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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 77

Des rochers parsemaient la limite entre la plage et le désert, créant une sorte de frontière grise séparant les deux lieux.

Bakugo bondissait de rocher en rocher – je le talonnais, quoique plus en retrait, pour pouvoir observer les lieux à ma guise.

Le camp d'entraînement était plus vaste que je ne l'aurai cru.

A gauche, trente mètres plus loin, se trouvait une baraque en bois : petite et au toit en pente, de la fumée s'échappait d'une cheminée de fortune. Une odeur de pommes de terres grillées et de soupe embaumaient l'air.

Derrière elle se trouvaient deux autres baraques - plus larges que hautes - que j'estimai être les dortoirs et les douches. Je grinçai des dents en m'imaginant passer les prochaines semaines à dormir avec des pouilleux qui ne se douchaient qu'une fois par an, pour leur anniversaire. 

Est-ce que les pauvres ont des puces ?

A droite se trouvait le seul bâtiment en ciment : deux étages, un toit plat. On aurait dit une de ces écoles où les gens devaient faire une semaine de marche pour y parvenir – le genre de truc qu'on ne voyait qu'en reportage sur les pays du tiers monde, le genre d'endroit exact où je ne mettrai jamais les pieds.

Au moins la mer scintillante sauvait un peu les choses, faisant passer les lieux de 'enfant maltraité' à 'gosse affamé mais heureux'.

Le sable scintillant aussi était pas mal. C'était pas aussi incroyable que celui de la Mer Morte, mais au moins c'était du vrai sable, pas comme certaines plages du sud de France.

J'atterris souplement sur le sable qui craqua sous mes semelles.

Les élèves étaient réunis en demi-cercle autour d'Aizawa, nous offrant leur dos.

Des morceaux de corde abîmés dépassant de poches et enroulés autour de poings.

Au moins ils ont comprit que l'objectif était de revenir avec la corde, pas de rester accrochés avec...

Mes yeux glissèrent jusqu'à une idiote invisible et le truc vert avec elle.

…ou presque.

- Et voilà nos retardataires. Allez-y, prenez votre temps. On a toute la journée.

Aizawa, blasé, nous regarda arriver sous ses paupières à demi-closes. 

Toutes les têtes se tournèrent vers nous.

- Todoroki ? Bakugo ?, s'exclama Yaoyorozu

- Je croyais que vous étiez arrivés les premiers, s'étonna Kirishima. Vous êtes partis comme des fusées…

Je levai mon pouce vers Katsuki.

- Dites ça à monsieur j'ai-décidé-qu'on-prendrait-une-seule-route-et-c'est-cette-route-et-pas-une-autre

Bakugo fulmina, de la mousse écumant au bord de ses lèvres.

- Répète un peu espè-

- Katsuki, Shoto.

Aizawa avait activé son Alter, ses yeux rouges nous fusillant du regard.

Katsuki se figea alors que je ravalai mes insultes toutes choisies.

- J'en ai assez de vous voir passer votre temps à vous battre : ça va s'arrêter aujourd'hui et maintenant. (Il s'adressa aux autres élèves) Vous tous, allez manger. On se retrouve après pour votre premier entraînement.

Les élèves s'éloignèrent avec des 'oui sensei' plus ou moins forts, certains guillerets et nous ayant déjà oublié, d'autres nous jetant des coups d'oeil amusés.

Je les ignorai, croisant mes bras sur mon torse.

- Euh, sensei ?

- Quoi ?

deku tressaillit sous son regard, se mordant les lèvres avant de le regarder à nouveau.

- Pour-pour les cordes…

Sa voix était si faible que si vent il y avait eu, il aurait étouffé les croassements qui lui faisaient guide de moyen de communication.

- Hein ?

Aizawa baissa les yeux vers la corde qui reliait deku à la fille invisible. Visiblement ils faisaient partie des élèves qui avaient prit ça trop au sérieux et avaient presque fusionné en tentant de s'attacher ensemble. 

- Allez voir les profs sur la plage, ils vous les enlèveront.

Aizawa leur fit ensuite signe de déguerpir, et ils filèrent.

Bakugo eut un grognement amusé lorsqu'ils trébuchèrent et manquèrent de s'étaler de tout leur long.

- Vous deux.

Aizawa nous observa l'un et l'autre longuement, Alter activé. 

Je n'arrivais pas à déterminer s'il le faisait dans un but précis ou si c'était seulement pour avoir l'air occupé en attendant que les derniers élèves soient assez loin de nous. 

