"Là-bas ! Deux soldats arrivent droit sur notre position en courant frénétiquement," cria un combattant impérial chargé par l'homme de main intérimaire Baba de surveiller la zone.
Tous les regards se dirigèrent alors vers les deux hommes qui couraient. Et à mesure que ces derniers se rapprochaient de la troupe, leur visage devint visible et le guetteur put les identifier.
"Ce sont deux des trois volontaires qui ont été envoyés à la montagne interdite," dit-il en même que le sol trembla suivi de hurlements terrifiants.
Les deux soldats impériaux sprintaient vers le marigot et étaient pourchassés par le bébé monstre de la montagne interdite.
Ce dernier en avait assez du comportement provocateur et moqueur du commando et était bien décidé à donner une leçon aux deux hommes en uniforme.
À trois cents pas de leurs camarades, les deux volontaires ralentirent leur course et commencèrent à marcher à reculons en regardant le nouveau monstre droit dans les yeux et en l'invitant à s'avancer vers eux.
"Par ici, petit oiseau de mauvais augure !" dirent-ils au vilain qui, lui aussi, avait réduit son allure.
L'oiseau géant bougeait quand les deux émissaires bougeaient et s'arrêtait quand ses proies s'arrêtaient. Un combat psychologique commença alors entre les deux camps et dura de longues minutes.
Le commandant en chef des forces impériales Babida observa attentivement la façon dont ses envoyés attiraient la bête vers le marigot.
Cependant, le commando n'avait pas remarqué qu'un pont avait été construit et n'en avait pas été informé, car le commandant supérieur Babida ne leur avait jamais dévoilé cette partie du plan de guerre avant leur départ pour la colline maudite.
Les deux volontaires attiraient donc à tort l'oiseau géant directement vers la côte, sans savoir même comment le faire tomber dans l'eau pour qu'il se noyât.
Babida constata l'erreur et ordonna à son homme de main Baba d'envoyer rapidement un soldat impérial rejoindre leurs camarades, qui continuait d'attirer la méchante bête, pour leur expliquer la nouvelle stratégie.
Aussitôt, l'aide de camp intérimaire exécuta l'ordre du commandant en chef.
Un brave soldat impérial choisi au hasard par l'homme de main Baba courut vers la position des volontaires et leur dit de diriger l'animal sauvage vers le pont situé à gauche de la côte derrière eux, ce qu'ils se mirent à faire.
Mais alors, l'oiseau géant, comme l'avait dit le bûcheron à ses hommes, était une créature criminelle. Néanmoins, il n'était pas idiot.
Le vilain trouva étrange que dès que le troisième combattant impérial s'approcha du commando, ils changèrent la direction vers laquelle ils l'excitaient de venir.
Le bébé monstre s'arrêta alors complètement de bouger et les observa avec un regard qui distillait la mort.
Il commença à se méfier et à soupçonner qu'il se passait quelque chose de louche.
Le bûcheron et ses hommes, tapis dans les buissons, furent déconcertés par l'attitude de l'animal et pensèrent que le plan tombait à l'eau.
"Mon commandant, que faire maintenant ?" demanda l'homme de main intérimaire Baba.
"Attendez un peu ! Laissez-moi réfléchir un instant !" répondit le commandant en chef Babida.
Et comme s'il avait trouvé une solution, il se leva et ordonna à ses hommes de continuer à se cacher dans l'herbe.
Il se dirigea vers la position des deux volontaires et du soldat impérial qui avait été chargé pour leur donner de nouvelles instructions concernant la nouvelle stratégie de guerre.
Babida le bûcheron se précipita vers la position des deux volontaires et du guerrier impérial communicateur du nouveau plan de bataille.
Le trio vit le commandant en chef et fut boosté par sa présence.
Ce dernier se tint alors au milieu d'eux de la bande puis ensemble avec ses hommes, ils se mirent face à la bête et commenecèrent à la provoquer. Celle-ci les regarda avec des yeux méchants et tapa le sol avec sa jambe droite, faisant ainsi monter la poussière autour de son corps de trois mètres.
« Viens par ici, oiseau de mauvais augure ! », dit d'une voix hynoptique le chef des forces impériales Babida au bébé monstre de la montagne interdite alors que lui et ses hommes marchaient à reculons, leurs corps étant inclinés vers le côté gauche de la rive.
Sous l'effet du magnétisme du chef l'escouade devant lui, le vilain qui s'était pourtant arrêté, reprit ainsi sa marche en avant.
"Viens, viens, viens...oiseau de mauvais augure !" Le commandant des forces impériales Babida répéta encore et encore à l'endroit de l''oiseau géant qui lui obéissait au doigt et à l'oeil.
L'hypnose dura près un quart d'heure au cours duquel le quatuor s'évertua à attirer la bête au pont nouvellement construit par les forces impériales.
Enfin, ils atteignirent le pied de l'infrastructure sous la surveillance étroite du reste des guerriers impériaux qui étaient tapis dans la verdure.
Babida félicita les hommes à ses côtés avant de leur ordonner de se disperser et de trouver un endroit sûr.
Sans opposition les sulbaternes firent ce que leur chef leur dit, le laissant ainsi seul face à face avec la bête.
Babida le bûcheron fixa l'animal avec un air très sérieux et le défia de s'en prendre à lui s'il avait le cran de le faire.
"Maintenant, il n'y a que toi et moi, oiseau de mauvais augure. Je te mets au défi de te rapprocher si tu en as le courage afin que je puisse te renvoyer au royaume de ton créateur." L'élagueur dit à la bête qui commençait à grimper sur le pont.
Vexé, l'oiseau géant accéléra son rythme et courut vers Babida qui se mit à son tour à sprinter aussi vite qu'il put jusqu'à l'autre bout du pont.
L'animal le suivti et intensifia sa course à telle enseigne que le pont commença à s'effondrer.
Et lorsque le villain arriva au centre de l'infrastructure, le béton tel que prédit, se brisa sous le poids accablant du bébé monstre, causant la chute de ce dernier dans la rive en dessous.
L'animal se heurta violemment contre les eaux et provoqua un énorme vacarme suivi d'un tsunami.
Son corps fut avalé par les profondeurs inexplorées de la rivière.
"Hourra ! Hourra! » hurla l'aide-de-camp par intérim Baba en sortant de sa cachette.
"Hourra ! Hourra !" L'homme de main hurla encore plus fort et les guerriers impériaux qui quittaient aussi les buissons, répétèrent le cri de victoire après lui.
Ils regardèrent devant eux et percevèrent de loin leur commandant en chef Babida coincé de l'autre côté du pont à présent disloqué.
"Commandant !" Les hommes en uniforme crièrent avec enthousiasme à l'endroit du bûcheron qui les salua avec un signe de la main.
À SUIVRE...