

Marlène s'approcha de Roxane qui se cachait derrière Corelia et l'emmena vers Mylon. La petite thérianthrope, non habitué à autant de présence, baissa des oreilles et ne fit que regarder le sol quand Marlène la présenta. 

 

Une cicatrice au cou ? se demanda Mylon. Elle a l'air d'avoir été réalisé par une lame… Qu'est-ce qui est donc arrivé à cet enfant ? 

 

Il s'agenouilla ensuite pour pouvoir la regarder dans les yeux. Bien qu'elle le fuyait du regard, il put avoir un échange avec… C'est alors qu'il le reconnut, ce regard que donne une personne qui a perdue tout envie de vivre, ce même regard qu'il arborait autrefois pendant une phase de sa jeunesse. Toutefois, il y vit quand même une lueur, une lueur qui s'y affichait quand elle regardait Marlène. Cela le rassura un peu mais il caressa la tête de la thérianthrope pour la rassurer de même. Il lui intima ainsi : 

— Ravi de te rencontrer Roxanne. J'espère que tu t'entendras bien avec ma « petite-soeur ». Elle peut parfois paraître égoïste lorsqu'elle est lancée sur ses passions mais elle est très attentionnée et ouverte d'esprit. Je suis sûr que vous allez bien vous entendre … 

 

La petite thérianthrope se mit alors enfin à le regarder. Elle posa sa main à l'endroit où l'avait touché Mylon et acquiesça d'un air surpris. Marlène, elle, en rougit un instant avant de se reprendre et de clamer à tout le monde : 

— Vous ne vous rendez pas compte de ce que l'autre lui a dit ?! Il l'a appelé « trisomique de chatte de gouttière » et même de monstre ! Je n'ai pas pu me retenir de le remettre en place… 

 

Les adultes se regardèrent tous un instant puis, voyant Eliotte toujours inconscient, Corelia se précipita vers le jeune homme pour le soigner avec un sort. Toutefois, Soeur Jeanne s'approcha des cinq autres enfants et les sermonna : 

— Vous cinq !! Est-ce la vérité ? Oh et je vous préviens, si j'apprends que vous me mentez, je laisserais Soeur Orelia décider de votre sanction. 

 

— Non, tout mais pas Sœur Orelia, s'il vous plaît ! 

 

— J'ai pas envie de subir son courroux ! se plaint un autre. C-c'est vrai ce que la fille raconte ! 

 

— Et vous êtes restez là, sans rien faire ? questionna Jeanne. Vous avez laissé votre camarade se faire harceler par Eliotte ? Vous n'avez pas un peu honte de votre comportement ?! Est-ce comme cela que nous vous avons éduqués ici ? 

 

— Non madame… 

 

— Désolé … 

 

Ils regardèrent tous timidement le sol ce qui fit souffler Jeanne. De son côté, Adamantine finit une dernière fois son sermon : 

— Je comprends la situation Marlène, vraiment. Mais il faut comprendre qu'on ne peut tout régler par la violence parfois. 

 

De son côté, Mylon, dans le dos d'Ada, lui parlait avec des signes pour contredire la chevaleresse. Pour lui, elle avait bien fait et lui rappelait même Léa, au temps où il se trouvait encore dans un couvent. 

— C'est pour ça que tu vas devoir être punis, finit Adamantine. Tu comprends ? 

 

— Oui grande-soeur… 

 

Jeanne revint ainsi vers eux suivit du groupe d'enfant et d'un Eliotte réveillé mais dans les nuages. Elle intima aux deux visiteurs : 

— Bien Mademoiselle Dandelion, Monsieur, je vais vous laisser un instant pour emmener tous ces garnements pour leur punition. Même toi Marlène comme l'a dit ton amie, je suis désolée mais je me dois de rester impartiale… 

 

Elle commença à s'en aller suivit des enfants et de Marlène mais Mylon la retint un instant pour lui dire : 

— Ne t'inquiète pas ! Cela ne va pas être trop grave. Tu as bien agi, je suis vraiment fier qu'importe ce que l'on peut te dire et, dit toi qu'une punition ne peut que te rendre plus forte ! 

