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Face au général - Partie 2

Ophélie invita le reste de son groupe à la rejoindre.

"Général, je vous présente mes compagnons. Voici Tahrren, un excellent combattant aussi expert en magie. Voilà également Eiji, son apprenti, et vous devez peut-être connaître le père Andréa, qui officie sous les ordres directs du pape."

Le général Ildrim analysa rapidement les trois hommes qui approchaient. Lorsqu'ils furent en face de lui, il les salua, et répondit à la princesse.

"En effet, je connais bien le père Andréa. Nous avons eu l'occasion de discuter quelques fois au cours de soirées mondaines organisées au sein de l'église."

Il releva rapidement la tête et resta silencieux quelques secondes avant de reprendre sous un ton légèrement irrévérencieux.

"Il n'empêche... Voilà un petit groupe bien singulier. Un nain, un elfe et un Higashito. Ce n'est pas tous les jours que nous puissions voir de tels rassemblement."

Le visage d'Eiji se ferma sans qu'il en eut conscience. Voyant cela, Ildrim afficha un sourire qui se voulait rassurant.

"Ne vous inquiétez pas, jeune homme. Je suis un grand partisan de la paix ! En toute honnêteté, c'est même moi qui aie ordonné la déclaration de paix et l'arrêt des conflits il y a quelques années."

Eiji regagna son calme et s'excusa.

"Veuillez m'excuser, je n'aurai pas du m'emporter ainsi alors que je suis sur les terres Ophéliennes. Et je vous en remercie. Pour ce traité de paix. Les hommes et femmes de nos villages ont enfin renoué avec une vie de paix."

Ildim s'approcha du jeune homme et lui tendit sa main.

"Tu m'en vois ravi de l'apprendre, jeune homme. Je suis convaincu que nos peuple peuvent faire mieux qu'une guerre centenaire n'ayant aucun but apparent. En tout cas, je suis le général Ildrim, enchanté."

Eiji accepta sa poignée de main et se présenta à son tour, sourire au visage. C'était l'une des première fois qu'il représentait le peuple Higashito à l'extérieur des frontières face à une personne haut placée.

"Enchanté. Kawasaki Eiji, ancien lieutenant de la garde Higashito, je suis maintenant l'apprenti de Tahrren au sein des Chasseurs d'Âmes."

Surpris, le général s'esclaffa doucement.

"Alors comme ça tu es un Kawasaki ? Pas étonnant que tu sois lieutenant à ton âge !"

Le général posa sa main sur l'épaule d'Eiji.

"J'ai connu ton grand-père, ainsi que ton père. Ou plutôt je les ai affronté, sur le champ de bataille. De vaillants guerriers, si tu veux mon avis, et d'excellents chefs de guerre. Nous devrions boire une bière à l'occasion, histoire que je me remémore un peu ces actes passés."

Eiji lui sourit. Il était fier qu'un tel homme reconnaisse la valeur de sa famille.

"Avec plaisir."

Les conseillers du général ainsi que les autres militaires qui les entouraient furent mal à l'aise, voyant leur chef sympathiser avec ce qui était pour eux l'ennemi de toujours.

Cependant, le premier à agir n'était aucun d'entre eux, mais Tahrren. Il s'approcha à son tour du général.

"Je suis désolé, mon général, mais il n'est pas heure à quelques réminiscences et à la nostalgie. L'heure est grave et si nous ne nous dépêchons pas, de nombreuses vies pourraient être perdus."

A ces mots, le général se tourna vers Ophélie. Celle-ci lui hocha la tête, affirmant que Tahrren était digne de confiance et assurant la véracité de ses propos.

"Tahrren, des Chasseurs d'Âmes, si je ne me trompe pas ? J'ai également connu d'autres membres de votre bande. Vous traquez des créatures plutôt singulières, si je ne m'abuse ? Alors dites-moi. De quel mal parlez-vous donc ?"

Tahrren avala sa salive, cherchant ses mots avant de lui répondre.

"En effet, général Ildrim. Nous pourchassons ce que nous appelons les Immortels. Ce sont des personnes qui allongent leur espérance de vie par des moyens artificiels, et ce faisant, corrompant le vivant qui les entoure. Cela se traduit par la présence de créatures vues nulle part ailleurs, des phénomènes étranges, la folie de certains et, dans une très grande majorité des cas, ces êtres ne laissent que la mort dans leur sillage."

"Rappelez-vous, général." Ophélie s'approcha des deux hommes et se posta aux côté de Tahrren, l'assistant dans sa démarche. Après tout, c'était elle qui avait le plus de chance de convaincre le général. Certes pour le moment il était à l'écoute, mais ce qu'ils devaient lui demander étaient loin d'être raisonnable et facile à demander à celui qui était en charge de la sécurité de la ville.

