Alors que le soleil est à son apogée au-dessus de Lucha et que les habitants en profitent pour sortir, la chasseuse aux cheveux roses marche dans les rues de la capitale en se faufilant dans la foule, une lettre à la main et ignorant les réflexions que font les gens autours d'elle sur sa nature et de son rôle dans la société. En même temps, elle balaye ce qui l'entoure du regard, cherchant quelque chose.
Rose : Pourquoi il ne revient que maintenant…
Elle continue son chemin jusqu'à ce que son regard soit attiré par une ruelle assez étroite et ombragée, elle décide donc de s'y engouffrer. Plus elle s'y enfonce, plus le bruit de la foule de la grande rue s'éloigne. La chasseuse finit par s'arrêter à l'intersection avec une autre ruelle du même genre où une personne encapuchonnée attendait appuyé contre le mur. Rose s'avance lentement, tout en observant cet inconu d'un regard noir, puis s'arrête avant de jetter le papier qu'elle avait dans la main avec un message écrit dessus.
Rose : C'est bon ? Tu comptes revenir ?
Son interlocuteur ne répond pas.
Rose : Réponds-moi, comptes-tu revenir ?
Inconnu : Non…
Il relève légèrement la tête ce qui révèle son visage, celui d'un homme ayant la vingtaine, avec une barbe assez courte et des yeux verts. Rose détourne son regard lorsqu'elle remarque que celui-ci l'observe et tente en même temps de retenir la haine qui monte en elle.
Rose : Alors, pourquoi t'es là ?
Il s'approche de Rose et enlève sa capuche laissant apparaître ses courts cheveux bruns.
Inconnu : Ca fait plaisir de revoir la couleur de tes cheveux, ils n'ont pas changé avec le temps.
Prise par la rage, elle le repousse violemment.
Rose : Arrête de tourner autour du pot et dis moi pourquoi tu es ici ?!
Inconnu : Je suis moins pris par mes obligations donc j'en ai profité pour venir vous voir, ça faisait si longtemps… D'ailleur, Avenal n'est pas venu ?
Rose : Non, il ne voulait pas te voir après ce que tu nous as fait…
Inconnu : Pourtant, je ne vous ai rien fait de mal.
Rose : Rien fait de mal ?! Tu nous abandonne sans rien dire et tu reviens des années après en disant "je n'ai rien fais de mal" ?!
Inconnu : C'est pour votre bien que j'ai fait ça...
Les yeux de Rose deviennent de plus en plus humides.
Rose : Notre bien ? On formait une famille tous les trois... Même si on n'avait pas le même sang, on restait soudé à cause de notre situation. On faisait tout ensemble, on vivait ensemble, on traînait dans les rues ensemble, on se chamaillait ensemble…
Il l'observe, comprenant ce qu'elle ressent.
Rose : Tu nous a laissé, tu nous a abandonnés… Tu as abandonné ceux que tu considérais comme ta famille...
Il se rapproche d'elle pour essuyer une larme qui coule sur le visage de Rose mais celle-ci le repousse à nouveau.
Inconnu : Je suis sincèrement désolé pour ce que je vous ai fait et j'aimerais revenir à vos côtés mais ça m'est impossible pour l'instant...
Rose : Pourquoi ?
Gardes au loin : Vites, trouvez-le !
Inconnu : Je crois que je vais devoir te laisser mais je te promet de revenir un jour… Je vous le promets.
Il remet sa capuche et fuit en courant dans une des ruelles qui s'offrait à lui avant de rejoindre l'une des grandes artères de la capitales et de disparaître dans la foule. Rose, le regard tourné dans la direction qu'avait pris le fugitif, essuie les quelques larmes qui coulaient de ses yeux.
Rose : Tu nous a abandonnés et je n'accepterais pas que tu nous trahisse… Donc tu as intérêt à tenir ta promesse…
Vieux Paysan : C'est ici mon petit.
Jules : Ah, merci beaucoup.
Vieux Paysan : Il n'y a pas de quoi.
J'observe l'humble chaumière qui est devant moi alors que le vieillard à mes côtés pose sa main sur mon épaule.
Vieux Paysan : Mais dis moi mon garçon, pourquoi tu veux leur parler ?
Jules : C'est à propos de leur fils.
Vieux Paysan : Oh, Le petit Mark, Je vois. Il ne lui est rien arrivé de grave j'espère.
Jules : Non, rien... Rien de grave.
Il me regarde, me scrute de la tête aux pieds. Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas dit qu'il s'est passé quelque chose de grave avec Mark ? J'ai peur ? Peur de la réaction que vont avoir les gens autour de moi ?
Vieux Paysan : Hum... Enfin bon, ça ne me regarde pas ces histoires. Après tout, ce n'est pas mon gosse… Et puis, il n'était pas humain après tout.
