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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 36 - Le Masque

Lorsque j'ouvris les yeux la lumière m'éblouit si violemment que je vis trouble. Mes paupières et ma rétine me brûlaient comme si on avait déversé du feu liquide.

Je grognai et m'enfouis sous les draps.

- Todoroki-kun ? Un problème avec tes yeux ?

- Visiblement c'est trop lumineux. Tirez moi ces rideaux

Le ton et la voix m'étaient plus que familiers. Je baissai un peu le drap, jetant un coup d'oeil au-dehors.

Des tâches noires dansaient dans ma vision.

- Papa ?

La pièce était si sombre que je ne distinguais que les contours de sa silhouette. Ses cheveux aux pics inégaux bougèrent, comme s'il se penchait en avant, et ses bras étaient croisés sur son torse.

- Tu viens juste de te réveiller d'une opération de plusieurs heures, expliqua-t-il alors que j'essayai de me redresser. Vas-y doucement.

Sa tête se tourna vers l'infirmière qui se tenait sagement dans un coin.

Elle se précipita alors à mes côtés et arrangea une pile de coussins dans mon dos.

Ma gorge était sèche, et j'eus à peine à la toucher du bout des doigts tout en fronçant les sourcils que l'infirmière était déjà à mon chevet, un verre à la main.

Gorgée après gorgée, ma vision trouble s'atténua. Je pouvais voir leurs à demi visages baignés dans la pénombre.

Seule une lampe de chevet aux tons rougeoyait éclairait la chambre.

Mon père lança un regard approbateur à l'infirmière – enfin aussi approbateur qu'il le pouvait avec ses sourcils froncés et son air ronchon – et elle recula promptement.

- Je vais chercher le médecin pour un check-up de rigueur, dit-elle, ses yeux rivés sur ses chaussures. Je reviens tout de suite.

Elle claqua la porte dans sa hâte de fuir.

J'aurai presque pu me moquer de lui si ma gorge ne me grattait pas autant . Je finis mon verre d'une traite, prenant avec plaisir les deux autres que me tendait mon paternel.

- Bien, dit-il calmement une fois que j'eus fini. Quelle est la dernière chose dont tu te rappelles ?

Je fronçai les sourcils, prenant mon temps pour essayer de répondre :

- Qui êtes-vous ?

Il devint si pâle que je ne pu me retenir et explosai de rire.

- Très amusant. Maintenant réponds, que je sache de quel médecin je dois aller me charger pour avoir raté ton opération.

Mon sourire fondit aussitôt.

- Opération ?

Il me dévisagea avant de soupirer, son visage s'adoucissant tout à coup.

- Tu as perdu un œil. L'opération visait à t'en refaire pousser un. C'était ce matin et… reste assis, le docteur a dit que tu ne devais pas…

- Ça va. Je dois juste… un miroir…

Ce visage était donc destiné à être marqué que je le veuille ou non…

Mon père resta proche de moi, me soutenant en plaçant une main sous mon coude pour m'aider à tenir debout. Mes jambes étaient ankylosées : combien de jours est-ce que j'avais dormi ?

Le carrelage était glacé. Mes orteils tapaient sans cesse dessus, menaçant de rouler sous mon pied et de me faire tomber.

Je m'accrochai au chambranle de la porte, inspirant longuement pour essayer de me calmer. Les luminaires de la salle de bain n'étaient plus que des tâches jaune. Les toilettes et la douche n'avaient de cesse de changer de place, m'empêchant de savoir si ce que je regardai était la gauche ou la droite.

Les mains de mon père planaient au-dessus de moi, prêtes à me réceptionner au moindre signe de faiblesse.

- Ça va, ça va. Je peux le faire tout seul

Nouveau pas.

Je trébuchai, me rattrapai au lavabo.

Ses mains étaient déjà sur mes épaules.

Je le repoussai sans grande force.

- J'ai juste-

Je croisai mon propre regard dans la glace.

Là où le Shoto originel avait sa brûlure, j'avais la marque d'un couteau.

C'était une cicatrice verticale, pas plus fine qu'un crayon, traversant mon sourcil, ma paupière et s'arrêtant à la moitié de ma joue.

Les sutures étaient délicates, aussi régulières et nombreuses que les barreaux d'un appareil dentaire.

Je les caressai doucement, remontant le long de ma joue anormalement rigide jusqu'à mon sourcil troué. Les poils n'y pousseraient plus jamais.

- Ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas l'enlever à cause de ta trop grande et trop rapide sécrétion de facteur bêta ou quelque chose comme ça. Tes fibres de collagène se seraient entrecroisés de façon anarchique, si j'ai bien compris

Je levai les yeux vers mon père.

Il observait ma cicatrice d'un air soucieux, comme si c'était un échec personnel.

Des cernes violettes et gonflées entouraient ses yeux. Il portait encore son costume de héros carbonisé par endroits.

Je me forçai à sourire.

- Ça fait très Kakashi-esque, tout ça

- Qui est ce Kakashi ?

- Un personnage d'anime. Il est vraiment badasse, tu sais.

Il marmonna.

- Tu regardes des anime ?

- Donc ça veut dire que je suis badasse comme lui !

Il fronça les sourcils.

- Je pourrai essayer de te trouver quelqu'un qui l'atténuerait. Ou au moins la couleur, pour qu'elle soit moins visible

J'hésitai une seconde.

Si un médecin capable de faire repousser un organe a dit qu'elle ne disparaîtrait jamais, j'ai peu d'espoir que qui que ce soit y arrive.

- Nan, j'aime bien comme ça

Mon père me dévisagea en silence, l'air inquiet.

- Tu es sûr que ça va ?

- Tout va très bien

Je retournai au lit et me glissai sous les draps.

Mon père se rassit à mon chevet.

Je pris un instant pour contempler la pièce dans la pénombre. Je distinguai les contours d'un canapé et d'un écran plat. Il semblait même y avoir une bibliothèque, sur la droite. A gauche il y avait la salle de bain entre-ouverte.

Je n'avais pas besoin de lumière pour savoir que la chambre était plus digne d'un hôtel cinq étoiles que d'un hôpital.

- Je suis là depuis combien de temps ?

- Seulement trois jours.

Je hochai la tête, continuant à observer les lieux le temps qu'il se décide à dire ce qui le taraudait.

- Tu as failli mourir

- Mais j'ai survécu

- Grâce à Kenzei

Qui est mort.

- Je croyais que tu étais prêt. Qu'on l'était. Et qu'on pourrait vivre…

Il se tut. Puis se servit un verre d'eau tout en évitant mon regard.

Il le but à petites gorgées, comme s'il se laissait le temps de mettre de l'ordre dans ses pensées.

- J'ai parlé au préfet. Nous avons décidé d'un accord commun de faire disparaître jusqu'au plus petit message mentionnant ton existence sur l'internet. Les journalistes people retireront aussi leurs articles.

Je me redressai.

- Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?

- Que tu n'es plus mon fils.

J'attendis, muet, qu'il ajoute quelque chose.

Mais il ne dit rien.

- Tu te fous de moi ?

La température grimpa en flèche.

- Tu n'as même pas dix ans et tu as déjà survécu à deux tentatives de kidnapping et trois d'assassinats

Mon chakra bourdonnait sous ma peau.

- Notre lien te met en danger. Tu pourrais mourir, la prochaine fois

- Mais je ne le suis pas !

Les rideaux prirent feu.

Mon père resta muet. Impassible.

Indifférent.

- J'ai survécu ! Encore !

L'alarme incendie se déclencha.

En une seconde je me retrouvai trempé jusqu'aux os, mes cheveux dégoulinants sur mon visage.

Il ne réagit même pas.

- Je vais devoir renforcer la sécurité en ce qui te concerne. Une équipe de gardes du corps est déjà en route pour nous rencontrer

Je poussai un cri de rage.

Jetant mes draps mouillés sur le côté, je me laissai retomber lourdement sur le sol. Mes genoux chancelèrent.

Mon père se redressa, sa main se tendant instinctivement au-dessus du lit nous séparant.

Je le repoussai sèchement.

- Et quoi ? Tu vas m'envoyer à l'autre bout du monde ?

Il grogna.

- Retourne dans ton lit

- Dans un endroit où les murs seront trop hauts pour que je les franchisse ? Un endroit que je ne quitterai pas avant ma majorité ?

Je repoussai violemment mes cheveux de mon visage.

- Shoto-

- Oui, j'ai failli mourir, mais j'ai survécu ! Et maintenant tu m'en punis ?

Il fit le tour du lit avec précaution, levant une main pour me calmer.

- Il faut que tu fasses profil bas le temps que les choses se calment. Ils connaissaient ton emploi du temps, ils savaient comment vous obliger à sortir de la voiture, ils avaient prévu la façon de se débarrasser de Kenzei-

- Donne moi une seule fois où je me suis jamais plaint, une seule !

