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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 81

Je marchai à bonne distance derrière Aizawa, observant son dos voûté et ses pieds traînants. 

Ses chaussures faisaient des sillons sur son passage, comme un train sur des rails.

Le sable se substitua bientôt à de la terre humide, le chant des oiseaux et les stridulations des criquets masquant le bruit de l'océan. Le soleil était rayonnant, le ciel d'un bleu clair, mais l'air était lourd et chargé d'électricité, signe qu'il pleuvrait bientôt.

- Assieds-toi

Il y avait deux chaises pliables installées devant une table en plastique : un échiquier avait été disposé dessus.

Le fait que ce soit en pleine forêt, au milieu de lianes et de fleurs colorées, donnait au tout une étrangeté presque cocasse.

- Fallait pas vous donner tout ce mal, sensei.

Ma chaise crissa contre le sol lorsque je la tirai pour m'y installer.

- On aurait pu faire ça à l'école

Aizawa disposa les pions sur son côté de l'échiquier alors que j'en faisais de même.

A peine mon dernier cavalier en place commença-t-il à jouer.

Personne ne parla durant plusieurs minutes, chacun concentré sur sa partie. Alors qu'il venait tout juste d'acculer mon roi Aizawa me regarda pour la première fois depuis notre arrivée. Je n'avais pas à lever les yeux pour savoir qu'il me scrutait avec intensité.

- Vous voulez un truc ?

Je venais de déplacer mon fou pour acculer son roi.

- Si ce n'était pas pour Nezu, je t'aurais fais arrêter immédiatement

Il déplaça sa tour, sauvant son roi : j'écrasai sa reine de mon cavalier.

- Pourquoi ça ?

Nos mouvements se firent plus rapides, nos pièces frappant le plateau de jeu dans un rythme régulier.

- Ton Alter… c'en est pas vraiment un, n'est-ce pas ?

Ma tour se figea un millimètre au-dessus de l'échiquier.

Je me forçai à la déposer avant de me redresser de toute ma taille, pieds bien à plat contre le sol.

Mes épaules se tendirent, ma main droite glissant sur ma cuisse jusqu'à trouver le manche de mon couteau caché dans mon pantalon.

- Une bien étrange idée que vous avez là

Ses petits yeux brillants se posèrent une seconde sur moi avant de redescendre vers le plateau de jeu. Il était toujours aussi détendu, ses muscles étaient lâches et ses gestes lents.

Mes yeux suivirent ses mains jusqu'à ce qu'il les pose sur ses genoux.

- J'avais déjà la puce à l'oreille en voyant tes prouesses au Championnat, mais ce sont ces derniers jours qui m'ont confirmé mes soupçons

Il me fit signe de jouer mais je l'ignorai : il haussa les épaules et joua pour moi.

- Des caméras quadrillent chaque centimètre carré de notre camp et même en restant plusieurs heures à les regarder, je ne t'ai jamais vu sur une seule d'entre elles. Tu pourrais expliquer ?

- Votre matos fonctionne mal

Aizawa secoua la tête, un léger sourire aux lèvres.

- J'y ai pensé, tu vois, et même après avoir retourné l'intégralité de la salle des commandes je n'ai rien trouvé qui puisse compromettre notre matériel informatique. Plus intéressant encore, à chaque fois que Bakugo quittait l'enceinte du réfectoire pour te ramener ton repas, il disparaissait lui aussi de nos caméras pour ne réapparaître que bien plus tard

- Yuei n'est vraiment plus ce que c'était

- Ma conclusion est donc simple : si tu n'es pas un traître, comme Nezu en est certain, et que tu n'as pas endommagé nos caméras durant les seuls minutes où tu es jamais entré dans la salle de contrôle, c'est que c'est dû à ton Alter

Il me coinça dans un échec et mat avant de s'enfoncer dans son siège, mains croisées sur le ventre.

- Tu es plus fort, plus rapide et plus intelligent que tu n'as le droit de l'être. La façon dont ton Alter évolue est aussi anormale : tu peux contrôler l'eau, dorénavant, et la foudre de façon plus ou moins correcte

Je caressai du gras du pouce la lame froide de mon couteau.

- Comment est-ce que vous savez, pour la foudre ?

- Ne me fais pas croire que tu n'es pas au courant que chaque centimètre de Yuei est truffé de micros et de caméras

Je me penchai en avant, regardant Aizawa droit dans les yeux :

- Ce que j'ai demandé c'est comment vous êtes au courant pour la foudre

Je savais que le rat était au courant depuis que les types des Forces Spéciales s'étaient pointés au Championnat : en revanche, qu'il dévoile le contenu de mon entretien à qui que ce soit – Aizawa inclus – ne faisait pas partie de ce que j'avais anticipé. 

