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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 67 - Inaza Yoarashi

La seconde épreuve avait été finie en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

En plus d'avoir enfermés les élèves à l'intérieur de mon dôme, je m'étais aussi amusé à créer d'autres séparations à l'intérieur. Ainsi, j'avais forcé des équipes à s'affronter dans des espaces étroits pour pouvoir accéder à leur 'sortie' et revenir dans le dôme principal.

Inaza – bien que je l'ai vu jeter un coup d'oeil vers l'aération impromptue entre mes pieds – n'avait pas tenté de faire exploser le dôme. C'était compréhensible – s'il n'utilisait pas assez de vent, les débris retomberaient sur les élèves à l'intérieur et s'il en utilisait trop, il enverrait tout sur le public.

Bakugo, lui, ne m'avait pas déçu en tentant de faire sauter le pilier principal à la fin.

Il devait sûrement penser un truc du genre 'si ces minables se prennent la glace ce sera la faute de leur incompétence'.

L'épreuve étant limitée dans le temps, le chronomètre annonçant la fin avait cependant sonné.

Je m'étais relevé, un peu déçu que mes petits jeux se finissent aussi vite (j'avais prévu d'utiliser mes flammes pour transformer ma cage géante en prototype d'enfer, mais apparemment ce sera pour une prochaine fois).

- Shoto, m'interpella Midnight, me désignant le dôme avec son fouet.

Je m'embrasai comme une torche, envoyant une salve de flammes pour embraser toute la surface de ma glace. Peu à peu elle se transforma en liquide, des gouttes d'eau chaude se mélangeant au sable froid de l'arène. Comme je n'entendais pas de hurlements, j'en conclus que c'était une température à peu près supportable pour le commun des mortels (je ne pouvais me fier qu'à ça puisqu'à cause de mes Alters, ma capacité à comprendre ce qu'était une température normale était devenue faussée).

Mon pilier commença à fondre à partir du bas ; en l'espace d'une poignée de secondes je me retrouvai à terre, au milieu des autres compétiteurs, mon bandeau des dix millions toujours bien accrochés sur mon front.

Est-ce qu'on me lançait des regards assassins ? Oui, beaucoup.

Est-ce que j'aimais ça ? C'était carrément le pied d'être détesté.

Je ne me tournai pas vers Bakugo, anticipant déjà très bien le niveau de rage dans lequel il devait être. Pour lui, je l'avais prit de haut durant les deux épreuves (ce qui était vrai) et le considérait comme un moins que rien (il se rapprochait plus d'un nuisible, mais c'était l'idée).

Si je ne faisais que respirer dans sa direction, j'étais sûr qu'il se jetterait sur moi, menaces d'Aizawa ou pas ; mieux valait qu'il garde toute cette fougue pour la prochain épreuve.

- Le gagnant est encore une fois SHOTO TODOROKIIIII !, hurla Mic, et la foule s'égosilla avec lui.

Je restai neutre face aux acclamations et aux regards mi-admiratifs mi-colériques des autres élèves.

Je ne pouvais pas laisser ces quelques milliers de supporters me faire croire que j'étais au sommet du monde alors que je n'avais pas encore commencé à grimper l'échelle ; après tout, ce n'était que le début de mon ascension.

Un jour, ils s'agenouilleront devant moi – c'était une certitude.

*

Inaza, Inaza, Inaza.

Moi même je ne savais pas vraiment quoi penser de lui.

Il était loufoque, bizarre mais s'il y avait bien une personne de la 1-A que je ne considérais pas comme indigne de respirer le même air que moi, c'était bien lui.

Lorsque l'annonce du premier match était tombée, il y avait eu un silence de mort dans les tribunes de la 1-A.

- Inaza Yoarashi contre Shoto Todoroki ! C'est un match qui promet, et à bien des égards ! Eraser-head, quel est ton pronostique ?

- Il faut renforcer les gradins, souffla-t-il, blasé. Où est Cementos ?

