Décidant de briser l'atmosphère, le baron les interrogea sérieusement :
« Et bien j'ai entendu dire qu'un village au sud avait disparu, pouvez-vous m'en dire plus ? »
Jetant un regard à Romuald, Maxime raconta brièvement sa rencontre avec les bandits puis la situation du village un mois après.
« Une source de revenue stable perdue pour toujours, tellement embêtant… » pensa le baron avec amertume.
« Soit, ce qui est fait est on ne peut pas revenir en arrière. » dit le baron en soupirant légèrement.
En voyant cette réaction, Maxime put confirmer ses préconçu.
« Comme le disait l'école et les livres, les nobles dans la plupart des mondes se fichent complètement des gens du commun. Mais bien sûr ils ne les traiteront pas non plus trop mal en apparence pour ne pas risquer de guerre civile ou d'assassinat. »
« Ces gens sont généralement loin d'être bêtes, au contraire ils sont souvent extrêmement intelligents et ayant de très large connaissance et expérience. Après tout, à l'inverse de notre monde, les nobles ici commencent à étudier mais aussi à travailler très tôt. L'apprentissage et l'application de celui-ci en simultané fait que leur expertise atteint en seulement quelques années un très haut niveau. »
« Le management des ressources humaines, l'agriculture, les stratégie militaire, la loi ou encore le commerce ils connaissent de tout. Le seul point qui manque c'est que du fait que le savoir est limité à un petit nombre de personnes et que ces personnes doivent se consacrer à plusieurs domaines simultanément, il y a rarement des innovations. Cela fait qu'ils seront toujours à un niveau technologique inférieur au monde principal. »
« Maxime c'est ça ? »
Le baron coupa court aux pensées de Maxime en l'appelant.
« Oui baron Barthon ? » répondit Maxime calmement.
« Vous êtes un chef mercenaire n'est-ce pas ? »
« Oui c'est exact. »
« Alors je vous charge d'exterminer ce groupe de bandits. Ne vous inquiétez pas les récompenses seront très lucratives. »
Maxime fit une expression surprise.
« Baron c'est impossible, mon groupe de mercenaire est bien trop petit et faible pour entreprendre une telle tâche. »
« Vous ne pouvez même pas vous occuper d'un groupe de bandits ? Quel genre de groupe de mercenaire pathétique êtes-vous ? » questionna rhétoriquement le baron avec un sourire moqueur.
Maxime baissa la tête, c'était la dure réalité dans ce monde.
La faiblesse était un péché et il n'avait pas le droit de le contredire sinon sa tête pourrait tomber l'instant suivant.
Il fallait être prudent et surtout suivre les règles et coutumes de ce monde pour grandir rapidement, car le monde réel n'allait pas l'attendre.
Surtout que les examens n'allaient pas tarder à arriver, il ne pouvait pas se permettre de tout foirer ici et de gâcher son avenir.
« Monsieur le baron, puis-je parler ? » intervient Romuald malgré quelques gouttes de sueur sur son front.
« Hum…Oui allez-y. »
« Maxime est pour le moment très jeune et vient à peine de créer son groupe de mercenaire d'où son incapacité à répondre à cette tâche, cependant si un investissement venait à être réalisé alors le groupe de mercenaire en serait probablement…sans aucun doute capable. De plus le retour sur investissement serait énorme et… »
« Arrêter de déblatérer des conneries les unes après les autres. » stoppa le baron avec un air agacé.
Romuald n'osa pas continuer davantage de peur d'offenser le baron alors qu'il baissait la tête.
Après quelques secondes de réflexions, le baron demanda soudainement avec un sourire étrange :
« Tu penses démissionner de ton poste Romuald n'est-ce pas ? »
Suite à cela, Romuald réagit directement en mettant un genou au sol. Et tout en regardant le sol il cria :
« Je suis profondément reconnaissant du traitement qui m'a été accordé par le baron jusqu'ici et je vous rembourserai sans aucun doute. Mais mon désir d'explorer et de gagner mon propre honneur fut suscité de nouveau par ce jeune homme ! »
Maxime fut extrêmement surpris par cette scène. Il savait bien grâce aux manuels que la culture et les différences de statut étaient énormes par rapport à son monde. Mais à moins de l'avoir vu de ses propres yeux, il était compliqué de reconnaître qu'il appartenait maintenant à un tel monde.