 

Il lui caressa une fois la tête puis Marlène le remercia avant d'aller rattraper les autres. Nos deux tourtereaux se retrouvaient donc seuls avec Soeur Corelia qui devait lever la tête pour voir leur visage. 

— Le hasard fait bien les choses souffla, Ada. 

 

— Ça tu peux le dire, affirma Mylon. Qui aurait pu prédire qu'on la retrouverait ici, aujourd'hui et aussi tôt ? 

 

Coralie était tout aussi perdue que Roxanne qui se tenait à côté d'elle. Cela l'obligea à leur demander : 

— Excusez-moi mais… Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? 

 

— Ah ça ? revint Adamantine à la réalité. C'est vrai qu'avec ça, Soeur Jeanne nous a quitté pour s'occuper des enfants… 

 

— Nous étions juste venu visiter l'église. 

 

— Des visiteurs ? interrogea Corali. 

 

Elle enleva sa coiffe, dévoilant ses cheveux vert foncé et son visage assez rond. Cela lui permit de mieux les voir et de continuer : 

— Oh ! Vous êtes des disciples de Lumis alors ? 

 

— Non désolé, ria de gêne Adamantine. J'ai été élevé celons les principes de Mitra. C'est plutôt… 

 

— Moi, continua Mylon. J'ai vécu un temps dans un couvent de Lumis… Quand j'ai appris qu'il y avait une église qui faisait aussi couvent ici, j'ai voulu venir voir par curiosité. 

 

— Juste de la curiosité ? demanda subitement une énième personne. 

 

Surprit, il fit un petit bond sur lui-même avant de se retourner pour apercevoir Soeur Mésandre, la plus âgée des nonnes derrière lui. Celle-ci indiqua à Coralie avec un sourire : 

— Ne t'inquiète pas Corelia, je vais m'occuper de nos visiteurs à la place de Jeanne. 

 

— Très bien … 

 

Elle s'en alla alors en tirant gentiment Roxanne par la main. C'est ainsi que continua Mésandre : 

— Veuillez m'excusez Mademoiselle Dandelion. Les enfants dont nous nous occupons sont assez agités en ce moment. Surtout quand ils voient de nouvelles têtes, la peur de l'étranger prends parfois le dessus. Mais la petite Wallheart a l'air de bien s'être débrouillée, moi-même suis fier d'elle pour avoir défendue la petite Roxanne. 

 

— Ce n'est rien madame. C'est plutôt à nous de nous excusez car nous avons appris Marlène à se défendre. Je n'imaginais pas qu'elle utiliserait ces connaissances dans ce but… 

 

 

— Ce n'est rien ma chère voyons. Passons à autre chose, Jeanne ne vous a pas tout montré non ? 

 

Elle les amena donc faire le reste de la visite et ils purent faire le même constat que Marlène : l'endroit était dans un sale état. Enfin, ils voyaient bien que le couvent avait fait son temps et avait besoin de rénovations. De plus en visitant, Mésandre demanda à Mylon : 

— Dis-moi jeune homme. Tu as dit à Coralie que tu avais été élevé quelque temps dans un couvent. Puis-je savoir lequel ? J'en connais beaucoup voyez-vous et j'aimerais savoir qui a permis à un Damné tel que toi de pouvoir survivre. Cette nonne doit avoir un grand coeur… 

 

— Ça… souffla Mylon. C'était un couvent au beau milieu de nulle part, un couvent situé en plein milieu de la forêt de Lumare. 

 

— La forêt de… Lumare ? Hmmm, j'ai déjà entendu parler de celle-ci. Oui… Ma mémoire me fait toutefois un peu défaut j'ai l'impression. Peux-tu me donner le nom d'une des nonnes qui le dirigeait ? 

 

— …Soeur Lizbeth. 

 

— Lizbeth, Lizbeth …. 

 

— Attendez, s'interposa Adamantine. Lizbeth comme la Lizbeth ? Celle qui aurait soigné le héros à l'article de la mort avant même qu'il ne devienne célèbre ? 