Ensuite Mic dû couvrir son micro puisqu'on n'entendit plus que des mots à demi étouffés.

- Haha, quel farceur cet Eraser-head ! Le championnat de Yuei revient après cette petite page de publicité !

Je détournai mon regard des écrans géants, croisant le regard d'Inaza qui m'observait déjà.

Il était sérieux, maintenant ; toute trace de sa stupide persona n'était plus.

L'atmosphère était lourde, l'air saturé de tension.

- Tu peux encore abandonner, lui dis-je.

Il fronça les sourcils.

- Abandonner ? Pourquoi ? (Il sourit) Un héros n'abandonne jamais, peu importe les chances qu'il a de gagner !

Parfois je me demandai s'il croyait vraiment à tout son baratin ou s'il le faisait juste exprès.

S'il affronte quelqu'un qu'il est sûr de ne pas pouvoir vaincre, mourra-t-il pour ses idéaux ?

Ce genre de schéma de réflexion était tellement aux antipodes du mien que j'avais du mal à le concevoir. A quoi est-ce que ça servait, de mourir pour une idée ? Une idée n'est que le fruit d'un concept, et aucun concept n'est infaillible. Si on se sacrifie tout en sachant que ça ne sert à rien puisque le grand méchant loup gagne à la fin, ne s'est-on pas sacrifié pour rien ?

Je détournai mon regard alors qu'Inaza prenait la pose, pouce en l'air dans ma direction.

- C'est ça, dis-je en me relevant.

Si j'assistais à un tel conflit d'intérêt, un jour, je me rangerai sans hésiter du côté du grand méchant loup.

*

Je regardai mes derniers messages, attendant que Mic nous présente pour pouvoir entrer dans l'arène.

Papa : J'assisterai à la dernière épreuve de ton Championnat

J'eus un léger sourire en voyant qu'il avait réussi à se libérer ; en tant que héros de son rang, pouvoir gratter ne serait-ce que quelques heures de temps libre sur son emploi du temps quotidien relevait de l'exploit.

Pas comme tous ces héros de seconde zone dans les gradins qui se prennent pour de grandes frappes.

Un autre message arriva.

Papa : Des connaissances souhaitent te rencontrer, après ton premier match. Cela te convient-il ?

Je haussai les sourcils, répondant brièvement avant d'enfourner mon téléphone dans ma poche.

Moi : Ok

Inaza avait été annoncé le premier ; c'est en entendant les applaudissements du public redoubler d'ardeur que je su que Mic m'avait présenté.

J'entrai dans l'arène mains en poche.

Mes yeux se posèrent brièvement sur le public avant de se détourner – je les trouvai si pathétiques, agglutinés comme ils l'étaient dans des tribunes étroites et sous un soleil de plomb simplement pour regarder une poignée d'adolescents jouer à des jeux.

Ils avaient payé pour venir ; c'était ça qui me sidérait le plus. Il faudrait me tuer pour que je consente un jour à une telle perte de temps et d'argent.Je portai mon attention sur Inaza ; il plissait les yeux, utilisant ses mains comme une visière.

Nous échangeâmes un regard et il eut l'air surprit de me voir (je fronçai les sourcils) ; il secoua la main dans ma direction avec trop de joie pour que ce soit feint.

- Todoroki-san !

Midnight avait l'air amusée par ses shenanigans ; je préférai ignorer l'adolescent.

- Le premier hors de la zone de combat a perdu, nous rappela-t-elle. Si vous y êtes encore tous les deux d'ici les 30 prochaines minutes, ce sera une égalité.

Inaza s'exclama d'un grand 'Compris sensei !' ; je me contentai de hocher la tête.

Midnight nous laissa.

Inaza prit son expression la plus sérieuse.

- Faisons de notre mieux, Todoroki-san.

Le coup de sifflet retentit.