Une grande table remplie de victuailles avait été dressée sur le sable, une paire de héros – un homme et une femme - accueillant les élèves. Il y avait un enfant, aussi, qui courait entre chaque élève pour leur donner des serviettes humides et du savon.

A gauche se trouvait un bâtiment en bois, comme un hangar. Les cuisines, si j'en croyais l'odeur. 

Des baraques plus grandes que des maisons se trouvaient juste derrière : dortoirs et douches, très certainement. 

A droite, bien plus éloigné, un autre bâtiment – cette fois en ciment – qui me faisait l'effet d'une école de fortune. Derrière se trouvaient des rochers et une jetée : dans le fond, et partout autour, s'étendait la mer à perte de vue. 

La dernière fois que je suis allé à la mer, c'était quand j'avais dix ans. Il y avait la vieille Teka…

Aizawa jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, vérifiant que nous étions seuls.

- C'est vrai ?

La fausse colère de Katsuki s'était évaporée comme neige au soleil : il regardait Aizawa droit dans les yeux, l'air plus sérieux que je ne l'avais jamais vu auparavant.

Notre professeur désactiva son Alter avant de me jeter un coup d'oeil, reportant ensuite son attention sur le blond. 

- Suivez-moi

*

Le bâtiment en ciment était bien une école : il y avait deux salles de classe, toutes au rez de chaussée. Un tableau à craie et des pupitres en bois étaient alignés les uns derrière les autres, une odeur de peinture fraîche imprégnant l'atmosphère.

Aizawa retira la bande de sécurité qui fermait l'accès à l'étage supérieur et nous fit signe de monter.

Je marquai un temps d'arrêt sur le seuil de la porte.

Ce que j'avais cru être un grenier ne l'était pas : il y avait des tables, des chaises, une demi-douzaine d'ordinateurs et au moins quarante écrans plats accrochés aux murs et au plafond. 

Je fronçai les sourcils.

C'est moi ou le plafond… ?

- C'est… ?

 

Bakugo frôla mon épaule et s'aventura dans la salle de contrôle, son attention se tournant vers les premiers écrans sur notre gauche. Sur l'un on pouvait voir des images de l'oasis et de ses feuillages, mais le reste des écrans qui l'entouraient étaient complètement noirs. 

C'était pareil pour les trois autres sets d'écran sur la gauche.

- La quasi totalité de nos caméras et de nos micros dans l'oasis ont grillé, siffla Aizawa. Et tout ça au même moment. Vous pourriez expliquer ?

Je m'avançai dans la pièce, observant avec attention chacun des écrans encore allumés.

Cuisines, salles communes, entrée des douches, chambres, terrains d'entraînements, la forêt derrière les baraques...

- Denki a pété les plombs, répondit Bakugo, les lèvres serrées. Il a tout fait rôtir à cause d'un foutu insecte.

Tout, sauf le désert.

Je me redressai.

J'embrassai à nouveau la pièce du regard, faisant mine de n'en faire qu'une brève inspection.

Une porte, deux fenêtres doubles à vitres coulissantes – pas ouvrable de l'extérieur – trois chaises de bureau et…

- Un lit d'appoint, dis-je, pointant du menton le lit dans le coin de la chambre. Il y a quelqu'un d'autre, ici ?

Aizawa me lança un long regard avant de s'adosser à une chaise, bras croisés sur le torse.

- Katsuki. (Le blond se redressa imperceptiblement) Qu'est-ce que Shoto t'as raconté ?

- Alors c'était pas du mytho ?

Il passa une main dans ses cheveux, le visage légèrement crispé.

- Il m'a parlé de la fille, en début d'année. Celle qui était à l'USJ… Et aussi du fait que vous croyez qu'il y a un traître dans notre classe.

- Tu lui as dis pour Ashido ?

Aizawa avait l'air profondément surpris. 

- Parce que je n'aurai pas dû ? (J'eus un rire aussi bref que méprisant) Vous nous avez jeté dans une forêt avec une fusée de détresse sans nous dire ce qu'on devait y faire, et Bakugo prenait ça comme un exercice de cours. Si je lui avais rien dit et qu'on avait surprit un truc qu'on aurait pas dû, vous vous seriez retrouvés avec deux ados morts sur les bras.

Les yeux d'Aizawa s'assombrirent.

- Croyez bien qu'utiliser deux élèves qui n'ont même pas encore leur licence provisoire ne me plaît pas plus qu'à vous, cracha-t-il. Mais le proviseur s'attend à ce que…. de toute façon, c'était une erreur. Maintenant parlez moi de-

- Il s'attend à ce qu'on se fasse attaquer, hein ?

