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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
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Chapitre 30 - Heroes Awards

Les flashs des appareils photos crépitaient, la lumière blanche s'infiltrant par l'interstice de la tente en tissu.

Les ombres de ceux qui prenaient la pose nous parvenaient tordues, comme si leurs corps n'étaient que des morceaux de bois secs et à angles droits.

- Tournez vous par là !

- Crimson Riot, par ici !

Le chapiteau noir était habité par une foule de célébrités en tenue de gala. Ils discutaient et riaient bruyamment, passant d'un groupe à l'autre pour se saluer et se faire des confidences.

L'une des femmes avait une robe verte à traîne et des plumes dans le dos qui lui donnaient l'air d'un paon. Elle se pencha en avant et sa plume gratta le visage d'une autre femme qui éternua, ce que la première fit mine de ne pas remarquer.

Mes yeux se promenèrent sur l'assemblée arc-en-ciel qui attendait son tour pour passer sur le tapis rouge.

- Je croyais qu'il n'y aurait que des héros

Je levai les yeux vers mon père.

Il portait un costume bleu marine trois pièces à la coupe raffinée.

La veste était comme une deuxième peau qui ne faisait qu'accentuer ses larges épaules et son torse musclé. Même son pantalon, par je ne sais quel tour de passe-passe de couturier, lui allongeait les jambes et lui donnait l'air encore plus grand qu'il ne l'était déjà.

Un mouchoir en tissu brodé à notre nom de famille sortait élégamment de sa poche de poitrine.

J'avais écopé du même ensemble – boutons de manchette frappés du logo de flamme inclus - excepté pour le nœud papillon.

Mes cheveux, plus longs que les siens, avaient été peignés en arrière pour offrir une vue dégagée de mon visage.

J'avais toujours ressemblé à mon père mais ce soir j'étais sa version miniature. Et j'avais eu beau essayer de le faire avouer comme je le pouvais, il n'avait jamais rien dit d'autre si ce n'est que c'était une 'étrange coïncidence'.

Son petit air satisfait ne m'avait pas échappé.

Enfin, l'ensemble était signé Hermès, alors j'avais fini par lâcher l'affaire.

- On ne remplit pas une salle avec les Héros du top 20

Il passa deux doigts sur sa montre en or, observant la foule d'un air distrait.

Avec ses deux têtes supplémentaires comparés aux autres invités, il aurait été stupide de dire que chacun de ses gestes était discret.

Les gens le regardaient du coin de l'oeil et sursautaient en croisant son regard. Mais il ne leur fallait qu'une seconde de répit pour regarder à nouveau, curieux.

Mon père les intimidait mais ils avaient l'air d'adorer ça, de la même façon que les adolescentes adorent les romances toxiques.

Ça vous angoisse mais vous en redemandez encore.

- Comment tu te sens ?

La foule scandait les noms de chaque nouvelle célébrité qui arrivait sur le tapis, en délire. J'entendais les barrières en métal gratter contre le goudron et imaginait la sécurité qui s'épuisait à les contenir.

- Ça va

Ce soir était le grand soir, celui où je faisais officiellement mon entrée dans le monde comme Shoto Todoroki, fils d'Endeavor.

Les risques que quelque chose de pire que mon dernier kidnapping se produise n'en seraient que démultipliés, mais vivre était risqué depuis le jour où j'étais né dans ce monde.

Aujourd'hui ou demain, quelle différence ?

Et puis mon père pensait que j'étais prêt. Je lui faisais confiance.

- Plisse les yeux, surtout. Les flashs brûlent la rétine si tu les regardes trop longtemps.

Je hochai la tête.

Un employé à casquette noir muni d'une liste et d'un stylo nous interpella.

- Monsieur Endeavor, c'est bientôt votre tour

La foule de célébrités s'ouvrit en deux pour nous laisser passer. Même la femme paon dégagea ses plumes pour éviter que mon père ne se les prenne dans le visage.

Ou peut-être qu'elle avait juste peur qu'il les réduise en cendres en passant à côté.

L'agent décala le rideau barrant l'entrée du chapiteau, son gros nez se glissant à l'extérieur comme pour prendre l'air.

- Décompte dans trois, deux…

Mon père prit ma main dans la sienne. Ses yeux étaient rassurants.

- Quelques photos et on y va

Je sentais les yeux de toutes les autres personnes présentes me transpercer la nuque.

L'agent m'interpella :

- N'oublie pas de bien plisser les yeux, gamin

Et il tira le rideau en grand sur le monde extérieur.

J'avais sous-estimé l'insonorisation du chapiteau.

La cacophonie de cris et de voix qui m'assaillit fut telle que je cru que mes tympans allaient exploser.

Je fus forcé de réduire temporairement la qualité de mon ouïe et de ma vue. Le contraste fut si intense que j'eus l'impression d'être devenu sourd et aveugle.

Mon père tira doucement sur ma main pour m'entraîner au centre du tapis.

Les photographes s'arrêtèrent un instant pour échanger des regards par-dessus leurs appareils. Leurs yeux faisaient des va-et-vient entre nous deux.

Pourtant, à part regarder, aucun ne dit rien.