J'eus à peine le temps d'en appeler à une bourrasque de flammes qu'Inaza avait déjà riposté avec un mur de vent, m'envoyant valdinguer en arrière. Mes flammes réussirent à casser quelque peu la direction de son attaque et m'évitèrent de me retrouver arraché du sol, bien que je dû me tenir jambes fléchies pour résister à l'impact. Une pierre – de la taille d'un poing – s'envola à toute vitesse dans ma direction sans que je sois en mesure (officielle) de m'en écarter ; elle s'écrasa en plein sur mon nez, un 'crac' sonore me parvenant aux oreilles.

Un peu incrédule, je baissai le haut de mon masque pour y porter un doigt.

Du sang ? Mon sang ?

J'étais à moitié sûr d'entendre Bakugo ricaner au loin.

Je souris méchamment, essuyant le sang coulant de mon nez du bout du pouce ; c'est qu'il avait fait fort cet enfoiré.

- Tant de violence, Inaza : ça ne te ressemble pas.

Jambes fléchies, il prit le temps d'une inspiration pour me répondre :

- Tu es un adversaire redoutable, Todoroki-san. Faire moins que ça serait une erreur de ma part.

Une autre bourrasque de vent tenta de m'arracher au sol ; je me laissais cueillir, m'envolant dans les airs. Inaza écarquilla les yeux, surpris ; la foule rugit ; Mic s'écria :

- Inaza Yorashi a-t-il réussit un tour de force en expulsant le lauréat des deux premières épreuves, jusque là encore invaincu ?

J'étais haut dans les airs, dorénavant à quelques mètres au-dessus du sol, franchissant les délimitations du terrain. S'il me projetait maintenant avec une nouvelle salve, c'en était finit de moi. En théorie.

Inaza resta là, les bras ballants, à attendre que je tombe de moi même.

Mais il ne se laissa pas gagner par l'ivresse de la foule.

Il est moins stupide que je ne le pensais.

Je tendis mes paumes vers lui. Un nuage de vapeur quitta mes lèvres. Il le vit et utilisa son Alter pour se ramener aux limites du terrain, avant de me faire face, le vent s'enroulant autour de lui.

… intéressant.

Un véritable geyser de glace explosa de mes mains, emportant tout sur son passage.

L'autre Shoto, dans l'anime, avait des difficultés car limité en terme de puissance : moi je n'avais pas ce problème, mon chakra conséquent palliant à toute difficulté.

Et puis je m'entraînais depuis un bon paquet d'années ; les réserves de mon Alter étaient, selon mes suppositions, bien plus large qu'elles ne l'avaient été pour l'autre nul dans l'histoire originelle.

Je n'avais limité le diamètre de ma vague que pour éviter qu'elle ne tue 'malencontreusement' des spectateurs (Aizawa me prendrait sûrement la tête, et il était déjà bien assez chiant comme ça pour que je lui donne encore plus de raisons de le faire). Il se pourrait que certains perdent un ou deux doigts, mais pas quoi que ce soit de vraiment important.

Inaza leva ses mains à son tour, serra les dents et invoqua la plus grande bourrasque de vent que je n'ai jamais vue de ma vie.

C'était comme un typhon en plein dans le ciel : l'air sifflait, les arbres autour de l'arène ployaient sous tant de puissance. Moi-même je manquai de me laisser entraîner au coeur de la tempête tant il m'avait prit de court ; le Inaza originel n'avait jamais démontré une telle maîtrise de son Alter.

J'activai mon Hell Flame à mes pieds, continuant à projeter du chakra dans mes mains. Mes flammes explosèrent dans un rugissement pour devenir bleues : c'était dire à quel point j'étais instable, haut dans les airs sans aucun support, et à quel point j'avais besoin d'elles pour éviter d'être emporté.

Dans les tribunes, le petit peuple n'en menait pas large : j'en vis certains s'agripper à leurs sièges pour éviter d'être pris dans la tornade, d'autres s'engouffrant dans l'espace entre deux rangées de sièges pour s'y réfugier.

Une veste s'envola pour tournoyer dans les airs, au milieu d'une demi-douzaine de sachets de pop-corn pleins et de cocas vidant leur contenu dans les airs.

