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Partie 4 (6)

La nuit se poursuivait. Babida le bûcheron était déjà retourné dans sa tente et dormait au sol aux côtés des autres combattants.

Cependant, contrairement à ses camarades, il avait le sommeil perturbé car il était plongé dans un rêve dans lequel la belle demoiselle Suzie et son oncle Bibi criaient au secours.

L'élagueur fut tourmenté et commença à bouger la tête d'un côté puis de l'autre de manière répétitive. Les jérémiades de la jeune femme Suzie en particulier étaient si fortes qu'il finit par se réveiller abruptement et dans une panique complète.

Babida avait le cœur qui battait vite et l'on pouvait l'entendre respirer. Il regarda tout autour de lui pour voir s'il dérangeait le repos de ses frères de lutte mais nul ne semblait être au courant de son cauchemar. Ils dormaient tous de façon imperturbable.

"Il faut que je sorte et que j'aille

à la recherche de la belle demoiselle et de son oncle. J'ai le pressentiment qu'ils courent un grand danger. Que les ancêtres me guident jusqu'à eux!" monologua le bûcheron.

Il se leva ensuite, attrapa sa hache et quitta son logis en pleine nuit. L'élagueur marcha en direction de l'esplanade du quartier général du gouverneur où il vit Suzie et oncle Bibi pour la dernière fois.

De là, il emprunta le même chemin par lequel ses compagnons en danger étaient passés pour sortir de la zone administrative.

Le bûcheron continua sa marche à pied et arriva au centre d'Okundé. Il n'y avait personne dans les rues contrairement aux jours ordinaires, car les gens étaient encore sous le choc de l'attaque des chauves-souris meurtrières.

Juste les chats des environs étaient occupés à monter et à descendre les voies piètrement éclairées.

Babida se tint au milieu de la grande route sableuse et scanna avec ses yeux tous les coins, bâtiments, et maisons dans l'espoir de percevoir la silhouette de son amour Suzie ainsi que celle de son oncle, Bibi.

À son grand désarroi, l'élagueur ne trouva pas la moindre de leur trace. Il était toutefois convaincu que ses compagnons étaient quelque part dans les alentours et devina qu'ils étaient peut-être allés passer la nuit dans un centre d'hébergement.

"Ils doivent être dans une auberge," déclara le bûcheron.

"Ils ne sont pas de ce village et n'ont donc pas de maison ici. Le commandant Bibi aurait pu simplement décider qu'ils passent la nuit au camp militaire, mais ma foi, à cause de sa nièce Suzie, il préfèra aller dans une auberge pour lui offrir un lit douillet," supputa Babida.

"Il faut que je les cherche dans toutes les auberges des parages," se résolut-il.

Le bûcheron regarda devant lui et remarqua un petit centre hôtelier.

"Ça c'est une auberge !" s'exclama-t-il.

Il se dirigea vers le lieu et appuya sur le poignet de la porte pour aller à l'intérieur mais vu le temps avancé qu'il faisait, c'était déjà fermé. Alors l'élagueur frappa à l'entrée et une vieille dame vint pour lui ouvrir.

"Oh! Oh! C'est le bûcheron en chair et en os," dit-elle avec émerveillement.

Puis, elle s'enquit de ce dont il avait besoin : "Que puis-je faire pour vous, valeureux combattant ?"

"Pardonnez-moi, madame ! Je suis à la recherche de mes compagnons, un homme de la quarantaine d'années accompagné d'une belle et jeune demoiselle. Je me demandais s'ils ne sont pas venus ici au début de la nuit," répondit Babida à la gardienne de l'auberge.

L'élagueur poursuivit et lui confia : "Au fait, les deux personnes en question sont des visiteurs en provenance de la cité impériale, Ékulé.

"J'espère que vos amis ne sont pas dans une situation trouble," s'exprima la vieille femme.

Le bûcheron s'épancha davantage auprès de cette dernière. Il lui expliqua que les deux individus étaient ses compagnons d'aventure et qu'ils s'étaient séparés quelques heures auparavant dans le jardin d'Okundé.

Il regrettait que ses associés ne lui avaient pas donné le lieu de leur destination. Néanmoins, il supposait que ceux-ci s'étaient réfugiés dans une auberge.

Il relata que lorsque ses compagnons étaient partis, il alla se coucher aussitôt. Seulement, pendant son sommeil, il eut une vision troublante dans laquelle ses acolytes appelaient à l'aide car ils étaient en danger.

La gardienne de l'auberge qui prêtait une oreille attentive à l'étrilleur du monstre de la montagne interdite, lui répondit en ces termes : "Héros de l'empire, comme j'aurais tellement aimé savoir où vos amis peuvent bien être. Quoi qu'il en soit, ma prière est que les ancêtres les épargnent de tout de mal."

Babida fut écoeuré que la vieille dame n'eût de réponse à sa quête et s'excusa auprès d'elle pour l'avoir importunée aussi tard dans la nuit. Il était sur le point de la laisser quand elle l'interpella.

"Peut-être voudriez-vous bien entrer pour que je consulte les ancêtres au sujet de vos amis?" lui proposa-t-elle.

Babida entendit les paroles de la gardienne de l'auberge et une joie soudaine l'envahit.

"Avec grand plaisir, madame !" lui dit-il puis entra dans l'auberge.

Alors qu'il posait les pieds à l'intérieur, son attention fut attirée par un foulard Wax hollandais de couleur bleue qui traînait à même le sol sur le côté gauche de la salle d'accueil. Il fut instantanément piqué de curiosité car la belle demoiselle Suzie en avait un semblable sur la tête.

Et donc, il demanda à la femme âgée : "Pardonnez-moi, madame ! Êtes-vous certaine de n'avoir pas reçu un homme aux alentours de quanrante - quarante-cinq ans, et une jeune femme de dix-huit ans par là ?"

"Eh ben, si! Et vous irez les retrouver sur le champ à la chambre numéro trois," répondit-elle, puis se transforma en une intriguante sorcière avec trois longues nattes épaisses.