Si je n'étais pas en train d'avoir une crise existentielle sur la condition faible de l'être humain, j'aurai pu rire en voyant la façon dont ils évitaient le regard de mon paternel.

Un garçon plein de boutons, vraisemblablement nouveau dans le milieu, fut prit d'un élan de bravado et cria :

- Monsieur Endeavor ! Monsieur Endeavor ! Est-ce que c'est votre fils ?

Les autres journalistes le regardèrent comme s'il venait de signer son arrêt de mort.

Mon père resserra sa prise sur ma main puis répondit, le regard fier et droit.

- Oui

Les journalistes avaient l'air incrédules qu'il ait daigné répondre. Ça m'amena à me poser tout un tas de questions sur la persona d'Endeavor et sur la façon dont il avait pu arriver au point où un simple 'oui' émouvait des quadragénaires aux airs de routiers.

D'accord, mon père n'était pas le plus commode, et oui je concédai qu'il avait des airs de nain grincheux (sans le nain), mais c'était quelqu'un de bien.

Il était juste, impartial et il prenait son rôle de Héros à coeur. Il ne perdait jamais son temps à poser pour les magazines ou à faire des interviews pour la simple et bonne raison qu'il 'perdait du temps pour les choses qui comptent vraiment'.

Les flashs crépitèrent une nouvelle fois. 

Mon père me pressa doucement la main et nous repartîmes. 

En quelques enjambées et les escaliers nous menant à la réception étaient franchis. 

- Bienvenue

On nous ouvrit les immenses portes en verre.

La salle était le summum du luxe et de l'extravagance.

Des tables en cristal bleu se partageaient l'espace avec des fauteuils en velours crème. Des fontaines à bec, vraisemblablement faisant partie des murs, faisaient couler leur eau dans de petits bassins qui faisaient le tour de la salle comme des tuyaux. 

Des plantes tombantes luisantes avaient été accrochées aux bassins de marbre et donnait des airs de village Français au lieu.

Des lumières tamisées avaient été accrochés assez régulièrement pour éclairer le lieu mais pas assez pour y voir clairement. Combiné au plafond vitré qui donnait une vue plongeante sur le ciel étonnamment étoilé (un faux ?) et l'ambiance était plus celle d'une soirée à caractère privée que d'un gala pour héros.

Une statue glacée à taille humaine trônait au centre de la pièce. Il avait le poing levé vers les cieux et une cape flottant derrière lui, mais son visage était aussi lisse qu'une peau de bébé, anonyme.

Sans doute pour préserver la surprise de qui aurait le prochain spot de numéro 1, bien que ça n'en soit pas vraiment une.

- Pourrai-je avoir vos port-

Un employé, une boîte en plastique dans la main et un post-it prêt à être annoté dans l'autre, était debout à côté de l'entrée. Il déglutit bruyamment.

Mon père le toisa, mais son visage resta parfaitement lisse. 

L'employé se ratatina sur lui-même.

Les yeux de mon père s'assombrirent.

Attends, c'est pour ça qu'il a toujours l'air énervé en public ? Parce que les gens ont l'air terrorisés dès qu'ils l'aperçoivent ?

L'employé bégaya, tout rouge.

- Bonsoir Monsieur Endeavor, ravi de vous voir. Je ne vous avais pas reconnu dans ce costume vu que vous en portez un autre habituellement. Enfin je veux dire celui que vous portez en tant que Héros est très bien, mais celui-ci l'est plus. Enfin je veux dire que je le préfère mais ce n'est peut-être pas votre cas et je crois que je devrai me taire et arrêter de supposer des choses sans queue ni tête parce que-

Il serra les poins et inspira. Longuement.

J'attendis la suite, amusé.

- Pourrai-je avoir vos portables ?

- Non

Et on le laissa en plan.

Je regardai par-dessus mon épaule sa bouche s'ouvrir et se fermer comme un poisson.

Il n'essaya même pas de nous rattraper.

Un serveur en smoking passa à côté de nous et nous proposa de quoi boire. Mon père oeilla le contenu trouble d'un œil suspicieux puis refusa.

- Alors ? Où se trouve notre table ?

Quelques invités étaient déjà assis, mais la plupart des tables étaient vides. Mon père m'entraîna vers la scène.

- Nous dev-

- Mais quel heureux hasard de croiser mon cher frère ici !

Une femme aux boucles blanches et aux yeux gris jaillit de nulle part, nous barrant la route. Elle repoussa une mèche rebelle derrière son oreille, dévisageant mon père avec mépris. 

- Emilia. (Il sonnait surprit) Qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle rit et la rivière de diamants pendue à son cou gigota.

- Enfin, Enji. ! A t'entendre on croirait que tu n'es pas content de me voir !

- C'est le cas

La lèvre supérieure d'Emilia se retroussa sur ses dents. Dans ses yeux couvait un orage.

Bien plus féroce que Rei.

Elle tourna son attention sur moi. Sa bouche se déplia et son regard s'adoucit.

- Mon petit Shoto. Si tu savais combien je suis heureuse de te voir…

Je me rapprochai de mon père, me cachant à moitié derrière son bras.