- Hé, mon manteau !

Un enfant tendait un doigt accusateur vers ce qui ne s'apparentait plus qu'à un drapeau noir s'envolant dans les cieux.

Sa mère l'attrapa par la nuque et le projeta violemment à terre pour éviter qu'il ne suive lui aussi le destin tragique de son vêtement.

Le bruit de ma glace réduite en monceaux face à l'assaut d'Inaza me parvenait à peine : le sifflement du vent me rendait presque sourd. Je serrai les dents alors que son vent lacérait ma peau, des centaines de petites coupures apparaissant sur ma chaire. Je poussai une monstrueuse quantité de chakra dans mon Alter pour en multiplier la vitesse – et la puissance : si avant ma glace s'était apparentée à une vague, à présent ce que je lui envoyais était digne d'un vrai tsunami.

En plus d'être plus rapide, ma glace était dorénavant bien plus haute – il n'arriverait pas à la briser assez vite. Il se pousserait sois lui-même dans ses retranchements, hors des limites du terrain, ou alors…

Je n'entendis plus le bruit de ma glace brisée.

Je me projetai sur la gauche du terrain à toute vitesse, mon Hell Flame me boostant.

C'était un pari, de savoir de quel côté il arriverait : comme venir d'en haut était exclu puisque la hauteur de ma glace était trop haute (et qu'il perdrait assez de temps pour que je puisse réaliser ses manigances), il ne restait que les côtés. Quand à savoir si c'était la droite ou la gauche…

'Todoroki-san, tu es droitier !'

Inaza jaillit de derrière un bloc de glace, arrivant sur moi à toute vitesse. Il avait l'air déconcerté de me voir, le vicieux garçon.

Je suis ambidextre, Inaza.

Je lui envoyait un torrent de flammes auquel il répondit maladroitement. Il se projeta maladroitement sur le côté, esquivant d'un cheveu de finir avec des sourcils roussis.

J'envoyai une nouvelle salve qu'il esquiva plus adroitement, cette fois, se rapprochant toujours plus vite de moi.

Voyons ce qu'il va faire de ça.

J'envoyai torrent concentré sur torrent concentré alors qu'il commençait à trouver le rythme entre mes attaques, devenant complaisant et arrogant.

Quel idiot.

Cette fois j'envoyais un pur rideau de flammes dans sa direction : il n'aurait plus de sourcils peu importe ses choix.

Il devrait me remercier, l'abruti.

Contre toute attente, Inaza jaillit du coeur même de mes flammes, tournoyant sur lui-même à toute vitesse. On aurait dit une torpille projetée par un lance missile : incroyablement rapide mais aussi - et surtout - incapable de s'arrêter.

Je n'eus qu'a me décaler pour qu'il me passe à côté sans relever le plus petit poil sur ma nuque.

On dirait un Howitzer Impact raté.

Au moins Bakugo était assez malin pour éviter que la vision tunnel ne le transforme en proie facile.

Mais contrairement à toute attente, Inaza ne me passa à côté : une fois à ma hauteur, il explosa. Littéralement.

Le vent qu'il avait compressé agit comme une bombe, repoussant tout dans son sillage.

Je résistai du mieux que je le pu, mais la pression était trop forte : je fus projetée à toute vitesse contre le sol de l'arène sans pouvoir m'arrêter.

Son vent était si puissant qu'essayer de me retourner dans les airs était tâche impossible : j'étais comme une balle sortie du canon – rien ni personne ne pourrait m'empêcher d'atteindre ma destination.

Je renforçai tout mon corps de chakra, serrait les dents pour me préparer à l'impact.

BOUM !

Le sol de l'arène craqua.

J''inspirai l'air chargé de poussière, fut prit d'une quinte de toux.

Il me fallut quelques secondes pour reprendre mon souffle ; je restai étendu comme une étoile de mer, mes yeux se perdant dans l'immensité du ciel au-dessus de moi.

Bordel, Inaza y va pas de main morte.

