webnovel

[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime und Comics
Zu wenig Bewertungen
125 Chs

Chapitre 108 - Faiblesse

Parfois je me demandai si quoi que ce soit avait du sens.

Nous naissions, grandissions, travaillions, consommions, consommions, consommions, mourrions. 

Si je partais du principe que rien n'avait de sens, que nos existences ne signifiaient rien, que nos réflexions et nos actions ne voulaient rien dire, alors la liberté devenait le concept le plus effrayant qui soit.

Être libre de faire ce qu'on veut dans un monde où rien ne vaut rien et tout se vaut était la chose la plus terrible qui soit.

Aider et tuer se vaudraient, souffrir et infliger la souffrance seraient la même chose.

Si rien n'avait de sens, alors ça voulait dire que je pouvais faire tout ce que je voulais.

Le souvenir de mon clone se redressant dans Tokyo nocturne, des lumières fluorescentes et des voitures klaxonnant et des fenêtres s'illuminant et s'éteignant et des personnes marchant et courant dans une cacophonie de sons, d'odeurs, de vie, roula sur mon esprit comme une vague sur le sable.

Si rien n'avait de sens, alors ce que j'étais en train de faire n'était pas grave. 

Je baissai les yeux sur mes mains, mes mains à moi parfaitement propres, parfaitement lisses, mais qui étaient aussi les siennes, tâchées d'encre et de sang et du sang que je verserai peut-être un jour. 

J'inspirai, et l'air était tout autant celui frais et écoeurant de pots d'échappements que l'odeur familière de ma maison. 

Je clignai des yeux et Tokyo s'effaça, le décor de ma chambre s'y superposant puis s'y imposant comme une tâche d'eau sur une peinture à l'huile.

Je me forçai à ralentir les battements de mon coeur, à inspirer par le nez et expirer par la bouche, tout en me répétant que ça allait bien, tout allait bien, que je n'avais rien fait, pas encore, et peut-être que je ne le ferai jamais.

On frappa à ma porte. 

Je lissai ma veste de costume, prit quelques secondes pour recomposer mon expression.

J'étais Shoto Todoroki, celui qui n'avait peur de rien, celui qui jamais ne reculait et toujours irait de l'avant.

J'ouvris la porte.

- Monsieur Todoroki, la voiture vous attends

On traversa les couloirs, le salon, la cuisine, et soudain je me rappelai des années plus tôt lorsque Rei avait tenté de me ramener à elle, de me proposer de manger avec ses enfants dans la même cuisine.

Je me demandai ce qu'elle pensait de moi, du meurtrier acquitté duquel elle avait accouché.

Le trajet jusqu'à la salle de conférences se déroula sans accroc.

Je mit un pied hors de la voiture, mes yeux balayant la foule d'hystériques et de supporters qui scandaient mon nom et le hurlaient, brandissant des pancartes remplies de soutien et d'insultes, s'entre-choquant derrière les barrières en métal comme deux morceaux de mer séparés par la volonté des dieux.

Le cordon de policier avait du mal à contenir le chaos ambiant, lequel ne fit que croître en ampleur à mesure qu'on remarquait ma présence et qu'on me hurlait dessus et qu'on me lançait des injonctions, des phrases de soutien, de la cruauté et de la bienveillance. 

Je grimpai les escaliers à la hâte jusqu'au tribunal de Tokyo, un escadron de policiers me collant comme un essaim de frelons, mes yeux se posant durant une fraction de seconde sur une minuscule peinture ocre, un cercle rempli d'une écriture indéchiffrable au pied d'un des piliers.

Je détournai le regard, on ouvrit les grandes portes en bois, elle se refermèrent dans mon dos alors qu'un bruit sourd résonnait, comme si on avait lancé quelque chose de lourd et de métallique dessus.

Le chaos s'étouffa.

On me conduisit jusqu'à une salle emplie à craquer de journalistes, d'employés du bâtiments collés contre les murs et murmurant à voix basse, d'hommes et de femmes à l'air important et aux mouchoirs de poches brodés.

Tout le monde était habillé en noir comme si c'était un enterrement.

Cette pensée me fit presque sourire.

Mon père et All Might se tenaient debout sur la scène, sur la gauche du pupitre, en tenue de héros, exsudant confiance et pouvoir.

