webnovel

Prompt Rétablissement

Lorsqu'Eiji se réveilla, il reconnut immédiatement le plafond en chêne de l'auberge des Trois Vents. Allongé dans un lit, il essaya de bouger son corps, en vain. Il était comme paralysé. A cela venait s'ajouter la douleur qui l'assaillait à chaque fois qu'il essayait de bouger.

Il pouvait malgré tout bouger sa tête. Il parcouru donc du regard la chambre. Au loin à sa gauche, il pouvait apercevoir son sabre, à qui il devait la vie. Mais ce qui attira le plus son attention, c'était Ophélie, qui s'était assoupie la tête sur son lit, assise accroupie au sol.

Il souhaitât la réveiller, en vain : son état ne le lui permettait pas. Il ne fit donc rien, et resta dans son lit pendant plusieurs dizaines de minutes durant, attendant l'arrivée de son mentor ou le réveil de sa camarade.

Moins d'une heure après son réveil, la porte de la chambre s'entrouvrit. Derrière celle-ci apparut Tahrren, les bras chargés de nourriture. Il entra et déposa les aliments sur la table de chevet. C'est à ce moment qu'il remarqua qu'Eiji était éveillé.

"Alors, bien dormi ?" dit-il accompagné d'un rire léger. Il recouvra rapidement son sérieux. "Tu te sens mieux ? Tu étais gravement blessé. Sans Ophélie… Je crois bien que tu aurais pu en mourir."

Eiji soupira. Il ne pouvait toujours pas bouger mais ne ressentait plus aucune douleur.

"Tout va bien, merci. Malheureusement, je ne peux toujours pas bouger. C'est un sentiment plutôt désagréable."

Un sourire léger se dessina sur le visage de Tahrren. Il prit une chaise à proximité et s'assit à côté d'Eiji.

"La paralysie est un effet secondaire classique des sorts de soin. Bien qu'ils aient l'air miraculeux comme ça, les sorts de soin puisent dans l'énergie du blessé pour lui permettre de guérir plus rapidement. Il existe des sorts de régénération pour pallier à ces défauts, mais ils sont complexes. Ophélie sait très probablement les utiliser au vu de ses compétences de soin, mais elle est complètement épuisée pour le moment."

Les deux regardèrent Ophélie, dormant profondément, la tête posée sur le lit. Le visage d'Eiji se ferma. Jamais il ne pourra suffisamment la remercier pour l'avoir sauvé.

"Bien ! Ce n'est pas comme si nous ne pouvions rien faire pour ta paralysie. En attendant qu'Ophélie ne se réveille, je t'invite à manger un peu. Cela te permettra de recouvrir un peu d'énergie. Ce n'est pas ce qui va te remettre sur pied dans la foulée, mais c'est toujours mieux que de ne rien faire. Et puis, tu dois avoir faim, car voilà une quinzaine d'heures que tu n'as pas mangé !"

Eiji fixa son mentor, avant de lui afficher un sourire amer.

"Merci beaucoup, mais je pense que tu oublies toutefois que je suis paralysé. Comment pourrais-je manger ?"

Tahrren soupira profondément et gratta son front de sa main droite avant de le reprendre.

"Quand je t'ai demandé de m'accompagner dans ma quête, ce jour-là, je ne m'attendais pas à devoir te nourrir moi-même. Mais quand il le faut... Je te préviens, je ne sais pas cuisiner, alors j'ai pris ce que tu pouvais manger directement. Autrement dit des fruits. J'espère que cela te convient."

Tandis que Tahrren s'approchait de la nourriture qu'il venait d'acheter, Eiji ne lui répondit pas. Il savait que son mentor n'était pas doué pour la cuisine et même pour toute tâche ménagère, mais il ne se doutait pas que c'en était à ce point.

Parmi les aliments sur la table, l'elfe prit une pomme. Il la tendit ensuite doucement vers la bouche de son apprenti. Avant que celle-ci ne rencontre la peau de ce dernier, il ouvrit la bouche et croqua dedans. Le jus du fruit dégoulina sur sa mâchoire, mais il n'y prêta guère attention.

Ce n'est qu'après avoir commencé à manger qu'il se rendit compte de sa faim. Le goût subtilement sucré de la pomme lui permit également de se délester de ses doutes et des réminiscences de ses souffrances.

Il mangea ainsi plusieurs fruits, majoritairement des pommes. Lorsqu'il eut terminé, il se sentait déjà presque revigoré. Il pouvait bouger, bien que doucement seulement, quelques-uns de ses membres comme ses pieds et ses doigts. Le reste de son corps ne pouvait encore faire que de faibles mouvements et ne lui permettaient pas de se lever, encore moins de marcher.

Alors qu'il examinait l'évolution de l'état de son corps, Ophélie, qui était profondément endormie jusqu'alors, se réveilla lentement en un léger bâillement. Il la fixa durant tout le processus, de ses premiers frémissements jusqu'à ce qu'elle le fixât à son tour. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle rougit légèrement, réalisant la situation.

