Comment amadouer le diable

Le cœur d'Aries s'affaissa alors qu'elle se tenait debout devant le jardin. Tenant fermement sa jupe, elle regardait une masse de serviteurs détruire le magnifique jardin.

'Cet homme fou a-t-il ordonné de détruire le jardin juste parce que j'ai pris un thé ici hier après-midi ?' se demanda-t-elle, avec de la peine pour les fleurs innocentes sur lesquelles elle posait son regard. Elle ne pouvait penser à aucune autre raison pour laquelle Abel ordonnerait aux serviteurs de le détruire si ce n'était pour cela.

C'était simplement trop de coïncidences. Il aurait pu le détruire avant, mais il ne l'avait pas fait.

'Déclarait-il que je ne peux rien aimer d'autre que lui ?' s'interrogea-t-elle, sentant son cœur battre contre sa poitrine. 'Vu sa personnalité... pourquoi suis-je même surprise ? Je ne devrais pas le laisser agiter mes émotions ainsi.'

Après sa leçon avec Dexter, elle était allée dans le jardin pour se détendre un peu. Toutefois, il lui avait dit que cela serait impossible. Il ne s'était pas expliqué, toutefois, et lui avait seulement dit de 'venez voir par vous-même'. Maintenant qu'elle se tenait devant le jardin, elle comprenait enfin pourquoi Dexter lui avait dit que c'était impossible.

Tout le monde se contentait d'arracher chaque fleur, les jetant dans les chariots. Aries mordit ses lèvres, expirant profondément. Comme elle ne devait assister qu'à un cours par jour, elle n'avait rien d'autre à faire. Le manque d'activité lui donnait envie de se détendre dans un endroit où elle pourrait respirer de l'air frais. Mais maintenant... cela était en train d'être détruit.

'Voilà pourquoi tout le monde ne veut pas s'attacher à des choses éphémères,' murmura-t-elle, comprenant la raison pour laquelle tout le monde était si distant avec elle. 'Tout comme ce jardin, il peut rester magnifique. Mais sur un mot d'Abel, tout sera détruit. Cet empereur fou...'

Elle laissa échapper un profond soupir, pivotant sur son talon pour retourner à ses appartements. Mieux valait rester dans sa chambre et lire un livre, ou alors finir ses devoirs en avance. Bien, cela ne signifiait qu'elle retournerait à ce qu'elle faisait habituellement durant ces derniers mois, dans cet endroit.

Juste quand Aries se dirigeait à l'intérieur, elle s'arrêta en voyant Conan haletant, sa paume sur la colonne. Ses sourcils se froncèrent, observant alors qu'il levait la tête pour révéler son teint pâle.

"Ma dame !" son cœur se mit à battre violemment dès que leurs regards se croisèrent. "S'il vous plaît, venez avec moi !"

*****

Aries ne savait pas pourquoi Conan était tant pressé, mais elle n'était pas assez stupide pour ne pas considérer cela comme une urgence. Tout ce qu'il lui avait dit, c'était de venir avec lui et de dire à Abel d'arrêter de devenir fou. Bien que cela la déconcerta à de nombreux égards, Aries le suivit.

À sa grande surprise, Conan la conduisit vers un certain couloir. Se tenant à plusieurs mètres d'eux, son esprit devint vide. Là, à l'autre bout du long couloir, tout le monde était silencieux et dans la peur alors qu'Abel se tenait debout, posant le pied sur la tête d'un homme qui s'inclinait devant lui.

"Comment oses-tu me toucher ?" Abel riait de manière moqueuse, faisant pivoter son pied contre l'arrière de la tête de l'homme. "Je me demande combien de fois je devrais marcher sur ta tête avant de voir ton cerveau ?"

'Qu'est-ce qui se passe ?' se demanda-t-elle, reculant d'un pas. Elle ne voulait pas s'impliquer dans cela — quoi que cela soit.

Mais tout comme Aries voulait fuir, Conan respira profondément et appela. "Votre Majesté !" une voix ferme s'éleva, faisant qu'Abel haussa un sourcil et tournait la tête vers eux.

Son souffle se coupa instantanément dès que le regard d'Abel se posa sur elle. Bien qu'il cessa de dégrader le noble, son pied resta sur la tête de l'homme. Aries tressaillit quand Conan lui jeta un regard, inclinant sa tête pour lui dire de le suivre.

'Ai-je offensé Sir Conan avec mes questions ? Pourquoi me traînerait-il ici alors qu'Abel cherche à savoir combien de fois il doit marcher sur la tête d'un homme avant de pouvoir l'écraser ?' elle pleura intérieurement mais garda son expression neutre en suivant les traces de Conan.

Aries serra ses mains froides quand ils s'arrêtèrent à portée de bras. Elle leva simplement les yeux vers Abel, mais ses yeux aiguisés et son aura intimidante la forcèrent à baisser les yeux.

"Votre Majesté, Dame Aries vous cherche !" Ses yeux s'écarquillèrent, regardant Conan avec un choc. Qu'avait-il dit ?! N'est-ce pas Conan qui était venu la chercher pour qu'elle le suive ?!

"Ah ?" Abel plissa le front, jetant un coup d'œil à Aries un moment avant de déplacer ses yeux vers Conan.

Le second racla sa gorge tout en fixant l'empereur dans les yeux. "Elle a dit qu'elle n'a rien d'autre à faire puisque le jardin n'est plus accessible. Alors, elle veut jouer !"

"..." à ce moment, Aries voulait courir vers la fenêtre la plus proche et sauter à sa mort. A-t-elle été attirée ici pour être un bouc émissaire ? Aries jeta un coup d'œil aux personnes derrière Abel et remarqua leur accoutrement. Il semblait qu'ils ne venaient pas de l'empire.

'Sir Conan, pensez-vous que ma mort est plus acceptable que la leur ?!' c'était ce qu'Aries voulait demander, mais Abel avait déjà parlé.

"Vraiment ?" Abel laissa échapper un rire sec, narquois. Ses épaules se tendirent instantanément alors qu'elle réprimait le sentiment d'effroi qui serpentait le long de sa colonne vertébrale.

"Tu veux jouer avec moi ?"

Sa bouche s'ouvrit et se ferma, se forçant à parler. "Êtes-vous occupé ?" sortit une voix étouffée, affichant un sourire gêné.

"Occupé...?" Abel renversa la tête et regarda les personnes autour de lui. "Un peu. Conan, donne-moi mon épée. Je vais faire ça vite pour pouvoir jouer avec elle."

"Votre Majesté..." Conan lança à Aries un regard implorant comme pour lui demander de l'aide. Mais Aries le regardait également avec des yeux criant au secours.

En fin de compte, Aries ferma brièvement les yeux et expira. Elle allait certainement faire en sorte que Conan règle cette dette en la gardant en sécurité et en lui donnant des informations sur l'humeur d'Abel.

Aries arborait un sourire alors qu'elle raidissait son cœur pour faire un pas de plus. "Votre Majesté, prendrions-nous le thé ensemble ? Je vous en préparerai un."

"Mais chérie, cet homme a osé me toucher avec ses mains sales." Abel fronça les sourcils avec un sourcil arqué. "Je sens encore son toucher. Comme c'est exaspérant."

Elle avala sa salive, faisant un autre pas, et attrapa sa main. "Vous a-t-il touché ici ?" demanda-t-elle, provoquant le froncement de ses sourcils. Comme il ne répondait pas, elle prit cela pour un oui.

"Alors..." Aries guida sa main à ses lèvres et y déposa un baiser sur le dos. Elle leva ensuite les yeux et lui sourit. "Mieux maintenant ?"