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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 80 - Le Sacrifice

Je levai ma main, mes yeux rivés sur la bouteille.

L'eau vibra avant de s'élever dans les airs, goutte après goutte : des bulles d'eau de taille inégale flottaient dans les airs, reflétant les rayons du soleil comme des miroirs. L'air était chaud, le vent inexistant. Je me léchai la lèvre supérieure, essuyant une goutte de sueur qui y avait roulé.

Lentement, je bougeai deux doigts.

Les bulles vibrèrent, tournant lentement les unes autour des autres. Leur surface était stable, et je les fis tourner jusqu'à être certain qu'aucune n'éclaterait comme les précédentes.

Satisfait, j'avançais d'un pas vers la mer. Les bulles reculèrent, la distance entre nous restant égale. A nouveau, un pas. A nouveau, elles reculèrent. L'écume de la mer glissa sur mes pieds, le sable s'enfonçant sous mes orteils. Les vagues se transformaient en tonneau sous mes bulles, s'écrasant contre la plage.

Je continuai de m'aventurer dans la mer jusqu'à avoir de l'eau aux genoux.

J'inspirai, gravant dans mon esprit la façon dont je ressentais l'eau – mon eau – pour pouvoir le refaire.

Je baissai mes doigts. L'eau s'écrasa dans l'océan, se diluant dans la mer. La sensation de familiarité disparut mais je ne perdis pas espoir. 

Je me concentrai, tendant ma main vers la mer. La surface de l'eau trembla et, pendant une seconde, je cru que c'était dû aux trémous de la mer – mais je ressentis à nouveau la familiarité de l'eau et, mon coeur battant à vive allure, je commandai à l'eau de se lever. Il y eut de la résistance, presque comme si elle refusait, mais je ne me laissai pas faire, la forçant à se dresser devant moi. L'eau trembla puis, doucement, un fin filet s'en échappa, se dressant à la verticale. A mesure qu'il s'élevait, de plus en plus d'eau le suivait, comme si un tsunami miniature se dressait devant moi.

Les muscles de mes bras tremblaient, l'eau résistant à mon appel. Je serrai les dents, levant ma main gauche. De plus en plus d'eau s'élevait de la mer pour rejoindre le filet que j'avais crée : en l'espace d'une poignée de secondes un mur d'eau s'était dressé entre moi et le soleil, flottant dans les airs et vibrant d'énergie. 

Je déplaçai ma main gauche, voulant diviser le mur, gardant ma main droite stable et-

Ma tête se tourna brusquement vers l'école de fortune.

Aizawa.

Mon mur d'eau retomba dans un 'splash' alors que je plongeai dans la mer.

Je me forçai à rester assis sur le sable, jambes croisées, mes poumons me brûlant.

Mon chakra circulait dans toute mon corps, réfrénant les battements de mon coeur et me forçant à me calmer. 

Je n'étais pas capable d'apnée prolongée mais j'avais appris il y a longtemps comment ralentir assez les battements de mon coeur pour que mon chakra me maintienne en vie sans oxygène durant un moment.

Je sentis Aizawa se rapprocher de la mer avant de s'arrêter juste devant : ses jambes me parvenaient de façon trouble à cause du rideau d'eau nous séparant. 

Il resta une minute entière à contempler l'océan en attendant que je sorte, espérant sans doute m'avoir coincé. 

Je visualisai très bien sa tête renfrognée alors qu'il tournait les talons et s'éloignait à nouveau. 

*

- Je pourrai pas continuer à te ramener ta bouffe comme ça, Aizawa commence à se douter d'un truc

Je dévorai mon assiette, affamé. 

Keichiro et Kana me préparaient un déjeuner copieux tous les matins pour 5h30 et se chargeaient même de le déposer dans l'arrière cuisine, là où Aizawa ne passait jamais pour me chercher. 

Le midi je me contentai de grignoter les restes du matin et le soir Katsuki me ramenait mon repas dans les bois attenants au réfectoire. La nuit je dormais dans les arbres et si ce n'était que j'avais quelque peu mal au dos, ça n'était pas si dérangeant que ça.

C'était une organisation laborieuse mais nécessaire : je préférai mourir plutôt que de m'humilier à nettoyer quelque chose d'aussi dégradant que des sanitaires, et encore plus si c'était pour une bande de pouilleux.

Le bon côte des choses était que j'avais fait des progrès phénoménaux dans ma maîtrise de l'eau, à raison de seize heures d'entraînement journalier.