Il ouvrit la bouche. La referma.

- Ça n'est jamais arrivé, et tu le sais !

Je fulminai de rage.

- Même pas quand Touya a failli me noyer ! Même pas quand il était en train de me bouffer le doigt dans cet incendie ! Même pas quand Natsuo m'a accusé de l'avoir tué !

La bête grondait, me rongeant l'intérieur de l'estomac et me brûlant la gorge. Des postillons éclaboussèrent mes lèvres.

- Même pas quand la moitié de notre famille t'as tourné le dos et que j'ai choisi de rester avec toi !

Mon père flancha. Ce n'était pas assez.

- Même pas quand j'ai dû brûler vifs trois hommes pour éviter qu'ils te fassent du chantage !

Ma voix cassa. 

Mes yeux s'humidifièrent. Je me mordis l'intérieur de la joue jusqu'au sang pour chasser la faiblesse.

- Je ne me suis jamais plaint. Pas une seule fois. Alors, s'il te plaît. Ne me fais pas ça.

Je voyais très bien les prochaines années de ma vie.

Seul, à l'autre bout du monde, dans une prison aux airs d'hôtels pour gosses de riche. Je serai surveillé à chaque seconde de ma vie, même dans mon sommeil. Je compterai les jours en me demandant quand est-ce qu'il viendrait me sortir de ce trou. Quand est-ce que je pourrai vivre à nouveau. 

S'il venait jamais.

Mon père s'éclaircit la gorge, les yeux brillants. Sa voix était rauque.

- Tout ce que je fais, je le fais pour toi

Et c'est à cet instant que je compris qu'il m'y enverrai, même si je devais le haïr.

Parce qu'Enji Todoroki faisait toujours ce qui lui semblait juste, même si le monde entier devait lui tourner le dos.

Je ne réfléchis pas

Lui tournant le dos, je me précipitai vers la fenêtre et l'ouvrit. Puis je sautai sur les rails, regardant en contre-bas.

Quatres étages.

Pas de problème pour un ninja.

- Essaie un peu de me forcer et je te jure que tu regretteras ça.

- Shoto, gronda-t-il, Descends tout de suite

Il essaya de garder la face mais la terreur pure dans ses yeux ne m'échappa pas.

- Ou quoi ? Tu vas m'envoyer en pensionnat à l'autre bout du monde ?

Le vent froid fit claquer les pans de ma robe de chambre.

Une main sur la fenêtre, l'autre dans mes cheveux, je risquai un autre pas en arrière.

La porte s'ouvrit et une volée de médecins s'arrêta sur le seuil, surpris.

- On pourrait essayer un week-end tous les deux mois

- Dans tes rêves

Je lui souris méchamment. Il avait l'air énervé.

- Tu as voulu montrer que tu pouvais me faire peur, très bien. Maintenant descends.

Je secouai la tête.

- Arrête d'avancer ou je saute.

Il se figea à tout juste un mètre de la fenêtre, bras tendus.

- Jure moi que tu ne me forceras pas à partir ou je saute.

- N'essaie pas de-

- Tu sais de quoi je suis capable.

Je faisais référence au hangar.

- Je le ferai sans hésiter

Il déglutit bruyamment.

- D'accord, très bien, très bien. Je ne t'enverrai nulle part. Tu resteras au Japon.

- Je resterai avec toi, nuançai-je. Promets-le.

Je n'allais pas me faire avoir aussi près du but.

Il grinça des dents.

- Tu resteras avec moi, je te le jure. Descends, maintenant.

Je haussai les épaules.

- Oh, si ce n'est que ça.

Je posai un premier pied sur le chauffage en-dessous. Mes orteils glissèrent et – oh mince.

Quelqu'un cria.

Des doigts s'enroulèrent autour de mon haut et me tirèrent vers l'intérieur.

Je tombai sur mon père, mettant mes mains sur ses bras pour éviter de m'écraser la tête contre son épaule.

Il me serra dans ses bras et je-

Est-ce qu'il tremble ?

- Ne refais plus jamais ça.

Je me sentis un peu mal.

Ah, c'est vrai qu'il a déjà perdu un fils.

Ses doigts s'enfonçaient si fort dans mon dos que j'étais sûr que j'en aurai des bleus.

- Ouais, dis-je en détournant les yeux. Promis.