"Bonjour, Ophélie." Dit calmement Eiji. "Tu as bien dormi, j'espère ?"

Ophélie rougit davantage, et ne sut s'exprimer que par quelques mots balbutiés.

"E-Eiji ! Je… Je suis heureuse que tu sois rétablit."

Elle prit sa main et la serra fort contre elle sans qu'Eiji ne puisse riposter. Quelques larmes ruisselèrent sur son visage et sa respiration s'accéléra inconsciemment.

"Vraiment… Je suis si heureuse. Quand… Quand je t'ai retrouvé, tu… Tu étais si gravement blessé ! J'ai bien cru que tu allais mourir."

Si Eiji n'étais pas encore si restreint dans ses mouvements, il aurait souhaité la prendre dans ses bras. Il sentit des larmes remonter jusqu'à ses paupières mais aucune ne coula.

"C'est ainsi. Comme le dit Tahrren, nous sommes en guerre. Aujourd'hui, tu es mon héroïne. Mais demain peut-être, je mourrai sur un champ de bataille. Ainsi est faite la vie d'un soldat."

Ophélie fourra sa tête dans le lit. Après quelques secondes, elle sut se calmer.

"C'est vraiment injuste."

Eiji ferma les yeux à ces paroles. Il savait qu'elle avait raison, et ce qu'elle ressentait. C'était injuste, oui. Personne ne devrait avoir à mourir pour des inconnus. Un Homme a déjà bien à faire avec la sécurité et le bien être de sa propre famille, et il était le mieux placé pour le savoir. Mais c'était nécessaire. Malheureusement, il ne savait pas comment l'exprimer et ne sut que se taire.

Tahrren s'approcha lentement, pas à pas, et s'accroupit aux côtés d'Ophélia.

"C'est injuste, mais nécessaire. Le monde est tourmenté. Entre le peuple, les innocents et manipulés, et les égoïstes qui ne souhaitent que leur bien être au prix de la perte de toute vie sur ces terres, nous, les gardiens de la liberté de vivre, ne sommes que des pantins représentant un espoir sans doute vain. Mais cela est nécessaire, car sans cet espoir, c'est la fin de la vie telle que nous connaissons qui s'arrêtera d'ici quelques décennies au plus tard. Vous sous-estimez sans doute encore l'importance de notre mission, même toi Eiji. Ninakami était une chose. Maintenant c'est la Ville Sainte. Mais la réalité est telle que, des confins désertiques de Meneborgh aux Champs de Glace de Mekhione, situés par-delà la mer de Glace, mais aussi des marécages sans fonds de Canalina à la jungle profonde de Kajendra, aucun lieu ni personne n'est épargné, de prêt ou de loin, de la présence d'un immortel. Révoltes, dictatures, et mêmes catastrophes naturelles. Que ce soit sous l'effet de l'effet de l'anima ou bien de la volonté de l'immortel lui-même, ceux-là sont à l'origine de tant de misères dans ce monde. Et pourtant, ce n'est que le commencement."

Tahrren marqua une pausa dans son monologue. Il ravala sa salive, et fixa pendant un temps le mur au loin, avant de reprendre.

"Enfin, nous ne sommes que des Hommes. Que nous soyons Elfes ou Humains, Géant ou Nain ou bien même Pharas, nous n'avons qu'un certain impact sur notre monde et dans cette lutte. C'est pourquoi nous nous devons de résoudre tout enquête sur la présence d'immortels. Car chaque immortel éliminé peut être une clé vers le dénouement de cette guerre. Chaque indice peut nous donner une solution à ce problème à première vue insoluble. C'est pourquoi, Eiji, dis-moi tout. Je te le demande peut-être un peu tôt, alors même que tu es encore paralysé, mais nous devons savoir à qui nous avons affaire. Nous reprendrons ensuite les recherches sur le père Andréa, Ophélie et moi."

Un silence pesant s'installa dans la chambre, et chacun se regardait tour à tour. Enfin, Ophélie et Tahrren attendirent la réponse d'Eiji, impatients.

"Un prêtre…" Leur répondit Eiji.

"Un prêtre ?" Répéta son mentor.

"Oui. Un prêtre. Un fanatique, je dirai même. Totalement fou, il balbutiait des mots à peine compréhensibles. Selon lui, ma mort allait tous les sauver. Et comment donc ?"

Tahrren se releva et fit les cent pas dans la chambre, perdu dans ses pensées. Ophélie et Eiji le regardèrent, sans pour autant l'interrompre. Après quelques dizaines de secondes de réflexion, il s'approcha de la jeune femme.

"Ophélie. Je pense que nous devrions nous dépêcher. Nous n'avons encore que trop peu d'information, mais maintenance que nous savons que des prêtres sont impliqués, il devient impératif de retrouver le Père Andréa. Il est certainement la clé de tout ce mystère."

Cette dernière se leva à son tour. Elle serra entre ses deux mains celle d'Eiji et lui sourit.

"Je suis d'accord. Retrouvons cet homme, et sauvons tout le monde."