Ni Katsuki ni moi n'étions assez stupides pour le laisser mener la conversation comme il l'entendait : il voulait nos informations, et nous avions besoin de réponses.

Il était possible de rendre les deux partis satisfaits.

Aizawa resta silencieux.

- D'ailleurs, je me demandai.

Je laissai mes doigts glisser sur le clavier d'un ordinateur avant de me retourner vers Aizawa.

- Comment se fait-il qu'il s'attend à ce que nous nous fassions attaquer ?

Il arcqua un sourcil.

- Où veux-tu en venir ?

- Est-ce qu'il s'attend à ce qu'on se fasse attaquer comme on peut s'attendre à de la neige lorsqu'il fait très froid, ou bien…

Je plissai les yeux.

- Est-ce qu'il s'attend à ce qu'on se fasse attaquer parce qu'il a fait en sorte que les vilains aient envie de nous attaquer ?

Katsuki écarquilla les yeux.

- Vous êtes en train de nous utiliser comme appâts ?

Incrédule, le blond se tourna vers Aizawa.

Lui-même ne m'avait pas quitté une seule seconde des yeux.

- …tu es étonnamment intelligent, Shoto. Plus que je n'aurai pu t'en donner de crédit.

Je haussai les épaules. 

- Vous n'avez pas répondu à ma question : un ou deux ?

- Deux.

Je hochai la tête, observant d'un air distrait le lit. 

All Might ou quelqu'un d'autre ?

Bakugo, lui, était au bord de l'éruption. 

- Vous êtes en train de nous dire que vous nous avez amené dans un camp uniquement pour attirer tête de piaf et ses acolytes, et qu'en plus on risque d'y mourir ?!

Aizawa ne broncha pas.

- Tu peux toujours prendre tes affaires et partir, rien ne t'en empêches

Ca le calma aussitôt.

- Tss, comme si j'étais du genre à m'écraser face à une poignée de vilains.

J'eus un fin sourire.

Touchez Bakugo à l'égo et vous vous le mettrez dans la poche.

Je continuai mon tour du proprio, m'arrêtant cette fois pour regarder la retransmission des élèves de la 1-A déjeunant avec le couple qui me semblait familier et le gosse du canon. 

Comment il s'appelait, déjà ? Karmi ? Kenbi ?

- Et si vous me disiez ce que vous aviez vu, qu'on en finisse ?

- Vous avez l'air de mauvaise humeur, Sensei, fis-je remarquer.

Il me décocha un regard noir.

- Dépêchez-vous.

- Y'a pas grand-chose à raconter. On est arrivés les premiers, après y'a eu le débile et balai-dans-le-cul qui se sont pointés. Ensuite on s'est déplacés et on a vu dark vador et le psychopathe. Ochaco a crié et on l'a trouvée avec le français. Après le débile a tout fait sauter.

Aizawa cligna des yeux. Lentement.

Ses lèvres se plissèrent en une fine ligne, ses yeux se réduisant à deux fentes. 

Les veines sur son cou devinrent visibles, prenant une terrifiante teinte violette : je ne lui laissai même pas le temps d'ouvrir la bouche.

- Dans l'ordre ça correspond à Kaminari, Iida, Tokoyami et Aoyama.

 Aizawa est presque aussi flippant que mon vieux quand il fait cette tête.

- Ouais, c'est c'que j'viens d'dire.

- Et c'est tout ?

- Kaminari a comme qui dirait détruit les engins de l'Iida avant leur arrivée dans l'oasis, Monoma a utilisé l'Alter de Tokoyami et nous a tout de suite trouvé puis Urar-

Aizawa se redressa.

- Monoma vous a vus ?

- C'était carrément louche, en plus. Il y avait environ quinze mètres de distance qui nous séparaient et il a regardé à l'endroit exact où on se trouvait. Surtout qu'on était dans les arbres, et cachés dans l'obscurité.

- Je crois que ça à voir avec l'Alter de Tokoyami. Il l'a utilisé avec plus d'aisance et de facilité que je n'avais jamais vu dark v…Tokoyami le faire. C'était… étrange.

Suspicieux. Louche. Le genre de truc exact qu'un vilain aurait pu faire.

- Très bien. Continuez.

- Après ça Ochaco a crié, et Kaminari a tout fait sauté.

- Trois fois, ajoutai-je distraitement. Elle a crié trois fois. Ensuite, ça a été le tour de Kaminari. 

Aizawa et Katsuki me fixaient.

- Quoi ? J'ai une mémoire absolue.

- C'est tout ?

