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Tendresse Mort-Vivante

Aussi longtemps qu'il s'en souvienne, il a toujours été dénué d'émotions. Mais que se passe-t-il, quand un "zombie émotionnel" comme lui, rencontre une véritable zombie? Et elle a la joie de vivre?! C'est parfait, elle est détective privée et a justement besoin d'un assistant pour mener l'enquête! Iwao, lui, espère que passer du temps avec elle lui permettra enfin de ressentir des émotions, et de les exprimer correctement. Mais elle oublie parfois que son nouvel assistant peut mourir, lui. Et lui, ne se rends pas compte qu'il tombe, sans le savoir, peu à peu amoureux d'elle. Toutefois, l'amour est bien loin de ses préoccupations à elle. Car elle est à la recherche d'un meurtrier lié à son passé. __________________ EXTRAITS « Quoi ? Tu t'attendais à ce que je déduise tout ça sur le moment, dès ton entrée ici ? Faut arrêter de regarder la télé mon gars... » Ajouta-t-elle en souriant. À présent, elle semblait presque se vanter et se moquer de moi en même temps. « C'est de l'atteinte à la vie privée, » répondis-je à mon tour, sans pour autant être effrayé. --- « Dans ce cas, tombez amoureuse de moi, » proposais-je. Elle sursauta face à l'énormité de ce que je venais de dire. « Non, attends ! » S'exclama-t-elle en brandissant à nouveau ses mains vers moi. « C'est pas comme ça que ça marche ! » __________________ Couverture par Anzai (Fiverr: fiverr.com/anzailee) Lettrage du titre par Gedomaru/Noya (Instagram: @donya.dhl ) Création des personnages: AreeSensei BETA: Nayrroda __________________

AreeSensei · Urban
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39 Chs

Distance.

« Alors, Nijima-kun, » dit la détective en regardant droit devant elle, tandis que nous arrivions devant les portes automatiques du hall ; « quelle évaluation as-tu faite de moi ? »

La suite du trajet s'était déroulée dans le silence, et bien que je n'étais pas bavard, il me semblait que la détective avait volontairement gardé le silence. Comme si elle attendait quelque chose de ma part ; éventuellement une réaction.

Pour ma part, c'était peut-être une crainte que j'avais peur de voir se réaliser qui m'empêchait de dire quoi que ce soit. J'avais l'impression qu'elle n'avait pas joué franc jeu avec moi. Aussi, si je disais quoi que ce soit sans réfléchir, je viendrais sûrement à regretter mes paroles.

Mais une fois arrivés dans le hall, elle avait compris que je ne serais pas celui qui ferait le premier pas. Elle m'avait alors posé cette question, ce qui m'avais momentanément surpris.

Je m'arrêtais de marcher, la laissant continuer quelques mètres sans moi ; avant qu'elle-même ne réalise que je ne la suivais plus. Elle s'arrêta à son tour, et se retourna vers moi, me fixant de ses yeux à présent gris sous la lumière orangée du hall.

Elle semblait relativement confiante, comme à son habitude. Toutefois, il était clair que j'aurais le dernier mot. Car elle avait bien plus à perdre dans l'histoire, si les gens venaient à apprendre ce que j'avais vu, à la fois dans cet appartement, et sur cette route de montagne.

« Et vous ? » Répondis-je pour contrer sa question.

Elle mit alors ses mains dans ses poches, toujours en me regardant droit dans les yeux, ce qui me mit un peu mal à l'aise. Elle ne clignait pas beaucoup des yeux, comme si elle ne voulait rien rater de ce qu'elle avait devant elle.

« Tu sembles avoir un don pour lire le langage corporel des gens qui t'entourent, » dit-elle d'une voix détachée. « Et j'avoue que cela pourrait m'avérer utile. »

Un don ? Pas vraiment. J'avais passé des heures à observer les expressions des gens et leurs gestes, ne serait-ce que pour essayer de les comprendre. Je m'étais dit qu'en sachant quel était leur état d'esprit, je pourrais facilement m'adapter à une situation que je ne pouvais d'habitude pas lire.

Mais même avec cela, je ressentais toujours un certain écart, entre moi et ceux qui m'entouraient. Une sorte de barrière infranchissable, que je m'efforçais d'escalader, avant de retomber lourdement.

« Tu as quelques doutes, après ce qu'il s'est passé hier soir, pas vrai ? » Me demanda-t-elle.

Bien plus que des doutes, j'avais encore besoin de faire le point sur tout ce que j'avais vécu ces derniers jours. C'était beaucoup trop de choses, pour quelqu'un d'aussi paisible que moi.

Et comme je ne répondais pas et restais silencieux, elle se sentit obligée d'ajouter quelque chose.

« Ce que je t'ai dit à ce moment-là était la vérité. Même si cela paraît complètement insensé. Mais aussi insensé que cela puisse être, tu en as toi-même été témoin. »

C'est vrai. Pour me calmer et attirer mon attention, elle m'avait révélé cette information la concernant. Et me la voir rappelée si soudainement me fit remettre les choses en perspective.

Nous n'étions séparés que de trois, peut-être quatre mètres, mais j'avais l'impression que la distance entre nous était bien plus grande que cela. Comme si nous n'aurions peut-être jamais dû nous croiser.