- D'ailleurs le gosse te cherche

Je relevai les yeux de mon assiette.

- Qui ?

Katsuki roula des yeux.

- Il a demandé pourquoi on te voyais plus et où t'étais

Ma fourchette resta figée devant ma bouche entre-ouverte alors que je regardai le blond, empli d'effroi.

- Tu lui as pas dis où je m'entraînais j'espère ?

- Nan, sa mère s'en est chargée pour moi

- Super

Je replongeai dans mon assiette, finissant en quelques bouchées la viande juteuse puis les légumes croquants. 

Je reposai mon assiette sur le tronc d'arbre, satisfait, avant de remonter mon masque

Katsuki était à demi-tourné, regardant le ciel étoilé et la mer scintillant en-dessous.

- J'ai fini (Il se tourna vers moi, arrêtant de m'offrir son dos) Comment ça se passe ton entraînement ?

Son visage s'illumina.

- J'ai réussi à faire une explosion depuis mon pied aujourd'hui

Je sifflai, admiratif. Le Katsuki du canon n'avais jamais fait un truc pareil.

- Je suis encore loin de faire des explosions de n'importe où sur mon corps, mais ça avance. (Je hochai la tête). Toi ?

- Je pense changer de nom de héros et me faire appeler Poséidon

Il haussa les sourcils.

- Carrément ?

- Nan, mais ça avance bien

Un silence confortable s'installa.

Le vent se leva, faisant bruisser les feuilles et voler du sable en tourbillons. Les derniers rayons de soleil illuminaient l'horizon pour encore peu de temps.

- … j'me sens bizarre

Katsuki attrapa une brindille et commença à la casser en petites morceaux.

- J'ai jamais fais attention à cette foutue bande d'extra et là je me retrouve à tous les épier sans pouvoir m'en empêcher

Il fit tourner deux morceaux de branche encore reliés par un peu de fibre de bois.

- J'arrive pas à dormir, le soir, et quand je mange avec eux je peux pas m'empêcher de me demander lequel est en train de nous la foutre à l'envers (La branche se cassa en deux : il la jeta au loin) Si j'avais une foutue idée de comment éviter les caméras d'Aizawa comme tu le fais, je remettrai pas un pied de plus au dortoir

Je l'observai quelques secondes avant de détourner le regard.

- … est-ce que ce ne serait pas plus facile de tous les considérer comme des traîtres ?

Il renifla bruyamment : j'entendis son sourire dans sa voix

- Ouais t'as raison, devenir un foutu paranoïaque est tellement une meilleure idée

Je haussai les épaules.

- T'aurais pas à t'inquiéter de qui que ce soit si tu fais confiance à personne

Du coin de l'oeil je vis Katsuki m'observer.

- … c'est comme ça que tu vis ta vie, toi ? En considérant tout le monde comme ton ennemi ?

Je restai silencieux, mais mon manque de réponse parla de lui-même.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu portes un masque, pourquoi y'a aucune info sur toi quand on te cherche sur internet, pourquoi est-ce que t'as une autorisation de port d'arme blanche – y'a tellement de choses chez toi qui exigent qu'on demande 'pourquoi'

Un bref sourire étira mes lèvres.

- Aizawa a à peine mentionné l'histoire du port d'armes : je suis étonné que tu t'en rappelles

- Change pas de sujet

Je soupirai.

- Tu poses beaucoup de questions

Il se renfrogna.

- Tu m'as pris la tête avec tes histoires de 'tous les autres sont insupportables' et 'toi et moi on est pareils' tout ça pour ignorer la première question un peu perso que j'te pose. Je te demande pas de me révéler tes secrets les plus sombres idiot, j'veux juste qu'on ait un terrain d'entente – la confiance ça va dans les deux sens, tu peux pas m'en exiger pour rien me donner en retour.

J'hésitai, ne sachant pas quoi lui répondre.

Je le vis m'observer du coin de l'oeil : il attendait patiemment que je réponde, ou tout du moins que je réagisse à ce qu'il venait de me dire. Je crois qu'il était en train de… de me tendre la main, en quelque sorte. Je ne savais pas si c'était une bonne idée de la prendre. 

A vrai dire, je ne sais toujours pas si j'ai fais le bon choix en la prenant.

Il se leva, enfonçant ses mains dans ses poches avant de s'éloigner.

Je savais que si je le laissais partir sur une telle note, il ne reviendrait jamais vers moi.

Ma voix s'éleva dans les airs : il s'arrêta.