Derrière eux avait été pendu le drapeau Japonais.

On m'installa entre les deux, légèrement en avant pour qu'on puisse mieux voir le meurtrier.

All Might me regarda dans les yeux et détourna le regard, mais je m'en fichais – mes yeux rencontrèrent ceux de mon père, qui croisa mon regard puis me fit signe de regarder devant moi.

Le préfet entra, tous les journalistes se levèrent, puis il arrangea le micro et parla du verdict du procès.

Lorsque on annonça que j'étais acquitté, je vis le frissonnement de colère qui traversa la salle, comme si tous ne formaient plus qu'un, un 'un' opposé à moi, à nous.

Les questions fusèrent, d'abord à mon sujet, un peu sur All Might, puis se concentrèrent sur mon père.

- Endeavor, vous avez été celui à contacté le préfet pour demander d'étouffer l'incident du hangar. Vous êtes donc l'instigateur, mais pas l'ombre d'une enquête n'a été ouverte sur vos agissements – pensez-vous qu'il s'agit d'un traitement de faveur de la part des autorités ?

- Endeavor, pourquoi cherchez vous à protéger un criminel alors que vous êtes supposé servir la justice ? N'est-ce pas la juste image qui dit qu'avec assez de pouvoir, on peut faire tout ce qu'on veut ? Pensez-vous pouvoir faire tout ce que vous voulez parce que vous êtes un Héros ?

- Endeavor, que pensez-vous des manifestations un peu partout dans le pays et qui demandent votre démission ?

Debout derrière le pupitre, il répondit calmement, éluda quand nécessaire, ne réagit pas aux violences verbales lancées ci et là.

Je me sentis malade de le voir s'écraser de la sorte devant cette armée de fourmis qui ne méritait même pas de le voir respirer le même air que nous – et tout ça par ma faute.

Tout à coup, on lui lança une bouteille d'eau en plein visage.

Le bruit résonna comme une claque et, durant une seconde, il y eut un grand silence.

Mâchoires serrées, sharingan tournant dangereusement dans mes prunelles, je dégageai la main qu'All Might avait posée sur mon épaule et traversait la scène jusqu'au pupitre, ramassant la bouteille sans jamais quitter des yeux celui qui l'avait lancée.

L'homme, bouche entre-ouverte, était pâle comme la mort, les épaules repoussées en arrière, les jambes tendues comme s'il était sur le point de s'enfuir, la main droite – celle qui l'avait lancée – tremblant comme si ce n'était pas sa faute, comme si elle avait agit de son propre chef.

La bouteille explosa comme une bombe entre mes doigts, l'eau éclaboussant mon costume et le parquet brillant, le plastique déchiré s'enfonçant dans ma peau, et déjà je contractai mon bras, prêt à relancer le projectile avec une puissance multipliée par cent sur l'homme.

C'est alors que mes yeux captèrent un mouvement, sur la droite, et que je vis une femme qui n'avait l'air de rien et qui n'était coupable de rien trembler comme une feuille.

D'un bref coup d'oeil j'embrassai la salle du regard, et je me rendis compte que tout le monde était pâle, immobile, et qu'ils me regardaient tous avec de grands yeux.

Ils ont peur de moi.

Lentement, je baissai mon bras. 

Je croisai le regard de mon père puis désactivai mon sharingan. 

Quelqu'un expira bruyamment, puis les pages d'un cahier se mirent à tourner.

- Monsieur Shoto, beaucoup aimeraient savoir qu'est-ce qui vous a conduit à faire preuve de tant de violence dans le hangar. Nombre d'entre nous avons vu la vidéo – du moins en partie – et nous aimerions savoir pourquoi vous n'avez pas choisi de simplement immobiliser vos assaillants.

Un petit homme au visage oubliable et au chapeau de presse noir, vintage, qui ne se portait plus à notre époque, suait à grosses gouttes, les jambes flageolantes, mais les yeux brillants de cette vivacité et de ce besoin de savoir pourquoi.

J'écrasai la bouteille entre mes doigts.

Un bruit d'os broyés se répandit dans la salle alors que je restai là, bouche sèche, incapable de répondre.