- Je vois pas ce que vous voulez entendre de plus, s'impatienta Katsuki. On vous a tout raconté jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de caméras. Après ça y'a trop de groupes qui sont arrivés en même temps et je vous rappelle qu'on était que deux.

- Il a raison. Tout ce qu'on vient de vous dire était le plus notable. Après ça on a juste eu le temps de faire une vague ronde pour essayer de voir ce que tout le monde faisait mais c'est tout.

- Qui sont les derniers à être partis, mis à part vous deux ?

- Kirishima et Séro

Il n'y a aucun pattern, aucun schéma logique : les arrivées, les départs, les groupes en eux-même… tout a été aléatoire. Quoi qu'il se soit passé, ça s'est passé après que les caméras aient sauté.

Aizawa resta silencieux quelques instants, perdu dans ses pensées.

J'échangeai un regard avec Katsuki.

Lentement, je me glissai dans la salle jusqu'au lit de fortune : il y avait un sac, en-dessous, et si je-

- Pourquoi est-ce que les engins de Iida ne fonctionnaient plus ?

- Kaminari les a fait sauté après avoir prit peur à cause d'un scorpion dans le désert, répliquai-je sur un ton distrait

- Et comment tu sais ça, toi, vu qu'on était perchés dans les arbres ?

Le mensonge quitta ma bouche avec la fluidité qu'on peut attendre de la part d'un menteur à plein temps.

- Je l'ai lu sur ses lèvres

Aizawa arcqua un sourcil : Katsuki me regarda d'un air désabusé.

- T'as une mémoire absolue et maintenant tu peux aussi lire sur les lèvres. Un autre truc notable que tu sais faire, où tu gardes ça pour une prochaine coïncidence avec un super timing ?

- Je suis juste talentueux, Katchan. Vraiment, je suis né comme ça.

Ensuite il m'a juste fallu douze ans d'exercices aux arts ninjas, un paquet de chakra et une ambition démesurée.

- T'es juste louche

- Que je sache sauter d'arbre en arbre ne t'as pas surpris mais le fait que je puisse lire sur les lèvres t'étonnes ?

- Qui apprend à lire sur les lèvres ?

- On se destine pas tous à finir héros, idiot.

Les yeux de Katsuki s'illuminèrent, son attention piquée au vif.

- Tu ne veux pas-

- Vous parlerez plus tard, trancha Aizawa. Si vous n'avez rien d'autre à ajouter, balayez le plancher.

Je lui jetai un coup d'oeil ennuyé, tout à coup irrité.

- Vous êtes exécrable Aizawa-sensei, vous le savez ?

Il croisa les bras sur son torse.

- Venant d'un adolescent dont les épaules peinent à supporter la tête, je prendrai cette remarque comme un compliment.

- Et on va devoir faire quoi, pendant ce temps ? Surveillez les aut-

Aizawa le coupa. 

- Non, vous ne ferez rien. (Mâchoire serrée, il continua :) Vous impliquer était déjà une erreur, et ne croyez pas que ça se reproduira. Une fois sortis d'ici vous oublierez tout ce qu'il vient de se passer, c'est clair ?

Il nous regarda tour à tour, attendant que nous abdiquions sans broncher à ses ordres.

- Difficile à faire dans la mesure ou des putains de vilains vont nous tomber dessus d'un jour à l'autre, cracha Bakugo, hargneux.

Aizawa se tourna vers moi.

- Il a pas tort

Du coin de l'oeil je vis l'air suffisant qu'affichait Bakugo en croisant les bras sur son torse. 

'2 contre 1, il pourra rien faire'.

Aizawa soupira avant de se masser l'arrête du nez à deux doigts.

- Vous savez quoi ? Faites comme vous voulez. Nezu n'a pas donné de directives une fois au camp : soyez discrets peu importe ce que vous… entreprendrez, et essayez de ne pas rendre la mission caduque. Autrement, l'espion pourrait demander une extraction impromptue et ce serait une catastrophe – j'imagine que je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi.

Si les héros sont déjà prêts à intervenir, alors pourquoi dire qu'une extraction impromptue serait une catastrophe ? A moins que Nezu…

Je me figeai.

Le.putain.de.génie.

- Et si on- double-face ?

Je portai une main à ma bouche, essayant de réfréner l'immense sourire qui me déchirait le visage en deux.

- Tu fais une crise d'asthme ?, s'inquiéta Aizawa.

Mes épaules tremblaient : je me pliai en deux, bras serrés autour de mon ventre, transpercé de soubresauts. 