 

— Je ne sais pas moi. Je sais juste qu'elle était une connaissance de mes parents… 

 

— Cela me revient, oui ! Vous avez raison mademoiselle, c'est bien elle ! Elle s'était retirée dans la forêt de Lumare avec d'autres de nos Soeur pour mener une vie piètre et simple, dans le but d'être au plus proche de Stella et Gaea. Mais alors, si tu es un de ces enfants, tu es… 

 

— Le seul survivant ? Oui, enfin, j'en ai aucune idée… 

 

Mésandre se tint le menton et regarda autour d'elle. Elle prit subitement la décision de les emmener dans son bureau pour continuer la discussion. Elle s'installa dans son siège et lui dit : 

— En effet, si tu dis vrais, tu es bien le seul rescapé. Il est dit que tout le monde y est décédé après qu'un incendie ait ravagé l'endroit. Personne n'a jamais sût si c'était un acte criminel ou bien un incident ou encore une attaque de monstres… 

 

— Je… Que dire ? s'interrogea Mylon. Je pourrais vous dire ma version, une version que si elle se répand, pourrait mettre en danger les détenteurs de cette vérité. Je ne pense pas vouloir vous mettre en danger vous et les enfants… 

 

— Ce n'est rien ça ! s'exclama Mésandre. Ce n'est pas comme si j'allais le crier sur tous les toits. Mais c'est si grave que cela ? 

 

Mylon hésita un instant. C'était une partie de sa vie, une partie qu'il avait du mal à partager comme ça à des inconnues. Toutefois, il se dit qu'il avait un devoir de mémoire envers celles qui l'ont recueilli à son plus bas autrefois. Une mémoire qu'une consoeur de Soeur Liz était digne de connaître et porter à son tour. Il vint finalement avec une version n'impliquant pas ses origines : 

— Et bien, cela pourrait être difficile à croire mais le couvent de Lumare a été réduit en cendre par des membres de Mitra ainsi qu'un homme habillé d'une armure violette foncée. Le dernier souvenir que j'ai, c'est celui d'une amie à moi qui me pousse du haut d'une falaise pour sauver ma vie face aux déferlements de flammes. Je peux encore entendre les cris d'agonie des enfants et des autres Soeur. Je peux encore revoir Soeur Liz s'interposer devant nous en nous intimant de fuir… 

 

— Au nom des déesses ! C'est affreux… 

 

— Mylon… 

 

Adamantine vint placer sa main dans son dos pour le rassurer et il lui rendit un sourire. Choqué par de telles atrocitées, Mésandre interrogea : 

— Mais pourquoi ? Pourquoi faire de tels actes ? Cela ne va pas avec la volonté de Stella… Elle qui prône la paix et la prospérité des peuples. Je sais bien que Mitra est plus exigeante, exclue les autres races et nous voit un peu du mauvais œil, mais quand même ! Mon brave, je suis tellement désolé que vous ayez dû vivre de telles horreurs. Mes pauvres Soeur… 

 

La pièce devint silencieuse, chacun d'entre eux ne sachant comment continuer. C'était une gêne qu'il avait instiguée et Mylon voulut donc y remédier : 

— C'est pour cela… J'aimerais honorer leur mémoire en vous aidant si possible. Il y a-t-il la moindre chose que je puisse faire ? J'ai vu l'état de l'église, peut être puis-je aider à l'entretient ? 

 

— Je te remercie, c'est gentil mais tu es un Damné. Je n'ai pas envie de te faire souffrir en te faisant travailler ici. Ta condition est bien déjà triste, je n'ai pas envie de l'aggraver. Et nous n'avons tout simplement pas les fonds pour la rénovation… 

 

— Ça peut s'arranger ça ! intervint Adamantine. Et si la famille Dandelion vous faisait une donation ? 

 

— Une donation ? Mais je croyais que votre famille ne roulait plus sur l'or et que votre père- 

 

— Ce n'est rien ! J'y mettrais une partie de mes économies et je suis sûr que mon père accepterait. Après tout, quoi de mieux qu'un acte de charité pour redorer notre blason ? Je suis sûr que ça ira avec lui. 