- … je ne considère pas tout le monde comme un ennemi – ce serait sur-estimer mon degré d'intérêt pour autrui. Non, disons que je leur suis juste… indifférent.

J'étais indifférent à leurs intérêts, à leurs souffrances, à leur potentielle mort dans un avenir proche.

- Pourquoi ?

Je repensais à ma famille qui s'était déchirée en deux à la mort de Touya, à mon père qui pleurai seul dans son bureau alors que son fils venait de mourir, à son visage inquiet alors que je me réveillai à l'hôpital après avoir perdu un œil, à son expression le jour où il avait dû enterrer son mentor à cause de moi.

- … parce que c'est plus facile

Les feuilles bruissèrent à nouveau sous la caresse du vent, le sable froid me fouettant la peau. La nuit nous enveloppait dans son monde silencieux, rendant la forêt sinistre et inhospitalière. 

Katsuki sembla soupeser mes paroles un moment, hochant la tête plus pour lui-même que pour moi. 

- … trouve un moyen de revenir au dortoir, j'en ai marre de me coltiner ces minables

Et il s'éloigna.

*

Je passais une main sur mon visage, essuyant le mélange de sueur et d'eau qui s'y était accumulé. 

Ma propre odeur de transpiration m'écoeurait.

- T'as fais quoi ?

Kenta, un sceau de plage en main et une serviette dans l'autre, me regardait de ses grands yeux noirs innocents. Une casquette rouge était vissée sur son crâne, sa peau brillant encore de la crème solaire dont sa mère venait de le tartiner.

- T'as dis que tu voulais pas le faire, alors je l'ai fais pour toi !

Mes yeux se plissèrent.

- T'as avais aucune raison de faire ça, alors pourquoi ?

Il gonfla les joues et serra ses petits poings.

- Je voulais juste être gentil

J'eus un rire presque offensé. 

- Tu crois que je suis stupide ? Dis moi pourquoi tu l'as fais

- J'ai dis que j'avais pas de raison

Il mit un coup de pied dans le sable, énervé.

- Ne me fais pas me répéter

- J'ai dis que j'en ai pas !

Je claquai ma langue contre mon palais, détournant le regard. 

C'est pour ça qu'Aizawa n'a pas fait de chasse aux sorcières aujourd'hui.

J'observai le garçon du coin de l'oeil : son visage était tout rouge et des larmes menaçaient de déborder sur ses joues.

- Si tu pleures je te ramène illico à tes parents

Il s'essuya le visage d'un revers de bras.

- Je pleure jamais, grommela-t-il.

- C'est ça

N'empêche que grâce à lui, je n'avais plus à agir comme le paria de la classe : je pourrais manger sur une table, me servir autant que je le désirais et – surtout – me doucher longuement et correctement.

Il méritait peut-être un peu de considération.

- Bon, qu'est-ce que tu veux ?

Son visage s'illumina.

- Je veux rester avec toi !

J'aurai dû y penser.

- Si je t'autorises à rester tu fais pas un bruit et tu me déranges pas pendant mon entraînement : clair ?

Il hochait la tête vigoureusement.

- Et tu continueras à nettoyer les sanitaires pour le restant de notre séjour ici sans en parler à tes parents.

Il se figea, décidant de prendre – à ma plus grande surprise – quelques secondes pour réfléchir.

Moi qui le croyais aussi stupide que les pierres.

- D'accord, alors tu dois promettre d'être gentil avec moi et de me répondre quand je te parles

- … je serais tolérable et si je te dis de te taire, tu te tais

Il réfléchit encore pendant quelques secondes avant de me tendre sa petite main potelée.

Son t-shirt rayé remontait sur son bidon d'enfant, dévoilant son nombril.

- Promis juré craché !

Je lui serrai la main de deux doigts, le regardant d'un air suspicieux.

- … crache pas, c'est dégoûtant

Il ravala son mollard avant de me sourire, s'éloignant d'un pas guilleret vers le sable.

Je le suivis à bonne distance, au cas où il avait décidé de me faire une blague et de me cracher toute sa muqueuse nasale dessus.

- Tu comptes t'installer là ?

- Bah oui, tu crois que je vais me mettre où sinon ?

J'avais espéré qu'il se mette au loin, à l'ombre de l'école de ciment, et qu'il me regarderait à travers une paire de jumelles. 

- Tu vas chopper une insolation

C'était le matin, la température était basse et le soleil ne tapait pas très fort – mais si je comprenais bien, il comptait passer ses journées entières à me coller.

