Prise de conscience choquante

"Alors ma dame devrait se comporter comme telle," commenta Martha.

Avant que je puisse dire un autre mot, elle sortit quelque chose de la poche de sa manche. "C'est pour ma dame."

J'ai avalé mes mots et demandé avec surprise, "Pour moi ?"

"Hmm."

'Un cadeau pour moi ?' Je souris légèrement et le pris de ses mains, sans attendre un instant.

C'était une délicate épingle à cheveux finement ciselée avec plusieurs pierres éclatantes fixées dessus. De délicates chaînes en or y étaient suspendues, formant un demi-cercle, lui donnant un aspect sophistiqué.

"C'est joli," dis-je avec un sourire léger, retenant un cri enfantin pour ne pas lui montrer combien j'étais contente qu'elle m'ait trouvé un cadeau.

"Mais ce joli ornement capillaire a presque coûté mon travail, ma dame," répliqua Martha, faisant allusion aux ennuis que j'avais causés.

'Oh, donc elle est allée à cette boutique pour me prendre cette épingle quand je me suis enfuie,' pensai-je et je me sentis mal en me remémorant cela, mais comme d'habitude, il n'était pas nécessaire de lui montrer et de m'excuser. 'Je suis une princesse, après tout.'

"Merci pour ce cadeau."

Ignorant mes remerciements, Martha s'en alla préparer le lit pour moi car il était tard. "Demain, nous aurons une leçon de cuisine pour ma dame."

Le sourire sur mon visage disparut alors que je m'exclamais, "Demain ?"

"Hmm." Martha acquiesça tout en prenant un nouvel ensemble de draps et une couverture pour moi dans l'armoire en bois.

'Pas question,' criai-je intérieurement. "Mais, nous en avons eu une il y a quelques jours."

"Ces quelques jours étaient il y a longtemps," répondit Martha.

"Je suis une princesse. Pourquoi dois-je—"

"Un jour, par chance, si ma dame se perd dans la nature ou quelque part d'inconnu, elle devrait savoir comment survivre. Les gens ne seront pas gentils avec vous quand ils vous appelleront une sorcière."

"Pourquoi en aurais-je besoin quand vous êtes là— ?"

"Et si je ne suis pas là avec ma dame, tout comme ce qui s'est passé aujourd'hui sur le marché ?"

Ses mots me rappelèrent l'homme qui m'avait sauvée. Depuis que nous étions retournées au palais, mes pensées étaient occupées par l'inquiétude pour Martha et par ce qui aurait pu lui arriver. J'avais presque oublié cet homme.

"Cet homme !" murmurai-je et regardai Martha. "Vous avez vu l'homme qui m'a sauvée ? Qui est-il ?"

"Ma dame, je n'ai vu personne à part un corps décapité sur le sol," répondit Martha.

"Il était là," insistai-je. "C'est lui qui a décapité cet homme. Il a des yeux rouges effrayants et—"

"Ma dame doit se tromper," me coupa Martha et termina de préparer le lit. Elle alla ensuite ajouter quelques bûches de bois dans la cheminée.

Boudeuse face à l'ignorance de Martha, je me conformai et allai me coucher. "Ce n'est pas la première fois que je le vois … Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je suis sûre que c'est lui."

Je regardais Martha, dont le dos était tourné vers moi alors qu'elle s'occupait de la cheminée. Il n'y avait aucune réaction de sa part, comme si elle ne m'avait pas entendue.

"Je l'ai une fois vu se battre dans la montagne, et c'est lui qui m'a tirée sous l'eau... Vous ne me croyez jamais, comme d'habitude." Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir exaspérée par sa réaction — ou plutôt par son absence de réaction. Chaque fois que je parlais à Martha de ce que j'avais scruté, je recevais toujours le silence en retour.

Martha finit enfin son travail et se leva pour me regarder. Mes yeux étaient pleins d'attentes qu'elle dise quelque chose cette fois, mais…

"Il semblerait que ce soit à cause du manque de sommeil que ma dame a de drôles de rêves," commenta Martha. "Je demanderai à Sa Majesté d'envoyer plus de livres pour que ma dame étudie, afin que son esprit cesse d'imaginer des choses absurdes."

"Je ne veux pas étudier ces livres ennuyeux." Je tirai la couverture sur ma tête et m'allongeai dans le lit.

Martha vint arranger la couverture correctement. "L'étude est importante pour ma dame. Il est crucial d'avoir toutes sortes de connaissances si l'on souhaite survivre dans ce monde cruel."

Je me tournai sur le côté, mon dos face à Martha. "Je ne vois pas à quoi elles servent quand je ne peux même pas utiliser ces connaissances."

"Alors comment se fait-il que ma dame ait reconnu l'huile inflammable sur ce rideau et se soit défendue ?"

Martha avait raison. C'était parce que j'avais étudié la situation des royaumes voisins et le commerce actuel entre eux. À l'époque, j'étais curieuse de voir quel genre de choses chères étaient importées des royaumes de l'est. Après coup, Martha avait apporté une petite bouteille et me l'avait montrée. Nous avions fini par utiliser cette huile chère pour allumer le feu pour notre leçon de cuisine… Cette ennuyeuse leçon de cuisine.

Depuis que j'étais jeune, Martha m'avait appris à lire et à écrire, et il y avait toujours un stock de livres envoyés par le Roi pour que j'étudie. Bien que je ne puisse pas dire que j'aimais étudier car j'étais fâchée contre mon père et ne souhaitais pas suivre aucun de ses ordres, je devais le faire à cause de Martha, car elle trouvait toujours un moyen de me faire obéir.

Son astuce favorite était de me donner un objectif et si je l'atteignais à sa satisfaction, elle m'emmenait dehors. Parfois, elle préparait mes plats préférés. Sortir était la meilleure affaire pour moi, et je faisais toujours de mon mieux pour conclure cet accord.

"Bonne nuit, ma dame," dit Martha, mais moi, étant têtue, je ne lui souhaitai pas bonne nuit en retour. J'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir et se fermer, signifiant que Martha était partie.

Enfin seule, mes pensées vagabondèrent. 'Pourquoi le Roi veut-il que j'étudie tout ? Ce n'est pas comme si j'allais être celle qui gouvernera son royaume… Alors... est-ce sa façon de me torturer en silence ?'

Fatiguée d'avoir tant de questions en tête, je fermai les yeux, pour me souvenir encore de cet homme aux yeux rouges. Je ne pouvais m'empêcher de penser s'il était vraiment l'homme que j'avais vu dans ma vision.

La première fois, je n'avais pu voir que son dos et son tatouage. La deuxième fois, ces yeux rouges et le même tatouage.

"C'est le même tatouage. Je ne peux pas me tromper," murmurais-je. "Ces yeux... ?"

Je me concentrais pour me souvenir et je comparais les yeux que j'avais vus sous l'eau et ceux que j'avais vus sur le marché.

"Ahh !" Je me couvris immédiatement la bouche pour me retenir de crier fort, ou cela aurait fini par briser tous les verres dans ma chambre à coucher.

"A-t-il... A-t-il juste vu ma nudité sous l'eau ?"