 

Mésandre s'inclina alors devant Adamantine et lui intima : 

— Merci, merci du fond du cœur. Votre bonté est si grande ! Stella doit être fière que votre famille puisse compter une femme si douée de compassion. Vous relevez l'image de la noblesse… 

 

Ada en rougit et Mylon ne put qu'en sourire. Oui, c'était une personne exceptionnelle à ses yeux. Elle était pour lui une lumière qui brille dans ce monde obscur. Une des personnes qui lui faisait prendre conscience que le genre humain n'était pas que mauvais. Un merci n'aurait jamais pu suffire, jamais... Ils conclurent ainsi d'une telle aide et aujourd'hui, Mylon allait faire de son possible pour retaper le peu qu'il pouvait sans les planches de bois nécessaires, tandis que Mésandre allait passer la commande de ces planches avec Adamantine. C'est ainsi, qu'en cachette, Mylon utilisa de la magie pour nettoyer du mieux qu'il peut ce qu'il pouvait et ce, avec les outils à sa disposition. Il y avait bien un autre moyen, celui de directement altérer la matière avec la magie mais il ne maitrisait pas bien cette technique même après qu'Angela lui apprit les bases. 

Toutefois, il sauta le repas du midi pour être plus efficace et alors que le temps passait, l'horloge sonna les quinze heures. C'est alors qu'il put voir à travers une fenêtre, Marlène et Eliotte dans la cour de dehors surveillé par… 

— Wow, le physique de cette Soeur ! s'exclama-t-il de surprise. 

 

En effet, celle qui les surveillait était doté d'un physique exceptionnel. On pouvait voir se dessiner sous sa tunique six abdos saillants. De plus, elle ne portait pas comme les autres de longues manches ce qui laissait ses bras très bien taillés à l'air. C'était de même pour ses jambes et elle avait l'air assez bronzée à force de laisser ces parties à l'air. Elle n'était pas non plus de carrure imposante et gardait des courbures fines. Cela le fit questionner si cette femme était vraiment une nonne. Elle surveillait les deux bagarreurs avec une sorte de lame en bois posé sur l'épaule… 

Mais pourquoi les surveiller ? C'était en fait leur punition, elle les obligeait à effectuer des… pompes ? Eliotte avait l'air de souffrir tandis que Marlène… 

— Alors elle ! ria Mylon. Elle est vraiment inépuisable. 

 

En effet, elle y allait à fond et les réalisait rapidement. Si bien qu'Eliotte en était choqué. De son côté, puisqu'il ne pouvait rien faire de plus que ce qu'il avait fait, Mylon décida d'aller les voir en attendant le retour d'Ada. Lorsqu'il se dirigea vers eux, il put mieux détailler le visage de la nonne. Elle possédait des yeux écarlates avec des cheveux brun court et ébouriffés. Marlène exerçait toujours aussi énergiquement les pompes tandis qu'Eliotte s'était effondré au sol. En le voyant arrivé, la nonne l'interpella : 

— Ah c'est toi le Damné dont m'a parler Mésandre ? Moi c'est Orelia, enchantée ! 

 

— Grand-frère c'est toi ?! 

 

Marlène s'arrêta un moment pour lever la tête mais elle fut ramenée à l'exercice par un coup d'épée au sol de la part d'Orelia. 

— C'est ça, moi c'est Mylon. Mais dites-moi, depuis combien de temps les faites-vous travailler comme ça ? 

 

— Ah ça ? Au moins un bon trente minutes, je dirais qu'il leur en reste une heure et ce sera terminé. 

 

— Une bonne heure ? Les pauvres quand même… Enfin, bon pas pour lui… 

 

Il donna un regard froid à Eliotte qui se mit à trembler à sa vue. Toutefois, il souffla et continua : 

— N'y a-t-il pas un moyen d'arrêter leur punition dès maintenant ? Je pense que chacun a compris ses torts… 

 

— Hmm, peut-être, peut être… Tu es bien un grand-frère attentionné à ce que je vois. Moi, je m'occupe de développer le côté physique et manuel des enfants. Bon, je m'occupe aussi du jardin mais ça n'a aucun rapport. Ce que je veux dire, c'est que si tu me bats en duel, je veux bien les laisser tranquille. 