Heureusement que je ne lui ai pas dit que j'était un chasseur. Il s'en va, me laissant seul, seul face à cette maisonnette... Celle de la famille de Mark Velltom. Tôt ce matin, je suis allé chercher dans les archives de la guilde qui sont en libre accès et j'ai trouvé un document au nom de "Mark Velltom" qui décrit exactement le mark que j'ai tué. J'ai ensuite retrouvé le village où vivent ces parents et voilà où j'en suis… J'utilise les jours de "pause" pour annoncer le décès de leur fils...
Jules : Putain, pourquoi je fais ça moi ?
C'est vrai, pourquoi je me sens obligé de le faire ? Pourquoi je vais moi-même annoncer le décès de leur fils ? Sérieusement, hier soir on débarquait nos affaires à la guilde à cause de cette mission, j'aurais pu rester à la guilde et attendre la suite des évènements avec les autres... Enfin, je veux dire, avec les reste de l'escouade puisque Geno s'est volatilisé le soir même sans nous dire où il allait, Nounou est parti voir son père ce matin à Tynau et moi je suis partis en même temps que lui.
Jules : Et je me retrouve là…
Je décide de m'avancer pour frapper à la porte. "Tu n'as pas à te sentir coupable", les paroles que m'avait dit Andra me reviennent. Je m'arrête pile au moment où mon poing allait toquer à la porte. Elle n'avait pas tort… Pourtant… Je revois son visage, je ressens son cœur qui battait quand je l'ai transpercé avec mon bras. Je me perds légèrement dans mes pensées mais je me ressaisis vite et prends mon courage à deux mains pour toquer à la porte. J'entends du bruit puis la porte s'ouvre et un homme dans la cinquantaine, petit et enrobé, se tient alors devant moi.
Homme : Bonjour.
Jules : B… Bonjour...
On se fixe tous les deux, sans rien dire, je ne sais pas quoi dire ni comment aborder le sujet.
Homme : Je peux vous aider ?
Jules : Euh... Je...
Homme : Hum ?
Je ne sais pas quoi dire, je revois le visage de Mark qui tourne dans ma tête.
Homme : Alors ?
Voix de femme provenant de l'interrieur : Laisse le… Tu dois être en train de l'effrayer là.
L'homme se décale légèrement pour regarder derrière lui. J'en profite pour voir moi aussi l'interrieur de la maison et je peux voir une femme assise sur une chaise au fond de la pièce. Elle doit avoir le même âge que l'homme mais, elle paraît plus calme... Beaucoup plus calme lui.
Femme : Tu es un chasseur n'est ce pas ?
Comment elle le sait ? Elle a dû sentir mon aura donc j'essaye de sentir la sienne mais sans succès, étrange...
Jules : Euh, oui.
Femme : Entre donc, ne reste pas dehors
J'avance petit à petit dans ce qui ressemble à un séjour avec plusieurs meubles et une table au centre de la pièce.
Femme : Ne sois pas timide, assis toi.
Je m'assois sur l'une des chaises près de la table alors que l'homme ferme la porte derrière moi. Une agréable odeur se dégage des nombreuses plantes posées un peu partout dans la pièce. Il y en vraiment partout et tout cela crée une ambiance très reposante qui est surtout dûe à l'odeur ambiante.
Femme : Alors dis moi. Pourquoi es-tu venu nous voir ?
Jules : Vous êtes bien la famille Velltom ?
Je redemande au cas où le vieux de tout à l'heure m'aurait donné de fausses informations.
Femme : Tout à fait. Je suis Petra Velltom et voici mon mari, Ric Velltom.
Ric : Oui…
Petra : Mais puis-je savoir à qui j'ai affaire ?
Jules : Oh, oui, désolé j'avais oublié, je suis Jules Grondin, chasseur pour la guilde de Sathurlo et je viens vous voir car il s'est passé quelque chose avec votre fils…
Elle semble, d'un coup, être intriguée par ce que j'ai à lui dire.
Petra : Quoi donc ?
Je baisse la tête et j'observe mes jambes pour ne pas croiser leur regard.
Jules : J'ai le regret de vous annoncer qu'il… Il est mort...
Je relève légèrement la tête.
Jules : Je suis désolé...
Elle me fixe, sans dire un mot, il y a juste ses yeux terrifiés avec la surprise et le choc qui se lit sur leurs visages.
Petra : Vous... Vous êtes sûr que l'on parle de notre fils ? Mark ?
Jules : Oui, malheureusement… J'en suis certain car je l'ai vu perdre la vie de mes propres yeux...
Par ma faute… Il est mort dans mes bras... Je l'ai tué... C'est à cause de moi... je les observe tous les deux. Le père de Mark change de pièce sans dire un mot, refermant la porte après lui tandis que sa femme, elle, reste là, assise sur sa chaise, le regard vide, la tête baisser. Pendant un instant, la vie de ce foyer semblait être figée, pétrifiée par ce changement si soudain et imprévu.
Petra : Où... Où est son corps ?
Jules : Entrer avec les autres chasseurs qui ont perdu la vie dans la mission...