- Papa, elle me fait peur…

Il comprit exactement où je voulais en venir et me repoussa plus loin derrière lui.

- Tu l'a entendu ? Va-t-en

Emilia lui jeta un coup d'oeil furieux puis s'accroupit à ma hauteur.

- Tu n'as pas à avoir peur de moi Shoto. Je suis ta tante, la sœur de ta Maman. On s'est déjà vus, tu sais ? Mais tu étais petit, comme ça (Elle leva sa main à hauteur de son genou). Tu as dû m'oublier depuis le temps

Menteuse.

- Comment est-ce que c'est de vivre uniquement avec ton papa ? Il n'est pas trop méchant avec toi ? Tu me dirais s'il l'était, hein ? Comme je suis ta tante…

Je sentis mon père se tendre.

- Qu'est-ce que tu insinues ?

- Et ton frère et ta sœur, est-ce qu'ils te manquent ? Tu voudrais les voir un peu de temps en temps ? On pourrait organiser ça. Tu verrais ta Maman aussi. Tu l'aimes beaucoup ta Maman, n'est-ce pas ?

Je levai les yeux vers mon père. Une veine battait violemment contre sa gorge.

- Ne me fais pas me répéter

Voyant que je lui répondais pas, Emilia se releva à contrecoeur. Elle épousseta sa jupe. 

- Tu ne peux pas le garder loin de sa famille pour toujours, Enji. Tôt ou tard il demandera-

- Sa famille c'est moi

L'éclat de voix, à peine plus fort que les discussions environnantes, eut le malheur de se produire lorsque le pianiste faisait une brève pause.

Les têtes se tournèrent et les discussions perdirent du volume. Tout le monde avait l'air très intéressé à l'idée de voir le numéro 2 laver son linge sale en public.

- Comment oses-tu !

Emilia fit un pas avant, rouge de colère.

Mon père n'en démordit pas.

- Je t'interdis de venir ici et de venir raconter tes-

- Du calme, Monsieur le Héros. Ce n'est que la famille ici, alors pourquoi faire une scène ?

Un homme blond à la large carrure se glissa entre mon père et la folle de service. Il était loin d'être aussi grand que mon paternel mais il n'avait aucun mal à le regarder dans les yeux.

J'avais du mal à reconnaître son accent.

Espagnol ? Italien peut-être ?

Il promena ses yeux bleus sur l'attroupement plus ou moins discret qui nous épiait. Son regard retourna à mon père et il lui accorda un sourire glacial.

- Prends ta femme et sors d'ici Andreï

Le blond sourit puis fit un pas en avant, se rapprochant dangereusement de mon père.

- Ou quoi ?

La tension grimpa d'un cran.

Ils s'affrontèrent du regard. 

Je ne ratai pas le poing serré que le blond cachait dans sa poche.

Mais mon père savait mieux que faire l'erreur de frapper le premier. En revanche, personne ne pourrait lui reprocher d'avoir envoyé son agresseur à l'hôpital.

Emilia tira sur la manche de son mari.

- Per favore calmati. Non sono qui per fare una scenata

Son poing se relâcha. Il continua le duel de regards quelques instants de plus, pour la forme, puis recula d'un pas.

Il passa un bras autour de sa femme, mais son regard était toujours rivé sur mon père.

- Contrairement à ce que tu crois, je ne suis pas venue pour faire un scandale, dit Emilia.

Elle soupira.

- Je voulais te parler de Rei. De ce qu'elle ressent.

- J'imagine qu'elle ne sait pas que toi et ton mari m'avez tendu une embuscade ?

Un pli amer tordit la bouche d'Emilia.

- Tu ne sais pas ce que tu lui as fais en lui enlevant un autre de ses enfants 

L'insinuation m'irrita. Mon père serra ses mâchoires.

- On avait un accord elle et moi. Ne me fais pas croire que tu n'es pas au courant

Emilia cracha, à nouveau furibonde :

- Elle en souffre, Enji ! Terriblement !

Il ne cilla même pas.

- Va-t-en

Emilia le fusilla du regard.

Elle farfouilla dans son micro-sac puis en tira un post-it sur lequel elle gribouilla. Elle força le papier dans la poche côté coeur de mon costume.

- Notre adresse, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit.

Ils fendirent la foule de curieux sans se retourner, rejoignant un garçon aux cheveux platine et aux yeux bleus d'à peu près mon âge. Il m'observait d'un air curieux, mains en poches – reflétant mon propre comportement – et j'étais surpris de voir à quel point nous nous ressemblions.

La même posture, le même air ennuyé, et la même coupe de cheveux.

Emilia prit sa main et la petite famille s'éloigna, disparaissant dans la foule.

Les groupes de curieux réunis autour de nous se dispersèrent, nous jetant d'occasionnels coups d'oeil et murmurant à voix basse.

Je tirai le post-it de ma poche.

Il flamba en une seconde. 

- Tu l'a brûlé ?

Je relevai les yeux vers mon père qui ne lâcha pas Emilia et son mari du regard jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les voir.

J'époussetai distraitement les résidus tombés sur ma veste. 

- Jusqu'à la cendre