Un immense sourire étira mes lèvres.

Je m'attendais à ce qu'il saisisse l'opportunité pour me cueillir comme une fleur et m'envoyer valdinguer hors des limites du terrain, mais il n'en fit rien.

Les restes de son vent continuaient à me fouetter le visage, et lui flottait toujours haut dans les airs, me regardant, bras croisés sur le torse.

C'est carrément con de pas profiter de Shoto Todoroki servi sur un plateau d'argent, en veux-tu en voilà.

Ma perplexité se mua en une paire de sourcils froncés.

Il sent le piège que je lui tends ? Ou alors...

Mon sourire était si grand qu'il aurait pu fendre mon visage en deux.

Une plateforme de glace jaillit de sous mon dos, s'élevant comme un geyser exploserait du sol de Yellowstone. J'arrivai si vite que le vent lui-même me plaquait contre la paroi de glace, m'empêchant de bouger d'un cheveu : j'inclinai la trajectoire de mon pilier pour finir droit sur Inaza.

Il écarquilla les yeux, essaya de m'éviter, en vain.

Le pilier arrêta brusquement de grandir et je fus projeté comme un boulet de canon sur Inaza.

J'arrivai pieds en premier pour maximiser la force de l'impact : les yeux d'Inaza brillèrent d'une résolution froide. Il croisa ses bras en X pour se protéger au mieux ; j'arrivai pieds joints pour faire un maximum de dégâts.

Le bruit d'un os qui craque résonna à mes oreilles.

Le regard d'Inaza flancha, mais ses yeux ne quittèrent pas les miens une seule seconde.

Mon sourire devint carnassier : j'utilisai ses avants-bras comme un trampoline pour me propulser en arrière dans un salto parfait, lui arrachant un grognement de douleur.

Mes flammes explosèrent de mes pieds, agissant comme des réacteurs qui me permettaient d'être stable dans les airs.

- C'est pour ça que tu ne m'as pas projeté hors des limites du terrain tout à l'heure aussi, n'est-ce pas ? Ta maîtrise du vent est limitée, tu ne peux pas en contrôler tous les courants. Une fois que tu le diriges dans une direction, il t'est impossible de la changer jusqu'à ce qu'il se disperse.

Ma main était prise de spasmes si intenses que je n'arrivais plus à la maintenir immobile ; mais qu'importe.

Tout ce qui s'était passé, jusqu'à maintenant – tout ce que j'avais montré au monde n'était rien comparé à ce que j'allais faire.

- T'es le premier à me pousser à bout dans l'utilisation de mes Alter, tu le sais ça ?

Et c'était tellement putain de génial.

Inaza passa deux doigts sur son sourcil, dégageant le sang qui menaçait de s'écouler sur ses cils ; il m'offrit un immense sourire plein de joie, son pouce relevé.

- J'en suis honoré, Todoroki-san !

Mes lèvres se tordirent en un rictus.

Sans crier gare, je me propulsai dans le ciel à l'aide mes flammes, prenant toujours plus de hauteur. Le vent me fouettait la peau, me lacérant presque jusqu'au sang – mais, à mesure que les mètres défilaient, la résistance était moindre ; Inaza, pour toute sa bonne volonté, n'était qu'un gosse épuisé et dont la portée de l'Alter était limitée. Avec mes presque quarante mètres au-dessus du sol je n'eus qu'à envoyer une brève salve de flammes pour me retourner, étant dorénavant parallèle face au sol de l'arène.

Je pouvais voir les yeux d'Inaza écarquillés, la sueur dégoulinant dans son cou, le sable séché sur son visage. Mais il souriait, comme l'immense idiot qu'il était.

J'imitai son expression sans pouvoir m'en empêcher, sentant l'adrénaline envahir tout mon corps.

Il l'encaisserait – oui, j'étais sûr que lui au moins en serait capable.

J'inspirai profondément, sentant mon chakra si potent que les poils de ma nuque se hérissèrent. Des arcs de lumière bleue dansaient sur ma peau, m'électrifiant comme le plus puissant des courants.