La tension retomba, mais je vis bon nombre de personnes lancer des coups d'oeil furieux à mon père, comme si mon comportement était sa faute, comme s'il m'avait mal éduqué, comme s'il aurait dû mieux me contrôler.

Et soudain je compris que quoi j'ai fait, quoi que je fasse, tout le monde ferait en sorte que tout retombe toujours sur mon père.

Je me sentis le besoin de me justifier, d'expliquer, de leur faire comprendre qu'il n'avait rien à voir là-dedans, que ce n'était pas sa faute, que c'était juste moi- et soudain je me retrouvai derrière le pupitre, devant le micro, mes yeux balayant le public méfiant.

Je ne savais pas par où commencer pour expliquer le pourquoi du comment, alors je choisis de faire simplement, de raconter l'histoire par le début.

- Quand j'avais trois ans, mon frère a essayé de me tuer

Je vis l'étonnement et la surprise, et moi-même j'étais étonné et surprit. 

Mes paumes étaient moites mais je refusai de les essuyer pour ne pas leur montrer à quel point je haïssais l'idée de raconter ce qui faisait de moi moi à une foule d'inconnus.

Tu es en train de leur donner tes faiblesses, et ils les utiliseront contre toi.

Un frisson me parcourut l'échine.

- C'était dans notre salle de bain, à la maison. Il a essayé de me noyer. Mon père m'a sauvé. A ce moment là, j'avais déjà survécu à une tentative d'abduction – de laquelle mon père m'a aussi sauvé. A quatre ans, mon frère a à nouveau essayé de me tuer dans un incendie. Mon père m'a encore sauvé.

Les flashs des appareils photos crépitaient, et la lumière jaune des spots lumineux accrochés au plafond m'aveuglaient.

- A cinq ans j'ai intégré une école spéciale pour enfants en relation proche avec des Héros. Là-bas on ne nous a pas apprit à faire du coloriage ou à jouer à la marelle. La première chose qu'on nous a dit était que cinquante pourcents d'entre nous n'atteindrait jamais ses dix ans.

J'entendis des exclamations de stupeur.

- On nous a dit que si on avait de la chance, on nous tuerait. Nous étions des enfants, et nous préférions mourir que d'être de ceux qui 'disparaissent'.

Je me rappelai Anton Prager, le premier à avoir disparu, et la façon dont la classe s'était vidée au fil des années et les efforts communs pour ignorer l'échéance qui nous guettait tous. 

- A neuf ans, on m'a kidnappé. Ils ont contacté mon père et lui ont dit que s'il ne leur livrait pas un accès inconditionnel aux dossiers classés du ministère de la défense, ils lui enverraient mes doigts un à un par voie postale et qu'ensuite ils passeraient à mes pieds, mes yeux, ma langue.

Je les avais brûlés vifs, fait rôtir comme des porcs.

Après ça je n'avais rien pu manger pendant une semaine.

- A dix ans, on a envoyé deux-cents hommes dans le but de me kidnapper ou m'assassiner, le cas échéant. Ils ont tué mon garde du corps sous mes yeux. J'ai vu la balle traverser son front d'un bout à l'autre, là, juste entre ses sourcils.

Je me rappelle la mouche qui marchait sur son œil vitreux.

Je sens encore le goût de son sang sur ma langue.

- Je savais que mon père était trop loin. Qu'il n'arriverait pas à temps. Je savais que j'allais finir comme une autre statistique, un autre de ces gosses pas assez chanceux pour mourir directement.

Je m'arrêtai une seconde pour rassembler mes pensées.

Si rien n'a de sens, alors est-ce que ça veut dire que toutes mes souffrances, toutes les larmes que j'ai pleurées, tout le sang que j'ai versé, ne veulent rien dire ?

J'eus soudain le vertige.

- J'étais un gosse. J'avais peur. J'ai juste fait ce que j'avais à faire pour survivre, c'est tout.

Personne ne dit rien.

Je clignai des yeux, regardait à nouveau ce public d'inconnus qui en savait trop sur moi.

Personne ne dit rien.

Mon père posa une main sur mon épaule.

Quelqu'un demanda aux journalistes s'ils avaient d'autres questions.

Personne ne dit rien.

La conférence prit fin. 

Personne ne dit rien, parce qu'il n'y avait rien à dire.