S'il s'évanouissait sous ma surveillance, sa mère arrêterait de me faire mes déjeuners personnels le matin et je perdrai mon concierge personnel.

Je jetai un coup alentours, étouffant un soupir. Les parages étaient déserts.

Il y eut un bruit de clochettes et de la glace jaillit de sous mon pied, formant une moitié de dôme tout autour de lui.

Kenta glapit de surprise avant de s'émerveiller face à la structure gelée.

- Wow Sho-sho t'es le meilleur !

Une veine palpita sur mon front.

- Ne m'appelle pas comme ça 

Il m'ignora, trop occupé à installer confortablement sa serviette bleue à l'ombre du demi igloo. 

- En plus c'est tout frais

Satisfait, il s'allongea sur le ventre et attrapa sa BD. Il la tenait à l'envers.

- Ca se lit dans l'autre sens

- J'aime pas lire, je regarde juste les images

Il tourna tout juste deux pages avant de s'endormir front contre le sol.

Je décrochai mon masque avant de le lancer sur sa serviette, trop fatigué à l'idée d'utiliser un genjutsu en plus de continuer mon entraînement sur l'eau.

Et puis ce n'était pas comme si le gamin ne m'avait jamais vu sans.

*

Kenta s'essuya les yeux du poing, encore à moitié endormi.

Son sceau – qu'il portait comme un sac à main – frappait contre sa cuisse au rythme de ses pas.

- Fais gaffe où tu mets les pieds

Aussitôt le garçon trébucha contre une minuscule butte de sable, manquant de finir tête la première dans son sceau. Je l'attrapai par le col de son t-shirt et le soulevai d'une main, ses sandales noires lévitant à quelques millimètres du sol.

- Je t'ai dis de faire gaffe, lançai-je, irrité par sa maladresse.

- Et voilà qui nous fait l'honneur de sa présence

Je levai mes yeux vers Aizawa qui me faisait face, une assiette fumante entre les mains.

Ses yeux noirs se posèrent un instant sur Kenta - que je tenais toujours comme un chaton indiscipliné - avant de revenir sur moi.

- Dans une heure à l'entrée des dortoirs : ne sois pas en retard.

- Aizawa-sensei (Il s'arrêta : je lui offris le sourire aux yeux de croissant de lune) Les sanitaires sont irréprochables, n'est-ce pas ? Vous devriez me remercier

Il me dévisagea durant de longues secondes, silencieux, avant de s'éloigner.

- Il t'auras fallu cinq jours, ça ne mérite pas des applaudissements

Le nain grognon dans toute sa splendeur.

- Putain d'enfin quelqu'un de normal

Katsuki, deux assiettes à la main, m'approcha d'un air que j'interprétais comme soulagé.

- Les deux sont pour moi ?

Il se renfrogna.

- Et puis quoi encore ? L'autre est pour moi

- Comment t'as su que je viendrai ce midi ?

Ses yeux se posèrent sur Kenta qui était bras ballants comme un pendu.

- Je savais pas, je comptais te ramener ta bouffe et en profiter pour me tirer au passage

Derrière lui, près du réfectoire, les élèves étaient réunis en cercle et discutaient de façon animée. Certains avaient des trieurs plastifiés dans les mains et des paquets de cartes luisants faisaient le tour des élèves. 

- Qu'est-ce qui se passe ?

Katsuki haussa les épaules.

- Un jeu de cartes apparemment, Yu gi-oh ou un truc comme ça. Yoarashi en pète les plombs.

Kenta croisa les bras sur son torse :

- Pff, Yu gi-oh c'est trop nul

Je reposai l'enfant à terre avant de le pousser légèrement en avant.

- Va voir ta mère

Il fila en un éclair :

- D'accord Sho-sho !

Katsuki étouffa un ricanement alors que je me demandai si je pourrais m'en sortir en faisant croire à sa noyade accidentelle.

Carrément pas, Aizawa me file déjà la chaire de poule.

Ce type avait un radar à conneries comme j'en avais jamais vu : je sentais son regard me vriller la nuque sans même avoir à me tourner vers lui.

- Allons manger, et si on se dépêche on pourra même entamer assez le reste des plats pour que tout le monde n'en ait pas assez

Katsuki nous mena jusqu'à la table, lançant par-dessus son épaule, amusé :

- C'est un comportement borderline vilain, ça

Je haussai les épaules.

- J'adorerai les voir se battre pour de la nourriture

Malheureusement personne ne se battit.