 

— Un duel ? Doit-on vraiment s'affronter ? Je croyais que vous n'appreniez pas la violence aux enfants… 

 

— Roh, ça c'est la vision des autres sœurs. Le monde est assez cruel et pour des orphelins, savoir se défendre un minimum est important. Bien sinon, un coup ! Tu as l'air assez costaud et j'ai envie de voir l'étendu de ma résistance pour le prochain tournoi. 

 

À cette annonce, les trois autres écarquillèrent des yeux : une nonne allait participer à un tournoi ?! Les voyant ainsi, elle se justifia : 

— Attendez, attendez, je participe seulement pour les lames ! Ce sont des reliques sacrées et je ne vois pas pourquoi l'église de Mitra a donné son accord pour en faire un prix. Si je les gagne, cela nous permettrait peut-être de gagner en notoriété dans la ville et d'obtenir des subventions. On en a vraiment besoin pour continuer à éduquer les enfants dans la pérennité… 

 

Sous son apparence brut, Mylon remarqua ainsi qu'elle était finalement plutôt attentionnée et prévenante envers les enfants. Il souffla alors et dit : 

— Un coup ? Je gagne à quelle condition ? 

 

— Ah bah voilà quand tu veux ! C'est simple, tu me donnes un coup au ventre et si je suis satisfaite, tu gagnes. L'inverse, tu perds… 

 

Assez étrange comme façon de faire. Mais qu'est-ce qui lui donnerait satisfaction ? Peut-être le fait de démontrer ma capacité à me défendre et donc ma force ? Eh, bon, je vais quand même me retenir … 

 

— D'accords je vois. Mais venez pas vous plaindre si je vous fais mal… 

 

— Ça m'étonnerai mais bon, allons-y ! 

 

Ils se mirent tous deux en place, Orélia contractant l'entièreté de son corps lorsque Mylon prit une pose d'attaque. Marlène et Eliotte se mit sur le côté pour observer et le garçon se plaignit : 

— Il croit vraiment pouvoir faire quelque chose ? Même s'il est musclé, c'est un Damné. Il ne va que chatouiller Soeur Orelia. 

 

— Hm, regarde un peu au lieu de jacasser. Grand-frère est la personne la plus forte que je connaisse ! Tu devrais attendre de connaître une personne avant de la juger, tu as déjà fait l'erreur une fois en face de moi. Apprends un peu de tes erreurs… 

 

— C'est ce qu'on va voire gamine. 

 

Ils arrêtèrent de discuter quand Orelia donna son feu vert à Mylon pour frapper. Il prit alors une grande inspiration. Non pas qu'il allait y mettre toute ses forces mais il se concentrait pour la maîtriser et ne pas y aller trop fort. 

… 

….. 

.... 

Il frappa enfin. Ce fut un coup sec, rapide et puissant. Toutefois, à vouloir trop maîtriser sa force, il manqua sa cible et frappa un peu plus bas que prévu. À l'impact, Orelia fut prise d'une sueur froide et cracha de douleur. Elle s'effondra à genou ce qui fit reculer Mylon d'un pas. Elle entra en larme tout en tremblant et ce fut à ce moment que les trois le remarquèrent… 

— De l'eau ? interrogea Eliotte sous le choc. 

 

— C'est une flaque qui vient de… ajouta Marlène. Non, c'est pas ça quand même ? 

 

— Mes, mes jambes, bégaya Orelia. Je sens plus mes jambes, je n'arrive pas à les bouger… 

 

Toutefois, c'est une fois la douleur ayant un peu diminuer qu'elle remarqua ce qui semblait être un liquide s'écouler de… 

…. 

….. 