Cela ne voulait dire que deux choses : soit Nezu avait toute confiance en Aizawa (ce qui me paraissait étrangement douteux, vu qu'il me frappait surtout comme un paranoïaque) soit Aizawa était un sacré fouineur de merde.

- Le principal me l'a dit, bien évidemment

J'en doutais, mais je préférai laisser ça ainsi.

- Est-ce qu'Endeavor est au courant ?

Mon sang se glaça dans mes veines ; je me forçais à rester calme.

- Est-ce qu'il est au courant de quoi ?

- Que tu lui mens

Mes doigts s'enroulèrent si fort autour de ma lame que je la sentis à peine s'enfoncer dans ma chaire.

Ma voix était basse, grondante de colère :

- Je vous conseille d'être très prudent quand vous parlez de mon père, sensei

Il leva les mains en signe d'apaisement.

- Pas besoin de se mettre dans tous tes états, Shoto : nous ne faisons que discuter.

Il avait l'air sincère – et c'est exactement pour cette raison que je ne pouvais pas le croire.

Mon chakra fit le tour de mon organisme, réchauffant mes muscles et faisant bouillir mon sang.

Je me renfonçai dans mon siège, affectant d'avoir l'air calme, me forçant à relâcher mes épaules, mais mes poils s'étaient redressés et je sentais la foudre prête à exploser dès que je lui en donnerai l'ordre.

Aizawa se lança dans une nouvelle partie contre lui-même.

- Tu dois te demander pourquoi je te dis tout ça-

Il releva les yeux vers moi ; je sentis mon sharingan tourner paresseusement dans mes yeux alors que je le scrutai.

Shota Aizawa, trente ans, un mètre quatre-vingt trois, groupe sanguin B, né dans la préfecture de Tokyo-

- -le principal n'est pas au courant que je suis venu te parler, à vrai dire, mais qu'importe-

-héros depuis ses dix-huit ans, points forts : intelligence aïgue, excellente capacité d'observation et d'évaluation, maîtrise de son alter, points faibles : manque de puissance, manque de vitesse-

- Il se trouve que j'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi

-je suis immunisé à son Alter et il ne le sait pas.

- Vraiment ? Je ne m'en serai pas douté

Un léger sourire effleura ses lèvres. Il me regarda à peine.

Plus je le voyais sourire comme un idiot et agir comme si toute cette situation – le chantage qu'il voulait me faire cet espèce d'enfoiré – était d'une insignifiance crasse, plus je sentais la colère monter en moi.

Est-ce que je devrai le tuer ?

- Tu es plutôt drôle, Shoto, tu le sais ? Souvent malgré toi, mais c'est ce qui rend le tout-

- Dites-moi ce que vous voulez

Son sourire se figea. 

A moitié penché au-dessus de la table, il m'observa durant quelques secondes avant de reposer son pion sur le côté. Sa bouche était tordue en un pli amer, ses yeux avaient reprit leur sérieux.

- Je veux que tu protèges tous les élèves lorsque les vilains attaqueront

- Et si je ne le fais pas, vous direz tout à mon père ?

- … je ne comprends même pas pourquoi tu ne le lui as pas dit toi même. A vrai dire, si tu l'avais fais, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

Ouais, et vu la façon dont tout le monde a la fâcheuse tendance à apprendre les secrets du numéro deux en un rien de temps, je serai mort depuis longtemps.

Je scannai aizawa durant un long moment, silencieux.

- Je pourrai mourir en les protégeant

Il baissa les yeux, observant ses mains durant quelques secondes. 

Il avait l'air en proie à un conflit interne, presque comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il voulait me dire.

- … tu mourrais en héro

Il l'avait murmuré si bas que j'avais failli ne pas l'entendre – et même là j'étais tellement abasourdi qu'il me fallut plusieurs secondes pour réaliser ce qu'il venait de me dire.

- Pardon ?

Même avec mon ouïe surhumaine, même avec ma mémoire parfaite, je doutais qu'il ait vraiment dit ce que je l'avais entendu dire.

- Crois bien que ce n'est pas une partie de plaisir pour moi, Shoto-

- Todoroki

- Excuse-moi ?

Il sonnait véritablement surprit – il n'y avait pas de raison de l'être.