"Il y a sept-cens ans, j'ai combattu un mal. C'est pour cela qu'aujourd'hui mon nom est inscrit dans l'histoire de notre royaume. Mais mon retour n'est pas anodin. Si je réapparu ainsi, le mal ancien fit de même. Et cette fois-ci, je ne pourrai le combattre seul. Je n'ai plus les mêmes ressources qu'autrefois. En revanche, nous avons un plan pour contrer son avancée, et j'espère pouvoir compter sur des hommes de valeur tel que vous."

Le général réfléchit quelques secondes. Mais ce qu'Ophélie lui racontait faisait sens et était loin d'être improbable. Après tout, elle-même revenait après avoir disparue pendant sept-cent ans.

"Très bien. Que pouvons-nous faire ?"

Tahrren et Ophélie échangèrent un bref regard avant d'hocher la tête en coeur.

"A vrai dire, nous n'attendons pas grand chose de vous. Car si l'armée entre en action, cela risque d'engendrer bien plus de morts inutiles que nécessaire." Lui répondit Ophélie. "Nous nécessitons toutefois une diversion. C'est pourquoi nous avons décidé de faire appel à l'armée de Myr-Khandur pour marcher pacifiquement sur la ville. Mais pour cela, nous avons besoin de votre autorisation. Comprenez-nous, nous également, ne souhaitons pas qu'un carnage se produise. Mais la situation est telle que nous n'avons pas d'autre choix que de recourir à de telles méthodes."

Le général s'emporta légèrement. Si n'importe qui d'autres lui avait proposé un tel plan, il l'aurait déjà enfermé au cachot. Mais face à la Sainte Originelle, ses croyances l'empêchaient d'être aussi irréverencieux, aussi insensées ses paroles soient-elles.

"Votre Sainteté ! Vous n'espérez tout de même pas faire entrer une armée étrangère entre nos murs ! Je sais que les nains de Myr Khandur nous sont alliés, mais tout de même ! S'il vous plaît, reconsidérez vos plans !"

Ophélie rejeta sa proposition d'un vague mouvement de tête. Elle soupira discrètement avant de reprendre.

"Je suis désolée, général. Mais nous ne pouvons modifier nos plans. Et même si nous le pouvions, c'est probablement le seul moyen d'arrêter notre ennemi tout en évitant un massacre."

Le visage du général pâlit. "Mais qui est donc cet ennemi, si formidable que nous soyons condamnés à de tels extrêmes pour lui faire face ?"

Ophélie croisa le regard du général. "Le Pape, mon général. Le Pape. C'est lui notre ennemi. Le même, depuis sept-cent ans."

Le général sentit le sol se dérouler sous ses pieds. De toutes les personnes possibles, il ne s'attendait pas à ce que l'ennemi de la Sainte était le chef politique de la cité-état.

En réalité, si Ophélie et les Chasseurs d'Âmes le statuaient ainsi, alors le Pape était non seulement son adversaire, mais également l'ennemi de toute l'humanité.

"Voilà un bien fort problème en effet. Votre Sainteté, vous êtes certaines qu'il s'agisse bien de lui ? Même pour vous, accuser à tort un homme aussi important sera difficilement pardonnable."

Ophélie acquiesça d'un hochement de tête.

"Oui général. Nous en sommes absolument certain."

"Quelles sont vos preuves ?" demanda Ildrim, légèrement agacé, perdant peu à peu patience.

Eiji s'avança. "On me l'a avoué. Un prêtre s'en est plaint, pendant qu'il essayait de me tuer."

"Et ou se trouve ce prêtre, maintenant ?"

"Je l'ai tué." Avoua froidement Eiji.

Le général tiqua légèrement à ces mots et répondit brièvement. "Je vois."

Il réfléchit à nouveau pendant quelques secondes, avant de prendre une décision.

"Je ne pense pas que vous mentez. Après tout, vous avez tous risqué vos vies pour le bien de la région. Malheureusement, vous n'avez pas de preuve. Je ne peux donc vous promettre l'aide de la garde. En revanche, je peux vous assurer son inaction pendant que les nains font diversion."

"Aucun soucis." Répondit Tahrren. "C'est exactement ce que nous souhaitons. Comme nous l'avons dit précédemment, si la garde participe au conflit, il y a de grandes chances que la situation s'envenime et que des innocents en paie le prix. Nous ne pouvons approcher le Pape qu'en tant que petit groupe."

Le général soupira. "Quelle journée. Et dire que ce n'est que le matin... Très bien. Nous avons donc un accord. J'espère que vous avez raison et que vous saurez sauver la ville ainsi que notre peuple à tous. D'ailleurs, par simple curiosité, comment comptez-vous convaincre les nains ?"

Un petit rire se fit entendre en marge du groupe.

"Ça, c'est moi qui m'en occuperai."