La chaleur se concentra entre mes doigts, tel un rayon blanc d'une pureté inouïe.

De la taille d'un pois il grossit, grossit, grossit.

Je me concentrai de toutes mes forces pour le modeler en cylindre mais mon chakra se battait contre moi, grattant à l'intérieur de mon corps pour que je fasse tout exploser. Si je le lâchais trop tôt, c'étaient les gradins – et tous les spectateurs – qui partiraient en fumée. Ca ne m'aurait pas trop inquiété, en temps normal, mais comme le vieux était pas loin...

Je serrai les dents si fort que des veines virent le jour sur mon front, pulsant violemment contre la barrière de ma peau. De la fumée se dégagea de mes paumes ; mes propres mains commençaient à roussir.

Encore un peu, encore un peu, encore un peu...

Et puis je lâchai tout.

Un immense tube blanc explosa de mes mains, si lumineux que, durant quelques secondes, je ne vis plus rien. C'était un blanc si intense qu'il éclipsa même la lumière du soleil, noyant tout dans son éclat – au-delà du blanc, on ne voyait plus rien.

La lumière entra en contact avec le sol ; il y eut une explosion qui fit trembler les fondations de l'arène, menaçant de tout engloutir.

Je fus projeté en arrière par la déflagration, volant comme une météorite vers les confins de l'arène.

J'entendis des cris, au loin, alors que je tournoyai dans les airs sans pouvoir m'arrêter. J'avais envie de m'arracher la tête pour avoir inconsciemment activé mon Sharingan au début de mon attaque, m'étant infligé mon propre flash bang. Mes pensées tournaient au ralenti, une urgente envie de vomir me prenant aux tripes. Il y avait un liquide chaud et poisseux qui coulait de mes yeux, et je ne connaissais que trop bien cette sensation pour ne pas savoir ce que c'était.

Il y eut un souffle d'air chaud qui s'éleva comme une bourrasque, des bruits de débris qui s'écrasaient contre le sol.

Je me forçai à ouvrir les yeux, désorienté, n'arrivant plus à distinguer la terre du ciel. Je m'obligeai à faire sortir des flammes de mes mains pour me stabiliser et m'éviter une chute mortelle.

Il me fallut quelques minutes pour reprendre mes esprits et réussir à comprendre où j'étais. Une violente migraine battais contre mon crâne ; mon cerveau était une cacophonie de pensées et j'arrivais à peine à être cohérent au-dessus de la mêlée des voix dans ma tête.

Je plissai les yeux, battant rapidement des cils pour mieux distinguer les formes. Même si je ne voyais plus les couleurs (ce que j'espérais temporaire) je n'eus aucun à voir où j'étais ; en-dehors de l'arène, à seulement quelques mètres au-dessus du sol. Un peu plus et j'aurais eu droit à une mort stupide provoquée par ma propre bêtise.

Okay, je n'utiliserai plus jamais de technique théorique en combat que je n'ai pas testée auparavant.

J'avais manqué de me tuer pour la deuxième fois de la journée, et je n'arrivai pas à savoir si c'était le summum de l'hilarité ou si j'étais juste totalement cinglé.

Je me retournai lentement, mes flammes crachotant un peu avant de me propulser (doucement) de nouveau dans l'arène.

Même avec ma vision en noir et blanc je n'eus aucun mal à voir les vagues de fumée venues des gradins et qui se déversaient au-dehors. Ca me faisait l'effet d'une casserole bouillante qui débordait.

Je distinguai plus ou moins bien l'immense coupole de ciment que Cementos avait érigée à la dernière seconde pour protéger le public de mon attaque. Le ciment fondait, des bulles grises éclatant ça et là en son sein. Les murs s'étaient transformées en liquide, des rivières grises s'écoulant dans l'arène pour devenir d'immenses flaques brûlantes. De la fumée s'élevait de part et d'autre en volutes blanches, tourbillonnant dans l'air chaud.