— Ne me regardez pas ! supplia Orelia avec des larmes de crocodiles. Retournez-vous !! Je, je … Aaaah, la honte… Pourquoi ? Pourquoi ?! Je n'avais pas prédit quelque chose comme ça moi… 

 

Elle se mit à rougir de panique et à se couvrir les yeux. Mylon se retourna rapidement vers Marlène, l'attrapa les épaules et lui intima d'un air plus que sérieux et paniqué : 

— Tu sais ce que tu as à faire Marlène ? Comme à ForteMarbre : mission nettoyage et soin. J-je vais emmener Eliotte plus loin. 

 

— Ok mon capichef !! 

 

Elle s'exécuta donc mais alors que les deux autres allaient partir. Ils furent arrêtés par une voix forte : 

— Mais qu'est-ce qui se passe ici ? 

 

Mylon se figea. Il se mit à trembler tout comme Eliotte devant l'autorité qui s'en dégageait. Mylon posa bravement sa main sur l'épaule du jeune homme pour lui intimer une dernière fois : 

— Fuis gamin ! Cela ne te concerne pas… C'est ma bataille, tâche juste d'être un peu meilleur la prochaine fois. Je ne pardonne qu'une fois pour ma part… 

 

Eliotte acquiesça silencieusement et se mit à fuir les larmes aux yeux. Mylon se retourna ainsi avec une sueur froide et dit maladroitement : 

— Attends Ada, ce-ce n'est pas ce que tu crois. Il y a méprise ! C'est Soeur Orelia qui m'a demandé de la frapper… 

 

Quel idiot ! Dis comme ça, ça fait encore plus bizarre…  

 

— Tu as fait quoi ? Et à une Soeur en plus ?! 

 

Alors qu'elle s'approchait avec un regard de flamme, Adamantine fut retenu par Mésandre qui voulu la rassurer : 

— Ma chère, calmez-vous s'il vous plaît. Je connais bien Soeur Orélia… Elle a dû s'attirer ce sort avec ses lubies. Je pense que notre cher Mylon n'est pas le seul à blâmer. N'est-ce pas Orelia ? 

 

La sœur qui fut enfin soigné et lavé par Marlène, se releva avec du mal pour rassurer notre jeune noble : 

— I-i-il dit vrai ! Je l'ai défié de me frapper au ventre… J-je voulais voir juste tester ma résistance. Je-je ne savais pas que j'étais si fragile, quel embarra... 

 

— Pas besoin de vous dévaloriser ! ajouta Marlène avec fierté. Grand-frère est juste trop fort… 

 

L'affirmation d'Orelia poussa Adamantine à se couvrir les yeux pendant que Mylon s'inclinait devant Orelia pour s'excuser. Or, la nonne le défendit : 

— C'est bon, ce n'est rien, vraiment ! C'est que tu es vraiment fort… J'imagine que je suis loin encore d'avoir un corps parfait. Si même un Damné peut atteindre ce niveau alors je devrais en être capable aussi ! 

 

Cependant, Mylon se sentit vraiment mal car il n'était ce qu'elle pensait. À chaque fois qu'on le mentionnait comme un Damné, il s'en sentait le coeur plus lourd, plus coupable d'usurper la condition de ces pauvres gens… 

C'est ainsi qu'après un dernier sermon d'Ada et quelques arrangements, que nos deux héros s'en retournèrent à leur auberge. Toutefois cela n'allait pas être la dernière fois qu'ils s'y rendent, Mylon leur avait promis de participer aux rénovations de l'église en aidant à remplacer les vieilles planches de bois. Il allait y retourner chaque fin d'après-midi pour se faire. Un jour s'était déjà déroulé, plus que cinq avant le banquet puis le tournois. Chacun avait son lot de chose à travailler avant, cette semaine s'annonçait chargée... 

 

De son côté, Marlène retrouva sa mère en fin d'après-midi et retourna chez elle. Quand Leyla fut informé des évènements, elle pinça des joues sa fille en lui donnant aussi un sermon. Toutefois, elle fut heureuse d'apprendre qu'elle s'était fait une amie là-bas. Leur vie allait enfin pouvoir reprendre un court normal après tout ce temps.