Dans l'immensité du vide primordial, là où la lumière ne perçait pas, une forme s'éveilla lentement, une présence douce et puissante à la fois. Nyx, la déesse de la Nuit, qui avait existé avant même le commencement du temps, se sentit émerger de l'obscurité elle-même, comme si le néant avait pris forme. Elle n'avait pas de corps, mais une essence pure, éthérée, faite de ténèbres et de silence. Dans l'ombre, tout était calme, mais ce calme n'était pas une absence, c'était une attente. Une attente d'un futur inconnu.
Elle ouvrit ses « yeux » – ou plutôt, elle sentit le monde autour d'elle, un monde qu'elle n'avait jamais véritablement connu, car tout ce qui l'entourait était comme une mer d'obscurité sans fin. Il n'y avait ni lumière, ni ombre, ni forme, ni couleur – seulement une présence vide, une étendue infinie. Mais peu à peu, une pensée grandit en elle, une pensée qui l'éveillait à sa propre existence : je suis la Nuit. Elle était là avant la lumière, avant la naissance des étoiles et des dieux. Elle était la source de tout ce qui se cache dans l'invisible. Une puissance silencieuse et primordiale, dont l'essence était un mystère que même elle commençait à peine à comprendre.
«Mais pourquoi suis-je éveillée ?»
Elle s'interrogea, flottant dans ce vide infini. Autour d'elle, elle ressentait les traces de ses frères et sœurs, ceux qui, comme elle, étaient nés dans cette immensité. Gaïa, sa sœur, avait commencé à donner forme à la Terre, et Ouranos, le Ciel, s'était étendu au-dessus. Un élan de création venait de leur union, un mouvement d'énergie, une volonté d'assembler et de construire. Nyx n'était pas comme eux. Elle n'était pas faite pour l'ordre, ni pour la lumière éclatante. Elle n'était pas une terre à façonner, ni un ciel à étendre. Son rôle était différent. Elle était l'espace entre les étoiles, le voile d'obscurité qui permettait aux choses de se cacher et de grandir en silence. Elle n'était pas la fin, mais le commencement caché.
Elle se concentra à nouveau, cherchant à comprendre sa place dans cette création grandissante. Son rôle ne pouvait être celui de Gaïa, ni celui d'Ouranos. Mais peut-être était-ce complémentaire. Peut-être que tout ce qui serait vu nécessitait d'abord une période d'obscurité, de mystère, de transformation cachée. Dans l'obscurité, les graines germaient avant de voir la lumière. Dans l'ombre, les formes invisibles prenaient vie avant de se révéler. Elle était la nuit où naîtraient les rêves, les secrets et les mystères.
Les premiers mouvements de l'univers semblaient évidents pour ses sœurs et frères. Gaïa donnait forme à la Terre, sculptant les montagnes et les océans, tandis qu'Ouranos faisait éclore les cieux et les étoiles. Mais Nyx savait que sa tâche serait plus complexe. Sa création serait dans ce que l'on ne pouvait voir. Elle n'était pas la lumière, mais l'espace entre elle, l'ombre qui permet à tout de respirer. Elle serait la compagne de l'invisible, la mère de tout ce qui ne se montrait pas tout de suite. Et tout ce qui serait caché et mystérieux lui appartenait.
Elle ferma ce qu'elle percevait comme des yeux et ressentit l'univers autour d'elle. Dans l'ombre, des fragments se formaient lentement. Des créatures en gestation, comme des pensées non encore formulées. Des êtres de l'ombre, des entités qui, tout comme elle, naîtraient dans les ténèbres avant d'être révélées à la lumière. Elles seraient des porteurs de secrets, des messagers de l'invisible. Ces créatures ne viendraient pas dans l'immédiat, mais leur naissance serait sa contribution à la grande toile de la création.
Elle avait perçu la naissance de ses frères et sœurs, mais elle ressentait également la naissance d'autres forces qui s'éveillaient autour d'elle. Les ténèbres n'étaient pas là pour détruire, mais pour enseigner la patience, pour permettre aux choses de se former dans le silence. Elle comprenait maintenant son rôle. Tout autour d'elle, des étoiles commençaient à briller, et elles étaient, d'une certaine manière, les enfants de son essence. Elles naissaient de la nuit, pour briller plus tard, mais c'était en elle qu'elles étaient forgées.
Elle avait une connexion avec les autres, mais cette connexion était différente. Elle n'était pas la lumière de l'univers, mais la partie cachée. Elle était la nuit qui nourrissait et enveloppait les créatures qui viendraient. Elle n'était pas la chaleur du soleil ni le souffle du vent. Elle était le silence qui permettait à tout de grandir sans être vu. En elle naîtraient les rêves et les cauchemars, les désirs secrets, les espoirs invisibles.
Nyx ressentait que cette création ne se ferait pas dans l'instant. Elle devait observer, se tenir à l'écart du monde visible, et laisser les autres forger ce qui serait vu. Puis, quand l'heure viendrait, elle tisserait les mystères, elle éveillerait les forces cachées qui guideraient ce monde sans être vues.
Dans l'obscurité de l'univers, elle sut que sa propre naissance n'était qu'une petite partie de quelque chose de bien plus grand. Ses enfants seraient invisibles, mais puissants. Et c'était dans l'ombre qu'ils commenceraient à croître.
Elle s'étendit encore un peu dans l'univers, une ombre silencieuse, prête à donner forme aux mystères de la nuit