- On ne se connaît pas, alors appelez moi Todoroki

- … crois bien que ce n'est pas une partie de plaisir pour moi, Todoroki, de te forcer la main ainsi, mais je n'ai pas le choix si je veux que mes élèves s'en sortent indemnes

Conneries.

- Et vous me sacrifieriez pour eux ?

Je devais avoir sûrement mal comprit parce que ce n'était vraiment pas le genre d'Aizawa de-

- Si c'est la vie d'un élève contre dix huit autres alors oui, sans hésiter.

Il parlait avec conviction mais la culpabilité se lisait sur ses traits.

- Moi ? Pour eux ?

Un rire incrédule m'échappa.

Je lui laissai quelques secondes de plus en espérant qu'il se rétracte, qu'il me dise que c'était un malentendu, qu'il n'était pas vraiment en train de me demander de mourir pour une bande de-

Mais il ne se rétracta pas, ne me corrigea pas, ne s'excusa pas. 

Il resta là à me regarder en silence, avec cet air de chien battu résolu à faire ce qu'il devait faire.

Je sentis le dégoût m'envahir lorsqu'il n'arriva plus à supporter le poids de mon regard et qu'il détourna le sien.

Je ne sais pas combien de temps nous restâmes assis là dans ce silence, lui évitant mon regard et moi attendant qu'il me dise quelque chose qui m'empêcherait de le voir comme une sombre merde humaine mais- mais ça n'arriva pas. 

J'en fus profondément déçu.

Plus je regardai son visage fuyant, plus je réfléchissais à toute la merde qu'il venait de déblatérer, et plus une froide réalisation se faisait le jour dans mon esprit.

Je veux lui faire mal.

- Ecoute, Sho-Todoroki, tu es un bon gamin, dans le fond, et je sais que tu es assez intelligent pour comprendre (s'il savait tout le mépris qu'il m'inspirait-) que ça n'est pas contre toi, et que je suis vraiment désolé (-qu'il aille se faire foutre-) qu'on en soit arrivés là, mais crois moi quand je te dis que je ferai tout ce qui est nécessaire pour protéger mes élèves, même si ça implique… ça.

Il fixait le coin de la table mais il ne me regardait pas. 

- Je veux juste… je ne veux pas perdre un autre de mes élèves

J'étais ahuri.

Je voulais comprendre ce qui l'amenait à me différencier de tous les autres parce que, jusqu'à preuve du contraire, j'étais bien un élève de cette foutue classe dans cette foutue école et-

- Pourquoi ne pas m'avoir tout simplement demandé ?

Sa réponse fusa :

- Parce que tu n'es pas un héros 

Un vent glacial se leva, fouettant ma peau.

Le ciel avait tourné au gris, des nuages bas s'amoncelant à l'horizon. J'entendis le tonnerre gronder, sentis la mer s'agiter.

Ma voix était faible, pareille à un murmure, mais toute la colère et le venin qui en suintait ne lui échappa pas :

- Ah, je vois. En fait vous vous êtes dit 'quitte à sacrifier un des gamins, autant prendre celui qui servira le moins'

La vie du grand méchant Shoto ne vaut rien comparée à celle des géniaux petits enfants qui veulent être des héros...

Il ne répondit même pas, cette espèce de lâche.

Ma chaise racla contre le sol alors que je me levai.

J'en avais assez entendu et je n'étais pas certain de réussir à garder mon calme si je restais une seconde de plus en sa présence.

- Vous savez, aizawa, je vous respectais

Parce que vous m'avez toujours vu comme celui que je suis vraiment-

- Je suis désolé d'entendre que ce n'est plus le cas

Le pire était qu'il sonnait véritablement déçu.

Il essaya de capter mon regard ; je ne tournai même pas la tête dans sa direction.

Il ne le méritait pas.

Je m'éloignai dans la forêt, sentant son regard me vriller la nuque jusqu'à ce que je disparaisse de son champ de vision.

L'orage éclata, une pluie drue trempant tout en l'espace de quelques secondes.

Mes cheveux collèrent à mon visage et je les repoussai d'une main, fulminant. La colère rendait mes pas lourds et audibles, mes dents grinçants dans un affreux bruit aigu. De la fumée s'élevait en volutes de ma peau brûlante dès lors que les gouttes d'eau me frôlaient.

Mes mains tremblaient de rage parce que ce petit enfoiré de merde était en train de me faire du chantage et-

Si vous saviez comment je vais vous la foutre à l'envers.