Le sol – le sol de l'arène avait été complètement détruit.

Il y avait un cratère, dans le centre, profond de quatre mètres. Autour ne se trouvaient que des crevasses irrégulières rapidement remplies par le ciment coulant. Des débris de roches jonchaient le sol ça et là, et le sable formait un brouillard jaune qui empêchait de voir correctement le reste des dégâts.

Je restai un instant hébété en voyant le chaos et la destruction que j'avais engendrés ; puis, lentement, un fin sourire se dessina sur mes lèvres alors que je contemplai mon œuvre.

C'est ce dont je suis capable en utilisant seulement cinquante pourcents de mon pouvoir : si je continue à repousser mes limites, est-ce que quelqu'un pourra m'arrêter ?

Je me sentais puissant, extatique, infiniment dangereux.

Il y eut un râle qui s'échappa du nuage jaune.

Inaza.

J'atteris, relâchai mon Hell Flame et m'avançait vers la source du son.

L'hésitation rendait mes pas incertains, et je commençais à m'inquiéter de l'état dans lequel j'allais le retrouver.

Est-ce qu'il a survécu ? 

Je me surpris à espérer que ce soit le cas.

La poussière retomba.

La silhouette floue d'un corps se dessina peu à peu sous mes yeux.

Il haletait, sa respiration sifflante et difficile.

La peau de son bras gauche avait brûlé, sa chaire rose à vif. Du sang coulait de ses plaies au front et sur le torse, tâchant ses vêtements sales qui ressemblaient plus à des lambeaux qu'autre chose.

Ses mains – il me fallut regarder à deux fois pour être sur de ce que je voyais – étaient lacérées comme si un million de lames avaient sillonné sa chaire, creusant des lignes profondes et parallèles dans ses doigts.

Je marquai un temps d'arrêt, la réalisation de ce qu'il avait fait me faisant l'effet d'une douche froide.

Il s'est mutilé volontairement avec son Alter pour éviter de fondre à cause de mes flammes.

Il avait dû s'enfermer dans une tornade d'une puissance inouïe pour éviter de mourir, quitte à s'estropier tout seul.

Mon respect pour lui vient juste de-

J'écarquillai les yeux en croisant son regard.

Là où auraient dû se trouver ses pupilles, il n'y avait rien.

- Il s'est- il s'est évanoui debout ?

Je n'arrivai pas à y croire.

La brise se leva, si faible qu'on aurait cru que c'était le souffle d'un enfant.

Les genoux d'Inaza tremblèrent et il faillit, tombant lentement en avant, pareil à une feuille portée par le vent.

Je me retrouvai à ses côtés en un éclair, supportant son poids contre mon épaule et le retenant d'un bras pour qu'il ne s'écroule contre moi.

Midnight siffla la fin du match : des infirmiers se précipitèrent avec un brancard, me déchargeant d'Inaza.

Je restai un instant hébété, mes yeux ne pouvant se détacher de l'adolescent dont la force de caractère était sans aucun doute la plus forte qu'il m'ait été donné de voir en deux vies.

- SHOOOTOOO TODOROKIIII EST LE VAINQUEEEEEEEEUR !

Les hurlements - mon nom était scandé - et les cris de joie me tirèrent de ma torpeur.

Je souris, incrédule, tournant sur moi-même pour être sûr que tout le monde m'applaudissait bien et- oui, ils n'avaient d'yeux que pour moi.

D'abord hésitant, je levai la main pour les saluer. Les cris redoublèrent d'ardeur alors que je ne pu m'empêcher de rire nerveusement.

- J'ai failli tous les tuer et ils m'applaudissent ?

Inaza n'était déjà plus qu'un lointain souvenir dans mon esprit.

Cette sensation d'être invincible, de croire que j'étais capable de tout sans que personne ne m'arrête, me galvanisait.

C'était la première fois que je goûtais à ça, l'adoration des masses : je n'étais pas sûr de vouloir jamais revenir en arrière.