- C'est juste que- je viens de-

Ma respiration était sifflante alors que je hoquetai, tentant de contrôler mes tremblement parce que-

J'éclatai de rire.

C'était un rire tonitruant, disgracieux et à la limite même de l'hystérie – mais je ne pouvais pas m'arrêter.

Les mains qui s'étaient levées pour me taper dans le dos se figèrent.

Mes rires redoublèrent d'intensité et d'ardeur ; je dû m'asseoir au sol pour éviter de m'écrouler, mes propres éclats de voix me faisant vibrer de l'intérieur.

- Il… se passe quoi, là ?

Plié comme j'étais, je ne pouvais voir que les chaussures de Katsuki qui se rapprochèrent d'Aizawa.

- Je ne saurai le dire, murmure le brun. C'est ton ami, tu devrais savoir.

- C'est vous le prof. Et j'le connais que depuis deux mois.

Mes joues me faisaient mal, ma vision se brouillait à cause des larmes.

- Ne-

Une nouvelle crise de rire me prit, m'empêchant même de respirer.

- Il est-

J'en avais mal aux côtes, maintenant.

Je baissai la tête, mon nez proche du sol, inspirant par mégarde une nuée de poussière. 

Mon rire se transforma en quinte de toux : mon visage vira au rouge, mes yeux devinrent à nouveau sec, mon hilarité se transforma en inquiétude soudaine.

Je viens d'avaler un bout de sa-

Une main large et forte me frappa dans le dos pour m'aider à recracher ce que j'avais ingurgité.

Ni une, ni deux, une peluche de poussière de la taille d'un ongle vola hors de ma bouche.

Je la contemplai se réfugier jusqu'à un coin sombre de la pièce, écoeuré.

- Plus de crise d'asthme ?

Je me massai la gorge d'une main, hochant lentement la tête. Mon visage était encore brûlant. 

- Je savais pas que t'étais versé dans l'hystérie à temps partiel, se moqua Katsuki.

Ma respiration était à peu près stable, maintenant. 

J'ignorai la main tendue par Aizawa, me relevant tout seul.

- Explication ?

J'époussetai mon pantalon recouvert de saletés.

- J'ai pensé à un truc drôle, marmonnai-je à voix basse, évitant son regard.

Bakugo cligna des yeux.

- Tu dois pas rire souvent pour que la seule fois où je te vois l'faire tu t'étouffes sur de l'air

Le visage d'Aizawa se fendit d'un sourire amusé.

Je lui jetai un regard à la dérobée que je voulais indifférent bien que j'étais furieux.

Si vous saviez ce que je viens de comprendre, je peux vous assurer que vous ne rigoleriez pas.

- Vous disiez quoi déjà ? Qu'on devait se tirer si on avait rien d'autre à ajouter, hein ?

Je tournai les talons, mains en poche, bien décidé à quitter le cimetière de la honte. 

- Tiens donc, je ne te savais pas du genre susceptible, Shoto, railla Aizawa au loin.

Je descendis les escaliers d'un pas traînant pour prouver que je n'en avais rien à faire de ce qu'il disait. Katsuki me dépassa par la droite et quitta le premier les lieux.

Je marchai derrière lui, le sable chaud crissant sous mes semelles froides, lorsqu'une des choses qui m'avait frappé plutôt me revint en mémoire.

Je m'arrêtais, contemplant l'école de ciment.

- Tu fous quoi ?

La hauteur du bâtiment ne correspond pas aux mesures de l'intérieur.

- … des maths

Mes yeux retombèrent sur Aizawa qui m'observait depuis l'encadrement de la porte.

Fini les airs joviaux ou le sourire qui avait plané quelques instants sur ses lèvres.

Maintenant s'était redressé, ne prenant plus la peine de se donner l'air voûté ou épuisé. Il était à demi drapé dans l'obscurité, seule la partie basse de son visage sous la lumière.

Ses pupilles noires – brillantes comme celles d'un fauve, fendues comme celles d'un reptile - m'observaient avec une attention dérangeante, presque comme s'il voulait que je le dise pour lui.

- Hein ?

Les yeux d'Aizawa se levèrent une seconde sur Bakugo avant de revenir à moi.

- Magne toi ou les autres vont tout bouffer. Et compte pas sur moi pour te garder un truc !

Le bruit de pas furieux me parvint distraitement alors que j'observai sous un jour nouveau la tour de ciment.

…intéressant.

- J'arrive

Je m'éloignai, mains en poches et mon cerveau tournant à vive allure ; dans mon dos j'étais certain qu'Aizawa ne m'avait pas quitté du regard.

Il y a un troisième étage.