Je la regarde un moment, puis je sens que ma vision se trouble légèrement.
Voix dans la tête : Regarde...
Que… Qui es tu ?
Voix dans la tête : Ca n'a pas d'importance, tu le sauras très vite… Pour l'instant, regarde ce que ta faiblesse a créer.
Ma... Faiblesse ?
Voix : Après tout, n'est ce pas toi qui a perdu contrôle, causant ainsi la mort de ce pauvre garçon ?
Si…
Voix : C'est toi, c'est ton incapacité à te maîtriser, c'est ta faiblesse...Tu es incapable de sauver les gens qui te sont cher.
Incapable de les sauver... Pourtant, je l'ai déjà fait... Trish, Geno, Nounou et Bûth, mais aussi le groupe qui était avec moi dans la grotte... Je les ai sauvés. Je me lève d'un coup de ma chaise, me tenant la tête à cause de la douleur qui venait d'apparaître.
Jules : Donc tu me ment ! Tu me manipules ! Sors ! Sors d'ici ! Sors de ma tête !
Pars ! Disparais !
Petra : Tout va bien ?
Je reprends mes esprits, en réagissant comme ça et en me levant brusquement de la chaise, j'ai attiré son regard. Je vois déjà Petra m'observer, surprise, ne comprenant pas ce qu'il se passe.
Jules : Euh... Oui... Oui tout va bien...
Voix : Non, ça ne va pas et tu le sais, depuis le début tu ment sur certains détails... Et comment oserais-tu me traiter de manipulateur alors que je suis une partie de toi ?
Dégage...
Voix : Je ne veux que ton bien, car j'ai besoin de toi.
Dégage putain ...
Voix : C'est pour cela que je te montre la vérité...
Jules : Pars !
Ma vision se trouble de plus en plus.
Petra : à qui parlez vous ?
Voix : Ne renie pas la vérité, tu te fais du mal à toi-même...
Jules : P... Personne, tout va bien... J'ai juste besoin de repos…
Sors de ma tête, je ne veux plus t'entendre !
Voix : Pourquoi ça ne serait pas à toi de sortir ? Après tout, tu n'as plus de raisons de rester ici, tu leur a dit que leur fils est mort, c'est pour ça que tu es venu si je ne me trompe pas ?
Jules : Je... Je crois que je vais y aller, désolée encore pour tout…
Je me dirige vers la porte d'entrée en titubant un peu tandis que ma vision devient de plus en floue, je ne discerne presque plus certains objets.
Petra : ça n'a vraiment pas l'air d'aller, vous ferez mieux de rester ici.
Jules : Non… Je… Je ne voudrais pas vous… déranger plus...
Je n'arrive presque plus à marcher ni à parler, qu'est ce qu'il se passe ?
Voix : J'essaye de te rendre plus fort et toi tu me dis de partir, tu es vraiment ingrat. Souviens-toi lorsque j'étais en face de toi, je t'avais demandé si tu voulais être plus fort et tu m'avais dit que tu le voulais. Je t'avais dit que tout avait un prix et me voilà, me voilà en train de m'incruster dans ta vie. Je voulais pas venir empiéter sur ta réalité mais il le faut, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te réveiller et que tu te rende compte de tes faits.
Pile à ce moment-là, je mets ma main sur la poignée de la porte d'entrée et tout disparaît, tout redevient normal… Ou presque… En fait non, tout n'a pas disparu, tout a changé… Je ne suis toujours pas moi-même... Je ressens quelque chose de bizarre en moi, comme une envie de tuer la chose qui se trouve derrière cette porte. Je l'avais déjà ressentie cette sensation, c'était récemment en plus mais où ? J'ouvre la porte et je m'arrête immédiatement lorsque j'aperçois un chat noir et blanc juste devant moi, à mes pieds... le même... C'est le même la chat... Un pelage noir et blanc, des yeux crevé, les deux couleurs du pelage qui forment un dessin représentant un pentacle... Et cette envie de meutre… C'est ça la folie ? Je ne contrôle plus rien dans mon corps, je tremble, je hais, je veux détruire. J'ai l'impression que ce sont des hallucinations… Je ne sais plus quoi penser...
Petra : Qu'est ce qu'il y a ?
Calme, calme... Je me décale un peu et montre du doigt le chat, tout en tremblant un peu, ayant à la fois envie de détruire cette vie, ce chat, mais aussi à cause de ma peur.
Jules : Ce… Ce chat… Il... Il est à vous ?
Toujours assise sur sa chaise, elle observe l'endroit que je pointe du doigt puis me regarde à nouveau.
Petra : Quel chat ?
Je suis tétanisé. Elle... Elle ne le voit pas ?! ... Ma vision continue à être déformé et je m'écroule en ayant comme dernière vision ce chat, la tête tournée vers moi, ainsi que les ténèbres… Ces ténèbres qui m'accueillent à bras ouverts dans ma chute.