N'ayant pas de réponse pendant quelques secondes et n'osant pas lever les yeux, Romuald continua :
« Je suis sûr qu'il deviendra un grand homme et donc j'aimerais l'accompagner sur son chemin en lui prêtant mon épée ! »
Maxime fut ému en écoutant ses paroles. Il vient tout juste de prendre conscience que ses actions auront un impact énorme sur la vie de ses hommes. Ses membres lui remettaient enfaite leur vie entre ses mains. Quel genre de confiance ou de sentiment avait eu Romuald en le rencontrant pour qu'il puisse accepter sa proposition ?
« Intéressant, très intéressant… » murmura le baron en souriant.
« Romuald lève la tête. » ordonna le baron.
Celui-ci obtempéra immédiatement et rencontra le regard du baron.
« Tu sais, tu n'es pas le premier à faire cela. Beaucoup de soldats de ton âge finissent par démissionner de leur poste pour rejoindre un groupe de mercenaire, comme s'il traversait une sorte de crise existentielle. »
« Mais ce qui est surprenant, c'est que la grande majorité d'entre eux finissent par rejoindre un grand groupe de mercenaire ou au moins des petits groupes de mercenaires mais qui ont déjà une petite réputation. »
« Mais toi tu rejoins un petit groupe de mercenaires pauvres, sans réputation et faible. »
« Si intéressant ! » s'exclama le baron alors qu'il ria à cœur joie.
Les yeux de Maxime et de Romuald se croisèrent alors qu'ils brillaient tous les deux comme s'ils pensaient à la même chose simultanément.
« Marguerita ! Viens ici et donne à ces pauvres mercenaires 200 pièces d'or ! » cria le baron avec enthousiasme.
« 200 pièces d'or ! » les yeux de Maxime brillèrent.
« Avec ça je vais pouvoir donner les premiers salaires et donc permettre à mes jeunes membres d'acheter du bon matériel ! »
« Mais surtout je vais pouvoir recruter de nombreux hommes et renforcer ma propre force ! »
Cependant, au même moment, le baron observait attentivement la réaction de Maxime. Après tout, il n'était pas si généreux qu'il puisse donner 200 pièces d'or à n'importe qui comme ça. Même pour lui cela représentait une partie non négligeable de sa richesse.
Il remarqua que Maxime gardait une expression sous contrôle bien que ses yeux montraient une certaine avidité. Toutefois cela représentait toujours un calme dépassant de loin ses pairs ce qui satisfaisait grandement le baron.
« Maxime, cela ne sera qu'un acompte après avoir éradiqué la bande de bandits je te donnerai 300 pièces d'or. »
Les paroles du baron firent revenir Maxime à la réalité. Il pensait à ses cours et finit par faire un sourire amer intérieurement.
« 500 pièces d'or pour éradiquer un groupe de bandit capable d'anéantir un petit village est plutôt léger. Et même si la situation s'inverse et que ce sont les bandits qui triomphent de nous, ils n'en sortiront pas indemnes. Ainsi il n'aura qu'à envoyer ses soldats et exterminer les miettes restantes. »
« Dans cette situation il sauvera probablement aussi les captifs gagnant ainsi une bonne réputation, mais aussi récupérera le butin des bandits et donc une énorme richesse. »
« Donc suivant ce raisonnement, 200 pièces d'or sont sûrement le résultat du calcul interne du baron. Il pense que 200 pièces d'or suffisent pour éblouir un petit groupe de mercenaires et quelques idiots pour qu'ils s'envoient à la mort et qu'il récupère ainsi les miettes. »
« Et s'ils réussissaient vraiment alors il aura créer une relation avec un homme à haut potentiel avec seulement une petite partie de ses économies. »
« Effectivement, les nobles de ce monde ne sont pas à sous-estimer. »
Pourtant Maxime fit un sourire confiant à l'extérieur et s'exclama :
« Baron faites-nous confiance, cette mission, le groupe des tigres à dents de sabres l'accomplira certainement ! »