Mais ces quelques mètres représentaient aussi à mes yeux bien plus qu'une simple entente ; bien plus qu'un arrangement possible entre nous.

Comme si, faire ces quelques pas pour la rejoindre, allait me faire changer de monde. Et peut-être que, sans même m'en rendre compte, j'avais déjà fait le premier pas vers elle.

Un premier pas qui avait amené tellement de questions, et si peu de temps pour les aborder.

Alors oui, j'étais plein de doutes, que ce soit à son sujet, ou au mien.

Pourtant, en la voyant se tenir là et me regarder moi, et personne d'autre, je sentis quelque chose se réveiller en mon fort intérieur.

Comme… Une irrépressible envie d'en savoir plus à son sujet.

Est-ce que c'était seulement normal de ressentir cela pour une autre personne ?

Je n'avais jamais été très été curieux au sujet d'autrui, jusqu'à présent. Pas au point de m'impliquer de la sorte avec quelqu'un. Et cela demandait réflexion.

Toujours en la regardant droit dans les yeux, et avec mon expression habituellement neutre, je lui répondis.

« J'aimerais un peu de temps, pour y penser plus en détail. »

Elle fit un petit sourire – soit parce qu'elle acceptais ma démarche, soit parce qu'elle s'attendait à ce genre de réaction – et fouilla dans une de ses poches pour en sortir une nouvelle carte de visite.

Puis, elle marcha vers moi, parcourant les quelques mètres qui nous séparaient comme si de rien n'était, et me tendit l'objet.

« Quand tu auras trouvé ta réponse, retrouvons-nous pour donner nos évaluations respectives, » dit-elle en souriant.

Je pris la carte, qui cette fois, avait déjà une adresse griffonnée au dos, et quand je relevais la tête, la détective n'était déjà plus en vue.

Presque comme si elle n'avait jamais été là.

Je restais un moment immobile, au milieu des gens qui continuaient d'entrer et de sortir de l'hôtel.

Peut-être qu'elle ne faisait tout simplement pas assez confiance pour m'inclure dans tout ce qu'elle entreprenait. Et c'était normal, étant donné notre très récente relation.

J'étais aussi probablement perturbé à cause du fait que j'avais réagi aussi vite, quand j'avais su qu'elle était en danger. Je ne savais toujours pas ce qui m'avait poussé à courir comme ça. Ou plutôt, je savais que c'était la chose à faire, sur le moment. C'était ce qui m'étais venu en premier, dans le cœur de l'action.

Mais était-ce vraiment tout ce qu'il y avait ? Avais-je vraiment agi car c'était le choix le plus logique, ou avais-je agi parce que j'avais peur qu'il lui arrive quelque chose, à elle ?

Probablement les deux.

J'avais eu peur de perdre ma seule et unique piste concernant mes émotions.

Une piste qui n'était peut-être même pas humaine...

'Je ne peux pas mourir.'

Je n'avais pas encore pu lui demander ce qu'elle avait voulu dire par là. Et cette phrase me hantait comme un fantôme rancunier.

J'avais déjà été déstabilisé par sa façon de procéder, pendant l'affaire, mais aussi avant cela, lorsque nous nous étions rencontrés dans cette auberge, près de Kosuge.

C'était étrange, la façon qu'elle avait eue de s'adresser à moi. Comme si mon comportement, qui rebutait tant de gens, ne l'avait pas du tout dérangée. Il me semblait même que cela l'amusait et la fascinait en même temps. Mais peut-être que je me trompais.

Je sortis mon téléphone portable de la poche de mon pantalon, et vis que cela faisait déjà plus d'une heure que j'avais été dans cette chambre d'hôtel. Il était temps que je rentre chez moi. Et si j'en avais assez de me reposer, je pourrais toujours étudier ce projet auquel monsieur Chiba voulait que je participe.

Enfin dehors dans la rue, je me retrouvais emporté par une marée humaine de passants remplissant tout le trottoir. J'entendis des gens rires, d'autres parler au téléphone, des bouts de conversations mondaines arrivant jusqu'à mes oreilles.

Le fait de voir autant de monde tout d'un coup - et d'être entouré de toutes parts par une foule compacte - me déstabilisa un peu. Je n'étais pas vraiment habitué à sortir le week-end, et encore moins à volontairement me retrouver dans des zones piétonnes denses. Cela me poussa à m'écarter sur le côté, contre la façade d'un magasin d'électronique, pour reprendre mon souffle.

Derrière moi, une dizaine de télévisions, de tailles et de luminosités différentes, affichaient toutes une même chaîne d'informations tournant en boucle. Je me retournais pour suivre les titres, le temps de me calmer un petit peu, et vis les mêmes informations que le matin même.

Il n'y avait pas grand-chose de nouveau, et je me perdis à lire les différents titres défilant en bas de l'écran sur le bandeau d'information.

La même information, sur une jeune femme ayant disparu près de chez elle, revint à l'écran ; suivie irrémédiablement par la météo, puis par un nouveau point sur l'information internationale.

Cette fois, Iwao semble hésiter face à l'arrangement qu'il avait lui-même proposé.

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